John Keats, poète.

John Keats, né le 31 octobre 1795 à Londres et mort le 23 février 1821 à Rome, est un poète britannique considéré comme un romantique de la deuxième génération, celle de Lord Byron et de Percy Bysshe Shelley. Il commence à être publié en 1817, soit quatre années avant sa mort de la phtisie, à vingt-cinq ans.

La poésie de John Keats se réclame de nombreux genres, du sonnet et de la romance spensérienne jusqu’à l’épopée inspirée par John Milton et qu’il remodèle selon ses exigences. Ses œuvres les plus admirées sont les six odes datées de 1819, l’Ode sur l’indolence, l’Ode sur la mélancolie, l’Ode à Psyché, l’Ode sur une urne grecque, l’Ode à un rossignol et l’Ode à l’automne, souvent considérée comme le poème le plus abouti jamais écrit en anglais.

De son vivant, Keats n’est point associé aux principaux poètes de la mouvance romantique, et lui-même se sent mal à l’aise en leur compagnie. En dehors du cercle d’intellectuels libéraux gravitant autour de son ami, l’écrivain Leigh Hunt, son œuvre se voit critiquée par les commentateurs conservateurs comme étant mièvre et de mauvais goût, de la « poésie de parvenu » selon John Gibson Lockhart, et d’après John Wilson Croker « mal écrite et vulgaire ».

En revanche, à partir de la fin de son siècle, la gloire de Keats ne cesse de croître : il est alors compté parmi les plus grands poètes de langue anglaise et ses œuvres en vers, tout comme  sa correspondance — essentiellement avec son frère cadet George et quelques amis —, figurent parmi les textes les plus commentés de la littérature anglaise.

Le lecteur est sensible à la richesse mélancolique de son imagerie très sensuelle, en particulier dans la série des odes, que sous-tend un imaginaire paroxystique privilégiant l’émotion souvent transmise à travers la comparaison ou la métaphore. De plus, son langage poétique, choix des mots et agencement prosodique, se caractérise par une lenteur et une plénitude éloignées des usages instaurés en 1798 par la publication du recueil de poèmes de William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge, les Ballades lyriques.


Son père, Thomas Keats, commence sa carrière comme garçon d’attelage à l’enseigne de l’« Auberge du Cygne et du Cerceau » (Swan and Hoop Inn), tenue par son beau-père à Finsbury, Londres. Devenu ensuite gérant de l’établissement, il s’y installe pendant quelques années avec sa famille qui s’agrandit. Keats garde sa vie durant la conviction qu’il est né dans une écurie, ce qui à ses yeux, constitue une stigmatisation sociale, mais aucune preuve ne corrobore les faits. Le site est maintenant occupé par The Globe Pub, près de Finsbury Circus, à quelques mètres de la gare ferroviaire et métropolitaine de Moorgate (Moorgate Station).

La famille Keats est aimante et soudée, les alentours bruissent de vie et d’allées et venues. Le père est travailleur et espère un jour inscrire son fils aîné dans une école prestigieuse, Eton College ou Harrow School de préférence. En attendant, le jeune garçon fréquente une dame school, école primaire privée tenue par une femme chez elle. Toutes ces écoles ne se ressemblent pas ; beaucoup sont de simples garderies tenues par des analphabètes, mais certaines offrent un enseignement de qualité. Tel est le cas pour celui que reçoit John Keats qui apprend à lire, manie le calcul et a même des notions de géographie. Le moment venu de quitter le foyer approche et, faute de moyens pour bénéficier d’une éducation dans une public school, il entre à l’été de 1803 à l’école du Révérend John Clarke dans le bourg de Enfield, non loin de l’endroit où habite son grand-père à Ponders End. Il y sera rejoint par George, puis, quelques années plus tard, par Tom.

En 1814, John Keats dispose de deux donations importantes disponibles à sa majorité : 800 £ laissée par son grand-père John Jennings et une part de l’héritage de sa mère, 80 000 £, somme estimée à environ 500 000 £ au début du XXIe siècle, encore accrue par le décès de Tom en 1818.

Il semblerait qu’il n’en ait jamais eu vent, car il n’a fait aucune démarche pour entrer en possession de son argent. L’histoire a tendance à blâmer Abbey pour sa négligence en tant que tuteur légal, mais certains critiques lui accordent le bénéfice du doute et supputent qu’après tout, il aurait été lui-même mal, voire pas du tout informé.

En revanche, le notaire de la mère et de la grand-mère de Keats, William Walton, tenu par obligation de diligence, aurait dû le lui faire savoir. Cet argent eût pu changer le cours de sa vie, car il se débat contre de multiples difficultés, entre autres financières, et son vœu le plus cher eût été de vivre dans une totale indépendance.

Pour autant, au printemps 1816, il ressent une impatience de plus en plus exigeante, se comporte envers ses camarades étudiants en chevalier de la poésie, celle de Wordsworth en particulier, qui le plonge dans une excitation tenant de l’exaltation. Il est fasciné par le naturalisme du poète, son appel à une imagination séculaire, son usage d’une langue simple et naturelle — bien différente du style de la romance spensérienne. Bref, la poésie l’habite tout entier : « La science médicale échappe à son attention, écrit Henry Stephens, […] Pour lui la poésie représente le summum des aspirations humaines […], la seule qui soit digne d’un esprit supérieur […] Il parle et marche parmi ses camarades d’études comme s’il était un dieu condescendant à se mélanger aux mortels ».

