La bataille de la Somme (1916).

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La bataille de la Somme, en 1916 lors de la Première Guerre mondiale, a opposé les Alliés britanniques et français aux Allemands, à proximité du fleuve Somme, essentiellement dans le département de même nom. Il s’agit de l’une des tragédies les plus sanglantes du conflit.

Conçue en décembre 1915, par Joffre, commandant en chef des armées françaises, l’offensive de la Somme dut être amendée du fait du déclenchement de la bataille de Verdun, le 21 février 1916. Foch fut chargé par Joffre de sa mise en œuvre. Les Français, qui devaient fournir l’effort principal, épuisés par la bataille de Verdun, durent le confier aux Britanniques.

Ce fut la première offensive conjointe franco-britannique de la Grande Guerre. Les forces britanniques lancèrent là leur première opération d’envergure, et tentèrent avec les troupes françaises de percer les lignes allemandes fortifiées sur une ligne nord-sud de 45 km, proche de la Somme, dans un triangle entre les villes d’Albert du côté britannique, Péronne et Bapaume du côté allemand.

Bataille de la Somme, carte maximum, Paris, 1/07/2016.

Il s’agit de l’une des batailles les plus meurtrières de l’histoire (hors victimes civiles) avec, parmi les belligérants, environ 1 060 000 victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus. Pour la Première Guerre mondiale, dans ce sinistre classement, elle se place derrière l’offensive Broussilov, qui s’est déroulée sur le front de l’Est en Galicie, mais devant Verdun. La première journée de cette bataille, le 1er juillet 1916, fut, pour l’armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat, dont 19 240 morts.

La bataille prit fin le 18 novembre 19163. Son bilan militaire fut peu convaincant. Les gains de territoires des Alliés furent très modestes, une douzaine de kilomètres vers l’est tout au plus, et le front ne fut pas percé. Les combats usèrent les adversaires, sans vainqueurs ni vaincus.

La bataille de la Somme se singularise, cependant, par deux innovations :

  • sur le plan militaire, par l’utilisation, pour la première fois sur un champ de bataille, d’une arme nouvelle, le char d’assaut ;
  • par l’utilisation du cinéma à des fins de propagande ; pour la première fois, un film, La Bataille de la Somme, saisit une grande partie des horreurs de la guerre moderne en incluant des images tournées lors des premiers jours de la bataille.

Ces événements furent également couverts par des photographes et peintres, comme François Flameng, peintre officiel des armées françaises, dont les nombreux croquis et dessins de ces événements parurent dans la revue L’Illustration.

La mémoire collective des Français n’a pas gardé un souvenir de la bataille de la Somme aussi important que celles des Britanniques, des Canadiens, des Sud-Africains, et surtout des Australiens et des Néo-Zélandais qui la considèrent comme un des événements fondateurs de leurs jeunes Nations. Le 1er juillet est une journée de commémoration sur les principaux lieux de mémoire du Commonwealth dans le département de la Somme, de même que l’ANZAC Day, la journée du 25 avril, notamment. Le mémorial national australien à l’étranger le plus connu se trouve à Villers-Bretonneux ; de même, les Britanniques ont fait édifier un imposant mémorial à Thiepval.


La conférence interalliée de l’Entente à Chantilly, les 6 et 7 décembre 1915 débouche sur la décision d’attaquer les Empires centraux sur tous les fronts en 1916, en Russie, en Italie et sur le Front de l’Ouest. Seulement aucune date n’est fixée, et il faudrait attendre juin ou juillet pour espérer une participation russe. Joffre, nommé commandant en chef de l’armée française début décembre 1915 obtient lors de négociations bilatérales la mise en œuvre d’une offensive conjointe franco-britannique. Les lignes françaises rejoignent les lignes britanniques sur la Somme, c’est donc ce secteur qui est désigné.

