Clément VI, Pape.

Pierre Roger (1291-1352), né au château de Maumont dans la paroisse de Rosiers-d’Egletons, en Corrèze, et mort à Avignon, est le 198e pape de l’Église catholique, sous le nom de Clément VI. Il est aussi le 4e pape d’Avignon.


Fils de Guillaume Roger, châtelain de Rosiers en Limousin, et de Guillemette de Mestre1, Pierre Roger prend en 1302 l’habit de bénédictin au monastère de la Chaise-Dieu. À seize ans, après avoir fait profession en 1305, son abbé l’envoie étudier la théologie à l’université de Paris. Après seize ans d’études, il est reçu en 1323 à trente-deux ans maître en théologie (doctorat obtenu le 23 mai 1323 par bulle du pape Jean XXII). Il a acquis une renommée d’orateur et de savoir-faire. Il devient prieur de Saint-Pantaléon en 1322, de Savigneux en Forez en 1323 puis de Saint-Baudille de Nîmes en 1324. À trente-cinq ans, il est nommé le 23 juin 1326 par le pape Jean XXII abbé de Fécamp, puis évêque d’Arras le 3 décembre 1328 et archevêque de Sens le 24 novembre 1329, ce qui lui donne un rang privilégié dans les assemblées du royaume.

Il devient l’homme de confiance de Philippe VI qui le fait entrer au Conseil royal. En 1330, à trente-neuf ans, il est peut-être chancelier de France, ou garde des Sceaux, ou faisant fonction, et en 1332 il dirige l’ambassade française1. En 1334, il s’emploie à chercher une issue honorable au conflit qui oppose le roi d’Angleterre Édouard III à Philippe VI de Valois. Il acquiert dans cette longue mission une excellente connaissance de la vie politique et la réputation d’un diplomate intelligent et habile. Il est également un théologien reconnu et fait partie en 1333 de la commission réunie par Jean XXII à Avignon pour examiner les écrits de Durand de Saint-Pourçain et Thomas Walleis.

Sur la recommandation commune du roi de France et du roi d’Angleterre, il est nommé archevêque de Rouen le 14 décembre 13305 (il n’y réside pas). Il y fonde un collège de seize chapelains, agrandit le domaine de Fresne et liquide les biens de l’archevêché situés outre-Manche. En décembre 1338, à quarante-sept ans, à la demande de Philippe VI, Benoît XII le nomme cardinal au titre Santi Nereo e Achilleo. Il ne réside pas non plus à Avignon, contrairement à l’usage, et reste au service du roi.

Dès qu’il eut connaissance du décès de Benoît XII, Philippe VI de Valois dépêcha Jean de Normandie pour influencer le Sacré Collège en faveur de son candidat le cardinal Pierre Roger. Malgré l’urgence, le prince héritier n’arriva que le 7 mai 1342 à Avignon au moment même où les portes du conclave se refermaient sur les cardinaux.

Clément VI était entré dans le palais construit pour Benoît XII mais Jean de Loubières fut chargé d’édifier un palais neuf digne du Magnifique et dès le début de l’été 1342 attaqua le chantier de la « tour de la Garde-Robe » et de la « tour des Cuisines ». Dans cette dernière, il plaça la « Bouteillerie » qui servit aussi à déposer la vaisselle d’or et d’argent de la table pontificale. Puis l’architecte s’attaqua au chantier du palais nouveau et à l’achèvement de la « tour du Trouillas ». Avec sa nouvelle façade, le palais prit l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. Et Clément VI fit placer les armoiries des Roger sur l’entrée principale, au-dessus du nouveau portail des Champeaux.

Mais surtout il fit couvrir les murs de fresques où ne figurent aucun motif religieux mais des scènes champêtres et de chasse. Sur quelques-unes de ces peintures on remarque l’emploi précoce de la perspective (cages à oiseaux et bassin). Le plus grand chantier fut assuré par Matteo Giovanetti, un prêtre de Viterbe, élève du grand Simone Martini qui se mourait à Avignon. Dans la chapelle du Grand Tinel, il fit le portrait du pape en saint Martial. Puis, en 1344, un nouveau peintre, Robin de Romans, fut chargé de décorer la chambre du Cerf où il représenta le frère et le neveu du Souverain Pontife.

Avec l’ancien conseiller de Philippe VI de Valois sur le trône pontifical, le sort du Dauphiné était scellé : il serait rattaché à la France. Sur l’initiative de Clément VI, un grand pas fut franchi au cours du mois de février 1343. Le roi et son fils aîné, Jean de Normandie, vinrent rencontrer Humbert II dans la cité papale.

