Auguste, Empereur de Rome.

Auguste, en latin Augustus, né sous le nom de Caius Octavius le 23 septembre 63 av. J.-C. à Rome, d’abord appelé Octave puis portant le nom de Imperator Caesar Divi Filius Augustus à sa mort le 19 août 14 apr. J.-C. à Nola, est le premier empereur romain, du 16 janvier 27 av. J.-C. au 19 août 14 apr. J.-C.

Issu d’une ancienne et riche famille de rang équestre appartenant à la gens plébéienne des Octavii, éduqué à Rome selon les coutumes de l’aristocratie républicaine, il devient, à 19 ans, en 44 av. J.-C. le fils adoptif posthume (par testament) de son grand-oncle maternel Jules César, peu après l’assassinat de ce dernier. Retournant en Italie d’où il s’était absenté pour terminer sa formation littéraire et philosophique, s’attachant un temps le soutien de Cicéron pour pouvoir réclamer son héritage et son nouveau nom, il forme peu après, avec Marc Antoine et Lépide, le second triumvirat afin de défaire les assassins de César dont il avait juré de se venger. Après leur victoire à Philippes, les triumvirs se partagent le territoire de la République romaine et gouvernent en monarques absolus disposant en maintenant la fiction républicaine dont ils contrôlent l’ensemble des rouages institutionnels. Progressivement, cette alliance se délite cependant, à la faveur des tentatives d’insurrection de Lépide en Afrique et de la politique de Marc Antoine, rompant de fait l’accord initial liant les trois partis : répudiant la sœur d’Octave, épousant Cléopâtre VII, il désigne les enfants qu’il a d’elle comme héritiers des provinces orientales de l’empire, et le triumvirat est dissous en 32 av. J.-C.. Lépide est exilé et Octave mène alors une large expédition militaire contre Marc Antoine, défait aux côtés de Cléopâtre à Actium, le 2 septembre 31 av. J.-C. ; les derniers ennemis d’Octave se suicident l’année suivante, laissant Octave seul maître de l’Empire romain.

Après la dissolution du second triumvirat, et la remise au Sénat et au peuple romain des pouvoirs exceptionnels dont il avait disposé au cours de la dernière décennie, Octave fait mine de restaurer les institutions républicaines. Bien qu’en théorie il rétablisse les prérogatives du Sénat, des magistrats et des assemblées législatives, il conserve alors dans les faits un pouvoir autocratique et continue de gouverner sans en référer au Sénat. Entre 31 et 23 av. J.-C., Octave, devenu en janvier 27 av. J.-C. Auguste, s’empare peu à peu, légalement, de pouvoirs qui lui sont conférés à vie par le Sénat, comme le commandement suprême des armées (réparties de manière permanente sur des provinces données), la puissance tribunitienne (qui lui permet ainsi d’avoir un pouvoir législatif important) ou la fonction de censeur (grâce à laquelle il réforme la liste des sénateurs pour s’assurer de la docilité de l’assemblée aristocratique). L’année 27 av. J.-C. marque ainsi traditionnellement l’avènement d’un nouveau régime politique à Rome : l’Empire, ou principat, dont Auguste est de fait le premier chef suprême, réunissant en sa personne le pouvoir de commander à la ville et aux armées, le pouvoir de faire les lois et d’opposer son véto, le pouvoir de recenser le peuple et de réformer l’album du sénat tout en bénéficiant de l’inviolabilité physique et sacrée, héritée des tribuns de la plèbe.

Il faut plusieurs années à Auguste pour développer un modèle de gouvernement dans lequel l’État républicain est gouverné par lui seul. Il refuse néanmoins de porter un titre monarchique et se baptise plus simplement Princeps Civitatis (« Premier de la Cité »). Le modèle de gouvernement adopte le nom de principat et constitue la première phase de l’Empire romain.

