L’île de Céphalonie (Grèce).

Céphalonie (grec moderne : Κεφαλονιά / Kefaloniá ou Κεφαλλονιά / Kefalloniá, de l’italien Cefalonia), connue dans l’Antiquité sous le nom de Céphallénie (grec ancien : Κεφαλληνία / Kephallēnía), est une île grecque de la mer Ionienne réputée pour ses gouffres. C’est la plus grande et la plus montagneuse des îles Ioniennes.

Les villes principales sont Argostóli, la capitale, Lixouri dans la péninsule de Palikí, et Sami (port vers Patras et Ithaque).

Elle constitue un dème (municipalité) et un district régional de la périphérie des Îles Ioniennes. Entre le XIXe siècle et la réforme Kallikratis (2010), elle constituait avec l’île d’Ithaque le nome (département) de Céphalonie.


Les premières traces d’occupation humaine remontent au Paléolithique. On a trouvé à Fiskardo, au cap Mouda, à Skala et à Poros des outils datant de 50 000 ans av. J.-C. Ce sont des objets en pierre tels des haches, des couteaux, des pointes, des grattoirs, des poinçons.

Si on n’a découvert aucun vestige remontant à l’âge du bronze, l’époque mycénienne est, elle, très riche (sites de Mazarakata à Metaxata et de Lakithra). Céphalonie est mentionnée dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère qui l’appelle Samé. L’île connait à cette époque une période d’apogée, avec des relations commerciales jusque dans les Cyclades. Ces relations prennent fin à peu près au moment de l’éruption de Santorin. Elles se rétablissent deux siècles plus tard. On dispose de très peu d’informations concernant la période allant de l’arrivée des Doriens (IXe siècle av. J.-C.) au VIIe siècle avant notre ère. Céphalonie semble pratiquement renaître au VIe siècle av. J.-C., avec l’arrivée des Corinthiens et des Eubéens. L’île devient alors une étape commerciale sur la route de l’Italie.

Hérodote au Ve siècle av. J.-C. désigne l’île sous le nom de Képhallènia (Céphallénie) et évoque les habitants de la cité de Palé. Thucydide au Ve siècle av. J.-C. qualifie l’île de tétrapole, en raison des quatre cités de Pali, Sami, Kranioi6 et Prônies, qui ont prospéré durant la période mycénienne. Ces cités étaient autonomes, elles frappent monnaie et participaient à différentes coalitions. Aussi les habitants de Céphalonie peuvent-ils être alliés tantôt à Corinthe, tantôt à Sparte ou à Athènes. La plus importante des cités est Samé, sur la côte est de l’île. Palé est située sur la péninsule ouest (Lixoúri), à l’emplacement de Palaiokastro, Kranioi (ou Cranies) est située près de la lagune de Koútavos) à Argostóli, et Proni dans le sud-est de l’île. Céphalonie s’allie à Corinthe contre Corfou lors de la guerre du  Péloponnèse, puis l’île passe successivement sous domination athénienne, puis romaine (à partir de 187 avant notre ère). Durant la période romaine, l’histoire de Céphalonie est indissociable de celle des pirates : à chaque période de sécheresse, de mauvaises récoltes et de mauvaise pêche, les Céphaloniens deviennent eux-mêmes pirates ; à d’autres moments, ils sont la cible d’attaques venues d’ailleurs. Au ier siècle, le sénateur romain Publius Aelius Hadrianus Afer offre l’île en cadeau à Athènes.

Lors du partage de l’Empire romain en 395, Céphalonie échoit à l’Empire d’Orient, dit byzantin, auquel elle reste rattachée jusqu’en 982. Durant cette période, les Céphalonites sont christianisés, mais l’île subit plusieurs invasions (Goths, Slaves, Sarrasins) et assimile aussi des Albanais et des Aroumains fuyant les invasions et venus du continent. Au Xe siècle, Constantin VII Porphyrogénète indique que l’île fait partie du thème de Céphalonie, qui a été créé par l’empereur byzantin Léon VI le Sage.

Elle est disputée aux XIe et XIIe siècles entre les Normands, les Grecs, les Vénitiens et les Pisans. Le Normand Robert de Hauteville, surnommé Robert Guiscard, y meurt de dysenterie le 17 juillet 1085 au large de la baie d’Athéras alors qu’il essayait de conquérir l’île. Son fils Bohémond de Hauteville réussit cette conquête et donne le nom de Guiscard (aujourd’hui Fiskardo) au village de Panormos, en l’honneur de son père. En 1103 et 1125, les croisés attaquent l’île. Les Vénitiens alliés aux Génois s’emparent du principal château de Céphalonie.

L’île est brièvement occupée par les Normands de Sicile en 1147 puis  reconquise par l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène allié aux Vénitiens.

