Le château de Grignan (Drôme).

Le château de Grignan est un château du XIIe siècle construit sur un piton rocheux dominant Grignan en Drôme provençale, transformé en forteresse au XIIIe siècle par la famille d’Adhémar.

Le site de Grignan est d’abord un domaine agricole des Gallo-romains qui est devenu une dépendance de l’évêque de Die.

Au Xe siècle, une fortification est construite par la petite aristocratie locale.

Avant 1035, le propriétaire du premier château devient Rostaing de Grignan.

Dès 1106, la présence du château va permettre le regroupement des habitations à son pied. C’est probablement au XIIe siècle qu’est construite la première enceinte du bourg castral primitif.

Dans la seconde moitié du XIIe siècle, les Adhémar de Monteil vont progressivement capter la seigneurie.

Une branche cadette des Adhémar, les Adhémar de Grignan, vont posséder la seigneurie en 1239.

Pour assurer la sécurité de leurs terres, les seigneurs de Grignan obtiennent du comte de Provence, en 1257, le titre de terre adjacente de Provence pour leur territoire, donnant privilèges ainsi qu’autonomie fiscale et judiciaire.

Au XIIIe siècle, le village s’agrandit, nécessitant une modification de l’enceinte vers le nord. La chapelle Saint-Romain est construite pour le château ainsi qu’un corps de salle allongé au nord dans le prolongement de la tour carrée résidentielle.

À la fin du XIIIe siècle, la seigneurie devient une baronnie.

Au XIVe siècle, la défense des portes du château se renforce.

Entre 1478 et 1495, Gaucher Adhémar (1450-1516), qui fut au service de Louis XI, double la largeur de la salle, crée des espaces résidentiels et remanie les façades de l’ancienne forteresse du Moyen Âge.

Château de Grignan, carte maximum, 7/07/2001.

C’est probablement le mariage de Gaucher Adhémar avec Diane de Montfort, héritière des titres de comte de Campobasso et de duc de Tremoli, qui a permis d’introduire de nouvelles formes architecturales. Ces formes sont déjà connues des Provençaux à Avignon et Marseille grâce aux œuvres de Francesco Laurana et de son école. Par ailleurs des membres de la famille de Grignan étaient au contact des comtes de Provence, tel Guyot Adhémar, bisaïeul de Gaucher, qui a été chambellan de Louis III d’Anjou en 1419. La sœur de Gaucher, Jeanne Adhémar, a épousé en 1439 Pierre de Glandevès, grand échanson du roi René.

En 1495, Gaucher Adhémar obtient de l’évêque de Die d’ouvrir une fenêtre dans la chapelle Saint-Romain pour construire la grande galerie d’apparat des Adhémar. L’état du château fait en 1516 après la mort de Gaucher Adhémar de Grignan cite deux fois la galerie qui est donc terminée à cette date.

Louis Adhémar (1474-1558), fils de Gaucher, a été ambassadeur du roi François Ier à Rome en 1538, puis lieutenant-général pour le roi en Provence en 1541. Il avait épousé en 1513 Anne de Saint Chamond, nièce probable du cardinal de Tournon, ce qui lui permit d’approcher le roi François Ier.

Le roi François Ier, revenant de Marseille, où il avait rencontré le pape Clément VII et marié le futur Henri II avec Catherine de Médicis, accompagné de ses fils, de la reine et du duc de Vendôme, est venu visiter le château en novembre 1533.

Entre 1540 et 1545, Louis Adhémar entreprend la construction du corps de logis sud, probablement par Antoine Soysson qui a succédé, après 1539, au maître maçon Jean de l’Occhia, ou Jean Delauche, pour terminer l’édification de la collégiale Saint-Sauveur entre 1539 et 1543 en contrebas du flanc sud-ouest du château. L’ensemble formé par la grande galerie, les espaces résidentiels est et le nouveau logis sud entoure la cour du puits.

C’est au milieu du XVIe siècle qu’est construite la terrasse du château au-dessus de la collégiale.