Avec le règne d’Auguste débute pour Rome une période de stabilité politique après un siècle de déchirement sociaux, politiques et de guerres civiles ayant agité tout l’empire territorial. L’essentiel des réformes structurelles apportées pendant le règne d’Auguste consiste en réalité à solder les profondes mutations que Rome avait connues au cours de sa formidable expansion en Méditerranée, rendant mécaniquement impossible (ou instable) la gestion d’une telle étendue par l’ancienne compétition aristocratique républicaine. Traditionnellement connue sous le nom de « Pax Romana », cette période marque la fin des troubles internes endémiques de la fin de l’époque républicaine. Le monde romain n’est alors plus menacé, au cours de cette période, par de grandes guerres d’invasion ou par des confrontations contre des rivaux équivalents pendant près de deux siècles. L’essentiel des guerres deviennent alors défensives,  ponctuellement de conquête. La superficie de l’Empire augmente de façon importante avec les annexions progressives de l’Égypte, de la Dalmatie, de la Pannonie, du Norique et de la Rhétie et les dernières conquêtes en Afrique, en Germanie et en Hispanie. Auguste stabilise les régions frontalières grâce à la création de zones tampons constituées d’États clients et parvient à conclure une paix avec l’Empire parthe de façon diplomatique.

Auguste réforme le système de taxation, développe les voies de communication en leur adjoignant un réseau officiel de relais de poste, et établit surtout une armée permanente postée dans des provinces données, et ancrées sur une frontière qui eut tendance à se matérialiser de manière pérenne : le limes. Il fonde la garde prétorienne, destinée à le protéger dans Rome, ainsi que toute une gamme de corps spéciaux dédiés à la gestion de la ville de Rome, tels les services de polices et de pompiers. Opérant une vaste réforme administrative de la capitale de l’Empire, la divisant en nouveaux quartiers, veillant à la salubrité des constructions et à la lutte contre les inondations et les incendies, Auguste transforme très largement le visage de la ville : une grande partie des monuments de la ville sont construits, rénovés et embellis durant son règne.

Auguste meurt en 14 apr. J.-C., à l’âge de 75 ans, probablement de causes naturelles, mais des rumeurs font état d’un possible empoisonnement à l’instigation de son épouse Livie. Son fils adoptif Tibère lui succède à la tête de l’Empire romain. Peu après sa mort, il est divinisé par le Sénat, entérinant de fait la naissance d’un culte voué à sa personne qui s’était progressivement répandu dans l’Empire.


Les années 40 av. J.-C. se révèlent décisives pour l’avenir d’Octave. À Rome, il suit l’enseignement de Marcus Epidius et d’Apollodore de Pergame, et s’attache les services du philosophe stoïcien Athénodore de Tarse. Il fait la rencontre d’amis qui auront une grande influence sur lui, comme Marcus Vipsanius Agrippa, Quintus Salvidienus Rufus ou Caius Cornelius Gallus. L’année de la bataille de Pharsale, Octave intègre le collège des augures puis est élu à la fin de la même année au collège des pontifes, le collège de prêtres le plus prestigieux des quatre grands collèges religieux romains (quattuor amplissima collegia), prenant la place de Lucius Domitius Ahenobarbus qui a trouvé la mort à Pharsale. C’est Jules César qui est intervenu pour placer Octave à cette position, la première de ses nombreuses interventions facilitant la progression d’Octave. Puis, peu après son seizième anniversaire, Octave quitte la toge prétexte pour revêtir la toge virile (toga virilis), le 18 ou 19 octobre -. En 46 av. J.-C., Octave se voit confier la préparation de jeux publics dans la tradition grecque, organisés pour commémorer les triomphes que célèbre César à son retour d’Afrique et la dédicace du temple de Vénus Genitrix construit par César. Ensuite, alors que ce dernier part présider les cérémonies des Féries latines sur le Mont Albain, il nomme Octave préfet de la ville de Rome jusqu’à son retour. Même si cette nomination est purement honorifique et ne confère aucune autorité, elle permet à Octave de se faire connaître auprès du peuple romain. À partir de -46, César apparaît en public avec Octave à ses côtés, alors qu’il se rend au théâtre ou à des banquets. Octave apparaît même chevauchant aux côtés de César lors de son triomphe pour ses victoires en Afrique le 15 juillet -46 et, bien qu’il n’ait même pas participé aux combats, César le gratifie de récompenses militaires. Octave semble avoir acquis une réelle influence sur César au point que certains lui demandent d’intercéder en leur faveur.

