Félicien Rops, peintre, graveur, illustrateur et dessinateur.

Félicien Rops est un peintre, dessinateur, illustrateur et graveur belge, né à Namur le 7 juillet 1833 et mort à Essonnes (aujourd’hui Corbeil-Essonnes) le 23 août 1898.


Félicien Rops est le fils unique de l’industriel Nicolas-Joseph Rops (1782-1849) et de Sophie Maubille (1794-1872). Son père produit et commercialise des tissus imprimés, il est passionné de musique et d’horticulture (Félicien hérite de ce goût pour l’horticulture, à laquelle il se consacrera, notamment, à la fin de sa vie, dans sa propriété d’Essonnes). En 1837, alors que le jeune Félicien a quatre ans, la famille quitte le quartier du Vieux Namur où il est né et s’installe dans un hôtel de maître qu’a fait construire son père dans une autre partie de la ville correspondant mieux à leur statut de bourgeois aisé (la rue Neuve, actuellement nommée rue Pépin).

Rops, carte maximum, Belgique, 1973.

Dès 1838, Rops est scolarisé chez les Jésuites, au Collège Notre-Dame de la Paix. Il reçoit également un enseignement de précepteurs privés, à domicile. Au collège, il rencontre notamment le futur écrivain Octave Pirmez, d’un an son aîné, dont l’amitié se prolongera par une longue relation épistolaire. Il est bon élève et se voit récompenser en 1844 par le premier prix  d’excellence. Il quitte cet établissement en 1849 et poursuit ses études à l’Athénée royal de Namur. Parallèlement, il suit des cours de peintures à l’académie, auprès de Ferdinand Marinus.

Nicolas-Joseph, son père, meurt le 7 février 1849. Félicien, alors âgé de quinze ans, est placé sous la tutelle de son cousin Alphonse Rops. Ses relations avec son parent, échevin de la ville de Namur, sont difficiles : dans ses lettres, Félicien décrit celui-ci comme intransigeant et sermonnaire, ce qui ne fait qu’accroître sa soif de liberté et d’évasion. De plus, il se sent étouffé dans cette ville qu’il estime envahie par la pensée bourgeoise.

Rops quitte Namur en 1851. Inscrit à l’Université libre de Bruxelles, pour une candidature en philosophie préparatoire au droit, il rejoint le cercle littéraire Les Joyeux, fondé en 1847 par une vingtaine d’amis dont l’écrivain Charles De Coster. Si Félicien apprécie tout particulièrement l’effervescence créative et audacieuse de ce milieu estudiantin (en témoignent les efforts qu’il déploie pour créer l’hebdomadaire Uylenspiegel, sous-titré Journal des ébats artistiques et littéraires, qui parait dès février 1856 et jusqu’en 1863, faisant date dans l’histoire littéraire belge), il ne cherche nullement à décrocher un diplôme. Il continue en revanche à se former à la peinture par sa participation à l’Atelier Saint-Luc, animé par Ernest Slingeneyer et rassemblant des artistes d’avant-garde.

Ses premières œuvres publiées (notamment dans le journal Le Crocodile) sont principalement des caricatures. Parmi celles-ci, La Médaille de Waterloo (1858), charge contre les Belges arborant la médaille de Sainte-Hélène (créée l’année précédente), choque véritablement l’opinion publique et lui vaut une provocation en duel de la part du fils d’un officier de l’Empire.

Après ces débuts de caricaturiste, Rops entame une carrière d’illustrateur. Il contribue notamment à l’édition des œuvres de son ami Charles De Coster (dont La Légende et les aventures d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs, parue en 1867) et — son succès l’ayant amené à Paris — de celles de Jules Barbey d’Aurevilly, de Joséphin Peladan, de Félicien Champsaur ou de Stéphane Mallarmé.

À Bruxelles, Rops est membre de la Société des agathopèdes et de la Société libre des beaux-arts dont il devient vice-président en 1868. Il y fonde également la Société internationale des Aquafortistes, dont les statuts sont rédigés le 4 décembre 1869. Cette entreprise, rapidement interrompue par la guerre franco-prussienne qui paralyse l’Europe, n’aboutit cependant pas, faute de parvenir à réunir des artistes issus d’autres nations que la France, les Pays-Bas et la Belgique. Malgré une relance après la fin du conflit, le départ de Belgique de Rops, puis celui de l’imprimeur François Nys, son plus important collaborateur, provoquent la fin d’activité de cet embryon de société internationale, en octobre 1877.

