Edouard Manet, le maître des impressionnistes.

Edouard MANET naît dans une famille aisée et raffinée de magistrats du côté de son père et de diplomates du côté de sa mère. Après avoir échoué au concours de l’ecole Navale, il part en 1848 comme pilotin sur un navire-école vers Rio.

 

De retour en France, son père consent à ce qu’il se consacre à la peinture vers laquelle il s’était très jeune senti attiré. Il lui impose de suivre une solide formation aux Beaux-Arts dans l’Atelier du peintre Thomas COUTURE, où il devait rester six années, et pour lequel il gardera toute sa vie une certaine estime, quoiqu’ayant souffert de sa méthode d’enseignement qui exigeait “idéal et impersonnalité”.

“Je peins ce que je vois, et non ce qu’il plaît aux autres de voir”

avait coutume d’opposer à la doctrine académique Edouard MANET, qui entendait revendiquer sa propre subjectivité et l’importance de la vision du peintre par rapport aux règles admises.

Les oeuvres de jeunesse de Manet se rapprochent des peintures hollandaise et surtout espagnole du XVIIième.

Edouard Manet, carte maximum, 18/10/1952.

Manet qui effectua de nombreux voyages en Europe pour y étudier les grands maîtres de la peinture devait être particulièrement influencé par les oeuvres du néerlandais Frans Hals et des espagnols Diego Velasquez et Francisco José de Goya.

Sa première soumission au Salon en 1859, “Le buveur d’absinthe”, à la résonance espagnole alors à la mode – l’impératrice Eugénie était d’origine espagnole -, fut refusée, malgré l’avis favorable de Delacroix, pour le motif essentiel que MANET utilisait une configuration picturale traditionnelle (le portrait de plein pied) pour représenter un être marginal et socialement discrédité.

Thomas Couture devait condamner ce tableau en disant : “Peint-t-on quelque chose d’aussi laid? Mon pauvre ami, il n’y a ici qu’un buveur d’absinthe, c’est le peintre qui a produit cette insanité…”

Manet avait trouvé un mode de création qui caractérisera l’essentiel de sa future production : combiner des configurations picturales traditionnelles et leurs valeurs expressives avec la réalité contemporaine. Ainsi, bien avant l’impressionnisme proprement dit, Manet pose les termes de la polémique artistique à venir : révolte individuelle contre les conventions académiques, moyens picturaux mis au service de sujets contemporains nouveaux…

Au début des années 1860, Manet, à la manière d’un flâneur, parcourt sans relâche Paris, qui changeait alors de jour en jour, pour en déceler les caractéristiques les plus subtiles, les transformations, dessinant dans son carnet “un rien, un profil, un chapeau, en un mot une impression fugitive”.

Manet fut accepté au Salon en 1861 avec un autre tableau plus complaisant de la mode espagnole de la même facture que “Lola de Valence” (1862).

En revanche “La Musique aux Tuileries” (1862), tableau résultant d’une des flâneries de Manet, de facture légère et ouverte, sans composition centralisante, qu’il présenta à une exposition personnelle à la galerie Martinet fut accueilli négativement, car contredisant la conception établie de la nécessité d’une forme picturale aboutie.

On peut pourtant y déceler, de par son sujet, sa composition et sa facture, l’une des voies de l’Impressionnisme qui allait apparaître quelques années plus tard.

En 1864, le Salon officiel accepta deux de ses tableaux, et, en 1865, il y exposa Olympia” (1863, musée d’Orsay, Paris), un nu inspiré de la Vénus d’Urbino de Titien qui provoqua un scandale encore plus grand que “Le déjeuner sur l’herbe”.

Là encore, Manet citant un classique représente celle qui est censée être une divinité de la Renaissance faisant référence à l’Antiquité, comme la fille de luxe parisienne qui avait servi de modèle (Victorine Meurent), avec un réalisme si fidèle et si peu en rapport avec les voiles de l’idéologie du Second Empire, qu’il souleva des vagues de protestations au sein des cercles académiques.

Manet qui avait conscience d’avoir réussi là quelque chose d’important conservera ce tableau jusqu’à sa mort, et Claude Monet, après la mort de Manet organisera une collecte pour éviter que la veuve de Manet, alors en difficulté financière, ne le vende à un américain. “Olympia” rentrera au Louvre en 1893.

Manet dont les convictions étaient républicaines s’engagea dans la Garde Nationale lors de la guerre de 1870 et vécut la Commune à Paris.

Edouard Manet, épreuve d’artiste.

Sous l’influence de ses élèves, Berthe Morisot et Eva Gonzalès, et de ses amis impressionnistes, Manet allait expérimenter la peinture de figures en lumière naturelle dans des toiles comme “Le chemin de fer, Gare Saint-Lazare” 1872-73 ou “Sur la plage” 1873.

En 1874, l’artiste choisit de ne pas participer à la première exposition impressionniste. Il devait par la suite continuerà exposer régulièrement au Salon où sa notoriété ne cessera de s’affirmer.

Pendant l’été 1874, Manet rendant visite à Monet et sa famille installés à Argenteuil s’ouvrit à l’impressionnisme et la peinture en plein air. Il y peint “La famille Monet au jardin” , “Claude Monet et sa femme dans son studio flottant”, “Argenteuil”.

Manet allait désormais adhérer totalement à l’Impressionnisme et soutenir particulièrement Monet, achetant à son insu des toiles qu’il bradait 100 francs pièce, ou cherchant à gagner le critique Wolff à l’art de Monet et de ses amis.

En 1877, Manet devait encore provoquer les critiques avec “Nana”, représentation grandeur nature d’une jeune femme, en jupons et corsage, en train de se poudrer en présence d’un homme qui l’attend, qui fut refusé au Salon.

Manet connaîtra tardivement la reconnaissance officielle à laquelle il aspirait : il deviendra en 1881 un “hors concours” du Salon en obtenant une médaille avec “Le portrait de Mr Pertuisait” , et sera nommé Chevalier de la Légion d’honneur, sur proposition de son ami A. Proust, devenu ministre des Beaux-Arts.

En 1882, il y fut présent pour la dernière fois avec Un bar aux Folies-Bergère (Courtauld Institute Galleries, Londres), l’une de ses œuvres les plus célèbres.

Manet y donne une nouvelle fois une démonstration de son art, brillant par une interprétation impassible et objective d’ une scène de la société dans laquelle il vit – une serveuse au regard vide et absent ne participant que par sa beauté extérieure aux éclats de ce palais du plaisir -, une composition en plusieurs plans spatiaux – résultant du miroir situé derrière la serveuse -, des qualités de peintre de natures mortes – le réalisme des bouteilles , des fruits, des fleurs… -, les tonalités opposant la dure froideur des éclairages à l’atmosphère enfumée du bar rendue par des couleurs atténuées.

Il mourut à Paris le 30 avril 1883, laissant une œuvre importante, comprenant plus de quatre cents peintures à l’huile, des pastels et de nombreuses aquarelles.

 

 

 

 

Source : Impressionnistes.net