En 1185, le roi de Sicile Guillaume II de Sicile conquiert Céphalonie et la cède à l’amiral Margaritus de Brindisi, en le nommant comte Palatin de  Céphalonie et Zante. En 1194 Margaritus de Brindisi est remplacé par Matteo Orsini, son petit-fils par une de ses filles.

Lors du partage de l’empire byzantin au cours de la quatrième croisade, l’île est attribuée à Venise ; cependant elle reste aux mains de Matteo Orsini, qui se reconnait toutefois vassal à la fois de Venise, du Saint-Siège et de la principauté d’Achaïe. La famille Orsini règne sur l’île jusqu’en 1324, puis est remplacée par la famille Tocco qui gouverne jusqu’en 1479.

L’île est conquise en 1479 par les Turcs avec à leur tête Gedik Ahmed Pasha. Venise la reprend en 1500 en violant le traité reconnaissant la domination turque sur Céphalonie, et achève la conquête du Château Saint-Georges (en) le 24 décembre. En 1537 le sultan Soliman le Magnifique déclare la guerre à Venise, et un an plus tard, Barberousse, amiral des forces navales de Soliman, attaque Céphalonie, causant de graves dommages et asservissant 13 000 Céphalonites. Les incursions des pirates ottomans dureront à partir de cette date pendant plus de deux siècles. On peut ainsi mieux comprendre pourquoi les villages n’étaient jamais situés en bord de mer, mais en hauteur, dans les montagnes… comme dans beaucoup d’autres îles méditerranéennes. A cette époque, de nombreuses familles byzantines en exil s’installent à Céphalonie, comme les Phokas, les Carantinos ou les Metaxas.

Venise conserve l’île jusqu’à sa défaite face aux troupes françaises du général Bonaparte, en 1797. Le 28 juin 1797, les Français occupent  Céphalonie. Le Général Bonaparte promet la libération des îles Ioniennes. Le livre contenant les noms et les privilèges de la noblesse, le « Libro d’Oro » est brûlé sur la place centrale d’Argostóli. La possession française des îles Ioniennes est officialisée par le Traité de Campo-Formio le 17 octobre 1797. Les îles Ioniennes deviennent des départements, partie intégrante de l’État Français le 1er novembre 1797.

L’année suivante, une flotte alliée des Russes et des Turcs commandée par Fiodor Ouchakov conquiert les îles Ioniennes (voir Siège de Corfou (1798-1799)). Le 21 mars 1800, à Constantinople, la République des Sept-Îles est fondée sous la souveraineté nominale du sultan, mais reste occupée par la flotte russe. En contrepartie de leur soutien à ce traité, les riches seigneurs de Céphalonie obtiennent des privilèges exclusifs pour gouverner. Un mécontentement général contre le retour des privilèges conduit à des insurrections dans toutes les îles Ioniennes, qui sont violemment réprimées. La République des Sept-Îles est reconnue par la France par la paix d’Amiens en 1801. Le 18 vendémiaire An X (10 octobre 1801), Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord pour la France et le comte Arkady Markoff pour la Russie, concluent une convention secrète par laquelle les deux pays reconnaissent et garantissent l’indépendance et la constitution de la  République des Sept-Îles, et conviennent qu’il n’y aura plus de troupes étrangères dans ces îles.

En 1802, à la demande des Céphaloniotes, des élections ont lieu dans l’île et le 23 décembre 1803, les représentants démocratiquement élus sont chargés de la création d’une nouvelle constitution qui établira la « démocratie des îles Ioniennes ». Ioánnis Kapodístrias, qui deviendra plus tard le premier chef de l’État grec indépendant, est ministre de la République des Sept-Îles entre 1803 et 1807. En 1807, avec le traité de Tilsit, les îles Ioniennes passent à nouveau sous domination française sous le commandement du général César Berthier, nommé gouverneur. Avec quelques changements, la « République des Sept-Îles » est maintenue. Les habitants espèrent une vie paisible, mais cet espoir s’évanouit rapidement car en 1809 les Anglais occupent les îles, à l’exception de Corfou vigoureusement défendue par le général François-Xavier Donzelot jusqu’en 1814. Le Suisse Charles-Philippe de Bosset devient alors gouverneur de Céphalonie pour le compte des Anglais entre 1810 et 1813. Le pont qu’il fait construire entre Argostóli et le village de Drapano, de l’autre côté de la lagune de Koutavos, porte toujours le nom de Pont de Bosset.

Lorsque le Traité de Paris (1814), qui met fin au Premier Empire, place les îles Ioniennes sous protectorat britannique, elles prennent le nom de « États-Unis des Îles Ioniennes ». Une nouvelle constitution, qui donne la réalité du pouvoir au Haut-Commissaire britannique, est promulguée le 28 décembre 1817, et conduit à de nouvelles insurrections des Céphaloniotes.