Selon le cursus honorum traditionnel des jeunes Romains, Octave doit acquérir une expérience dans le domaine militaire. César lui a déjà proposé de se joindre à lui avant son départ pour l’Afrique malgré le fait qu’Octave, de santé fragile, soit tombé malade. Bien qu’il ait atteint l’âge adulte, sa mère Atia demeure une figure dominante dans sa vie. Selon Nicolas de Damas, elle s’est opposée à son départ et César a fini par reconnaître qu’il était nécessaire de protéger la santé d’Octave. Néanmoins, Atia finit par laisser Octave quitter Rome. Il décide de rejoindre César en Hispanie où il se prépare à affronter Sextus Pompée qui résiste encore. Mais Octave tombe de nouveau malade et doit annuler son voyage.

Au début de l’année 45 av. J.-C., dès que son état de santé s’améliore, Octave, accompagné par quelques amis dont Marcus Vipsanius Agrippa, part pour l’Hispanie, mais son navire fait naufrage et après s’être échoués, Octave et ses compagnons doivent traverser des territoires ennemis avant d’atteindre le camp de César. Ce dernier paraît très impressionné par le sang-froid de son petit-neveu et de ses compagnons. Auprès de son mentor, Octave fait l’apprentissage de la vie civique et militaire24 et notamment de l’administration provinciale. Après la bataille de Munda, point culminant de la campagne, César et Octave restent en Hispanie jusqu’à l’été -45 avant de retourner à Rome. En septembre, César modifie secrètement son testament pour faire d’Octave son fils adoptif et son principal héritier et le confie en décembre aux Vestales.

Depuis son retour à Rome, l’autorité de César sur le Sénat ne cesse d’augmenter. Il est nommé consul pour dix ans et dictateur pour la même période, avec le pouvoir de nommer les consuls et la moitié des magistrats pour les années -43 et -42. À l’automne -45, César envoie Octave, accompagné d’Agrippa, Mécène et Rufus à Apollonia d’Illyrie, une grande et influente ville grecque selon Cicéron, non loin des légions rassemblées en Macédoine qui se préparent peut-être à une grande expédition contre les Parthes et les Daces. Début -44, César choisit Lépide comme maître de cavalerie et certains auteurs avancent qu’il projette de confier cette charge à Octave l’année suivante alors que ce dernier n’aurait eu que 19 ans, mais la réalité de cette décision reste contestée. Alors qu’il est à Apollonia, Octave achève ses études, approfondit sa connaissance de la culture grecque en échangeant avec le philosophe Arius Didyme et se prépare  vraisemblablement avec l’armée pour la prochaine expédition en Orient4. Vers le 25 mars -44, un courrier de sa mère lui apprend la mort de César, assassiné aux ides de mars -44. À cette date, le testament de César et sa décision de faire d’Octave son principal héritier et son fils adoptif est déjà rendu public, mais ce dernier en ignore pour l’instant le contenu, tout comme il ignore les circonstances exactes de l’assassinat.

Octave hésite tout d’abord sur l’attitude à adopter et se tourne vers son entourage qui semble divisé sur la conduite à tenir. Sa famille lui conseille la prudence, de peur de représailles des assassins de César, alors que ses amis qui l’ont accompagné à Apollonia, Agrippa et Rufus, sont favorables à une intervention directe en Italie avec l’appui des légions de Macédoine. Les officiers de ces légions quant à eux lui offrent leur protection s’il décide de rester sur place. Octave décide finalement de rentrer à Rome, mais en petit comité, accompagné seulement de ses amis les plus proches et prend un bateau pour l’Italie début avril. Il débarque à Otrante avant de se rendre le 10 avril à Lupiae, près de Brundisium. Il y passe quelques jours puis, sur la route vers Brundisium, il reçoit les lettres envoyées par sa famille et certains partisans de César qui lui apprennent le contenu du testament de César. Ce testament, ouvert et lu dans la maison de Marc Antoine à Rome le 19 mars, fait de lui le fils adoptif de César qui lui lègue les deux tiers de ses biens, le reste étant partagé entre ses cousins Quintus Pedius et Lucius Pinarius et le peuple romain.

Bien que traditionnellement les Romains adoptés adaptent leur ancien nomen en cognomen, il n’est pas certain qu’Octave ait pris le cognomen d’Octavianus, peut-être parce qu’il aurait trahi ses origines modestes. Néanmoins, les historiens modernes l’ont baptisé Octavien pour la période allant de son adoption à son accession au trône, afin d’éviter toute confusion avec Jules César, mais il apparaît qu’il est souvent appelé Caesar par ses contemporains, dès le 22 avril dans une lettre de Cicéron.