En mars 1885, Rops, au même titre qu’Anna Boch, est admis comme membre du Groupe des XX en remplacement de Frans Simons et de Théodore Verstraete, tous deux démissionnaires. Rops avait participé au premier salon annuel des XX en 1884 en tant qu’artiste invité où il avait présenté sa Tentation de saint Antoine.

Féru de botanique, il s’y adonne en compagnie de l’éditeur français Auguste Poulet-Malassis, exilé à Bruxelles de septembre 1863 à mai 1871. Pour celui-ci, il réalise les frontispices des Bas-fonds de la société d’Henry Monnier (1864), du Diable au corps d’Andrea de Nerciat (1865), des Épaves de Charles Baudelaire (1866), des Jeunes France de Théophile Gautier (1866), de Gamiani d’Alfred de Musset (1866) ou encore de Point de lendemain de Vivant Denon (1867).

Il devient membre de la loge maçonnique namuroise La Bonne Amitié, le 1er juillet 1861. Pierre-Joseph Proudhon assistera à son initiation. Il y aurait même prononcé un discours.

Le 28 juin 1857, Rops épouse Charlotte Polet de Faveaux, fille d’un juge au Tribunal de Namur, qu’il connait depuis l’université. Les époux vivent successivement à Namur (13, rue Neuve), à Bruxelles où ils se font construire une maison au rond-point de l’avenue Louise et au château de Thozée, près de Mettet, gentilhommière dont Charlotte a hérité après le décès d’un de ses oncles. Rops profite de ce grand domaine pour inviter chez lui de nombreux artistes et amis, Charles Baudelaire notamment.

De son union avec Charlotte naissent un fils, Paul, le 7 novembre 1858, et une fille, Juliette. Celle-ci, née le 18 octobre 1859, meurt d’une méningite à l’âge de cinq ans le 15 août 1865, causant à Rops un grand chagrin.

Passionné de canotage, Rops collabore en 1862 à la fondation de l’actuel Royal Club Nautique Sambre et Meuse (anciennement Cercle Nautique de Sambre et Meuse), dont il est le premier président jusqu’en 18692. À la suite des démarches effectuées par le graveur et ses comparses, le cercle obtient le titre de « société royale » dès 1865 par S.A.R. le duc de Brabant (le futur Léopold II (roi des Belges)) qui accepte pour son fils, le petit prince comte de Hainaut, la présidence du RCNSM.

Les contacts de Félicien Rops avec la vie parisienne remontent à sa rencontre avec le journaliste et écrivain Alfred Delvau. Après avoir fait son éloge en lui consacrant une critique dans le journal Rabelais, Delvau le charge de réaliser les frontispices de plusieurs de ses ouvrages : Histoire anecdotique des Cafés et Cabarets de Paris (1862), Les Cythères parisiennes, histoire anecdotique des bals de Paris (1864) et Dictionnaire érotique moderne (1864). Ce sont ces commandes qui amènent Rops à accompagner le journaliste dans les bas-fonds parisiens pour se documenter. Les « cocottes » parisiennes (Manette Salomon ou Parisine, 1867 ; La Buveuse d’absinthe, 1869 ; La Dèche, 1882…) et les débits de boissons (Le Gandin ivre, date inconnue ; Le Bouge à matelots, 1875 ; Le Quatrième Verre de cognac, vers 1880…) font alors massivement leur entrée dans son œuvre.

C’est également Delvau qui présente Rops à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis, à Paris en 1863. Celui-ci confie de nombreux projets au graveur, surtout après son exil à Bruxelles. Il s’agit principalement d’illustrations d’ouvrages licencieux (les deux hommes ont travaillé ensemble sur trente-quatre titres entre 1864 et 1870), qui lui valent encore aujourd’hui une réputation sulfureuse, obérant sa reconnaissance publique.

À Paris, tout comme à Bruxelles, Rops se pique de journalisme. Dans la seconde moitié des années 1860, il y collabore notamment à la Chronique des arts et de la curiosité, un supplément de la Gazette des beaux-arts. Dès 1868, il a également le projet d’éditer à Paris et en collaboration avec Armand Gouzien un journal, qu’il désigne dans sa correspondance sous des titres divers : La Vie moderne, Rops-Magazine, Feuilles Volantes… Il est proche de le faire en 1871, mais se heurte à une interdiction de Ernest Courtot de Cissey, alors ministre de la guerre. Même chose en 1873, où Rops écrit à Auguste Poulet-Malassis que la Vie Moderne est « fondée et payée », avant que le projet soit à nouveau avorté, sans doute en raison de l’interdiction de toute création de journal dans la capitale, promulguée par le cabinet de Broglie le 31 juillet. L’année suivante, il est à nouveau prêt de le lancer, cette fois à Bruxelles et sous le titre de Feuilles Volantes, mais s’en trouve empêché par la séparation de biens que lui impose son épouse et qui lui crée des difficultés financières. En fin de compte, un journal intitulé La Vie Moderne est bien fondé à Paris, mais par Georges Charpentier qui en confie la direction à Émile Bergerat. Rops participa néanmoins à cette publication, comme en atteste les mémoires de Bergerat.

