Le rattachement de Nice et de la Savoie à la France (1860).

L’annexion du comté de Nice à la France est le nom générique donné à la réunion, selon l’expression utilisée dans le traité, du comté de Nice, alors partie intégrante du royaume de Piémont-Sardaigne, à la France en 1860.

À l’origine de l’annexion, se trouve avant tout la volonté de Napoléon III, qui veut aider l’Italie à faire son unité, dans le but de contenir l’Autriche. Pour éviter, cependant, de créer un État unifié potentiellement dangereux juste à côté de la France, l’empereur réclame en échange de son aide, le duché de Savoie et le comté de Nice, qui constituent deux régions stratégiques importantes sur le plan militaire.

Rattachement de la Savoie à la France, carte maximum, Chambéry, 24/03/1960.

Le principe de cet échange est établi en 1858, lors des accords de Plombières, entre Napoléon III et Cavour, même si ce dernier a tenté ensuite de « sauver Nice ». Le traité de Turin, le 24 mars 1860, entérine le changement de souveraineté de la ville. La population niçoise semble tout d’abord assez réticente. Lors des élections législatives de mars 1860, les deux députés élus par Nice au parlement de Turin, Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, sont farouchement opposés à l’annexion. La presse locale se divise : les journaux la Gazette de Nice et Il Nizzardo sont contre le changement de souveraineté tandis que L’Avenir de Nice lui est favorable.

La population finit cependant par accepter le changement de souveraineté lorsque le roi Victor-Emmanuel II de Savoie, le 1er avril 1860, lui demande solennellement de le faire, au nom de l’unité italienne. L’Avenir de Nice devient Le Messager de Nice le 3 avril 1860. Un plébiscite est voté le 15 et le 16 avril 1860. Les adversaires de l’annexion appellent à s’abstenir, d’où le faible nombre de votes non, mais représente au total 19% des votants en comptant les personnes contre l’annexion. Le oui emporte 83 % des inscrits — et 99,26 % des suffrages exprimés — dans l’ensemble du comté de Nice et 86 % des inscrits à Nice, en partie grâce à la pression des autorités (curés, syndics, fonctionnaires).


L’annexion de la Savoie est le nom générique donné à la réunion, selon l’expression utilisée dans le traité de Turin dans sa version française, de l’ensemble de la Savoie (futurs départements de la Savoie et de la Haute-Savoie), correspondant au duché homonyme, et du comté de Nice, alors partie intégrante du royaume de Sardaigne, à la France (Second Empire) en 1860.

Bien que le pays ait été occupé, voire annexé, à plusieurs reprises (par les Français : 1536-1559 ; 1600-1601 ; 1689 puis 1703-1713 ; par les Espagnols 1742-1749 ; à nouveau par la France durant la Révolution de 1792 à 1814), l’expression renvoie à la clause de « réunion » prévue par l’article 1er du traité de Turin du 24 mars 1860.

Le 21 juillet 1858, l’empereur Napoléon III et Camille Benso, comte de Cavour, président du conseil du Royaume de Piémont-Sardaigne, se rencontrent secrètement à Plombières pour discuter d’une aide au royaume d’Italie dans sa lutte contre l’Empire autrichien, en échange des territoires savoyards et niçois. À la suite, un traité est signé à Turin le 26 janvier 1859 pour sceller l’alliance franco-piémontaise par le prince Napoléon Jérôme, qui se marie quatre jours plus tard avec la princesse Clotilde de Savoie.

Rattachement de Nice à la France, carte maximum, Nice 4/06/1960.

Cependant, le 7 juillet 1859, à la suite de l’armistice de Villafranca, Napoléon III renonce à la Savoie, dans la mesure où « les buts de guerre rêvés n’ayant pu être atteints »8. À leur passage, les troupes françaises sont acclamées par les populations savoyardes9, pour leur aide à la cause italienne. Cavour, ne voyant aboutir ses projets, doit abandonner le pouvoir et laisser la place à l’impopulaire Urbain Ratazzi.

12 mars 1860 est signé à Turin la convention préliminaire secrète reconnaissant la cession de la Savoie et de Nice à la France. Le principe de la consultation des populations est retenu.

Les conseils divisionnaires du duché se réunissent et décident de l’envoi le 21 mars 1860 d’une délégation de 41 savoisiens (nobles, bourgeois, officiers ministériels) favorables à l’AnnexionNote 7, menée par le comte Amédée Greyfié de Bellecombe24, qui sera reçue solennellement aux Tuileries par l’Empereur.

Le 24 mars 1860 a lieu la signature et la publication du traité d’Annexion, dit Traité de Turin. Les trois premiers articles précisent assez bien les conditions de cette annexion : tout d’abord, il n’est pas fait référence à une « annexion » mais à la « réunion » (art.I) ; d’où l’appel à l’assentiment des Savoyards et l’organisation d’un plébiscite ; ensuite, la zone neutralisée de la Savoie du Nord, garantie par le traité de Turin de 1816, est maintenue (art.II) ; enfin, « Une commission mixte déterminera (…) les frontières des deux États, en tenant compte de la configuration des montagnes et de la nécessité de la défense » (art.III).

Rattachement de Nice à la France, carte maximum, Nice, 11/06/2010.

Au cours du mois d’avril 1860 débute la mission du sénateur français Armand Laity (4 au 28 avril) en vue de la préparation du plébiscite, par exemple, des émissaires français parcourent le Chablais et le Faucigny afin de sonder les populations. Parallèlement, on diffuse les avantages de l’entrée dans l’Empire comme la diminution de la durée du service militaire, la suppression des douanes avec la France et l’entrée de denrées à bas prix, un afflux de capitaux, une meilleure répartition des impôts et surtout un pays avec lequel les Savoyards partagent la même langue. À partir du 28 mars 1860, des troupes françaises arrivent à Chambéry.

Le plébiscite se déroule les 22 et 23 avril 1860 : c’est la première élection au suffrage universel en Savoie, et les électeurs doivent répondre à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? ». « Pour Napoléon III, il ne s’agit pas de demander l’avis des citoyens mais de démontrer que sa politique bénéficie d’un soutien populaire. Tout se trouve mis en œuvre pour que les résultats du vote répondent aux attentes de l’Empereur » explique un historien. Les conditions de vote ne permettraient pas de caractériser aujourd’hui le vote de totalement démocratique ; « Les urnes étaient aux mains des mêmes autorités qui avaient issues les proclamations. Les contrôles étaient impossibles », les églises chantent la messe et le “Domine salvum fac Imperatorem” (Seigneur protège l’empereur). Bien que le travail des conservateurs fut très important, pour l’historien Paul Guichonnet, l’Annexion est « l’œuvre avant tout du clergé ». Le docteur Truchet d’Annecy commentait ainsi cette période « Si les six cents curés savoyards eussent fait opposition à l’annexion, la presque unanimité eût été en sens inverse, soyez-en bien sûrs ». Guichonnet souligne d’ailleurs que cette orientation du clergé savoyard s’est faite « contre l’orientation laïque et pro-italienne de Cavour, par l’aristocratie et le clergé, encadrant des masses rurales sans éducation politique ».

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.