Louis Adhémar est appelé par le roi pour être son ambassadeur à la diète de Worms de 1545 où devaient être prises des mesures contre les protestants. Louis Adhémar parla au roi des Vaudois en disant qu’ils étaient 15 000 pouvant s’armer et attaquer les villes de Provence. Les prélats présents à Paris comme le cardinal de Tournon pressèrent le roi de prendre des mesures contre eux. Bien qu’absent de Provence, il a donc joué un rôle grave dans le massacre des Vaudois par les troupes du baron d’Oppède à Cabrières-d’Aigues et Mérindol en 1545 en poussant le roi à envoyer des lettres au président d’Oppède pour purger l’hérésie en Provence. Après la mort de François Ier, son fils, Henri II, étant opposé aux ministres de son père, permit un procès sur ce massacre. Louis Adhémar est condamné après une enquête, en 1547, et est jeté en prison. La construction du château s’arrête alors.

Grâce à l’appui du duc de Guise, Louis Adhémar obtient en 1551 d’Henri II un arrêt du Conseil privé accordant son absolution.

Un second chantier est entrepris entre 1551 et 1556 pour la façade sud dite façade François Ier. Elle est construite entre deux tours médiévales réhabillées dans le style Renaissance. Elle a 18 mètres de hauteur et 52 mètres de long. Elle est composée de 14 travées, de colonnes, de pilastres, de fenêtres à doubles croisillons.

Louis Adhémar est nommé par le roi lieutenant au gouvernement du Lyonnais.

En 1558, le roi Henri II érige la terre en comté au profit de Louis Adhémar.

En novembre 1558, Louis Adhémar meurt sans enfants. Bien que Louis Adhémar ait légué son château au duc de Guise en 1552, un jugement annule cette donation en 1563. Son domaine revient à sa sœur Blanche, mariée à Gaspard de Castellane, baron d’Entrecasteaux. Leur fils, Gaspard de Castellane relève alors le nom des Adhémar de Monteil.

Suit ensuite Louis de Castellane, fils de Gaspard de Castellane-Adhémar de Monteil, comte de Grignan en 1563, qui avait épousé le 24 mai 1559 Isabelle de Pontevès. Il a reçu le collier des ordres du roi en 1584. Il a été lieutenant général au gouvernement de Provence. Il est mort le 1er août 1598.

Puis Louis François Adhémar de Monteil meurt en 1620. Il a épousé le 4 janvier 1595 Jeanne d’Ancézune. Il est le père de François Adhémar de Monteil, archevêque d’Arles, et de Jacques, évêque d’Uzès.

Son fils, Louis-Gaucher de Castellane-Adhémar de Monteil3, comte de Grignan, est maître de camp du régiment d’Adhémar. Il a épousé le 16 mai 1628 Marguerite d’Ornano. Il est le père de François de Castellane-Adhémar de Monteil (1629 – 30 décembre 1714), de Jean-Baptiste Adhémar de Monteil, archevêque d’Arles où il succède à son oncle, de Louis Joseph, évêque de Carcassonne, et de Joseph, dit le chevalier de Grignan. Il est mort le 4 août 1668.

En 1654, Louis-Gaucher de Castellane-Adhémar s’est engagé à entretenir et refaire les voûtes et les toits de l’église Saint-Sauveur selon les besoins car la terrasse avait des infiltrations d’eau pouvant les mettre en péril. En 1675 et 1676 Mme de Sévigné s’inquiète de la situation critique de la terrasse. Une réparation intervient en 1680. C’est à cette époque que le parapet de la terrasse est remplacé par une balustrade.

Son neveu Jean-Baptiste de Félix du Muy, marquis de Saint-Mesmes, hérite du château; il est nommé en 1792 général de division des armées, puis chargé de mission en Suisse par le gouvernement de la République.

Malgré cela, il a été déclaré émigré, et le district de Montélimar, par arrêté du 11 nivôse an II (20 décembre 1793) ordonna la démolition du château comme l’un de ces « monuments qui insultent l’égalité en rappelant ces temps de servitude, de féodalité et de superstition, dont le fardeau a trop longtemps pesé sur un peuple rendu à la liberté ». La commission de Montélimar, placée sous la surveillance de Guitard, appelle Raymond Sauveton, maçon, et son équipe, qui démolit en quinze jours la toiture et les deux-tiers de la grande façade. Les matériaux furent vendus à l’encan pour 6 468 francs, dont furent déduits 1 462 francs pour frais de démolition. Le mobilier du château fut vendu du 18 au 27 décembre 1793.

