Le séisme de Skopje (Macédoine du nord, 1963).

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Le séisme de 1963 à Skopje (en macédonien : Скопски земјотрес 1963, translittéré Skopski zemjotres 1963) est un séisme d’une magnitude de 6.9 sur l’échelle de Richter qui a frappé une partie de la République socialiste de Macédoine (actuelle Macédoine du Nord) au matin du 26 juillet 1963.

Le séisme a principalement touché la vallée du Vardar (où est située Skopje, capitale et principale agglomération macédonienne) et les massifs montagneux adjacents (Souva Gora, Tsrna Gora, Yakoupitsa). À Skopje, les dégâts sont considérables, tant en pertes humaines (au moins 1 000 morts, 3 000 blessés et 120 000 sans-abri) qu’en pertes matérielles (la ville est détruite à plus de 80 %).

Le tremblement de terre est une conséquence directe de l’activité tectonique de la péninsule balkanique et plus précisément de la présence d’une faille (dite sillon du Vardar) qui court de la mer Égée à la région de Belgrade.

La catastrophe a fortement marqué l’histoire de Skopje, qui a alors perdu l’essentiel de ses infrastructures et de son patrimoine, mais elle a aussi marqué les médias de l’époque et a déclenché de nombreuses réactions internationales. Le statut non-aligné de la Yougoslavie a ainsi permis aux Skopiotes de recevoir de l’aide du monde entier. La reconstruction fut rapide et orchestrée par des grands noms de l’architecture moderne, comme le japonais Kenzo Tange.

Skopje se trouve dans un bassin sédimentaire entouré de montagnes et parcouru par le Vardar, un fleuve qui se jette dans la mer Égée. Ce bassin couvre 2 100 km2, et la ville en elle-même n’occupe qu’un dixième de l’espace. L’ensemble du territoire macédonien est connu pour être une zone à risque, et il est cité par de nombreux sismologues, comme Fernand de Montessus de Ballore et Charles Francis Richter. La vallée du Vardar en elle-même est une région aux séismes fréquents, et la région de Skopje est sa partie la plus vulnérable.

Avant 1905 et la création de l’Institut de séismologie de Belgrade, l’histoire des séismes en Macédoine est très mal documentée. Seulement deux grands séismes antérieurs à cette date sont connus des historiens. Le premier, qui a eu lieu en 518, a entraîné la disparition de la ville romaine de Scupi et a laissé une fissure de 40 kilomètres de long et qui atteint jusqu’à quatre mètres de large. Le second a eu lieu en 1555 et a détruit au moins une partie de Skopje. Le premier séisme a eu une intensité estimée à IX sur l’échelle de Mercalli.

Au XXe siècle, plusieurs séismes se sont produits dans la région, notamment près du village de Mirkovrtsi en 1921. Des secousses répétitives avaient alors atteint 4,6 à 5,1 degrés de magnitude, soit VII ou VIII sur l’échelle de Mercalli. La même année, la ville de Gnjilane, au Kosovo voisin, était elle aussi touchée par un tremblement de terre.

En 1963, Skopje est la capitale de la République socialiste de Macédoine. C’est une ville moyenne d’environ 166 000 habitants et elle se trouve à la tête d’une vaste municipalité comptant 312 000 habitants ainsi que de nombreux villages. Elle concentre les activités économiques et culturelles de la Macédoine et elle bénéficie grandement des investissements yougoslaves. À cette époque, Skopje regroupe 35 % de l’industrie macédonienne et produit 43 % des revenus de la République socialiste de Macédoine.

Le visage de la ville était contrasté, avec au nord du Vardar, le vieux bazar ottoman, encore bien préservé, et au sud, les quartiers modernes. Le centre-ville moderne, organisé autour de la place du Maréchal Tito, datait principalement du début du XXe siècle, mais les maisons en brique et en stuc étaient progressivement remplacées par des immeubles en béton. Autour du centre, de nombreux quartiers résidentiels étaient apparus après la guerre. Ils étaient généralement composés de blocs d’immeubles.

La modernisation de la ville et l’étalement urbain qui se sont déroulés après la Seconde Guerre mondiale se sont souvent faits au mépris de la réglementation anti-sismique, promulguée en 1948. Pourtant Skopje avait déjà connu plusieurs grands tremblements de terre au cours de son histoire. Le non-respect des codes d’urbanisme explique en grande partie l’étendue des dégâts matériels. En outre, le Vardar, qui traverse la ville, avait eu des crues exceptionnelles en 1962, et l’eau avait fragilisé les fondations.