Octavien ne suit pas les conseils de sa mère et de son beau-père Philippus qui lui enjoignent la prudence en refusant l’héritage. Au contraire, il l’accepte et décide d’assumer son adoption. Octavien commence à réunir autour de lui de nombreuses personnes prêtes à soutenir sa cause, la plupart étant des clients ou des vétérans de César. Les soldats stationnés à Brundisium, qui attendent de partir pour la Macédoine pour participer à l’expédition en Parthie ou qui se chargent de l’approvisionnement lui font bon accueil et le reçoivent comme le fils de César. Dans sa marche vers Rome le long du tracé de la via Appia, sa présence et les moyens qu’il est parvenu à réunir attirent à lui les vétérans de César qui se sont établis dans les colonies de Campanie. Bien que prêt à se rassembler sur l’heure pour constituer une force armée et venger le meurtre de César, Octavien préfère temporiser. Avant d’entrer dans Rome, il marque plusieurs haltes en Campanie, le 18 avril à Naples où il rencontre Caius Oppius et Lucius Cornelius Balbus, à Puteoli où habitent Philippus et Atia, puis à Cumes où il rend visite à Cicéron, ainsi qu’à Hirtius et Pansa, proches de César et que ce dernier a désigné comme consuls pour l’année -43.

Le 6 mai -44, l’entrée dans Rome d’Octavien est discrète, en l’absence de Marc Antoine parti faire une tournée en Campanie, ses ennemis politiques ne le prenant probablement pas encore au sérieux. Suétone raconte qu’au moment de franchir les portes, le peuple romain est témoin d’un présage qui promet à Octavien une destinée digne d’un roi. Ces rumeurs répandant l’idée que la naissance d’Octavien est entourée de mystère et les récits de présages prétendument survenus durant sa jeunesse commencent à se multiplier, dès l’annonce de son adoption, afin de légitimer sa position d’héritier aux yeux du peuple.

Le Sénat, lors de sa réunion des 26 et 27 avril, finit par déclarer Marc Antoine et ses partisans ennemis publics, leurs biens sont confisqués. Après avoir bien plus récompensé Decimus Brutus qu’Octavien pour la victoire sur Marc Antoine, Decimus Brutus obtenant entre autres le droit de célébrer un triomphe, le Sénat tente de lui donner le commandement des légions79. Le Sénat confie dans un même temps le commandement de la flotte à Sextus Pompée et confirme Brutus et Cassius à la tête des provinces de Macédoine et de Syrie dont ils ont pris le contrôle. Ce retour en force des défenseurs de la cause républicaine accentue la solitude d’Octavien. Ce dernier refuse de coopérer et reste dans la vallée du Pô, ne joignant pas ses troupes à celles de Decimus Brutus pour participer à une nouvelle offensive contre Marc Antoine. La plupart des légionnaires demeurent fidèles à Octavien et c’est avec des troupes réduites que Decimus Brutus se lance à la poursuite de Marc Antoine80. Ce dernier se rétablit rapidement grâce à des renforts de Publius Ventidius Bassus et peut passer sans problème en Gaule narbonnaise où il rejoint les troupes de Lépide, gouverneur de Narbonnaise et d’Hispanie citérieure. Les officiers présents en Gaule se rallient peu à peu à Marc Antoine, reformant le clan des Césariens, et Decimus Brutus se retrouve isolé en nette infériorité numérique. Tentant de fuir vers l’Illyrie, il est capturé par un chef barbare soumis à Rome qui le met à mort. À Rome, le Sénat réagit en déclarant Lépide ennemi public fin juin et en confiant le commandement de la guerre contre les Césariens à Octavien.

En juillet -43, une ambassade formée de centurions est envoyée par Octavien à Rome pour demander que lui soit remis le consulat laissé vacant après la mort d’Hirtius et Pansa. Octavien réclame également que le décret déclarant Marc Antoine ennemi public soit abrogé. Alors que cette dernière demande est rejetée, il marche sur Rome à la tête de huit légions. Il ne rencontre quasiment aucune résistance, le Sénat ne parvenant pas à défendre correctement la ville malgré l’arrivée de légions d’Afrique. Le 19 août -43, il est élu consul avec son parent Quintus Pedius comme collègue. La rupture entre Octavien et son allié politique Cicéron est alors définitivement consommée, ce dernier ayant joué double jeu et tenté de manipuler le jeune héritier de César. En tant que consul, Octavien obtient par un senatus consultum la ratification de son adoption par César et la mise à disposition du trésor public pour payer son armée. Mais la première mesure qu’il prend est de faire condamner avec la promulgation de la lex Pedia les assassins de César et leurs alliés, parmi lesquels Sextus Pompée alors même que ce dernier a reçu récemment un haut commandement.