Le Dauphin du Viennois, après des difficultés financières, vit proposer par le roi de France un arrangement qui le tirerait du besoin : s’il acceptait que le Dauphiné fut dévolu au second fils du roi après sa mort, ses dettes seraient réglées et il jouirait d’une rente annuelleN 10. Humbert sollicita un temps de réflexion.

Depuis quelques mois, il avait pris contact avec son oncle, Robert d’Anjou, pensant que le comte de Provence serait intéressé par l’achat de ses États qui jouxtaient les siens9. La réponse de Robert d’Anjou se faisait attendre puisque ce dernier venait de mourir à NaplesN 11. Le Dauphin tenta alors de trouver un palliatif. Le 29 mai 1343, il vendit leur indépendance à cinquante-deux paroisses des Alpes qui se regroupèrent pour former la « République des Escartons ». Mais sous la pression pontificale – il n’y aurait pas de levée d’excommunication si Humbert II n’obtempérait pas – le Dauphin signa un accord avec la France le 30 juillet 1343. Il était prêt à céder aux Valois son Dauphiné.

Le 27 mai 1348, Clément VI, malgré quelques réticences du Collège des cardinaux, n’hésita pas à nommer un nouveau prince de l’Église. Il faut dire que l’impétrant n’avait que dix-huit ans, qu’il était le seul de sa promotion et que le pape était son oncle et parrain. Pierre Roger de Beaufort reçut donc le chapeau de cardinal au titre de Sainte-Marie-la-Neuve. Jusqu’alors les seuls titres de gloire du futur Grégoire XI avaient été d’être chanoine à onze ans puis prieur de Mesvres, près d’Autun. Pour éviter tout problème, le cardinal-neveu fut expédié à Pérouse pour apprendre son droit.

Pour Clément VI sa famille tient dans l’Église une place que les contemporains jugent excessive : quatre de ses neveux furent cardinaux – dont l’un sera le pape Grégoire XI – et un autre archevêque. Un autre neveu par alliance, Hugues de la Roche fut maréchal pontifical. L’oncle Nicolas Roger, qui l’avait amené à entrer dans les ordres, fut récompensé par lui en devenant archevêque de Rouen, archevêché considéré à l’époque comme le plus riche de France. Quant à son frère Hugues Roger, élu pape en 1362, s’il renonça à la tiare par « humilité », il se rendit acquéreur durant son cardinalat d’un nombre impressionnant de fiefs qui furent tous rétrocédés à son neveu Guillaume III Roger de Beaufort et accumula un véritable trésor monétaire.

Dès le début de son pontificat, Clément VI fut entouré d’une kyrielle de médecins. H. Waquet, a relevé la présence de deux à trois plus un chirurgien de 1342 à 1347, dont six en décembre 1343 et quatre en octobre-novembre 1344. Il existe une notification de traitement faite par Étienne Seguin, le physicus pontifical en décembre 1343 : « bain d’eau de mer pour la guérison du pied pontifical ». Le pape souffrait de la goutte. À la fin de l’automne 1351, il dut s’aliter ravagé par la fièvre et de terribles souffrances. Guy de Chaulhac, le savant physicien de Montpellier fut appelé en consultation. Le 17 décembre 1351, cet expert homme de l’art avoua à l’entourage du pape que cette fatale indisposition était due à des calculs rénaux qui provoquaient des abcès purulents.

Ce fut à cette époque que Cola di Rienzo arriva sous bonne escorte, à Avignon, afin de comparaître devant le pape. Le tribun de Rome, après avoir quitté Naples, s’était rendu à Prague auprès de Charles IV de Luxembourg pour l’implorer de le désigner comme son Vicaire général pour l’Italie. L’empereur l’avait fait mettre aux fers puis envoyé dans la cité papale. Clément VI, trop épuisé, jugea toute entrevue inutile et Rienzo, le 22 septembre, fut emmuré dans la tour du Trouillas et étroitement surveillé par des sergents pontificaux.

En 1352, son état empira. Pétrarque en fut le témoin et en fit part dans une lettre à son ami le prieur des Saints-Apôtres.

Sentant venir sa fin prochaine, le 1er novembre 1352, le pape, pour régler certaines affaires de l’Église, envoya en France, en Angleterre et en Flandre les frères Daniele et Pietro de Carmignano, facteurs de Malabayla. Clément VI le Magnifique sentit venir sa mort au milieu d’atroces souffrances. Le 6 décembre 1352, vers midi, à la suite d’une dernière crise aiguë de gravelle, il expiraN 41. Avant de mourir le pontife avait renouvelé son désir d’être inhumé dans l’abbatiale Saint-Robert de la Chaise-Dieu.

Source : Wikipédia.

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