Henryk Sienkiewicz, écrivain et philanthrope.

Henryk Adam Aleksander Pius Sienkiewicz armoiries Oszyk, né le 5 mai 1846 à Wola Okrzejska et mort le 15 novembre 1916 à Vevey, est un écrivain et philanthrope polonais. Le plus grand romancier polonais de son époque, il jouit de son vivant d’une renommée internationale grâce à l’immense succès de son roman Quo vadis ? (1896), qui lui vaut une réputation universelle et le prix Nobel de littérature en 1905. Il a également milité pour les droits des Polonais, alors sous occupation prussienne puis russe.


Fils de Józef Sienkiewicz et Stefania née Cieciszowska, Henryk Sienkiewicz est né au sein d’une noblesse polonaise appauvrie, dans le petit domaine de sa branche maternelle de Wola Okrzejska près de Lublin, à l’époque en zone russe. Sa mère, qui écrit des vers qu’elle publie dans divers journaux, donne très tôt à son fils le goût de la littérature. La famille œuvre activement pour l’indépendance de la Pologne. Ce patriotisme sera très présent dans les écrits du futur auteur.

Avec son frère aîné et ses quatre sœurs cadettes, Henryk est d’abord éduqué par un précepteur, puis, à partir de 1858, il poursuit son éducation dans un collège à Varsovie. Trois années plus tard, ses parents, ruinés, le rejoignent à la capitale, après avoir dû vendre leurs terres. Ne pouvant pas compter sur une aide financière de ses parents, Sienkiewicz est obligé de travailler et s’engage comme précepteur dans la famille Weyher à Płońsk. Il y prépare seul son baccalauréat, qu’il obtient en septembre 1866. Il intègre peu après l’université, au mois de février 1867, où il entame des études d’abord en faculté de médecine puis en droit, puis en lettres jusqu’en 1872.

Tout en poursuivant ses études universitaires, il entame une carrière de journaliste. Il attend pourtant deux années et le 18 avril 1869 pour voir son premier article publié dans la presse polonaise : une critique théâtrale pour le Przegląd Tygodniowy. Au cours de l’été 1872, un autre journal, Wieniec, publie une de ses nouvelles, En vain. La même année, alors que Sienkiewicz abandonne l’université, le Przegląd Tygodniowy édite deux volumes de ses nouvelles, intitulés Les Humoresques. Ces premières œuvres sont à dominante satiriques.

Sienkiewicz, entier postal, Pologne, 1947.

Il devient chroniqueur pour le journal Gazeta Polska. Ses revenus lui permettent d’entreprendre en 1874 un premier voyage à l’étranger, en Belgique et en France. En 1876, il entreprend un voyage aux États-Unis en qualité de correspondant du Gazeta Polska. De ce périple de deux ans, au cours duquel il vit de petits emplois et du soutien de la diaspora polonaise – notamment californienne – il rapporte ses Lettres d’Amérique. Il y relate, avec un grand sens de l’observation et avec humour, ses expériences et impressions sur les Amérindiens, les Américains polonais, la nature et la vie sauvage américaines. Parues d’abord dans la Gazeta Polska, ces Lettres sont traduites dans neuf langues et valent à son auteur d’être reconnu aux Etats-Unis.

Il fait de nombreux séjours en France et en Italie. Au mois de septembre 1879, il est à Venise : il y fait la connaissance de Maria Szetkiewicz qu’il épouse le 18 septembre 1881. Après la naissance de deux enfants, Maria contracte la tuberculose et en meurt le 19 octobre 1885, à 31 ans, quatre ans après leur mariage.

En 1883, Sienkiewicz commence la rédaction de ses grands romans nationaux : Par le fer et par le feu, Le Déluge et Messire Wołodyjowski. Ce cycle forme une trilogie dans laquelle revit le passé glorieux de la Pologne du XVIIe siècle, trilogie qui vaut à son auteur l’admiration sans bornes de ses compatriotes, puis du public étranger, mais soulève l’inquiétude de la censure russe. I. Jankul, censeur de Varsovie, prévient Sienkiewicz qu’il ne permettra plus la publication d’aucune autre œuvre ayant pour thème l’histoire de la Pologne. Sienkiewicz écrit ensuite deux romans de mœurs : Sans Dogme et La Famille Połaniecki.

En janvier 1891, il embarque pour l’Afrique où il prend part à des parties de chasse en Afrique du Sud. De ce voyage, il écrira les Lettres d’Afrique.