En 1916, l’armée britannique en France manque d’expérience, sa partie professionnelle, six divisions, ayant été décimée en 1914-1915. La plus grande partie de ses effectifs est composée de volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener. Les officiers ont été promus rapidement et manquent à la fois de formation et d’expérience. Haig collabore volontiers avec Joffre, mais il souligne l’indépendance du corps expéditionnaire anglais, le commandement n’est donc pas unifié. Joffre monte donc cette offensive avec l’armée française comme acteur principal au sud de la Somme, qui doit être appuyée par le corps expéditionnaire britannique moins aguerri entre la Somme et Arras. Il nomme Foch, commandant du Groupe d’Armées Nord, responsable de l’opération. Une autre conférence à Chantilly le 14 février 1916 fixe le début de l’offensive au 1er juillet 1916.

La bataille eut lieu pour l’essentiel sur le territoire du département de la Somme à l’est d’Amiens entre les villes d’Albert et Roye et leurs environs. La partie nord du front de bataille se situait sur la ligne de partage des eaux entre le bassin versant de la Somme et celui de l’Escaut. Les combats se déroulèrent sur le plateau picard, de part et d’autre de la Somme, au sous-sol crayeux propice au creusement d’abris souterrains. Le climat très souvent humide rendait fréquemment le sol boueux et la progression des troupes difficile.

Au commencement de la bataille de la Somme en juillet 1916, la plupart des escadrons du Royal Flying Corps (RFC) étaient encore équipés de BE.2c qui s’étaient révélés des cibles faciles pour les Eindeckers allemands. Les nouveaux modèles comme le Sopwith 1½ Strutter étaient encore trop peu nombreux et les nouveaux pilotes furent envoyés au front avec seulement quelques heures de vol.

Néanmoins, l’esprit offensif des pilotes du RFC leur donnèrent la supériorité aérienne dans la bataille. La mission des pilotes, outre l’observation des lignes ennemies, consistait dans ce qui s’appelait alors le « mitraillage de tranchée », plus connu aujourd’hui sous le nom d’« appui aérien rapproché ». Les troupes allemandes au sol étaient constamment sous la menace des avions alliés sans réelle possibilité de se défendre, les tirs de riposte depuis le sol étaient peu efficaces faute de matériel adapté à la lutte antiaérienne.

Côté français, le groupe d’armées du Nord (G.A.N.), commandé par Foch, disposait d’un groupe de six escadrilles basé sur le terrain d’aviation de Cachy, près de Villers-Bretonneux, et placé sous les ordres du capitaine Brocard qui put choisir ses pilotes : Georges Guynemer — alors titulaire de dix victoires — Alfred Heurtaux, Albert Deullin, René Dorme, Jean d’Harcourt, Victor Ménard…

L’aviation dont disposa le G.A.N. comprenait huit escadrilles d’armée, vingt escadrilles de corps d’armée, un groupe réservé de chasse — celui de Cachy, avec cinq escadrilles de Nieuport — et deux groupes de bombardement ; plus des compagnies d’aérostiers et des sections photographiques. Une partie des appareils était à la pointe de la technique. Leurs performances s’étaient améliorées grâce à des moteurs plus puissants de 80 à 130 CV. Leur vitesse de croisière se situait autour de 130 kilomètres à l’heure, et ils atteignaient une altitude de 2 000 mètres en une vingtaine de minutes. Les Spad, qui équipaient l’Escadrille des Cigognes ; les Farman et Caudron bimoteurs G 4, dont furent dotées les escadrilles de corps d’armée ; les Voisin et les Breguet-Michelin des groupes de bombardement permirent à l’aviation française de dominer l’aviation allemande. Elle usa, en outre, d’une nouvelle forme de combat, le bombardement de nuit, pour la première fois au-dessus de Péronne, à la mi-juillet 1916. Les Allemands ayant riposté sur Villers-Bretonneux et sur la gare de Longueau, Foch organisa la défense antiaérienne : barrages de ballons, concentration des batteries antiaériennes croisant leurs feux au-dessus des objectifs à défendre. Il ordonna également la chasse aérienne de nuit.

La supériorité aérienne alliée fut maintenue durant la bataille et inquiéta le haut-commandement allemand10. La réorganisation complète de la Luftstreitkräfte fut décidée par le haut commandement par la création d’unités de chasse spécialisées ou Jagdstaffeln. À la fin de l’année 1916, ces unités équipées du tout nouveau Albatros D.III rétablirent l’équilibre des forces dans les airs.

