Gaston Lagaffe.

Gaston Lagaffe est un personnage de fiction créé en 1957 par le dessinateur belge André Franquin.

Il est le protagoniste de la série Gaston, apparue dans le magazine de bande dessinée Le Journal de Spirou la même année et publiée en albums à partir de 1960. Gaston est l’anti-héros par excellence, et le roi incontesté de la gaffe.

Le personnage de Gaston Lagaffe est dérivé des stéréotypes du beatnik américain, médiatisés à partir de 1957. Le succès du livre On the Road (1957) de Jack Kerouac a fait connaître la Beat Generation, un mouvement radical d’émancipation inspiré par le mode de vie libre et non-conformiste des musiciens de jazz, qui a été brusquement vulgarisé et à la fois moqué par les médias de masse américains. Les stéréotypes beatniks incluaient le pacifisme, le refus de travailler, le non-conformisme voire l’excentricité, l’amour du jazz et de la vie de bohème ainsi que des stéréotypes vestimentaires comme les cheveux longs, le béret, les sandales, le duffel-coat, les blue jeans et les cols roulés.

Avec leurs attitudes « cool » et leurs « goof » (gaffes), les beatniks ont précédé, annoncé et inspiré la vague des freaks et des hippies des années 1960. Plongés malgré eux dans le monde conformiste et ennuyeux de l’après-guerre, les beatniks cherchaient à se libérer.

À sa manière enfantine, le dessinateur Franquin a participé à ouvrir les esprits de sa génération avec son populaire personnage de Gaston, analogue à celui du Grand Duduche de Cabu, qui sera lui aussi proche de l’esprit beatnik quelques années plus tard.

L’arrivée de Gaston dans Le journal de Spirou est annoncée mystérieusement par des traces de pas dans les marges des pages du journal, sans explications pour le lecteur dans un premier temps. Il apparaît pour la première fois à la rédaction du Journal de Spirou du 28 février 1957, en costume et nœud papillon, deux semaines plus tard en jean noir, pull-over vert et espadrilles, assis sur une chaise, cigarette aux lèvres. Entretemps, les lecteurs ont pu le découvrir dans Le Journal de Spirou du 7 mars 1957, dans lequel il porte toujours le costume, mais une cravate dénouée. Sans doute le premier pas vers la décontraction qui le caractérise.

Le 25 avril 1957, un communiqué de Fantasio, autre personnage de Spirou, tente d’éclaircir la situation aux lecteurs : Gaston a été recruté par une personne dont il ne se rappelle pas le nom, mais il demeure persuadé qu’il a été embauché pour un travail de héros de bande dessinée. Ne pouvant être intégré dans une série du Journal de Spirou, il devient alors le premier « héros sans emploi ». Il est par la suite représenté comme un employé de la rédaction.

Gaston est au début simplement indolent, paresseux et à l’occasion gaffeur (trouvant le moyen de « mettre le feu aux extincteurs », par exemple). Ses gaffes lui donneront, bien après son apparition, un nom de famille et une fonction récurrente dans le journal : empêcher, bien malgré lui, de signer des contrats importants avec monsieur De Mesmaekera, inonder les locaux, etc.

Gaston passe la plus grande partie de son temps à essayer d’éviter de travailler (en se cachant dans une armoire, ou bien plus simplement en dormant sur son bureau…).

Malgré tous les problèmes parfois très graves qu’il occasionne, il ne se fera renvoyer qu’une fois, lorsque Monsieur Dupuis tombe nez à nez avec sa vache dans les locaux du journal. Gaston sera néanmoins réembauché très vite grâce au soutien des lecteurs.

La principale tâche que Gaston est censé faire au journal de Spirou est de trier le courrier des lecteurs, urgent ou en retard, ce qu’il déteste faire. Le plus souvent, il laisse le courrier s’accumuler pendant des semaines avant d’en faire un immense tas, ce qui irrite Fantasio et Prunelle. Plus tard, Gaston devient responsable de la documentation du journal et doit mettre en ordre les documents du local dont il a la charge ; mais il l’utilise celui-ci pour toutes autres choses : une cachette pour éviter les tâches fournies par la rédaction, un labyrinthe formé de piles de journaux pour en faire une attraction, un kiosque d’information, voire une voûte romane en plein cintre.

Gaston ne fait pas beaucoup de sport. Il est une fois gardien de but de football pour l’équipe du journal de Spirou, afin de remplacer un autre joueur blessé. Sa responsabilité est ainsi clairement engagée sur plusieurs buts durant un match contre le Sporting Olympic Racing Club, qui inflige à son équipe une sévère défaite 15 à 1. Le seul but de l’équipe du journal est marqué par Lebrac suite à une crise de fou rire de l’équipe adverse, et ils terminent à dix, Prunelle étant expulsé car excédé, il a boxé son propre gardien ! Gaston est en revanche beaucoup plus efficace lors d’un autre match, au cours duquel il profite d’une attaque de son équipe pour se cuisiner un plat sur son réchaud, ce qui cause un écran de fumée dissimulant son but à l’équipe adverse. Hélas, l’arbitre considère cela comme une tricherie et l’expluse. Il joue aussi parfois au rugby et au basketball, mais il est toujours aussi nul qu’au foot.

Au fil des années, son caractère d’indolent est moins mis en avant, Gaston devenant un inventeur astucieux et inspiré qui crée de multiples objets et procédés, destinés principalement à faciliter son travail au bureau. On peut citer notamment son système de classement du courrier, à base de micro-perforations qui laissera pantois d’admiration Prunelle et Lebrac, jusqu’à ce qu’ils découvrent l’origine des petits trous : Gaston classait les documents en accrochant le courrier sur son cactus géant…

Gaston n’est pas un fainéant sans qualité, c’est un innovateur génial que son employeur ne sait pas employer alors qu’il ne demande qu’à contribuer.

