Hattie McDaniel, actrice, chanteuse et compositrice.

Hattie McDaniel est une actrice, chanteuse, compositrice et comédienne américaine, née le 10 juin 1895 à Wichita (Kansas) et morte le 26 octobre 1952 à Los Angeles. Elle est la première interprète afro-américaine à recevoir un Oscar : le 29 février 1940, lors de la 12e cérémonie des Oscars, elle reçoit celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour son incarnation de Mammy (Mamma en VF), dans Autant en emporte le vent (Gone with the Wind).

En plus d’avoir joué dans de nombreux films, McDaniel a enregistré 16 disques entre 1926 et 1929 (10 ont été publiés) et elle a été une vedette de la radio et de la télévision ; elle a été la première femme noire à chanter à la radio aux États-Unis. Elle a joué dans plus de 300 films, bien que son nom n’apparaisse au générique que pour 83 d’entre eux.

En butte au racisme et à la ségrégation raciale tout au long de sa carrière, Mme McDaniel n’a pas pu assister à la première de Autant en emporte le vent à Atlanta parce qu’elle avait lieu dans un cinéma réservé aux Blancs. Lors de la cérémonie des Oscars à Los Angeles, elle s’est assise à une table séparée sur le côté de la salle ; l’hôtel Ambassador où se tenait la cérémonie était réservé aux Blancs, mais lui a fait “la faveur” d’y assister. Lorsqu’elle est morte en 1952, son dernier souhait — être enterrée dans le cimetière d’Hollywood — a été refusé parce que le cimetière était réservé aux seuls blancs.

McDaniel a deux étoiles sur le Walk of Fame à Hollywood : une au 6933 Hollywood Boulevard pour ses prestations à la radio, et une au 1719 Vine Street pour sa carrière cinématographique. Elle a été intronisée au Black Filmmakers Hall of Fame en 1975. En 2006, elle est devenue la première noire oscarisée à figurer sur un timbre-poste américain.


Hattie McDaniel est la plus jeune d’une famille de 13 enfants. Ses parents ont connu l’esclavage : sa mère, Susan Holbert (1850-1920), originaire de Nashville (Tennessee), était chanteuse de gospel, et son père, Henry McDaniel (1845-1922), était un pasteur baptiste de Richmond (Virginie). Son père a combattu pendant la guerre de Sécession dans le 122e régiment d’infanterie des troupes de couleur des États-Unis.

En 1900, la famille s’installe dans le Colorado, d’abord à Fort Collins, puis à Denver, où Hattie fréquente le Denver East High School de 1908 à 1910 et participe en 1908 à un concours parrainé par la Women’s Christian Temperance Union, en récitant Convict Joe, prétendant plus tard avoir remporté la première place. Son frère, Sam McDaniel (1886-1962), joue le majordome dans le court métrage Heavenly Daze des Three Stooges en 1948. Sa sœur Etta McDaniel était également actrice.

Hattie McDaniel perfectionne ses talents d’auteur-compositeur et d’interprète en travaillant avec la troupe de son frère Otis McDaniel, qui donne des spectacles de ménestrels. Hattie quitte l’école dès 1909 pour chanter et danser au sein de la troupe de son frère, The Mighty Minstrels. En 1911, avec sa sœur Etta Goff, elle se lance dans la création de spectacles uniquement féminins, sous le nom de McDaniel Sisters Company. En 1916, son frère Otis meurt, et la troupe commence à perdre de l’argent.

Au début des années 1920, McDaniel rejoint la troupe de George Morrison, Melody Hounds, et passe cinq ans en tournée aux États-Unis. Elle a alors l’opportunité de chanter à la radio pour la première fois avec les Melody Hounds sur la station KOA de Denver, ce qui lui permet d’accéder à une première reconnaissance du public. En 1922, McDaniel perd successivement son mari et son père.

De 1926 à 1929, elle enregistre un grand nombre de ses chansons pour Okeh Records et Paramount Records à Chicago. McDaniel a enregistré sept  sessions : une à l’été 1926 sur le label Meritt de Kansas City, quatre sessions à Chicago pour Okeh de fin 1926 à fin 1927 (sur les dix faces enregistrées, seules quatre ont été publiées), et deux sessions à Chicago pour Paramount en mars 1929.

