Aloys Senefelder, acteur, auteur dramatique et imprimeur.

Aloys Senefelder, né le 6 novembre 1771 à Prague, et mort le 26 février 1834 à Munich, est un acteur et auteur dramatique allemand. Il est l’inventeur de la technique de la lithographie en 1796, afin d’imprimer son propre travail d’auteur, et devint imprimeur.


Fils d’un acteur du théâtre royal, Aloys Senefelder naît à Prague où son père, Munichois originaire de Franconie, est attaché au théâtre de la cour de Bavière. Son père le pousse à faire des études de droit. Il obtient une bourse qui lui permet d’étudier la jurisprudence à Ingolstadt. La mort de son père en 1791 l’oblige à abandonner ses études afin de subvenir aux besoins de sa famille.

Aloys Senefelder est depuis toujours attiré par le théâtre. Il joue dans des troupes d’amateurs, étudiants comme lui, parcourt l’Europe avec une compagnie nomade pendant deux ans. À Munich ses talents d’acteurs ne sont pas à la hauteur de ceux de son père, il occupe plutôt des rôles subalternes. Il s’est cependant essayé à l’écriture. Une de ses premières pièces, intitulée Les connaisseurs de Femmes, reçoit un bon accueil. Lorsqu’une création est montée et imprimée, la vente lui rapporte un petit bénéfice, ce qui le motive à poursuivre dans cette voie. Il publie trois drames : Mathilde d’Altenstein, Les frères d’Amérique, Les Goths en Orient. Il s’aperçoit très vite qu’éditer des pièces de théâtre n’est pas facile. Il se convainc qu’imprimer lui-même serait une bonne solution, mais il ne dispose pas des fonds nécessaires à l’achat d’une presse, de caractères et de papier4. Senefelder cherche un procédé moins coûteux qui lui permette d’imprimer ses œuvres sans avoir recours aux techniques traditionnelles de l’imprimerie. Il expérimente différents procédés pendant deux ans, dans un contexte de misère. Les moyens financiers sont au plus bas pour sa mère, ses huit frères et sœurs et lui-même.

Après une longue période d’essais et d’erreurs, ne disposant de pas assez de métal, il a l’idée d’utiliser la pierre qui lui servait à préparer ses couleurs au lieu des plaques de cuivre et de zinc qui ne lui ont donné que des résultats médiocres. Cependant le procédé qui consiste à remplacer la plaque de métal par une plaque de pierre n’a en soi rien de nouveau puisque  Senefelder reconnaît avoir vu des plaques d’ardoises dans la boutique d’un imprimeur. La véritable découverte de Senefelder, qui se fera plus tard, relève de la chimie.

Pour le moment, faute d’encre et de papier, il réemploie une pierre pour y écrire une liste à l’aide d’un mélange de cire, de suif, de noir de fumée et d’eau dont il se sert pour ses plaques de métal. Il a alors l’intuition de plonger la pierre dans un bain fait d’une mesure d’eau-forte pour dix mesures d’eau. Au bout de cinq minutes, les parties écrites sont restées intactes et font maintenant saillie de l’épaisseur d’une carte à jouer. Les ayant encrées de façon satisfaisante au bout d’un certain nombre d’essais, il réalise un tirage dont la qualité le persuade de continuer à développer ce procédé. Senefelder appelle cette nouvelle  technique « Chimiegrafie » (« chimigraphie ») ou plus spécifiquement, « Steindruckerei » (« imprimerie sur pierre »).

Il applique ce procédé pour imprimer une page de partitions de musique et montre le résultat au compositeur Franz Gleissner, qu’il a connu lors de ses débuts au théâtre. Celui-ci est immédiamment séduit par le résultat. Jusque là, éditer des partitions musicales est coûteux en typographie : on doit graver sur cuivre les partitions musicales, ce qui demande un grand savoir-faire, avec l’inconvénient du temps passé à effectuer le travail. Cette rencontre avec le compositeur Franz Gleissner est déterminante : associés, ils fondent une maison d’impression et les œuvres musicales de M. Gleissner deviennent les premières productions de la lithographie en 1796. À ce même moment, Senefelder reçoit le soutien de clients importants : M. Falger et Johann André d’Offenbach éditeurs de musique à Munich ainsi que M. Steiner directeur de l’instruction publique en Bavière. Mais les affaires connaissent nombre de vicissitudes qui obligent Senefelder à améliorer inlassablement son procédé.

La technique de Senefelder demande toujours une écriture ou un dessin manuels, qui ne peuvent pas être confiés à un ouvrier non spécialisé ; la correction d’erreurs est possible, mais compliquée. Pour Senefelder, l’écriture des planches de partitions n’est pas aisée pour autant, d’autant plus qu’il faut exécuter le tracé à l’envers sur les pierres. Cette première forme de l’« impression sur pierre » est toujours basée sur le relief, les parties imprimantes de la pierre étant en très légère saillie. C’est à la suite d’une maladie de son associé M. Gleissner que l’invention de la lithographie moderne va vraiment émerger.

Ne pouvant plus disposer de l’aide du compositeur Geisner pour le tracé des partitions à l’envers, Senefelder se retrouve dans l’embarras. Mais il remarque qu’en écrivant sur du papier avec un crayon de plombalgine, puis en mouillant le papier et en l’appliquant en pression sur la pierre on peut reporter l’écriture à l’envers sur la pierre5. Il découvre ainsi le principe de l’autographie qui le mène petit à petit à la conception de la lithographie moderne, jouant sur l’antagonisme purement chimique des surfaces de pierre restées nues (hydrophiles) et celles qui reçoivent l’encre grasse (hydrophobes). Il s’aperçoit en même temps de l’infinie variété et de la liberté dans les techniques qu’offre son invention. La lithographie n’est pas seulement un moyen de concurrencer la gravure ou la typographie, mais aussi un nouveau mode d’expression qui n’oblige plus les artistes à acquérir une technique fastidieuse : la partie strictement technique, préparation de la pierre et tirage, pouvant être laissée aux soins d’un ouvrier.

L’année 1799 marque l’envol de la lithographie, avec une pleine  reconnaissance de son inventeur. Le roi de Bavière Maximilien-Joseph lui accorde un priviliège de quinze ans. Senefelder et Gleisner projettent d’ouvrir des ateliers à Paris et à Londres et enregistrent le procédé.

  • En 1800 un mémoire descriptif de l’invention est déposé au bureau des brevets de Londres.
  • En 1802, en France, un brevet de dix ans est accordé le 11 février, sous le titre « Nouvelle méthode de graver et d’imprimer ».
  • En 1803 Senefelder demande un brevet en Autriche et s’installe à Vienne.

La famille André fonde une première imprimerie lithographique à Paris, rue du Pont-aux-Choux en 1802, mais elle ne laisse que peu de trace de son activité, notamment un portrait d’homme dû à l’artiste Louis-Léopold Boilly.

Senefelder se retrouve aussi concurrencé par des ouvriers qu’il a formé ou des investisseurs qui rachètent les brevets. M. Strohofer s’établit à Stuttgart avec le financement de M. Cotta. M. Volvieler installe une imprimerie à Londres. En 1815, à Paris, M. Engelmann fonde une imprimerie  lithographique rue Cassette et le comte de Lasteyrie inaugure son établissement rue du Bac.

Au mois de janvier 1834 Senefelder est atteint de cécité, à 63 ans. Il meurt le 26 février 1834. Il est enterré à l’ancien cimetière du Sud (Munich). Une station du métro de Berlin porte son nom ; à proximité se trouve un monument à sa mémoire par Rudolf Pohle.

Source : Wikipédia.

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