Pendant les premières années qui suivirent la destruction du château, le vandalisme fit rage au milieu de ses ruines. En 1794, après un jugement du tribunal, le château fut restitué au Général du Muy, qui reprit possession de ruines (il l’avait quitté pour partir en mission en parfait état); il fit alors racheter la fermeture de la porte d’entrée qui avait été vendue pour 160 livres et transforma ces ruines en garenne où ses hommes élevèrent des lapins…

Le général du Muy mourut en 1820, laissant les ruines du château à son neveu Joseph de Félix. Malgré ses ruines, le château attira des touristes anglais dans leur Grand Tour : John Hughes, maître ès arts du collège Oriel à Oxford en 1819, les sœurs Francesca et Caroline Colnaghi en 1845.

Léopold Faure, Grignanais, acquit le château le 8 juillet 1838 de Ferdinand de Félix, comte du Muy, et se mit à l’œuvre pour sauver ce qu’il en restait, faisant visiter aux intéressés d’authentiques vestiges tels que la grande cheminée. Il restaura, vers 1850, le châtelet d’entrée, en lui ajoutant des toitures en poivrières qui n’existaient pas auparavant.

Il fit construire deux étages d’une tour polygonale évoquant une tour d’escalier en vis d’époque, près des restes du château médiéval et du fournil5. Il mourut en 1889 et sa femme en 1902.

Après sa mort, le comte Boniface de Castellane, célèbre dandy parisien se rendit acquéreur du château le 19 décembre 1902. Marié à la richissime américaine Anna Gould, il pensait que la fortune de sa femme permettrait la restauration du château mais leur divorce rapide en 1906 arrêta le projet. Pour payer ses dettes Boni de Castellane dispersa les quelques éléments architecturaux encore vendables: grands vases en marbre qui ornaient les terrasses et le perron, statues du Rhône et de la Saône devant le perron, gargouilles ornementées en forme de chevaux marins qui ornaient la galerie des Adhémar, cheminée monumentale de la salle du roi avant céder le château complètement dépouillé de ses vestiges authentiques subsistants à son cousin, le comte Raymond de Castellane.

Le château fut finalement reconstruit au début du XXe siècle à l’identique grâce aux soins de Marie Fontaine qui l’acheta le 18 décembre 1912 et qui mit toute sa fortune pour restaurer cet édifice entre 1913 et 1931, haut lieu de l’histoire régionale. Le projet de restauration a été inspiré par Mgr Meffre, prélat du pape, et architecte diocésain de l’Isle-sur-la-Sorgue. Ils s’aident pour faire une restauration la plus authentique possible, et rétablir la beauté initiale de l’édifice, des peintures et croquis d’époque. Cependant, l’analyse critique, à l’aide des données actuelles de la science, révèle des erreurs dans la restitution de la façade sud, dont la répartition des travées s’est principalement inspirée d’un dessin en fait erroné5. Christian Trezin, ancien conservateur, a pu ainsi élaborer une esquisse de ce qu’était la façade méridionale avant les destructions révolutionnaires.

Marie Fontaine mourut à Paris le 7 avril 1937. Le château revint ensuite à ses neveux Yvonne et Georges Baroux.

Le 17 avril 1947, le mur avec le portail du XVIIe siècle est inscrit au titre des monuments historiques.

Le 10 janvier 1979 le château est vendu au conseil général de la Drôme qui y transfère, peu après, des objets récupérés par Léopold Faure et qui étaient présentés dans le musée Faure-Cabrol, grande rue à Grignan (tapisseries, tableaux…).

Le 24 février 1987, le château, le parc et les terrasses sont inscrits au titre des monuments historiques.

La visite permet de découvrir des pièces remarquables : Tapisserie d’Aubusson, cabinets d’apparat, plan de Rome.

Dès la première cour intérieure on a devant soi, formant l’angle oriental de la façade restaurée, dite de François Ier, une tour légèrement en relief : la tour Sévigné. Elle est à deux étages et en pur style Renaissance original du XVIe siècle. Le premier étage était occupé par le cabinet de travail de Madame de Sévigné d’où son nom. La tour échappa au vandalisme et Léopold Faure la fit immédiatement consolider et réparer.

Le 17 décembre 1993, de nombreux éléments sont classés monument historique, en particulier les façades et toitures.

La façade François Ier est en restauration en 2009 et 2010.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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