Si la vocation de la médecine faiblit en lui, s’éveille avec force — et une certaine arrogance — celle de la poésie. Son poème imité de Spenser (An Imitation of Spenser) date de 1814 alors qu’il a 19 ans. Désormais, il fréquente les cercles de Leigh Hunt et de façon plus espacée, car le jeune lord s’absente souvent, de Lord Byron, fort appréciés de ses amis Clarke, eux-mêmes très libéraux. Le choix de carrière à faire, la pression des créanciers aussi, John Keats connaît des moments de franche dépression. Son frère George écrit qu’il « craint de ne jamais devenir un poète et que si tel est le cas, il mettra fin à ses jours ». Les études se poursuivent néanmoins et en 1816, Keats reçoit sa licence d’apothicaire qui lui donne le droit d’exercer la médecine, la pharmacie et la chirurgie.

Pendant les mois de surmenage et de mélancolie, George Keats présente son frère à ses amies Caroline et Anne Matthew, filles d’un négociant en vin, et leur cousin, le « soi-disant » poète George Felton Mathew. L’amitié qui se noue entre ces jeunes gens est brève mais réelle, et sans doute apporte-t-elle à Keats quelque divertissement. ll entretient avec les deux sœurs une relation littéraire badine et taquine, leur adressant de petits mots écrits en anapestes, soit [u u —], comme O Come, dearest Emma! ou encore To Some Ladies, dans le style de Thomas More, populaire sous la régence. Du cousin Mathew, il reçoit des encouragements d’autant plus appréciés que les deux jeunes gens partagent les mêmes vues politiques, et beaucoup d’entrain. John Keats lui fait découvrir Shakespeare. Trente ans plus tard, Mathew rend compte de ses impressions au biographe Richard Monckton Milnes et lui assure que Keats « avait une santé solide, se sentait bien en compagnie, savait s’amuser de bon cœur avec les frivolités de la vie et avait toute confiance en lui-mêmeC ». Il ajoute que sa sensibilité restait en plein éveil et que, par exemple, lorsqu’il lisait à haute voix des passages de Cymbeline, ses yeux se mouillaient de larmes et sa voix trébuchait d’émotion.

S’il se consacre surtout à la poésie, John Keats n’en poursuit pas moins sa formation au Guy’s Hospital (deux trimestres par an, octobre – mi-janvier et 21 janvier – mi-mai), car il envisage de devenir membre du célèbre Collège royal de chirurgie (Royal College of Surgeons).

Au début de décembre 1816, poussé de façon pressante par ses amis, Keats annonce à Richard Abbey qu’il abandonne la médecine pour se consacrer à la poésie. Abbey est furieux, d’autant que de longues années d’apprentissage et d’études ont fait du jeune homme un bon praticien. De plus, il est en proie à d’énormes difficultés d’argent, endetté mais toujours généreux, prêtant de grosses sommes au peintre Benjamin Haydon, 700 £ à son frère George émigré en Amérique, au point qu’il n’est plus capable d’honorer les intérêts de ses propres emprunts. John Keats donne plus tard une explication à cette décision : elle ne serait pas seulement due à sa vocation de poète, mais aussi le résultat de son dégoût pour la chirurgie.

Avril 1817 : l’hôpital n’est plus qu’un souvenir ; John Keats, qui souffre de rhumes incessants, quitte l’appartement humide de Londres et s’installe avec ses frères au 1 Well Walk à Hampstead village, un quartier cossu du nord de Londres. Tom est malade et ses deux frères prennent soin de lui. La maison est proche de celle de Leigh Hunt et de celles des poètes qu’il protège. Coleridge, aîné des romantiques de la première génération, ne réside pas loin, à Highgate, et le 11 avril 1818, Keats et lui font une longue promenade sur la lande. Dans une lettre à George, Keats raconte qu’ils ont parlé de « mille choses, […] des rossignols, de la poésie, de la sensation poétique, de métaphysique ». À cette époque, il est aussi présenté à Charles Wentworth Dilke, écrivain et critique de tendance libérale, et son épouse Maria, et James Rice pour lequel il compose un sonnet.

En juillet 1818, sur l’île de Mull, Keats prend froid et souffre d’un mal de gorge persistant. « Trop maigre et trop fiévreux, il ne peut poursuivre le voyage ». « C’est sur l’île de Mull, écrit Andrew Motion, que commence la fin de sa brève vie et que débute sa lente mort ». Le 2 août au matin, il gravit les pentes du Ben Nevis et écrit un sonnet sur sa cime. Peu après avoir quitté Inverness, arrive une lettre de Dilke : Tom est au plus mal. John Keats rentre seul à Londres et ce qu’il trouve chez lui l’horrifie : son petit frère alité, émacié, sans force, fiévreux, comme vieilli, et avec une douleur intolérable aux côtés et dans les épaules. Il entreprend aussitôt de le soigner, s’exposant à la contagion de manière d’autant plus risquée qu’il est lui-même affaibli : la consomption est la malédiction de cette famille, et cette maladie, qui ne recevra le nom de tuberculose qu’en 1839, demeure stigmatisée, supposée trahir une faiblesse de constitution congénitale, des désirs sexuels refoulés, l’habitude de la masturbation. D’ailleurs, Keats ne la nomme jamais. Tom meurt le 1er décembre 1818. Trois mois plus tôt, en octobre, John Keats a fait la connaissance de Fanny Brawne, fille d’une ancienne locataire estivale de son ami Charles Brown qui, comme beaucoup de Londoniens, loue sa maison pendant ses absences à la belle saison. Conquise par Hampstead, Mrs Brawne s’y est installée et est devenue une voisine.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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