La Journée internationale des femmes.

La Journée internationale des femmes (selon l’appellation officielle de l’ONU), également appelée journée internationale des droits des femmes par l’ONU Femmes et par certains pays ou régions comme la France ou le Québec, est célébrée le 8 mars. C’est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la fin des inégalités par rapport aux hommes.

Cette journée est issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. Le 28 février 1909, une « Journée nationale de la femme » (National Woman’s Day) est célébrée aux États-Unis à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. À la suite d’une proposition de Clara Zetkin en août 1910 à Copenhague, l’Internationale socialiste des femmes célèbre le 19 mars 1911 la première « Journée internationale des femmes » et revendique le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Depuis, des rassemblements et manifestations ont lieu tous les ans.

C’est la Russie soviétique qui est le premier pays à l’officialiser en 1921 en en faisant un jour férié mais non chômé jusqu’en 1965. L’évènement restera principalement cantonné aux pays du bloc socialiste jusqu’à la fin des années 1960, lorsqu’il sera repris par la deuxième vague féministe. Dans ce contexte, une Journée des femmes en Europe a été organisée en Belgique le 11 novembre 1972, en présence de Simone de Beauvoir, et a rassemblé 8000 femmes.C’est finalement en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. La « Journée internationale des femmes » fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l’ONU. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité en droits. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées.

Dans le langage populaire, le marketing ou les médias, elle est parfois désignée, de façon abusive, par l’expression « Journée de la femme », parfois assortie de l’adjectif « internationale » ou « mondiale ».


Une première Journée nationale de la femme (« National Woman’s Day ») a lieu le 28 février 1909 à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. Cette journée est ensuite célébrée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913.

En 1910 à Copenhague, lors de la IIe conférence internationale des femmes socialistes qui réunit une centaine de femmes venant de 17 pays différents, est adoptée l’idée d’une « Journée internationale des femmes » sur une proposition de Clara Zetkin (Parti social-démocrate d’Allemagne), sans qu’une date ne soit avancée. Cette journée est approuvée à l’unanimité d’une conférence réunissant 100 femmes socialistes en provenance de 17 pays. Le Journal du CNRS relève que « la Journée des femmes est donc l’initiative du mouvement socialiste et non du mouvement féministe pourtant très actif à l’époque », l’historienne Françoise Picq ajoutant que « c’est justement pour contrecarrer l’influence des groupes féministes sur les femmes du peuple que Clara Zetkin propose cette journée », rejetant « l’alliance avec les “féministes de la bourgeoisie” ». Le texte de la résolution, approuvée par le congrès de la Deuxième Internationale, précise que « les femmes socialistes de tous les pays devraient l’organiser en collaboration avec les organisations politiques et syndicales » et que « l’objectif immédiat était d’obtenir le droit de vote », ce qui provoque « des perplexités » selon la chercheuse Alessandra Gissi « puisque les partis socialistes soutenaient sans enthousiasme la revendication du suffrage féminin ».

La première Journée internationale des femmes est célébrée l’année suivante, le 19 mars 1911, pour revendiquer le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. En Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, plus d’un million de personnes participe aux rassemblements.

Le 25 mars 1911, un incendie pendant une grève des couturières dans un atelier textile de Triangle Shirtwaist à New York tue 140 ouvrières, dont une majorité d’immigrantes italiennes et juives d’Europe de l’Est, enfermées à l’intérieur de l’usine. Cette tragédie, liée à l’exploitation des femmes ouvrières, a un fort retentissement et est commémorée par la suite lors des Journées internationales des femmes qui font alors le lien entre lutte des femmes et mouvement ouvrier.

De 1911 à 1915, des « journées internationales de la femme » ou « des ouvrières » sont célébrées dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, en Autriche, en France et en Russie. Le 8 mars 1914, les femmes socialistes organisent de nombreux événements à Berlin, en particulier pour revendiquer le droit de vote : selon la chercheuse Alessandra Gissi, il s’agit du « premier véritable 8 mars », mais « la date semble avoir été choisie par hasard ». L’affiche dessinée pour l’occasion (ci-contre) est l’une des plus connues sur le sujet : elle se caractérise par des contrastes de couleurs d’inspiration expressionniste et le slogan « En avant avec le droit de vote aux femmes ! »

Le 8 mars 1917 ont lieu, à Petrograd, des manifestations d’ouvrières que les bolcheviks désignent comme le premier jour de la révolution russe. La révolutionnaire Alexandra Kollontaï évoque une « journée internationale des ouvrières », « devenue une journée mémorable dans l’histoire », lors de laquelle des « femmes, ouvrières et épouses de soldats » ont « [exigé] du pain pour leurs enfants et le retour de leurs maris des tranchées ». Cet événement consacre la date du 8 mars en tant que Journée internationale de la femme : elle est désormais l’occasion pour les partis communistes de mobiliser les femmes.