Octavien reçoit la lourde charge de répartir les dizaines de milliers de vétérans de la campagne de Macédoine que les triumvirs ont promis de libérer de leur service dans des colonies italiennes. De plus, les soldats qui ont combattu sous les ordres de Brutus et Cassius et qui pourraient rejoindre le camp d’un opposant politique s’ils ne sont pas apaisés, réclament également des terres. Or il n’y a plus de terres appartenant à l’État de disponibles. Deux options s’offrent alors à Octavien : s’aliéner des milliers de citoyens romains en confisquant des terres ou s’aliéner les soldats républicains. Octavien ne prend pas le risque de voir se retourner contre lui une force représentant plusieurs dizaines de milliers de soldats111. Plus de dix-huit villes romaines sont touchées par les réaffectations de terres avec un grand nombre d’habitants qui sont expulsés. Ces expulsions touchent surtout la classe moyenne des habitants de la péninsule italienne, les plus pauvres ayant été écartés du processus et les plus riches ayant payé afin d’être exemptés.

Ces déplacements de populations pour installer les vétérans entraînent une importante vague de ressentiment contre Octavien, et ce dès le début de la répartition des terres, la situation sociale étant déjà tendue à cause des proscriptions et des nouvelles taxes levées par les triumvirs. Nombreux sont ceux qui se rallient au consul Lucius Antonius, le frère de Marc Antoine, qui bénéficie d’un large soutien au Sénat et de celui de Fulvie, épouse de Marc Antoine.

Lors de son consulat de 27 av. J.-C., Auguste fait en sorte de donner l’impression qu’il restitue au Sénat ses anciens pouvoirs et qu’il relâche son contrôle sur les provinces et l’armée romaines. Mais dans les faits, durant son consulat, le Sénat ne dispose que d’un pouvoir limité. Il se contente d’initier de nouvelles législations en soumettant des projets de lois au débat. La somme des pouvoirs d’Auguste provient avant tout des pouvoirs de toutes les fonctions républicaines qu’il assume et qui lui ont été confiées progressivement par le Sénat et par le peuple.

Le reste de ses pouvoirs repose sur son immense fortune et sur une clientèle très nombreuse qu’il a réussi à réunir à travers tout l’Empire. La carrière de nombreux clients dépend de son patronage étant donné qu’il dispose d’un pouvoir financier inégalé dans la République romaine. Tous ses pouvoirs réunis forment la base de son auctoritas, qu’il assume pleinement comme la base de son action politique.

Auguste n’hésite pas à puiser dans sa fortune personnelle pour prendre en charge des travaux coûteux. Par exemple, en 20 av. J.-C., n’ayant pas réussi à convaincre suffisamment de sénateurs de participer aux frais de construction et d’entretien des routes en Italie, il décide de financer en partie les travaux. Ces gestes financiers sont portés à la connaissance du peuple afin de profiter à son image, par le biais des frappes de monnaie par exemple, comme en 16 av. J.-C., après un important don effectué au profit du trésor public, l’aerarium saturni.

Avant de quitter Rome pour rejoindre la Gaule puis l’Hispanie et les légions de Caius Antistius Vetus et de Titus Statilius Taurus, Auguste prend quelques précautions afin de s’assurer de la bonne gestion de la ville en son absence. Il confie le gouvernement à Agrippa, consul en 27 av. J.-C., et à Mécène, et nomme Marcus Valerius Messalla Corvinus préfet de la Ville pour l’année 26 av. J.-C., ressuscitant ainsi une ancienne institution tombée en désuétude. Auguste se rend d’abord à Narbonne où il arrive durant l’été 27 av. J.-C., accompagné de Marcellus, de Tibère et de six légions. Avant de passer en Espagne, il fait ériger un trophée à Lugdunum Convenarum, célébrant les victoires romaines des légats Titus Statilius Taurus et Caius Calvisius Sabinus sur les peuples pyrénéens.