À la suite du krach boursier de 1929, McDaniel est contrainte de prendre un travail de serveuse et plongeuse dans un club de Milwaukee, avant d’obtenir de son patron la possibilité de se produire sur scène. En 1931, elle rejoint son frère Sam et sa sœur Etta, tous deux artistes, à Los Angeles. Sam, qui  travaille sur une émission de radio KNX, lui obtient une chronique à la radio, où elle interprète « Hi-Hat Hattie », une domestique qui ne « sait pas rester à sa place ». Elle devient alors extrêmement populaire, bien que ne recevant qu’un salaire misérable qui l’oblige à travailler effectivement comme domestique.

Malgré la réticence de son propriétaire à la laisser se produire, elle est finalement autorisée à monter sur scène et devient rapidement une artiste régulière. En 1932, elle fait ses débuts au cinéma dans The Golden West dans lequel elle joue une femme de ménage. Sa deuxième apparition a lieu dans le film à succès de Mae West, I’m No Angel (1933), dans lequel elle joue l’une des servantes noires avec lesquelles West campait en coulisses. Au début des années 1930, elle obtient plusieurs autres rôles non crédités dans des films, souvent en chantant dans des chœurs. En 1936, Show Boat lui vaut d’être une première fois remarquée.

En 1934, McDaniel rejoint la Screen Actors Guild. Elle commence à attirer l’attention et décroche des rôles plus importants au cinéma, qui  commencent à lui valoir des crédits. La Fox Film Corporation la met sous contrat pour jouer dans Le Petit Colonel (1935), avec Shirley Temple, Bill “Bojangles” Robinson et Lionel Barrymore.

Judge Priest (1934), réalisé par John Ford et mettant en vedette Will Rogers, est le premier film dans lequel elle joue un rôle majeur. Elle y tient un rôle principal et démontre son talent de chanteuse, notamment avec un duo avec Rogers. McDaniel et Rogers deviennent amis pendant le tournage.

En 1935, McDaniel a des rôles importants, comme femme de chambre négligée dans Alice Adams (RKO Pictures), un rôle comique comme femme de chambre et compagne de voyage de Jean Harlow dans China Seas (MGM) (son premier film avec Clark Gable), et en tant que Isabella, toujours une femme de chambre, dans Murder by Television, avec Béla Lugosi. Elle apparaît dans le film Vivacious Lady de 1938, avec James Stewart et Ginger Rogers.

McDaniel joue le rôle de Queenie dans le film Show Boat (Universal Pictures) de 1936, avec Allan Jones et Irene Dunne, dans lequel elle chante un couplet de Can’t Help Lovin’ Dat Man avec Dunne, Helen Morgan, Paul Robeson et un chœur noir. Avec Robeson, elle chante I Still Suits Me, écrit pour le film par Kern et Hammerstein.

Après Show Boat, elle tient des rôles importants dans Saratoga (1937) de la MGM, avec Jean Harlow et Clark Gable ; The Shopworn Angel (1938), avec Margaret Sullavan ; et The Mad Miss Manton (1938), avec Barbara Stanwyck et Henry Fonda. Elle a un rôle mineur dans le film Nothing Sacred (1937) avec Carole Lombard et Frederic March, dans lequel elle joue la femme d’un cireur de chaussures (Troy Brown) se faisant passer pour un sultan.

McDaniel devient l’amie de nombreuses stars d’Hollywood, dont Joan Crawford, Tallulah Bankhead, Bette Davis, Shirley Temple, Henry Fonda, Ronald Reagan, ou encore Olivia de Havilland et Clark Gable avec qui elle joue en 1939 dans Autant en emporte le vent.

Par la suite, l’actrice joue encore quelques rôles de domestique jusqu’à son dernier film, Family Honeymoon, en 1949. Elle reprend alors une carrière à la radio dans la série comique Beulah, puis joue dans l’adaptation  télévisuelle de l’émission. Elle y prend la suite de l’actrice Ethel Waters, qui au terme de la première saison a critiqué les stéréotypes racistes liés au rôle. Au printemps 1952, McDaniel, qui a découvert qu’elle était atteinte d’un cancer du sein, est trop malade pour continuer à travailler et laisse la place à Louise Beavers.