Le tremblement de terre intervient à 4 h 17 min 11 s UTC (5 h 17 heure locale) et dure environ 20 secondes. À l’issue de cette première secousse d’une magnitude estimée à 6.9 sur l’échelle de Richter, soit 6.1 sur l’échelle de magnitude du moment ou IX sur l’échelle de Mercalli, plusieurs répliques de moindre intensité se suivent jusqu’à 5 h 43.

La première secousse, la plus forte, est ressentie dans toute la Macédoine, avec une intensité variant entre IV et IX sur l’échelle de Mercalli. Elle est aussi perçue à Sofia, distante de plus de 170 kilomètres, et à Thessalonique, distante de 195 km. À Belgrade et Podgorica, des intensité de III sur l’échelle de Mercalli ont été observées.

La ville est alors en grande partie détruite. Aux alentours, les villages de Zlokoukyani et de Bardovtsi subissent également de lourds dégâts. L’épicentre est localisé à environ dix kilomètres au nord de Skopje, et l’hypocentre est estimé à cinq kilomètres de profondeur. La première secousse a libéré β10²² ergs d’énergie.

Le tremblement de terre de Skopje ressemble fortement à celui d’Agadir, qui a eu lieu trois ans auparavant. Les secousses, d’intensité modérée, se sont concentrées sur une zone restreinte et y ont causé d’énormes dégâts.

Le tremblement de terre tue environ 1 070 personnes et fait 3 300 blessés, dont la moitié restera handicapés à vie. Le faible nombre de morts par rapport au taux de destruction s’explique par le fait que le séisme survient en période estivale, quand beaucoup d’habitants de la ville en sont absents pour les vacances. Cependant, à cause de l’heure matinale de la catastrophe (5 h 17), un grand nombre de personnes sont surprises dans leur sommeil, et environ seize mille sont ensevelies vivantes dans les décombres.

Immédiatement après le séisme, toutes les personnes âgées, les mères avec enfants ainsi que les habitants de moins de quinze ans sont évacués vers d’autres villes yougoslaves. Les autres personnes sont logées soit dans des tentes installées dans les parcs de la ville, soit chez des proches résidant dans d’autres villes. Les personnes dont les logements sont encore habitables peuvent continuer à y résider, et la totalité de la population est rentrée à Skopje au bout de neuf mois.

Après le séisme, environ un tiers des bâtiments restés intacts visuellement doivent être dynamités8, et Skopje est détruite à 80,7 %. Les zones résidentielles sont détruites à 75 %, et 70 % des Skopiotes se retrouvent à la rue.

Le tremblement de terre a aussi fait disparaître 8 écoles primaires et 11 établissements secondaires, 32 infrastructures sportives, 9 polycliniques, et un grand nombre d’autres institutions, comme l’université, dont les laboratoires sont réduits en poussière, et la bibliothèque nationale. Les dégâts sont évalués à un milliard de dollars, soit pratiquement le budget annuel de toute la Yougoslavie. Cela signifie que le coût de la reconstruction est non seulement trop élevé pour la ville, mais aussi pour le pays tout entier1. Par ailleurs, Skopje perd d’un seul coup une grande part de son patrimoine historique et culturel. Le vieux bazar est très endommagé et plusieurs mosquées du XVe siècle sont totalement effondrées. La ville perd aussi deux hammams ottomans, ainsi que sa forteresse, dont il ne reste que les fondations. Le musée archéologique de Macédoine, qui se trouvait dans la forteresse, est alors anéanti.

De l’autre côté du Vardar, les quartiers modernes sont encore plus touchés et pratiquement tous les édifices emblématiques du centre-ville disparaissent, dont la maison des Officiers, la Banque nationale, le Théâtre national, l’hôtel de ville et le hall des expositions. L’un des seuls grands monuments modernes à avoir échappé à la destruction est le palais de l’Assemblée, qui datait des années 1930. La gare, en partie effondrée, reste utilisable. Enfin, les voies ferrées et les infrastructures souterraines ont globalement échappé au désastre.

De manière générale, les constructions qui ont le moins résisté aux secousses sont celles qui étaient faites en brique et en pierre. Les maisons traditionnelles à structure en bois ainsi que les immeubles en béton armé ont le moins souffert, tout comme les grandes tours d’habitation, qui étaient généralement solides et bien conçues. Les immeubles collectifs étaient cependant en grande majorité de petite taille et ils avaient été construits rapidement et à moindres frais.

Les usines, situées pour la plupart en périphérie, ont plutôt bien résisté, à l’exception notable de quelques grandes cheminées. Les barrages de la région, et notamment celui du lac Matka, n’ont connu aucun dégât. Enfin, les quartiers construits sur les conteforts du mont Vodno, au sud du centre, ainsi que ceux de Kisela Voda, au sud-est, ont été plutôt épargnés.

Source : Wikipédia.

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