La Pelote basque.

La pelote basque (Euskal pilota) regroupe plusieurs jeux de balle issus du jeu de paume. Dans la plupart des spécialités, le jeu consiste à envoyer, de volée ou après un rebond, la pelote contre un mur principal, nommé fronton, afin qu’elle retombe sur l’aire de jeu nommée cancha. Le point continue jusqu’à ce qu’une équipe commette une faute (falta) ou n’arrive pas à relancer la pelote avant le deuxième rebond.

La pelote est un jeu universel, legs d’autres civilisations, que les Basques ont su adapter et transformer avec leurs propres caractéristiques. Déjà évoquée dans la mythologie ou sur des stèles funéraires, pratiquée depuis des siècles dans des zones de jeux situées en montagne, la pelote basque va s’inspirer au XVIIe siècle du jeu de paume pour y apporter de nombreuses modifications et créer de nouvelles et nombreuses spécialités. Face à face ou contre un mur, en intérieur ou en extérieur, la main nue ou utilisant divers instruments, l’introduction du caoutchouc dans la fabrication des pelotes, progressivement, les innovations vont faire émerger les particularités et les règles de la pelote basque actuelle. Vers la fin du XIXe siècle, une pelote basque spectacle avec des pilotaris professionnels va naître et côtoyer jusqu’à ce jour, une pelote basque traditionnelle toujours active sur les frontons.

La Fédération internationale de pelote basque (FIPV) reconnaît douze spécialités, tandis que la Fédération française de pelote basque (FFPB) en reconnaît actuellement vingt-deux. Parmi les plus connues on trouve la main nue, souvent considérée comme la plus noble, le grand chistera (nommée cesta punta quand elle est pratiquée en jaï-alaï), considéré comme le plus spectaculaire, ou la paleta gomme pleine (appelée couramment pala), la plus accessible techniquement et financièrement et donc la plus pratiquée de part et d’autre des Pyrénées.

Pelote basque, carte maximum 17/07/1956.

La pelote basque se pratique principalement dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, mais aussi dans de nombreux pays ayant connu une forte immigration basque. Elle est reconnue par le ministère des sports français comme une discipline de haut niveau pour la période 2009-2013.

Les jeux de balle sont parmi les plus anciens et les plus répandus au monde. Dès l’Antiquité, les Grecs s’adonnent à la phoenida (jeux de dupes), l’apporharis (avec utilisation indirecte d’un mur) puis à la sphéristique. Les Romains, quant à eux, s’illustrent au follis, à l’harpaste, puis à la pila, qu’ils répandent dans leur empire. Si les Gaulois jouaient à la paume, d’autres civilisations comme les Aztèques, ou même les Égyptiens, avaient leurs jeux la pelote. Il semblerait que la pelote pratiquée par les Basques ait une origine qui se perd dans le temps. Pour les temps reculés, les coutumes et traditions basques s’étant transmises oralement, il n’y a pas d’écrits décrivant les jeux de pelote pratiqués au Pays basque. Aussi, les conditions de jeu avant le XIXe siècle ne sont pas précisément connues.

16èmes championnats de pelote basque, Pau, 2010. (prêt-à-poster).

Cependant, sont consignées un grand nombre de légendes qui parsèment le Pays basque. Dans la mythologie basque, les géants jentil[ak] jouaient avec des pelotes de pierre à des jeux fantastiques en déployant une force herculéenne. Selon une légende, à Mutriku, sur la montagne appelée Mendibeltzuburu, il y a une grande pierre arrondie de trois mètres appelée Aitzbiribil avec laquelle les jenti jouaient.

En pratique, le plus vieux jeu de pelote que les Basques connaissent directement est celui pratiqué sur les sorhopi0k ou pilotasoro. On trouve encore aujourd’hui les traces de ces esplanades couvertes d’herbe, mesurant entre 50 et 80 m de long pour 15 à 20 m de large, proches de sites mégalithiques, de limites entre deux vallées, de lignes de crêtes ou de pics de montagne. Des espaces engazonnés et entretenus existaient aussi à proximité des villages comme le remarqua en 1524 l’Ambassadeur de la République de Venise qui traversait le Pays basque. La pelote des bergers qui s’adonnaient aux jeux était en fils de laine cardée et rebondissait peu. Une pierre plate, encore présente sur de nombreux sites abandonnés, servait de butoir.

Carte maximum pelote basque (2006).

On ne sait pourquoi, mais au Pays basque, des deux côtés des Pyrénées, l’engouement pour ce jeu n’a jamais cessé. Dans la société basque, les pilotaris occupaient une place privilégiée dès le XVIIe siècle, comme en témoignent deux stèles discoïdales datant de 1629 et 1784 où des symboles de la pelote basque sont gravés. Les parties se jouaient sous forme de défis, lors des fêtes locales, entre villages, entre vallées, mais aussi entre équipes formées des meilleurs pelotaris sans tenir compte de leur origine géographique. Elles donnaient souvent lieu à des paris.

