La samba.

La (ou, parfois, le) samba (mot emprunté au portugais) est un genre musical et une forme de danse apparue au Brésil, qui trouve ses racines en Afrique à l’époque de l’esclavage ouest-africain, dans les traditions religieuses, en particulier celles de l’Angola et du Congo. Les amateurs de samba sont appelés sambistes.

Emblématique du Brésil et du carnaval brésilien, la samba fait partie de l’identité nationale brésilienne. Une journée nationale de la samba est célébrée chaque année le 2 décembre. La date fut fixée par Luis Monteiro da Costa, conseiller municipal de Salvador, en l’honneur d’Ary Barroso. Il sera le compositeur de Na Baixa do Sapateiro bien qu’il n’ait jamais mis les pieds à Bahia. Ainsi, le 2 décembre marquera la première rencontre d’Ary Barroso et Salvador.

La samba est un style local au sud comme au nord du Brésil, en particulier à Rio de Janeiro, São Paulo, Salvador et Belo Horizonte. Son importance dans la musique brésilienne se manifeste dans toutes les régions du pays par la présence d’écoles de samba, de musiciens de samba et de carnavals centrés sur la performance de la samba. Rio de Janeiro étant la ville brésilienne la plus connue dans le monde, la samba est habituellement utilisée pour identifier les brésiliens.

La samba est née dans les quartiers populaires de Rio de Janeiro au début du XXe siècle, et notamment autour de la Praça Onze. À la fin du XIXe siècle, avec l’abolition de l’esclavage, beaucoup d’anciens esclaves se sont dirigés vers cette grande cité (à l’époque capitale du pays) pour travailler dans les docks, comme vendeurs de rue ou comme domestiques. Ils ont amené avec eux leurs danses et leurs percussions africaines.

Samba, carte maximum, Belgique, 2006.

La première samba enregistrée est Pelo telefone, en 1916, par le chanteur Donga. Les premières sambas étaient très influencées par d’autres rythmes de l’époque, comme le maxixe (un rythme très rapide) et la marcha (un rythme simple, binaire et vivace). Des artistes tels que Pixinguinha, Donga, Heitor dos Prazeres, Ismael Silva et Sinhô ont peu à peu développé les bases de la samba : une musique à 2/4 ou 4/4 dont la structure rythmique peut se réduire à 2/4, le temps fort étant sur le deuxième temps, avec un accompagnement riche en lignes mélodiques syncopées. Le rythme est donné essentiellement par les instruments de percussion, la guitare et le cavaquinho.

La samba est devenue la musique du carnaval vers 1930 ; elle était précédemment jugée trop obscène, brutale et violente. Les premières écoles de samba sont constituées de petits groupes de guère plus de cinquante personnes qui défilent sans costumes, au son des percussions. Ces groupes, appelés « blocos », rivalisent d’audace et d’imagination, le tout premier à se faire connaître étant Deixa Falar, en 1928, dans le quartier appelé Estacio à Rio de Janeiro. Très vite, ces défilés s’organisent et se transforment en compétitions. La première d’entre elles date de 1932 et voit la victoire de Mangueira. En 1935, les écoles sont officiellement enregistrées comme Gremio (cercles récréatifs).

La samba se développe et se formalise dans le cadre de cette immense fête populaire, au travers de la partie rythmique, mélodique et de la danse qui l’accompagne. Elle permet alors à toutes les couches de la société de s’exprimer et de se défouler. Dans les années 1940 et 1950, l’identité de chacune des écoles de samba se construit, entre le choix de couleurs de reconnaissance et les choix musicaux : le mot école prend alors aussi son sens de doctrine, avec ses professeurs et leurs disciples. Les costumes ne sont toutefois encore constitués que d’uniformes. L’introduction de la sonorisation pour les chants en 1961, par Mangueira, donne une nouvelle dimension aux sambas à thème (samba do enredo). C’est d’une certaine façon l’âge d’or musical des écoles de samba.

Le milieu des années 60 marque le retour sur le devant de la scène de nombreux grands artistes de la première génération des sambistas des années 30: Ismael Silva, Cartola, Clementina de Jesus, Nelson Cavaquinho, Velha Guarda da Portela… Des jeunes interprètes, notamment issus de la bossa nova redécouvrent et interprètent les compositions de ces artistes pionniers. Cette renaissance se structure notamment autour du Zicartola, bar tenu par Cartola, fondateur de l’école de Mangueira et sa femme Zica, où la jeune et l’ancienne garde se rencontrent.