À cette époque, elle a été critiquée par les membres de la communauté noire pour les rôles qu’elle a acceptés et pour avoir cherché à décrocher le plus possible de rôles, plutôt que de tenter de secouer la machine  hollywoodienne. Par exemple, dans Le Petit Colonel (1935), elle jouait l’un des domestiques noirs désireux de retourner dans le vieux Sud, mais son interprétation de Malena dans Alice Adams de RKO Pictures a irrité le public blanc du Sud, car elle a volé la vedette dans plusieurs scènes à la star blanche du film, Katharine Hepburn. McDaniel est finalement devenue célèbre pour avoir joué une femme de ménage insolente et obstinée.

La compétition pour décrocher le rôle de Mammy dans Autant en emporte le vent a été presque aussi féroce que celle de Scarlett O’Hara. La première dame Eleanor Roosevelt a écrit au producteur de films David O. Selznick pour demander que sa propre servante, Elizabeth McDuffie, obtienne le rôle. McDaniel ne pensait pas qu’elle serait choisie vu sa réputation d’actrice comique. Une source a affirmé que Clark Gable avait recommandé que le rôle soit donné à McDaniel ; en tout cas, elle s’est présentée à son audition vêtue d’un authentique uniforme de bonne et a remporté le rôle.

En apprenant le projet d’adaptation du film, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) s’est battue pour exiger du producteur et du réalisateur qu’ils suppriment les épithètes racistes du film (en particulier l’appelation « nègre ») et qu’ils modifient les scènes qui pourraient porter préjudice et qui, selon eux, sont historiquement inexactes. Un épisode particulièrement préoccupant du roman est celui dans lequel des hommes noirs attaquent Scarlett O’Hara, attaque vengée ensuite par un groupe armé qui évoque le Ku Klux Klan, présenté comme un sauveur. Dans tout le Sud, des hommes noirs étaient lynchés sur la base de fausses accusations selon lesquelles ils avaient agressés des femmes blanches. Cette séquence a été modifiée pour le film, et certains termes offensants ont été changés, mais une autre épithète, « darkie », est restée dans le film, et le message du film concernant l’esclavage est resté essentiellement le même. Conformément au livre, le scénario du film parle également des blancs pauvres comme de « white trash », et il attribue ces mots également aux personnages noirs et blancs.

Le Loew’s Grand Theater sur Peachtree Street à Atlanta, en Géorgie, a été choisi par le studio pour la première du vendredi 15 décembre 1939 de Autant en emporte le vent. Le directeur du studio, David O. Selznick, a demandé que McDaniel soit autorisée à y assister, mais la MGM lui a conseillé de ne pas le faire, en raison des lois de ségrégation en vigueur en Géorgie. Clark Gable a menacé de boycotter la première à Atlanta si McDaniel n’était pas autorisé à y assister, mais McDaniel l’a convaincu d’y assister quand même.

La plupart des 300 000 habitants d’Atlanta se sont pressés sur le parcours du cortège de 11 km qui a transporté les autres stars et cadres du film de l’aéroport à l’hôtel Georgian Terrace, où ils ont séjourné. Si les lois Jim Crow ont empêché McDaniel d’assister à la première du film à Atlanta, elle a assisté à la première du film à Hollywood le 28 décembre 1939. Sur l’insistance de Selznick, son film a également été mis en avant dans le programme.

Pour son interprétation de l’esclave domestique qui gronde à plusieurs reprises la fille de son propriétaire, Scarlett O’Hara (Vivien Leigh), et se moque de Rhett Butler (Clark Gable), McDaniel a remporté l’Oscar 1939 de la meilleure actrice dans un second rôle, devenant la première personne noire à avoir été nominée et à avoir remporté un Oscar. « J’ai aimé Mammy », a déclaré McDaniel en s’adressant à la presse blanche à propos du  personnage. « Je crois que je l’ai comprise parce que ma propre grand-mère travaillait dans une plantation qui ressemblait à celle de Tara. » Son rôle dans Autant en emporte le vent avait alarmé certains Blancs du Sud ; certains se sont plaints que dans le film, elle était trop « familière » avec ses propriétaires blancs. Au moins un écrivain a fait remarquer que le personnage de McDaniel ne s’écartait pas beaucoup du personnage de Mammy dans le roman de Margaret Mitchell, et que dans le film comme dans le livre, Scarlett, beaucoup plus jeune, parle à Mammy d’une manière qui serait jugée inappropriée pour un adolescent du Sud de l’époque de parler à une personne blanche beaucoup plus âgée, et que ni le livre ni le film n’évoquent l’existence des propres enfants de Mammy (morts ou vivants), sa propre famille (morte ou vivante), son vrai nom ou son désir d’avoir autre chose qu’une vie à Tara, en servant dans une plantation d’esclaves. De plus, alors que Mammy gronde la jeune Scarlett, elle ne croise jamais Mme O’Hara, la femme blanche la plus âgée du foyer. Certains critiques ont estimé que McDaniel n’avait pas seulement accepté les rôles, mais que dans ses déclarations à la presse, elle avait également acquiescé aux stéréotypes d’Hollywood, ce qui a alimenté les critiques de ceux qui se battaient pour les droits civiques des Noirs. Plus tard, lorsque McDaniel a essayé d’emmener son personnage de “Mammy” dans une tournée de présentation, le public noir ne s’est pas montré réceptif.