C’est en souvenir de cette première manifestation de la Révolution que, le 8 mars 1921, Lénine aurait décrété la journée « Journée internationale des femmes » (« Международный женский день »). Il n’est en fait pas certain que Lénine y soit pour quelque chose, ce serait plutôt la proposition d’une « camarade bulgare » de l’Internationale communiste. Par la suite, la journée est célébrée dans tout le bloc de l’Est.

Plusieurs pays célèbrent le 8 mars après la Seconde Guerre  mondiale. En 1946, les pays de l’Est qui viennent de passer sous la coupe soviétique célèbrent la journée des femmes. La « greffe » de cette commémoration russe passe souvent par la propagande. La radio tchécoslovaque décrit alors, avec emphase, pour les citoyens tchécoslovaques, à quoi ressemble la journée des femmes à Moscou : « des avions apportent quotidiennement du mimosa, des violettes et des roses du Caucase et de Crimée […]. Les usines ont réservé des théâtres entiers uniquement pour leurs ouvrières. Les femmes sont des millions et des millions d’hommes, de pères, d’amants et de collègues de travail les couvrent de fleurs — littéralement — parce que la femme socialiste célèbre aujourd’hui sa fête, la fête de son émancipation ».

En France, un mythe au sujet de cette date naît en 1955 dans la presse et notamment dans un article du quotidien communiste L’Humanité relatant une manifestation de couturières new-yorkaises, un siècle auparavant, le 8 mars 1857. Cette information est relayée, chaque année, par la presse militante du PCF, de la CGT et des « groupes femmes » du Mouvement de libération des femmes. Mais cet événement n’a, en réalité, jamais eu lieu, le jour indiqué tombait même un dimanche. Selon une hypothèse étayée par Françoise Picq, la journée du 8 mars 1857 est un mythe et l’initiative en revient à Madeleine Colin, féministe et secrétaire confédérale de la CGT : la commémoration étant depuis son origine encadrée par le PCF et ses organisations satellites, elle souhaite l’affranchir de cette tutelle communiste pour en faire la lutte des femmes travailleuses.

Toutefois, l’incendie du 25 mars 1911 est officiellement rappelé par la ville de New York et par l’ONU et, bien qu’il ne soit pas à l’origine de la naissance de la journée internationale de la femme, il a été cité ou commémoré dans les journées internationales des femmes, où l’on se réfère encore à la mémoire historique des luttes des femmes et du mouvement ouvrier international.

Le 8 mars 1982, à l’initiative du MLF et de la ministre déléguée aux Droits de la femme Yvette Roudy, le gouvernement socialiste de François Mitterrand donne un statut officiel à la journée en France, bien qu’aucune loi ni décret ne le mentionne.

Le 8 mars 1977, reprenant l’initiative communiste et à la suite de l’année internationale des femmes de 1975, l’Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix internationale » plus communément appelée par l’ONU « Journée internationale de la femme ».

Cette journée connaît différentes appellations, chacune d’entre elles véhiculant une certaine conception politique.

Les Nations unies et les autres organisations internationales qui en découlent avaient d’abord adopté comme désignation officielle « journée internationale de la femme » (« International Women’s Day » en anglais) avant de corriger cette erreur de traduction, depuis 2016, pour « Journée internationale des Femmes ».

Certaines féministes critiquent un nom ambigu, qui permet la mise en avant des femmes tout en continuant à leur assigner un rôle dégradant. D’où les « opérations marketing sexistes » qui ont lieu à l’occasion du 8 mars, « [à] mille lieues du combat pour les droits des femmes ». C’est pour ne pas légitimer ces récupérations contre-productives que certaines institutions françaises parlent de « Journée internationale des droits des femmes ».

Olivier Perrin, du quotidien suisse Le Temps, dénonce aussi l’utilisation du singulier « la femme », qui selon lui, « induit une vision naturaliste ». En 2013, Najat Vallaud-Belkacem, ministre française des Droits des femmes, dénonce une « journée de « la » femme, qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums) » et souhaite « une journée de mobilisation […] pour rappeler que l’égalité femmes-hommes est une priorité ».

Au Burkina Faso, au Cambodge, en Algérie, au Laos, en Russie, en Ukraine, en Moldavie, en Azerbaïdjan, en Arménie, en Ouzbékistan, au Kirghizistan et en Biélorussie, la Journée internationale de la femme est décrétée jour férié. Ce jour-là, des fleurs ou de menus cadeaux sont traditionnellement offerts aux femmes.

En Tunisie, le 13 août est la fête des femmes. Cette date est capitale puisqu’elle correspond à l’anniversaire du Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956, soit un an avant la proclamation de la République, et juste quelques mois après l’indépendance. La journée du 13 août est aussi décrétée jour férié.

Perçue plus comme une survivance communiste que comme une véritable émanation du mouvement féministe, la Journée de la femme est abolie en tant que jour férié en République tchèque en 2008, sans que réagissent la société civile ni les associations féministes. Seul le Parti communiste de Bohême et Moravie a exprimé son opposition au projet de loi.

Le 8 mars 2018 en Espagne, près de 5 millions de personnes suivent l’appel à la grève et aux rassemblements lancé par les mouvements féministes.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.