En 1793, lors d’une fête de village des Aldudes, un certain Perkain se fit particulièrement remarquer. Activement recherché par les autorités françaises fraîchement révolutionnaires, probablement à la suite d’interventions en faveur de l’Église, il revint d’exil en Espagne pour relever un défi qui lui avait été lancé. Sa renommée avait fait venir beaucoup de monde (on parle de six mille spectateurs), aussi les gendarmes laissèrent la partie se jouer. Selon la légende, il mena brillamment les points et s’arrêta à midi pour se signer et faire une prière, ultime provocation. À la fin de la partie, il ajusta une pelote au milieu du front du capitaine s’approchant pour l’arrêter et la foule se resserra pour l’aider à s’enfuir. Ce coup d’éclat inspira plusieurs chansons et contes et même en opéra, « Perkain le basque ». Il s’agissait de la première vedette de la pelote basque et, bien que déformée, cette histoire a un fondement véritable. Les joueurs de sa génération sont les premiers dont les noms nous sont parvenus.

Une autre grande légende de la pelote, un certain Gaskoina (« le gascon »), a eu son heure de gloire en août 1846, lors d’un partie nommée « défi d’Irun », devant 12 000 spectateurs. Lors de cette partie de rebot, les paris évalués à 140 000 francs furent démesurés, certains ayant joué des troupeaux de 300 bêtes ou même leur récolte à venir. L’équipe de Gaskoina emporta évidemment la partie malgré les clous lancés par les spectateurs ayant vu l’état délabré de ses sandales.

Au XIXe siècle, le caoutchouc, récemment découvert, entre dans la fabrication des pelotes qui deviennent plus vives avec des rebonds plus importants. Le jeu en opposition directe, en face à face, devient difficile, voire impossible. C’est ainsi que se sont développés les jeux indirects, avec renvoi de la pelote contre un mur, alors qu’ils n’étaient considérés jusque-là que comme un petit jeu d’enfants. On pouvait lire sur les murs : debekatua da pleka harritzea (« il est défendu de jouer au blaid »).

Les gants d’osier (chisteras) apparaissent officiellement en 1862, à la suite d’une invention de Jean Dithurbide (dit Gantxiki), de Saint-Pée-sur-Nivelle, en 1857. Plus légers, plus maniables, ils s’imposent dans les jeux indirects, face aux gants de cuir qui maintiennent leur supériorité sur le pasaka. Plat et court, le chistera sert à lancer la pelote en la fouettant immédiatement d’un coup de poignet : c’est le début du joko garbi (« jeu propre » en basque). Le chistera est surtout utilisé en coup droit, le revers n’est qu’un geste défensif jusqu’à ce qu’un joueur (Samperio) ait l’idée de s’aider du bras gauche pour appuyer la main droite. Gagnant ainsi en puissance, le revers devient alors un geste d’attaque. En 1888, à Buenos Aires, le joueur Melchior Curutchague se casse le poignet. Ne récupérant pas toute sa vigueur et sa souplesse, il confectionne un nouveau chistera, plus long, plus recourbé, jouant presque toujours du revers. Le grand chistera est né, modifiant le jeu et son esprit. Dans tous les jeux de pelote, celle-ci est frappée ou fouettée instantanément. Là, au grand chistera, cueillie dans ce panier, elle doit être bloquée et relancée après un temps d’arrêt, l’atxiki honni des autres jeux, notamment du joko garbi.

Dès lors, la pelote basque spectacle va prendre son essor vers la fin du XIXe et début du XXe siècle avec des pilotaris professionnels qui jouent sur les frontons proches des stations balnéaires de la côte atlantique et des stations thermales pyrénéennes. Dans les temps anciens, la pelote ne se pratiquait que sous forme de défis. La mise en place de règlements régis par la fédération internationale de pelote basque et la fédération française de pelote basque au début du XXe siècle va structurer l’organisation de la pelote avec entre autres la création de championnats. Dans les années 1980, avec l’affirmation du loisir sportif de masse, la pelote basque traditionnelle va se populariser et assurer une relève, alors que la pelote basque spectacle, qui jouit toujours de prestiges avec ses tournois d’été pour les touristes, va devenir, comme tout sport professionnel, une entreprise de spectacle classique.

A Shangaï , dans la concession française, dans les années 20-30 le jeu basque connut une grande popularité, particulièrement en raison des paris des chinois. Un ensemble (pistes, tribune et club) fut construit rue Lafayette (Fuxing Lu) pouvant accueillir 50 000 personnes. Des joueurs du Pays Basque, du Mexique et de Cuba furent invités. Après des débuts peu convaincants, la situation financière du club devint florissante à tel point qu’en 1934 l’installation fut agrandie afin d’accueillir 3000 personnes dans des locaux avec air conditionné, chauffage et restaurant à la française avec une excellente carte des vins. 10 à 20% des gains étaient reversés à la Municipalité lui permettant de financer l’éducation, les soins et l’hygiène dans la concession française. Les activités continuèrent jusqu’à la fin de la concession en 1943 et l’engouement pour la pelote basque s’effondra.

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Sources : Wikipédia, Youtube.