La Forteresse de Belgrade (Serbie).

La forteresse de Belgrade (en serbe : Beogradska tvrđava, en serbe en écriture cyrillique : Београдска тврђава) est située dans le parc de Kalemegdan à Belgrade, la capitale de la Serbie. En raison de son importance, elle figure sur la liste des monuments culturels d’importance exceptionnelle de la République de Serbie et sur la liste des biens culturels de la Ville de Belgrade.

L’actuelle ville de Belgrade s’est développée autour de la forteresse ; construite au début du Ier siècle avec des murs en terre, elle est devenue un castrum romain au IIe siècle et fut un  château byzantin du VIe au XIIe siècle ; elle fut la capitale fortifiée du Despotat de Serbie du XIIIe au XVe siècle et fut occupée par les Autrichiens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle constitue aujourd’hui un des hauts lieux culturels et historiques du parc de  Kalemegdan et, plus généralement, de la capitale serbe.


La forteresse de Belgrade est située à une altitude de 125,5 m, sur une crête géologique qui forme une falaise à l’extrémité septentrionale de la région de la Šumadija (Choumadie). Elle se trouve en face de la Grande île de la guerre (Veliko ratno ostrvo), au confluent de la Save et du Danube. Elle est longée par trois artères de la capitale, le bulevar Petra Bojovića, la rue Tadeuša Košćuškog et la rue Pariska.

La forteresse est constituée de deux parties : la forteresse haute, situé  sur un plateau, qui comprend l’ancien castrum romain et le château du despote byzantin et qui, plus tard, possédait des pièces d’artillerie orientées vers le sud et vers l’est, et la forteresse basse, qui comprend les ruines du palais du roi Milutin et qui orientait son artillerie vers l’est.

La forteresse de Belgrade est située à la frontière géographique entre la  plaine pannonienne et la péninsule des Balkans, ce qui, dans l’Antiquité, lui a donné un rôle stratégique important. Elle se trouvait au carrefour de la via Militaris qui conduisait jusqu’à Constantinople et de la Via Egnatia qui,  depuis Thessalonique, pénétrait à l’intérieur du continent. La Save et le Danube constituaient de voies fluviales de premier plan.

Une première localité a été fondée au IIIe siècle av. J.-C. par la tribu celte des Scordisques. Plus tard, la ville-forteresse a été conquise par les Romains et a pris le nom de Singidunum ; cette ville était située à la frontière militaire entre l’Empire romain et l’Europe centrale, à l’époque considérée comme barbare. Singidunum a été défendue par la Legio IV Flavia Felix, qui établit un castrum sur la colline de l’actuel parc de Kalmegdan. Entre 378 et 441 apr. J.-C., le camp romain a été à plusieurs reprises détruit lors des invasions des Goths et des Huns. Selon la légende, la tombe d’Attila se trouverait au confluent de la Save et du Danube. En 476, Belgrade devint une nouvelle fois une limite entre des empires : Empire romain d’Occident, l’Empire byzantin et l’État slave des Avars au nord. L’empereur byzantin Justinien reconstruisit la forteresse aux environs de 535.

Au cours des siècles suivants, la forteresse souffrit de destructions répétées pendant les sièges avars. Les Serbes et les Avars établirent au nord de Singidunum « une union d’États ». Les Serbes et d’autres tribus slaves s’installèrent finalement dans la région de l’actuelle Belgrade, ainsi que dans les régions ouest et sud de Belgrade au début du VIIe siècle. Singidunum fut renommé « Belgrade », où « bel » signifie « blanc » et « grad » « la ville ». Belgrade est donc « la ville blanche », allusion aux pierres blanches de la forteresse byzantine mais terme qui, dans l’ancienne langue slave, signifie aussi « la ville de l’ouest ». Quoi qu’il en soit, ce nom est mentionné pour la première fois le 16 avril 878 dans une lettre du pape Jean VIII adressée au khan Boris Ier de Bulgarie (852-889).

La forteresse continua à changer de maîtres, conquise tour à tour par les Hongrois, les Bulgares et les Byzantins. Elle fit ainsi partie des terres de l’empereur Samuel Ier de Bulgarie et de ses successeurs jusqu’en 1018 puis redevint byzantine avant de passer aux mains des Hongrois, où elle resta jusqu’au XIIe siècle. En 1127, le roi Béla Ier de Hongrie offrit la forteresse en cadeau de mariage à son fils Béla II, marié à la princesse serbe Jelena  Nemanjić, la fille de Stefan Uroš Ier. Jelena dut prendre le pouvoir en Hongrie après que Béla eut eu les yeux crevés et dut fuir pour  Constantinople. Belgrade resta principalement une terre hongroise, sauf entre 1282 et 1319.

Vassal du roi de Hongrie Sigismond (1387-1437), le despote serbe Stefan Lazarević reçut de lui la forteresse de Belgrade et il en fit la capitale de ses terres ; la citadelle, qui avait été gravement endommagée par les Ottomans en 1397 fut restaurée et agrandie entre 1403 et 1407. Après la mort de Stefan, Belgrade et sa forteresse revinrent aux Hongrois.

La citadelle fut assiégée par trois fois par les Turcs : en 1440 par le sultan Murad II (1421-1451), en 1456 par Mehmed II le Conquérant, qui, en 1453, s’empara de Byzance et, une troisième fois, en 1521, par Soliman le Magnifique (1520-1566) qui réussit à s’emparer de la place.

Les Autrichiens s’emparèrent de la citadelle en 1688 et d’importants travaux de reconstruction furent entrepris sous la direction de l’architecte Andrea Cornaro, notamment pour renforcer la forteresse d’artillerie médiévale. En revanche, la forteresse fut bombardée par les Ottomans lors du siège de 1690, bombardement qui provoqua l’explosion d’une poudrière située dans le secteur de la ville du Desposte qui fut presque entièrement détruite.

Les Autrichiens occupèrent à nouveau la forteresse en 1717 et, entre 1723 et 1736, l’architecte Nikola Doksat remodela l’ensemble mais à la suite du traité de Belgrade de 1739 la citadelle fut restituée aux Ottomans et les Autrichiens durent démolir les fortifications qu’ils avaient aménagées. En octobre 1789, les Autrichiens reprirent la citadelle mais elle dut être restituée aux Turcs en 1791 selon les termes du traité de Sistova.

En 1807, lors du premier soulèvement serbe contre les Ottomans, les insurgés, conduits par Karageorges, s’emparèrent de la forteresse et elle resta sous leur contrôle jusqu’à l’échec de l’insurrection en 1813. La Principauté de Serbie devint complètement indépendante de la Sublime Porte en 1868 et, à cette occasion, le prince Michel Obrenović reçut symboliquement des Turcs les clés de la forteresse.

Très vite la forteresse de Belgrade perdit son caractère militaire et, dès 1869, elle fut intégrée au parc de Kalemegdan.

Au cours de la Première Guerre mondiale, la forteresse fut bombardée ; la plupart des bâtiments situés à l’intérieur de l’enceintes furent détruits et les murs eux-mêmes gravement endommagés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces d’occupation allemandes y stationnèrent et, après la libération de Belgrade le 20 octobre 1944, elle accueillit encore des troupes de l’Armée populaire yougoslave (JNA). En 1946, la citadelle et le parc furent placés sous la protection de l’État.

Source : Wikipédia.

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