L’abbaye Notre-Dame d’Orval (Belgique).

L’abbaye Notre-Dame d’Orval (ou abbaye d’Orval) est un monastère cistercien-trappiste situé en Belgique à Villers-devant-Orval dans la province de Luxembourg. Fondée par des bénédictins au XIe siècle, elle passe à l’ordre de Citeaux, en 1131, avec l’arrivée de moines de l’abbaye de Trois-Fontaines.

Durant quatre siècles, Orval vit l’existence effacée d’un monastère perdu dans la solitude de la grande forêt ardennaise. En outre, située à la frontière entre le Saint-Empire et le royaume de France, Orval subit les conséquences des guerres et conflits du XVe au XVIIe siècle. L’abbaye traverse une crise d’ampleur liée au développement du Jansénisme en son sein au début du xviiie siècle, la crise éclatant au grand jour lorsqu’en 1713 Clément XI condamne cette doctrine.

À la fin du XVIIIe siècle, les moines sont chassés et les biens de l’abbaye sont mis à la disposition de la Nation comme « biens nationaux ». Lors des troubles qui suivent la Révolution française, les bâtiments sont détruits et abandonnés.

Le monastère est reconstruit et la tradition monastique relevée, en 1926, par un groupe de cisterciens-trappistes venu de l’abbaye Notre-Dame de Sept-Fons. Dom Albert-Marie van der Cruyssen, moine de l’abbaye Notre-Dame de La Trappe, est alors leur prieur. Le monastère retrouve son rang d’abbaye en 1936.


Isolée au milieu de terrains boisés, l’abbaye se trouve à deux kilomètres au nord-est du village de Villers-devant-Orval, à un kilomètre au nord de la frontière française, à l’entrée d’un saillant de la Belgique en territoire français. Elle est bordée à l’ouest par la route nationale 88 reliant Florenville et Athus (Aubange). Le ruisseau la Mouline, alimenté par les sources de l’Orval, passe (largement en souterrain) à travers le site de l’abbaye, et en rejoint deux autres, à la sortie du domaine, pour former une rivière, la Marche avant d’entrer dans Villers-devant-Orval.

Le site de l’abbaye (Aurea vallis) est occupé dès l’époque mérovingienne. Une chapelle y est construite au xe siècle. En 1070, un groupe de bénédictins, venus de la Calabre (Italie), y bâtit une église et un prieuré, sur des terres données en usufruit par le comte de Chiny, Arnoul Ier.

Vers 1076, la suzeraine, Mathilde de Toscane, comtesse de Briey, passe dans la région et ratifie la donation faite par son vassal aux moines bénédictins. C’est à cette époque qu’a lieu le célèbre incident de l’anneau tombé dans une fontaine et reparu comme miraculeusement. Du passage de la duchesse de Toscane, l’abbaye a reçu son nom « Vallis aurea » (Val d’or ) et son blason (anneau d’or dans la bouche d’un poisson). Aujourd’hui encore la fontaine Mathilde en perpétue la mémoire.

Au bout d’une quarantaine d’années — et pour des raisons inconnues — les bénédictins quittent les lieux. Le comte Othon leur substitue, en 1110, une communauté de chanoines augustins1. Une première église, dédiée à Notre-Dame, est inaugurée le 30 septembre 1124 par l’évêque de Verdun, Henri de Blois. Elle mesure 53 mètres de long et 25 mètres de large. Les chanoines souhaitent cependant devenir moines.

Albert de Chiny, secondé par son oncle, le saint évêque de Verdun Alberon de Chiny, se tourne vers Bernard de Clairvaux qui demande à sa première fondation, l’abbaye de Trois-Fontaines en Champagne d’envoyer quelques moines cisterciens encadrer les chanoines d’Orval qui souhaitent passer à l’ordre de Cîteaux.