Si de nombreux Noirs étaient heureux de la récompense attribuée à McDaniel, ils la considéraient également comme douce-amère. Ils estimaient que Autant en emporte le vent célébrait le système esclavagiste et condamnait les forces qui le détruisaient. Pour eux, l’hommage unique que McDaniel avait remporté suggérait que seuls ceux qui ne protestaient pas contre l’utilisation systémique des stéréotypes raciaux à Hollywood pouvaient y trouver du travail et du succès.

En août 1950, McDaniel souffre d’une maladie cardiaque et entre à l’hôpital Temple dans un état semi-critique. Elle a été libérée en octobre pour récupérer à la maison, et elle a été citée par United Press le 3 janvier 1951 comme montrant “une légère amélioration de sa récupération après une légère attaque”.

McDaniel meurt d’un cancer du sein à 59 ans le 26 octobre 1952, à l’hôpital situé sur le terrain du cinéma de Woodland Hills, en Californie. Son frère Sam McDaniel lui a survécu. Des milliers de personnes se sont réunies pour célébrer sa vie et ses réalisations. Dans son testament, McDaniel a écrit : “Je désire un cercueil blanc et un linceul blanc ; des gardénias blancs dans mes cheveux et dans mes mains, ainsi qu’une couverture de gardénias blancs et un oreiller de roses rouges. Je souhaite également être enterrée dans le cimetière d’Hollywood” ; Le cimetière d’Hollywood, sur le boulevard Santa Monica à Hollywood, est le lieu de repos de stars du cinéma telles que Douglas Fairbanks et Rudolph Valentino. Son propriétaire de l’époque, Jules Roth, a refusé qu’elle y soit enterrée, car, au moment de la mort de McDaniel, le cimetière pratiquait la ségrégation raciale et n’acceptait pas les restes des Noirs pour l’enterrement. Son deuxième choix était le cimetière de Rosedale (aujourd’hui connu sous le nom de Angelus-Rosedale Cemetery), où elle repose aujourd’hui.

En 1999, Tyler Cassidy, le nouveau propriétaire du cimetière de Hollywood (rebaptisé Hollywood Forever Cemetery), a proposé à McDaniel de l’y enterrer à nouveau. Sa famille n’a pas voulu déranger sa dépouille et a décliné l’offre. À la place, le cimetière de Hollywood Forever Cemetery a construit un grand cénotaphe sur la pelouse surplombant son lac. C’est l’une des attractions touristiques les plus populaires d’Hollywood. Le dernier testament de McDaniel de décembre 1951 léguait son Oscar à l’université Howard, où les étudiants lui avaient fait l’honneur d’un déjeuner après qu’elle eut remporté son Oscar. Au moment de sa mort, McDaniel n’aurait eu que peu de choix. Très peu d’institutions blanches de l’époque ont préservé l’histoire des Noirs. Historiquement, ce sont les collèges noirs qui ont accueilli de tels objets. Malgré les preuves que McDaniel avait gagné un excellent revenu en tant qu’actrice, sa succession finale était inférieure à 10 000 dollars. L’IRS a déclaré que la succession devait plus de 11 000 $ d’impôts. Finalement, le tribunal des successions a ordonné la vente de tous ses biens, y compris son Oscar, pour rembourser ses créanciers. Des années plus tard, l’Oscar est arrivé là où McDaniel le voulait : l’université Howard, où, selon les rapports, il a été exposé dans une vitrine du département d’art dramatique de l’université.

Source : Wikipédia.

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