Gaston Lagaffe est employé de bureau au Journal de Spirou. Il apparaît pour la première fois dans un costume très sérieux avec un nœud papillon et des chaussures de ville. Mais dans les planches suivantes il adopte sa tenue définitive : un pull à col roulé vert trop court, un blue-jeans et des espadrilles bleues très usées.

Gaston est mince et sa tête est très ronde. Son nez imposant (gros nez qu’il hérite de l’école belge enfantine comme un certain nombre de héros contemporains tels qu’Astérix ou Achille Talon). Le reste de son apparence va beaucoup évoluer au fil du temps. À ses débuts, il a les cheveux coupés très ras, alors qu’il est connu aujourd’hui pour ses longs cheveux noirs. Son visage devient plus expressif. De simples points noirs façon Tintin dans les premiers gags, ses yeux s’agrandissent et deviennent blancs et noirs. Sa bouche minuscule devient beaucoup plus démonstrative, un large sourire jusqu’aux oreilles remplace le sourire crispé des débuts.

Gaston Lagaffe, épreuve d’artiste, Belgique.

Gaston est dessiné en forme de S, ce qui lui donne un air nonchalant. Il est d’ailleurs capable de s’endormir debout. Il garde cette silhouette même lorsqu’il est parfaitement éveillé et dynamique.

Les espadrilles de Gaston étaient à l’origine orange, mais Franquin reçut un jour une lettre de Mauléon-Licharre, petite ville des Pyrénées réputée capitale de l’espadrille. L’auteur de cette lettre, estimant que l’état des espadrilles de Gaston leur faisait de la mauvaise publicité, avait décidé de lui en fournir des neuves. À cette fin, il avait joint deux paires, une noire et une bleue. Franquin opta pour la bleue, que Gaston ne quittera plus.

À ses débuts Gaston est âgé d’environ dix-huit ans. Par la suite, il est sans doute un peu plus âgé, même si son apparence physique reste assez juvénile. Il a le permis de conduire et un travail de bureau, mais garde certains traits de caractère de l’adolescence : sa timidité dans ses amours avec Mademoiselle Jeanne, sa vision idéaliste du monde, son côté rêveur, son immaturité.

D’après Mickaël Dinomais, professeur de médecine en médecine physique et réadaptation à l’université d’Angers, Gaston présente des indices du syndrome d’Ehlers-Danlos ainsi qu’une narcolepsie.

Il fumera du début de la série jusqu’à la planche 36310. Son expression favorite est « M’enfin » (abréviation de « Mais enfin… ») inspiré d’un réel tic de langage de Jidéhem, alors collaborateur de Franquin, souvent associée plus tard au « Rogntudjuuuu » de Prunelle (déformation de l’expression « Nondidju », signifiant « Nom de Dieu » en wallon, dont la quantité de u est en adéquation avec l’incongruité de la scène et le niveau d’énervement de l’intéressé).

Dans le domaine alimentaire, Gaston affiche d’une part une attirance pour une série de produits populaires et peu élaborés (sardines à l’huile, pilchards, saucisses en boîte, crêpes…) dont la consommation ou la préparation s’effectue bien sûr au détriment de son travail de bureau, et parfois même au péril de son entourage (explosions et incendies divers). Là aussi, les tentatives réciproques de Gaston pour parvenir à ses fins, de Fantasio et plus tard Prunelle pour l’en empêcher, donneront lieu à de multiples variations.

D’autre part, il pratique en toute bonne foi une cuisine expérimentale et qui se voudrait gastronomique (morue aux fraises, cabillaud à l’ananas) mais qui ne parvient qu’à susciter le dégoût et entraîner divers états pathologiques dans son entourage, à l’exception de lui-même, de quelques amis et ouvriers de passage.

Passionné de musique, il pratiquera plusieurs instruments au cœur même du bureau, avec un succès variable, son instrument de prédilection étant un trombone à coulisse. Il inventera également un redoutable instrument à cordes dont l’utilisation provoque instantanément l’écroulement des murs et l’effondrement de la façade de l’immeuble du journal : le gaffophone, qui deviendra ultérieurement le gaffophone électrique.

Il a quelques amis, tels que Bertrand Labévue, Jules-de-chez-Smith-en-face, Gustave, Manu, et son ami dessinateur. Certains personnages ne l’aiment pas vraiment, comme Mélanie Molaire, la dame de ménage, M. Boulier, Ducran et Lapoigne ainsi que M. de Mesmaeker avec lequel il signera quelques contrats (Cosmo coucou et la soupe de poisson). Son plus grand ennemi, que l’on retrouve assez souvent, est le policier Longtarin.

Gaston ne cache pas les sentiments qu’il éprouve pour sa collègue Mademoiselle Jeanne, mais cet amour est totalement platonique… Du moins, dans les pages publiées du journal et dans les premiers albums. Laide et passablement cruche au départ, « M’oiselle Jeanne » (comme l’appelle Gaston) se transforme peu à peu en pin-up dégourdie et sûre d’elle, à partir de l’album no 10 et ne cache plus son attirance pour Gaston. Dans les albums no 12 et 13, des scènes — certes rêvées par Gaston — deviennent carrément suggestives. En outre, Franquin s’est amusé à faire des croquis bien plus coquins de ses personnages sur des supports non officiels.

Malgré la gravité des gaffes qu’il commet dans les locaux du journal de Spirou, Gaston n’a aucune conscience des risques et des conséquences de ses actes ; il a la mauvaise habitude de ne pas admettre ses fautes, ce qui déclenche les colères de Fantasio et Prunelle à son égard.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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