Constantin — un Bienheureux d’après le ménologe cistercien — dirige le groupe, en étant ainsi le premier des 51 abbés qui se succéderont à Orval. En mars 1131, Orval devient abbaye-fille de Trois-Fontaines et, en fait, toute première abbaye cistercienne dans la région. Les bâtiments sont adaptés aux besoins monastiques. Thierry de Vitry, deuxième abbé, crée la première bibliothèque d’Orval en faisant copier livres et manuscrits se trouvant en d’autres abbayes. Adam de Longwy, quatrième abbé (1167-1173), met en chantier la construction de l’abbatiale. L’église est terminée avant 1200. le domaine agricole et forestier est progressivement agrandi.

Les débuts n’en sont pas moins difficiles et la communauté vit longtemps dans l’indigence. Un incendie, en 1252, n’arrange rien. L’endettement est si grave que le chapitre général de Cîteaux, en sa session de 1316, autorise l’abbé de Trois-Fontaines à fermer Orval, vendre ses biens et disperser les religieux dans d’autres maisons.

L’abbé n’en fait rien cependant. Durant quatre siècles Orval vit l’existence effacée d’un monastère perdu dans la solitude de la grande forêt ardennaise. Certaines périodes sont prospères et d’autres difficiles. Située en effet à la frontière entre le royaume de France et l’Empire, Orval subit les conséquences des guerres et conflits du XVe siècle au XVIIe siècle.

Marqué par les longs abbatiats de deux grandes personnalités, Orval retrouve prospérité et réputation de sainteté durant le XVIIe siècle. Bernard de Montgaillard, imposé comme abbé par l’archiduc Albert en 1605, est d’abord mal reçu par les moines. Mais il parvient à s’imposer et introduit progressivement un retour aux pratiques religieuses régulières. Il acquiert l’estime des moines et rapproche l’abbaye du peuple des alentours. La nouvelle réputation d’Orval attire: durant son abbatiat (de 1605 à 1628) le nombre de moines augmente sensiblement.

Quelques années après la mort de Montgaillard, au plus fort de la guerre de Trente Ans, en date du 2 août 1637, l’abbaye est pillée et incendiée par les soldats du maréchal de Châtillon.

La période qui suit est plus paisible sur le plan politique et la communauté retrouve équilibre et prospérité sous la direction de l’abbé Charles de Bentzeradt. Le 45e abbé d’Orval (de 1668 à 1707) encouragé par l’abbé de Rancé qu’il rencontra plusieurs fois poursuit l’œuvre de Montgaillard, imposant un retour strict aux observances du Cîteaux originel: abstinence totale de viande, travaux manuels pour tous, longues périodes de jeûnes. Orval adopte le coutumier particulièrement austère de l’abbaye de la Trappe après y avoir envoyé quelques moines pour y être formés. Plus dur est le régime, plus nombreuses sont les vocations! Bien que plusieurs fondations aient été faites, le nombre de moines à Orval dépasse la centaine à la mort de Bentzeradt.

Cependant dans l’imposition stricte d’une austérité très dure Bentzeradt permet à un esprit janséniste de s’introduire dans la communauté. Cela conduit à la plus grande crise que connaîtra l’abbaye. Il accepte comme moines dans son abbaye des jansénistes militants. Sous des apparences d’humilité et de dévotions aux plus humbles travaux ceux-ci transforment l’abbaye en foyer janséniste. Sous son abbatiat l’abbaye est un centre important de rayonnement janséniste. Orval est en rapports étroits avec l’abbaye de Port-Royal. Pierre Nicole se réfugie quelque temps à Orval. Son militantisme devient encombrant. Par prudence Bentzeradt lui demande de quitter son abbaye.