A l’âge de quarante-sept ans, il se remarie, le 11 novembre 1893, avec Maria Romanowska-Wołodkowicz (1874-1966), âgée de dix-neuf ans et fille adoptive d’un riche négociant d’Odessa, mais celle-ci le quitte deux semaines après le mariage. Sienkiewicz accuse alors la famille de celle-ci d’avoir comploté la chose. Le Pape lui accorde l’annulation de son mariage le 13 décembre 1895. En 1904, à l’âge de cinquante-huit ans, il convole en troisièmes noces avec une cousine éloignée, Maria Babska (1864-1925).

C’est en mars 1895 que Henryk Sienkiewicz commence à publier Quo vadis ? en feuilleton dans la Gazeta Polska, le journal pour lequel il avait travaillé plus jeune en tant que journaliste. Ce roman, qui relate la persécution des premiers chrétiens dans l’Empire romain sous Néron, est un phénomène de la littérature mondiale. Rarement un livre a atteint un tel nombre d’éditions (il est traduit dans plus de quarante langues) : en France, c’est le roman le plus vendu en 1900, et des chevaux participant à la course hippique du Grand Prix de Paris portent le nom des personnages du roman ; aux États-Unis, 800 000 exemplaires se vendront en huit mois. Le roman est adapté au cinéma dès 1901. Quo vadis ? vaut à son auteur le prix Nobel de littérature en 1905 et une renommée internationale. Pour éviter les journalistes et les fans importuns, Sienkiewicz doit maintenant voyager parfois incognito.

L’auteur revient ensuite à l’histoire de la Pologne avec Les Chevaliers teutoniques, publié en 1900, qui est un autre grand succès ; ce roman est considéré comme sa dernière grande œuvre. La même année, une souscription nationale est lancée en Pologne pour récolter des fonds permettant le rachat du château ancestral de son père à Oblęgorek, près de Kielce (aujourd’hui un musée).

En 1912, Sienkiewicz publie son unique roman pour la jeunesse : Au Désert et dans la brousse, traduit en français en 1934, sous le titre Le Gouffre noir, souvenir d’un voyage en Afrique effectué en 1891. Avec ses descriptions magistrales, ses scènes d’actions palpitantes et pleines d’humour et ses personnages émouvants, ce roman, devenu un classique, remporte un grand succès. Ses adaptations cinématographiques de 1971 et 2001 connaissent également un grand succès en Pologne.

Il publie encore une série de contes philosophiques. Sa dernière œuvre, parue en 1914, est le roman Les Légions sur la période de la participation des Polonais dans l’armée napoléonienne.

Sienkiewicz a souvent utilisé ses confortables revenus d’auteur pour soutenir les écrivains en difficulté. Il a récolté des fonds pour des projets d’aide sociale tels que le combat contre la famine et la construction d’un sanatorium pour les tuberculeux à Zakopane. En 1905, il est l’un des fondateurs de la Société polonaise pour l’éducation.

À la déclaration de la Première Guerre mondiale, l’écrivain est en Suisse. En 1915, lors d’une conférence à Lausanne, il fait une allocution dans laquelle il exhorte les nations civilisées à venir en aide aux populations polonaises sur la ligne du Front de l’Est. Il apporte son soutien financier à la Croix-Rouge. Jusqu’à sa mort en 1916, Sienkiewicz est à la tête du Comité Général de Suisse pour les Victimes de Guerre en Pologne (Comité de Vevey). Son engagement dans une collecte de fonds internationale en faveur des terres polonaises détruites est financièrement fructueux (20 millions de francs suisses de l’époque sont envoyés à la Pologne à la fin de l’année 1919), et ses efforts pour attirer l’attention sur la « question polonaise » à l’issue de la guerre connait un écho dans les soutiens du Président des États-Unis Woodrow Wilson et du Pape Benoit XV.

Henryk Sienkiewicz meurt d’une embolie, le 15 novembre 1916, à l’âge de 70 ans, au Grand Hôtel Du Lac à Vevey, avant d’avoir pu assister à l’indépendance de la Pologne pour laquelle il a tant œuvré. Aux funérailles sont présentes des délégations officielles de la coalition Empire allemand-Autriche-Hongrie-Empire ottoman (Empires centraux) et de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni et Russie impériale), et un discours du Pape Benoît XV est lu.

Ses restes sont solennellement transférés en Pologne, alors devenue indépendante, en 1924, dans la crypte de la Cathédrale Saint-Jean de Varsovie.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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