Le 1er juillet au matin, c’est par un temps beau et clair que commence le bombardement final des alliés. À partir de 6 h 25, les tirs d’artillerie atteignent une cadence de 3 500 coups par minute, produisant un bruit si intense qu’il est perçu jusqu’en Angleterre. L’armée anglaise a placé sur 35 kilomètres 1 canon tous les 18 mètres. À Beaumont-Hamel deux mines de 18 tonnes explosent en même temps.

À 7 h 30, au coup de sifflet, l’infanterie britannique franchit les parapets baïonnette au canon et part à l’assaut des tranchées adverses. 66 000 soldats sortent des tranchées en même temps. Les hommes sont lourdement chargés avec plus de 30 kg d’équipement. Ordre avait été donné aux hommes de ne pas courir. En fait, le commandement anglais craignait que les troupes ne perdissent le contact en courant et en se dispersant. Persuadé que les défenses allemandes avaient été anéanties par les tirs d’artillerie, il exigea que les hommes avancent au pas.

Les Allemands les accueillirent avec des tirs de mitrailleuses qui les fauchèrent en masse. Les officiers étaient facilement repérables et furent particulièrement visés. On estime à 30 000 le nombre des victimes (tués et blessés) dans les six premières minutes de la bataille. Les Allemands sont stupéfaits de voir les soldats britanniques venir au pas.

À midi, l’état-major britannique annula l’ordre de marcher au pas, et retint les vagues d’assaut suivantes. Lorsque les Britanniques parvinrent aux tranchées allemandes, ils furent trop peu nombreux pour résister à une contre-attaque.

De leur côté, les Français atteignirent tous leurs objectifs et ne purent progresser davantage du fait, entre autres, de l’échec britannique.

Le 1er juillet 1916 fut le jour le plus meurtrier de toute l’histoire militaire britannique. À l’issue de la première journée de combat, le bilan pour l’armée britannique était très lourd : 57 400 hommes étaient hors de combat soit près de 18 % de l’effectif engagé (320 000 hommes). Certaines unités étaient quasiment anéanties comme le Régiment royal de Terre-Neuve qui eut 801 hommes mis hors de combat sur un effectif de 865, soit 92 % des effectifs.

Du côté allemand, les pertes sont estimées à 6 000 hommes.

Après l’échec du 1er juillet, le commandement britannique souhaite arrêter l’attaque, ce que Joffre refuse. Une nouvelle préparation d’artillerie a pour but la prise du saillant de Fricourt. Le 4 juillet, les Britanniques prennent La Boisselle. Le bois de Mametz est pris le 10 juillet, le Bois des Trônes le 14. Pozières tombe aux mains de la 1re division australienne le 23 juillet. Du 1 au 10 juillet, l’armée britannique compte environ 100 000 morts et 72 000 blessés.

À partir du 14 juillet, débutent les combats pour la conquête du bois Delville (Delville Wood) à Longueval. L’armée Gough, réserve britannique tente de reprendre Longueval et Guillemont aux Allemands. Une série d’attaques et de contre-attaques fait passer le bois d’un camp à l’autre. Les soldats de la 1re Brigade d’infanterie sud-africaine s’en emparent puis le perdent. Les Allemands en sont définitivement chassés, le 3 septembre. Les Britanniques échouent, par contre, au cours de combats féroces qui durent pendant plus d’une semaine, à prendre Guillemont.

En dix jours, la VIe armée française, sur un front de près de vingt kilomètres, a progressé sur une profondeur qui atteint en certains points dix kilomètres. Elle est entièrement maîtresse du plateau de Flaucourt qui lui avait été assigné comme objectif et qui constitue la principale défense de Péronne. Elle a fait 12 000 prisonniers, presque sans pertes, pris 85 canons, 26 minenwerfer, 100 mitrailleuses, un matériel considérable. C’est le plus important succès militaire obtenu depuis la bataille de la Marne.