La crise éclate au grand jour lorsque, par la bulle Unigenitus (1713) Clément XI condamne le jansénisme. Une large partie de la communauté monastique d’Orval, une des plus grandes de l’ordre cistercien, refuse de signer. Ils sont dénoncés à Rome ce qui provoque une visite canonique du monastère, ordonnée par le pape Benoît XIII. Jean-Mathieu Mommerts est abbé. À peine la visite canonique est-elle commencée, en septembre 1735, qu’une quinzaine de moines prennent la fuite, de nuit, et se réfugient auprès de l’évêque janséniste d’Utrecht, où ils forment une communauté « orvaliste ». On découvre qu’ils étaient en correspondance avec Pasquier Quesnel et Duguet et gardaient dans leurs cellules des reliques et objets appartenant aux Arnauld.

Leur départ apporte un dénouement à la crise. L’abbé Albert de Meuldre, successeur de Mommerts (1741), quelque peu sympathisant janséniste, doit démissionner en 1757. Celui qui lui succède, dom Pinart, même si strict et rigide, ramène la paix parmi les moines.

Au XVIIIe siècle, Orval, située sur un cours d’eau au cœur d’une vaste forêt, peut développer une industrie sidérurgique exemplaire.

Orval, entier postal, Belgique.

Au moment de la Révolution française, en 1793, les troupes du général Loison incendient l’abbaye et la communauté est dispersée : le monastère est l’un des lieux visés par les pillards. Avant d’y mettre le feu, en 1793 (les moines étaient réfugiés en lieu sûr), ils ont fouillé partout car, comme d’autres, ils ont entendu dire que les religieux avaient enterré de nombreux objets précieux… Des paysans ont juré avoir vu des hommes vêtus de la robe de bure enfouir, notamment, des calices et des ciboires en or.

Le site reste en ruine jusqu’en 1926, date à laquelle un moine de l’abbaye de la Trappe, Marie-Albert van der Cruyssen, entreprend le rétablissement de l’abbaye et la restauration des ruines. L’abbaye claire d’aujourd’hui a surgi non loin des ruines médiévales et de l’église Saint-Bernard, chef-d’œuvre du XVIIIe siècle de Laurent-Benoît Dewez. Le principal matériau employé est une pierre reconstituée d’un ton jaune doré1. Le peintre Albert Servaes, le sculpteur Oscar Jespers et Camille Barthélemy ont contribué à la renaissance d’Orval. Dus aux plans de l’architecte H. Vaes, les nouveaux bâtiments sont en roman bourguignon, interprété dans un sens moderne1. Consacrée en 1939, l’église est un chef-d’œuvre de sobriété. Le marbre de Tchécoslovaquie a été largement utilisé pour la décoration intérieure, pour le trône abbatial, pour les chapelles latérales, etc., et les stalles sont en bois du Zaïre.

Un groupe de moines venus de l’abbaye de Sept-Fons forme la nouvelle communauté monastique. Le statut d’abbaye est rendu à Orval en 1936. Si dom Marie-Albert est le premier abbé de la nouvelle abbaye, il est le 53e de la lignée historique des abbés d’Orval. L’abbatiale actuelle est consacrée le 8 septembre 1948.

En ce début de XXIe siècle, le monastère a su devenir à la fois un lieu d’histoire remarquablement restauré, visité par des milliers de touristes chaque année et un lieu de recueillement. Un petit musée a été aménagé dans des caves anciennes, qui complète le parcours du visiteur dans les ruines. Une quinzaine de moines cisterciens-trappistes, toujours présents sur les lieux, accueillent des hôtes pour une retraite de quelques jours dans le silence de la forêt gaumaise.

En 1931, l’installation d’une brasserie au sein même de l’abbaye fut décidée afin d’aider financièrement à la construction du nouveau monastère. Actuellement et dans la tradition cistercienne, la communauté monastique consacre principalement à l’aide sociale les revenus liés à la bière vendue sous la marque Orval. Il n’existe que onze brasseries trappistes au monde dont six en Belgique. Seules les bières brassées au sein d’une abbaye, sous le contrôle des moines cisterciens qui y vivent, ont le droit de porter cette appellation. Il y a une seule bière brassée à l’abbaye. Elle est ambrée de fermentation haute (6,2 % d’alcool) et se caractérise par un arôme et une amertume typiques.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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