Bien que l’île soit restée sous la domination anglaise, les Céphalonites ont activement participé à la guerre d’indépendance grecque de 1821 contre la domination turque. Constantinos et Andreas Metaxas, Gerasimos et  Dionyssios Fokas, Demétrios Hoidas, Gerasimos Orfanos et Loukas Valsamakis étaient parmi les combattants de la liberté de Céphalonie. Durant la guerre d’indépendance grecque (1821-1830) Lord Byron a séjourné dans le village de Metaxata (à 9 kilomètres d’Argostóli), et y a écrit la majeure partie de son Don Juan. L’île restera sous protectorat britannique jusqu’à sa cession à la Grèce en 1864.

D’après Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (Histoire et description des îles Ioniennes, 1823), l’île était divisée en 19 municipalités. Dans chacune d’elles il y avait plusieurs hameaux ou villages qui conservent parfois les noms des familles italianisées qui y ont habité. Souvent un hameau n’a que trois maisons, les villages peuvent en avoir plus de vingt. Ces municipalités sont : Pedemonte, Coronas, Potamiana, Livathos, Racli, Mailta, Cossimia, Pyrghi, Talamies, Paties, Samo, Pattachi, Leo, Pilaro, Atterra, Scala, Erisso, Valta, Tinea…

Le 14 septembre 1848, à la demande des Céphalonites, le haut-commissaire Seaton accorde au peuple des privilèges importants. Le commissaire  suivant, George Eward, voulait démocratiser encore plus la Constitution, mais en a été empêché par les conservateurs. Une nouvelle série d’insurrections forcent la reine Victoria à annoncer des élections pour 1850, après quoi le premier Parlement sera établi. La vie de ce parlement sera très courte, puisqu’il a été dissous lors de l’union des îles Ioniennes à la Grèce : les députés ioniens sont dès lors allés siéger au parlement grec d’Athènes. Les soulèvements des Grecs ont conduit à une crise politique en Grande-Bretagne concernant la Grèce, forçant l’Empire britannique à renoncer à son protectorat sur les îles Ioniennes. Le 23 septembre 1863, le Parlement ionien a voté en faveur de l’union avec le reste de la Grèce. Le 21 mai 1864, Thrasivoulos Zaimis a reçu officiellement les îles Ioniennes des mains d’Henry Storcks.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Céphalonie a été occupée par les Italiens à partir de 1941. La population de Céphalonie a participé activement à la résistance et a lutté pour la libération du pays tout au long de la Seconde Guerre mondiale. En septembre 1943, après la chute de Mussolini, les garnisons italiennes et allemandes en poste sur l’île s’affrontent. Les Allemands avec à leur tête les SS de la division Prinz Eugen, vainqueurs, massacrent une bonne partie des prisonniers (Massacre de Céphalonie), dont 5 000 des 9 000 membres de la division Acqui. Les forces d’occupation allemandes ont finalement évacué l’île le 10 septembre 1944. Non loin d’Argostóli, un mémorial a été érigé en 1978 pour rendre hommage à ces soldats italiens massacrés.

L’île a été presque complètement détruite par les violents séismes du 9 au 12 août 1953. Seul Fiscardo, un village à l’extrême nord, n’a pas été détruit. Il possède donc encore beaucoup d’édifices du XVIIe siècle. L’aide internationale a été très importante, que ce soit pour porter les premiers secours, ou même ensuite pour aider à la reconstruction ; cette aide est venue en particulier des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Suède et de la Norvège. Par exemple le village d’Assos possède une place nommée place des Parisiens, sur laquelle se trouve une plaque indiquant que les habitants d’Assos remercient la ville de Paris pour l’aide apportée à la reconstruction du village.

L’île a connu une émigration importante et de nombreux Céphalonites se sont installés aux États-Unis, au Canada ou en Australie. Aujourd’hui  encore de nombreuses maisons de l’île appartiennent à des émigrés qui ont fait leur vie ailleurs et qui reviennent pendant les vacances d’été retrouver leur famille restée sur l’île. L’île connaîtra des difficultés économiques et financières qui ne prendront fin qu’avec le développement du tourisme. Toutefois, l’île est restée sauvage contrairement à d’autres îles comme Corfou. Ceci constitue une chance de nos jours, car on trouve à Céphalonie une authenticité et des territoires vierges que recherchent de nombreux touristes et qui n’existent souvent plus ailleurs.

Le 26 janvier 2014 et le 3 février 2014, deux séismes de magnitude 5,8 et 6,1 ont endommagé quelques constructions dans la péninsule de Paliki (vers Lixouri), ainsi que le port de Lixouri.

Source : Wikipédia.

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