Les infidélités de Félicien (et notamment sa relation avec la jeune Alice Renaud, qui fut la goutte faisant déborder le vase) ont raison de son mariage avec Charlotte Polet de Faveaux. Par souci des convenances, Charlotte renonce au divorce mais réclame la séparation des biens. Chassé de Thozée, Rops quitte définitivement la Belgique et s’installe à Paris. Il y partage un temps l’atelier de son compatriote Louis Artan de Saint-Martin, puis s’installe dès 1876 chez les sœurs Léontine (1849-1915) et Aurélie (1852-1924) Duluc, créatrices d’une maison de couture, qui sont ses maîtresses depuis 18692. En 1870, Léontine donne déjà naissance à une fille, Claire. Rops lui offre une instruction sérieuse, l’envoyant notamment étudier en Angleterre avant de la marier, à 25 ans, à l’écrivain belge Eugène Demolder. Aurélie met quant à elle au monde un garçon, prénommé Jacques, qui, âgé de quelques jours, meurt subitement d’une embolie.

À Paris, Rops fréquente les milieux artistes du café Guerbois et du café Larochefoucauld, il est reçu par Victor Hugo… Il impressionne ainsi nombre de ses contemporains par son importante culture et sa mémoire prodigieuse.

Ami de l’archéologue Maurice Hagemans, il voyage avec lui en Suède en août 1874, dans le but d’assister à un congrès international sur la préhistoire. L’artiste tient à cette occasion une chronique dans le journal L’Indépendance belge, constituant à la fois un compte-rendu des conférences et un récit de voyage. En 1879, c’est accompagné de son ami Armand Gouzien, alors inspecteur des Beaux-Arts, et d’une délégation officielle qu’il part cette fois en Hongrie, pays dont il estime ses ancêtres originaires. Il y retourne du 7 au 20 août 1885, accompagnant quelque trente-cinq artistes et écrivains parisiens à l’Exposition internationale de Budapest.

Rops effectue aussi plusieurs voyages (en 1874, 1876 et 1877) à Monte-Carlo où il rend visite à son ami Camille Blanc. En 1887, il visite New York avec les sœurs Duluc qui y exportent leurs créations de mode. Il dessine ou peint en outre sur les bords de la Meuse, du Danube, à Barbizon, en Espagne ou en Algérie.

En 1884, Rops acquiert une propriété à trente kilomètres au sud de Paris, à Essonnes (aujourd’hui Corbeil-Essonnes). C’est dans cette habitation nommée La Demi-Lune qu’il passe sa retraite, se consacrant notamment à la botanique. Il s’éloigne ainsi de la ville mais pas vraiment du milieu artistique ou du cercle de ses proches, car se sont installés dans la même région certaines de ses relations comme Alphonse Daudet, Nadar ou Octave Uzanne. Il reçoit de plus chez lui nombre de vieilles connaissances.

Rops est désormais un artiste reconnu et consacré. En 1889, il se voit décerner la Légion d’honneur. En 1896, une rétrospective de ses œuvres est organisée à Paris par l’hôtel Drouot, tandis que la revue La Plume lui consacre un numéro spécial.

À la fin du mois d’avril 1892, alors qu’il est occupé à graver, Rops s’envoie du bichlorate de potasse dans l’œil. Il en aurait sans doute perdu la vue sans l’intervention du médecin ophtalmologiste Georges Camuset, connaissance de Rops pour qui l’artiste a réalisé en 1884 une eau-forte, destinée à l’édition des sonnets qu’écrit celui-ci. En dépit de cet accident, qui le handicapa vraisemblablement, Rops reste actif jusqu’à son décès en 1898.

Les funérailles de Rops ont lieu dans la simplicité à l’église Saint-Étienne d’Essonnes et il est inhumé au cimetière de cette même ville. Cependant, en 1906, son fils Paul fait exhumer ses restes. Rops est alors inhumé successivement à Namur, au cimetière dit « de Belgrade », et à Mettet où il repose désormais dans le caveau familial des Polet de Faveaux. Son épouse Charlotte l’y rejoint le 22 mars 1929.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.