Mais les Allemands se ressaisissent, leur artillerie domine toujours sur le terrain. Les conditions climatiques exécrables (brouillard et pluie) gênent considérablement la progression des Français au nord et au sud de la Somme. La 6e armée de Fayolle atteignit Vermandovillers et Misery au sud, Hem-Monacu au nord. Maigres progressions obtenues au prix de lourdes pertes.

La mise en œuvre des opérations militaires est rendue difficile par une pluie incessante qui transforme le champ de bataille en bourbier.

Une série de coups de boutoir permet la prise de plusieurs positions allemandes. Le 3 septembre, les attaques britanniques échouent à Guillemont, Ginchy, Thiepval et au bois des Fourcaux. La Ferme du Mouquet est prise par la 1re division australienne mais reprise par les Allemands.

Le 4, au sud, la Xe armée française enlève toutes les premières positions allemandes entre Deniécourt et Vermandovillers. Soyécourt et Chilly sont pris, avec 2 700 prisonniers ; Chaulnes est directement menacée à partir de Lihons.

Le 9 septembre, les Britanniques prennent Ginchy. Une nouvelle offensive générale des Britanniques sur l’ensemble du front au nord de la Somme est prévue pour le 15 septembre.

Le 12 septembre, la VIe armée française attaque au nord de la Somme mais ne parvient pas à atteindre ses objectifs. En raison du mauvais temps, Foch suspend l’offensive, le 18 septembre jusqu’au 25. Le 17 septembre, au sud de la Somme, Vermandovillers, Deniécourt et Berny-en-Santerre tombent aux mains de la Xe armée française qui fait 1 400 prisonniers.

Le 15 septembre apparaissent les premiers chars d’assaut britanniques, « les tanks » Mark I, qui interviennent avec un succès limité. Le Mark I mesure 8 m de long, pèse 30 t, dispose d’une autonomie de 20 km et avance à la vitesse de 6 km/h; il est équipé de 5 mitrailleuses. Leur utilisation, à l’avant de l’infanterie, permet au 22e Régiment royal canadien de prendre Courcelette, à la 15e division écossaise de prendre Martinpuich, tandis que la 47e London Division s’empare du bois des Fourcaux, la Division néo-zélandaise prend et occupe une position appelée Switch line entre le Bois des Fourcaux et Flers après 30 minutes de combat et la 41e division britannique s’empare de Flers et fait 4 000 prisonniers.

L’offensive anglo-française conjointe débute le 25 septembre. Le 26, Français et Britanniques entrent dans Combles évacué par les Allemands. D’autre part, tout à fait au nord, les Britanniques enlèvent Thiepval après l’utilisation de mines. Le 28 septembre, l’offensive cesse pour consolider les positions acquises.

Le mois d’octobre voit se multiplier les petites offensives localisées sans grand succès, les Français piétinent au sud de Péronne autour de Chaulnes et de Villers-Carbonnel. Les forces alliées sur le front de la Somme s’essoufflent.

Le 5 novembre, les Français attaquent Sailly-Saillisel mais ne parviennent pas à enlever le bois de Saint-Pierre-Vaast, les Allemands reprennent en partie le contrôle de Sailly-Saillisel. Au sud de la Somme, la Xe Armée française conquiert Ablaincourt-Pressoir mais rencontre une forte résistance allemande ailleurs.

Après quelques succès le 13 novembre : prise de Beaumont-Hamel, Saint-Pierre-Divion et Beaucourt-sur-l’Ancre, les Britanniques contrôlent la vallée de l’Ancre mais ne progressent plus.

À partir du 18 novembre, les conditions climatiques se dégradent considérablement, pluie glaciale, neige et blizzard mettent en échec toutes les offensives. C’est la fin effective de la bataille de la Somme. Le 21 novembre, Haig décide l’arrêt des offensives britanniques. L’offensive de la Xe Armée française prévue en décembre est ajournée par Foch, le 11 décembre. Le 18 décembre, Joffre renonce définitivement à l’offensive mettant ainsi fin officiellement à la bataille de la Somme.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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