Jules Vallès, écrivain et homme politique.

Jules Vallès (nom de plume de Jules Vallez), né au Puy-en-Velay en Haute-Loire, le 11 juin 1832 et mort dans le 5e arrondissement de Paris le 14 février 1885, est un journaliste, écrivain et homme politique français d’extrême gauche.

Fondateur du journal Le Cri du peuple, il fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871. Condamné à mort, il doit s’exiler à Londres de 1871 à 1880.

En 1849, Jules Vallès est de retour au lycée de Nantes pour suivre un cours de philosophie. Il échoue au baccalauréat à Rennes en 1850. En octobre de la même année, il retourne à Paris pour préparer l’École normale. Jules Vallès et Charles-Louis Chassin fondent un Comité des Jeunes en 1851 pour lutter contre Louis-Napoléon Bonaparte, dont ils suspectent les intentions ; après le coup d’État du 2 décembre, ils essaient de mobiliser les étudiants parisiens.

Le 31 décembre, Jules Vallès est rappelé à Nantes par son père et est interné à l’asile de la ville pour « aliénation mentale ». Fin février 1852, deux certificats médicaux du même médecin certifient que Jules Vallès est guéri. Les amis nantais de Jules Vallès avaient menacé de crier au scandale.

En mai 1852, il obtient son baccalauréat. Il s’inscrit l’année suivante à un cours de droit à Paris. Mais à la suite du complot de l’Opéra Comique qui visait à assassiner l’empereur Napoléon III le 5 juillet 1853, il est enfermé, avec Arthur Ranc, à la prison Mazas.

Jules Vallès, carte maximum, Le Puy, 5/06/1982.

Vallès devient le secrétaire de Gustave Planche, en 1855. Il se bat, l’année suivante, en duel avec Poupart-Davyl qui fut un de ses amis, avec lequel il a partagé une habitation. Poupart-Davyl (Legrand dans Le Bachelier) et lui étaient entrés en conflit, du fait notamment de leurs opinions radicalement différentes, Vallès se montrant anticlérical, alors que Poupart-Davyl s’avère assez catholique.

Son père meurt le 18 avril 1857 à Rouen. Il publie son premier livre, non signé, L’Argent, une commande du financier Jules Mirès.

Il est employé à la mairie de Vaugirard au bureau des naissances en 1860. Il rencontre par la suite Hector Malot.

Il publie en 1861 des articles courts et des chroniques dans différents journaux, notamment dans le Temps et dans le Figaro. Il est alors l’un des premiers journalistes à s’intéresser aux conditions de vie des classes populaires, réalisant par exemple un reportage avec des travailleurs d’une mine de charbon à Saint-Étienne.

À partir de 1862, il est employé comme « pion » et répétiteur au collège de Caen. Il y suit les cours de la faculté, mais échoue à la licence de Lettres.

Il rencontre, en 1863, Trébutien, le confident de Barbey d’Aurevilly. Il retourne à la Mairie de Vaugirard. En 1864, il publie son grand article : « Les Réfractaires » dans le Figaro. Il travaille depuis comme journaliste pour la rubrique littéraire au Progrès lyonnais. Il envoie certains de ses articles à Paris.

Jules Vallès, épreuve d’artiste.

Il tient une conférence sur Honoré de Balzac en 1865 dans la salle du Grand Orient, rue Cadet. À la suite d’un rapport de police à la mairie de Vaugirard, dont le maire voulait lui interdire de prendre la parole en public, Vallès démissionne. Il continue d’être journaliste et travaille pour L’Époque en avril puis collabore régulièrement depuis novembre avec le quotidien L’Événement. Il publie cette année son premier livre signé « Vallès » : Les Réfractaires.

Il se rend à Lyon et à Saint-Étienne en 1866 pour visiter sa mère. Il publie son deuxième livre signé, « La Rue ». Il écrit des articles pour le Courrier français et participe très brièvement au journal La Liberté d’Émile de Girardin.

Vallès fonde, l’année suivante, son premier journal hebdomadaire, la Rue. Il entame, par la suite, un voyage au Périgord.

En 1868, la Rue cesse de paraître. Condamné à un mois de prison et 500 francs d’amende pour un article sur la police paru dans le quotidien le Globe du 11 février, Jules Vallès est emprisonné à Sainte-Pélagie. Il y fonde le Journal de Sainte-Pélagie. Il publie dans le Figaro, le Courrier du dimanche, l’Art et est de nouveau condamné à deux mois de prison, de décembre à janvier 1869 pour un article sur le coup d’État dans le Courrier de l’Intérieur. L’année suivante, Jules Vallès invente le journal Le Peuple (15 numéros), puis le journal Le Réfractaire (3 numéros).