Les années 1960-1970 sont au centre d’une « révolution plastique », avec la participation des classes moyennes, qui apportent de nouveaux courants esthétiques. Les écoles de samba travaillent leur image avec la contribution souvent spontanée d’artistes célèbres. Les vingt années suivantes portent la marque de l’argent et de ses vicissitudes. En effet, le défilé des écoles du Groupe Spécial de Rio de Janeiro n’est plus simplement l’objet de rivalités de quartier, mais aussi un enjeu économique entre écoles du fait de ses nombreuses retombées financières. Pour cette ville qui cherche à attirer un public conquis d’avance mais qui hésite encore à prendre son billet, il s’agit également d’un enjeu majeur. La samba s’enrichit quant à elle durant cette période de la musique pop, où se manifeste un retour aux sources, vers le maracatu. En parallèle, à Salvador, l’axé se développe dans les années 1980 et donne naissance à la samba-reggae, qui construit un pont entre la samba et la musique jamaïcaine.

À partir des années 2000, s’immiscent de nouvelles influences comme le funk ou le hip-hop, qui viennent à nouveau enrichir les rythmes de la samba. Des grandes batteries de percussions émergent des formations plus réduites basées sur de la fusion samba-rock et samba-funk, comme le groupe Funk ‘n’ Lata issu de Mangueira.

Outre Rio de Janeiro, cœur de la samba du Brésil, il existe également une samba typique de São Paulo (avec Adoniran Barbosa et Paulo Vanzolini) et de Bahia.

Un fort impact dans l’esprit collectif, et par rapport à l’image du carnaval, valent à la samba d’être copiée et reprise un peu partout dans le monde. En France, par exemple, sa diffusion commence avec la création à Paris d’une première école de samba dans les années 1975-1980 (Unidos da Tia Nicia). Les autres pays occidentaux voient également l’arrivée de musiciens fuyant la dictature brésilienne et de nombreux foyers de diffusion de la samba s’ouvrent alors sous forme d’écoles ouvertes notamment aux amateurs. La plupart des élèves de ces écoles, et quelques autres passionnés qui s’étaient entre-temps initiés aux percussions brésiliennes de leur côté, sont devenus dans les années 1980 et 1990 les fondateurs des principaux groupes existant actuellement. Une grande partie des autres groupes qui se sont constitués depuis sont issus de ce courant musical, et beaucoup partagent encore des références rythmiques communes.

Depuis 1995 environ, une montée en puissance de la samba-reggae s’effectue en Europe : de nombreux groupes l’ont introduit dans leur répertoire, tandis que d’autres se construisaient uniquement sur le modèle traditionnel des célébrités brésiliennes du genre. Au-delà du phénomène reggae, on constate une appropriation de la samba par les groupes locaux, qui, dans leur majorité, n’hésitent pas à y introduire des éléments de leur propre patrimoine musical (pop, funk, mais aussi musiques folkloriques du cru). La samba le plus connue internationalement est Aquarela do Brazil11. Le retour de la Samba en Europe se nourrit d’une interaction entre le nombre croissant de groupes diffusant cette musique et un nombre croissant de danseurs pratiquant la samba (samba No Pé, Samba de Gafieira).

Sa base rythmique musique binaire à deux ou quatre temps lancée au Brésil qui serait fondée sur une composition rythmique syncopée, issue d’un mélange entre les traditions des noirs africains amenés en esclavage dans les plantations, celles des autochtones et celles des colons européens.

Musicalement, sa structure rythmique est notée 2/4 ou 2/2, parfois 4/4 par les jazzistes brésiliens et quelques percussionnistes européens. Mais le jazz n’est pas le seul courant musical qui s’est laissé influencer par la samba : certains compositeurs classiques du xxe siècle se sont laissés tenter par ces nouveaux rythmes déhanchés et vigoureux. Ainsi, Darius Milhaud, après un voyage au Brésil, compose vers les années 1920 des œuvres qui en sont largement influencées telle que notamment les ballets L’Homme et son désir (1918-1921) et Le Bœuf sur le toit (1919-1920) ainsi que, en 1937, Scaramouche pour deux pianos, dont le troisième mouvement est une véritable musique.

La samba se pratique en solo ou en couple sous de nombreuses variantes. La samba « solo » la plus connue est la samba no pé (samba de pieds), qui est celle que l’on pratique majoritairement lors des carnavals. La samba est alors une danse très complète, car chaque partie du corps est utilisée. Les jambes bougent d’avant en arrière d’une manière bien particulière tandis que les bras balaient l’air au niveau du bassin. Il existe un grand nombre de pas. La samba « en couple » est plutôt (mais pas exclusivement) une danse de salon, pratiquée en couple avec figures chorégraphiques formalisées telles que le botafogo.

L’Europe voit une pratique de plus en plus importante de la samba de gafieira, aussi appelée hors du Brésil « tango brésilien ». Il s’agit d’une des danses de couple brésiliennes qui s’exécute sur le modèle de la samba. Toutefois, certaines styles de samba sont issus de danses collectives dont les pas proviennent d’une pratique utilitaire : la samba du coco, par exemple, résulte des pas, des rythmes et des chants qui accompagnent le battage de la terre avec les pieds pour la construction de maisons en terre battue. Le découpage temporel de la séquence est basé sur des approximations de triolets à l’intérieur de chaque temps de la mesure de la samba.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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