Arrivé à Tarraco en fin d’année 27 av. J.-C., il y inaugure son huitième consulat le 1er janvier 26 avec Titus Statilius Taurus pour collègue. Auguste prend alors la tête des opérations militaires dans la campagne contre les Cantabres. Le front très étendu des opérations, qui comprend une bonne part du quart nord-ouest de la péninsule Ibérique, contraint Auguste à diviser son armée en plusieurs colonnes. Celle dont il a pris le commandement se dirige d’abord vers le nord à partir de Segisama, vers le golfe du Lion.

La campagne ne se déroule pas comme prévu, les Romains devant faire face à un ennemi difficile à cerner et qui met en place une tactique de guérilla. Le fait de ne pas pouvoir engager de bataille sur un terrain accessible prive Auguste d’une victoire rapide sur les peuples montagnards. Les Cantabres se retranchent dans leurs places fortes en altitude et entrainent l’armée romaine dans une guerre de siège. En ce qui concerne le front contre les Astures, la progression de la colonne de Publius Carisius est plus rapide, les confrontations avec l’ennemi étant plus nombreuses et de plus grande ampleur.

À la fin de l’année 26 av. J.-C., Auguste, qui est tombé malade, installe ses quartiers d’hiver à Tarraco. La maladie l’empêche de reprendre la tête de son armée au début du printemps et il reste à Tarraco jusqu’à la fin de l’année 25 av. J.-C.. Pendant ce temps, les légats d’Auguste poursuivent les opérations militaires et obtiennent quelques succès qui poussent le chef des Cantabres, Corocotta, au suicide après la chute d’une de ses principales forteresses. Auguste fonde une nouvelle ville en Hispanie afin d’y installer ses vétérans, baptisée Colonia Iulia Augusta Emerita.

De retour à Rome en 24 av. J.-C., Auguste peut constater l’évolution des travaux engagés depuis 33 av. J.-C. par Agrippa, surtout sur le Champ de Mars, un terrain facile à bâtir car situé en périphérie de la ville et peu urbanisé. Agrippa bénéficie de ressources considérables amassées lors de la proscription de 43 av. J.-C. et à l’issue de la guerre civile contre Marc Antoine. Sa fortune lui permet de mettre en place un véritable programme architectural mis au service de la gloire de l’empereur, ce que ce dernier ne peut se permettre de faire lui-même sans risquer de s’attirer l’hostilité du Sénat.

Au début de l’année 23 av. J.-C., l’état de santé d’Auguste s’aggrave, au point qu’il décide de remettre officiellement son sceau à Agrippa en présence de magistrats et des principaux sénateurs et chevaliers. La maladie d’Auguste inquiète son entourage qui se pose des questions sur la gestion de la succession de l’empereur. Mais Auguste semble vouloir maintenir délibérément une ambiguïté à ce sujet, ne prenant pas de position claire. Il a d’abord semblé accorder une place particulière à Marcellus qui a épousé sa fille Julie mais dans un même temps, lorsque sa santé décline, il partage les responsabilités entre Agrippa et son collègue au consulat Cnaeus Calpurnius Piso à qui il confie des documents officiels concernant la gestion de l’Empire. Peut-être persuadé d’être sur le point de mourir, Auguste aurait renoncé à mettre en place une succession dynastique et aurait jugé plus raisonnable de transmettre sa fortune et sa clientèle à Agrippa, un pouvoir considérable, tandis qu’il remettrait ses pouvoirs de prince au Sénat et au peuple.

Contre toute attente, Auguste parvient à se rétablir d’une hépatite virale, grâce en partie à son médecin personnel Antonius Musa qui est récompensé pour ses loyaux services. Le rétablissement d’Auguste rend caduques les dispositions précédentes mais les tensions autour de la question de la succession demeurent très vives, surtout dans son entourage proche.

Après 40 ans de règne, Auguste meurt le 19 août 14 apr. J.-C. alors qu’il se trouve à Nola, ville natale de son père, à l’âge de 75 ans. Tacite et Dion Cassius rapportent tous les deux que Livie aurait servi à son époux des figues empoisonnées mais ces allégations restent sans preuve.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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