Jules Vallès, essais de couleurs.

En mai de la même année, il est candidat aux élections législatives contre un « républicain », Jules Simon, et un « impérial », Lachaud. Son programme : J’ai toujours été l’avocat des pauvres, je deviens le candidat du travail, je serai le député de la misère ! La misère ! Tant qu’il y aura un soldat, un bourreau, un prêtre, un gabelou, un rat-de-cave, un sergent de ville cru sur serment, un fonctionnaire irresponsable, un magistrat inamovible ; tant qu’il y aura tout cela à payer, peuple, tu seras misérable !. Jules Vallès, accusé de diviser le camp républicain par sa candidature, est battu.

En octobre 1869, il voyage sur le champ de bataille de Waterloo pour le dictionnaire Larousse, mais son article ne sera pas publié. Il écrit des articles dans la Parodie d’André Gill, dans l’hebdomadaire le Corsaire ainsi que deux romans en feuilletons dans le Paris et le National.

En 1870, Jules Vallès relance son journal La Rue et écrit à La Marseillaise. À la suite de la déclaration de la guerre contre la Prusse, Jules Vallès, « pacifiste », est arrêté. En septembre, la guerre est perdue, avec la prise de Sedan, c’est la chute de l’Empire et la République est proclamée le 4 septembre. Vallès est opposé au « Gouvernement de la Défense nationale ». Il aide à la préparation de la journée révolutionnaire du 31 octobre.

  • 1871 : la Commune de Paris
    6 janvier : Vallès est un des quatre rédacteurs de L’Affiche Rouge, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison du gouvernement du 4 septembre » et pour réclamer « la réquisition générale, le rationnement gratuit, l’attaque en masse ». Elle se terminait par : « Place au peuple ! Place à la Commune ! ».
  • Février : Jules Vallès et son collaborateur Pierre Denis fondent le Cri du Peuple. « La Sociale arrive, entendez-vous ! Elle arrive à pas de géant, apportant non la mort, mais le salut ». Il y tiendra des propos antisémites dans le même mouvement que Proudhon, Michelet, qui sera exploité plus tard par Drumont.
  • 18 mars – 28 mai : Commune de Paris26 mars : élection de Jules Vallès à la Commune par 4 403 voix sur 6 467 votants du XVe arrondissement.

Durant la Commune, Jules Vallès intervient contre les arbitraires, pour la liberté de la presse. Le Cri du Peuple (83 numéros du 22 février au 23 mai 1871) fut, avec Le Père Duchêne, le journal le mieux vendu de cette période. Vallès siégea d’abord à la commission de l’enseignement, puis à celle des relations extérieures. Il appartient à la minorité au conseil de la Commune opposée à la dictature d’un comité de Salut public. Durant la Semaine sanglante, deux faux Vallès seront exécutés par méprise.

  • 1872 : mort de la mère de Vallès. Condamnation à la peine de mort par contumace le 14 juillet 1872 par le 6e conseil de guerre.
  • Fin 1872 : séjour à Lausanne où il écrit avec Henri Bellenger, un grand drame en 12 tableaux : La Commune de Paris.
  • 1872-1880 : long exil à Londres.
  • 1875 : mort à Londres de Jeanne-Marie, la fille de Vallès, âgée de 10 mois seulement. Vallès écrit le premier volet du roman Vingtras, il ne paraîtra, en feuilleton dans le Siècle qu’en 1878, signé du pseudonyme La Chaussade.
  • 1875-1880 : nombreux articles envoyés de Londres, publiés à Paris sous pseudonymes. Articles : « La Rue à Londres ».1878 : Vallès écrit Vingtras II (le futur Bachelier), qui paraît en feuilleton en 1879, sous le pseudonyme de Jean La Rue.
  • 1879 : rencontre à Bruxelles de Séverine. Reparution de son journal La Rue, dirigé depuis Londres (5 numéros) ; première édition de L’Enfant.
  • 13 juillet 1880 : avec l’amnistie des Communards, Vallès rentre à Paris15. Séverine devient sa disciple et sa collaboratrice au Cri du peuple, dont elle reprendra la direction à sa mort. Parution du roman Les Blouses.
  • 1881 : l’éditeur Georges Charpentier publie L’Enfant et Le Bachelier, signés de Jules Vallès.
  • 1882-1883 : grands articles du Tableau de Paris.
  • 1883-1885 : Jules Vallès relance et dirige Le Cri du Peuple.
  • 1885 : Jules Vallès, épuisé par la maladie (il était atteint de diabète), meurt le 14 février, au 77 boulevard Saint-Michel à Paris, en murmurant : J’ai beaucoup souffert.

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Sources : Wikipédia, YouTube