Ville de Douala (Cameroun).

Douala est la capitale économique et le principal centre d’affaires du Cameroun, en Afrique centrale. Peuplée de 3,9 millions d’habitants, elle est l’une des deux plus grandes villes du pays avec la capitale politique Yaoundé. La ville se développe à partir de son port de commerce sur l’estuaire du fleuve Wouri ouvert sur le golfe de Guinée. Chef-lieu de la région du Littoral et du département du Wouri, elle a le statut de communauté urbaine constituée de six communes d’arrondissement.


Faute d’écrits, l’histoire de Douala, comme celle du Cameroun et d’une grande partie de l’Afrique centrale, ne nous est connue que par des témoignages extérieurs, très rares avant le XVe siècle.

Au ive siècle av. J.-C., un explorateur carthaginois du nom de Hannon longe les côtes africaines, découvre de hautes montagnes en éruption qu’il nomme, « Char des dieux », puis une baie qu’il appelle « corne du Sud ». Hannon aurait ainsi découvert le mont Cameroun. On doute aujourd’hui que les Carthaginois soient allés aussi loin.

Entre les Xe et XIIIe siècles, certaines communautés (les bakokos et les bassas), auraient résidé à Ngog Lipondo (en bakoko) ou Ngog Lituba (en bassa) avant de descendre jusqu’aux berges du fleuve Wouri dans la région du Littoral.

Au XVe siècle, en 1472, des explorateurs portugais conduits par Fernâo do Po reconnaissent la côte de l’actuel Cameroun. Ils découvrent notamment une grande montagne, puis l’estuaire d’un fleuve doté d’une grande population de crevettes. Ils baptisent la montagne Serra de Fernao do Po et le fleuve Rio dos Camaroes (Rivière des crevettes). Ils auraient ainsi reconnu le Mont Cameroun et l’estuaire du Wouri, le fleuve qui traverse Douala.

Les Espagnols arrivent plus tard et délogent les Portugais mais adoptent le nom donné par ces derniers, l’adaptant en espagnol : Rio de Camarones.

En 1578, les Douala, partis du bassin du Congo , s’installent non loin de l’estuaire. Les nouveaux arrivants trouvent sur place deux autres peuples, les Bakoko et les Bassa .

L’« estuaire des crevettes » est sans doute le Wouri (dérivé du nom Ewoli/Ewodi), car l’espèce de crevettes dite mbeatoe (Callianassa Turnerana White) remonte l’estuaire tous les trois à cinq ans et envahit le fleuve, phénomène très surprenant.

Les Portugais s’installent au large, dans l’île de Bioko, qu’ils  baptisent Fernando Poo, et délaissent la côte.

Jusqu’au XIXe siècle, la plupart des Européens qui viennent au Cameroun sont des commerçants, notamment des Portugais, des Espagnols, des Hollandais, des Français, des Anglais et des Allemands. Ils achètent de l’ivoire, du caoutchouc, des esclaves (…) en échange d’alcool, de produits manufacturés, de poudre (…) aux habitants de la région côtière qui leur servent d’intermédiaires avec l’intérieur du pays. Cette situation dure jusqu’à la colonisation du Cameroun par les Allemands en 1884.

En 1840, l’Anglais Thomas Buxton prend la tête d’une expédition britannique vers les côtes ouest-africaines. Il est accompagné entre autres par le pasteur jamaïcain John Clarke et son compatriote le Dr G.K. Prince. Le 1er janvier 1841, l’expédition de T. Buxton fait une escale à Fernando Po (Malabo : actuelle capitale de la Guinée équatoriale). Mais compte tenu des circonstances assez favorables pour leur mission d’évangélisation, l’expédition décide de s’établir sur l’île. De là, le pasteur Clarke et le Dr Prince pénètrent en amont de l’estuaire. C’est ainsi qu’ils établissent les premiers contacts avec les riverains. Les Anglais rebaptisent le Rio de Camarones Cameroons Town.

Une fois retournés en Angleterre, Clarke et Prince recrutent pour la prochaine mission africaine. Parmi les recrues, un dessinateur des docks de l’Amirauté de Dovonport, Alfred Saker.

En février 1844, arrivé à Fernando Po, Alfred Saker opère sa première conversion en la personne de Thomas Horton Johnson. Ce dernier  l’accompagne l’année suivante dans sa première mission de pasteur africain du Béthel à Cameroons Town. Le 16 juin 1845, Alfred Saker et Johnson s’établissent sur les terres de King Akwa, à l’endroit où se trouve aujourd’hui le temple du centenaire, à Douala. Au même moment, Joseph Jackson Fuller arrive à Fernando Po en provenance de la Jamaïque, et apporte vite une contribution décisive à la « Mission Afrique ».

En 1872, se servant des travaux du révérend jamaïcain Joseph Merrick sur la grammaire de la langue Isubu, Alfred Saker traduit les saintes Écritures en langue douala.

Le 12 juillet 1884, un traité de protectorat est signé avec les rois Douala, négocié par le Dr E. Schmidt, le représentant de la firme allemande Woermann-Linie.

Le 14 juillet 1884, l’explorateur allemand Gustav Nachtigal, exerçant comme Consul de son pays en Afrique du Nord, débarque dans l’estuaire de Cameroons Town pour prendre possession du territoire. Le drapeau de l’Empire allemand est hissé sur Bell Town, en présence des représentants d’autres communautés douala, comme Akwa Town, Hickory Town et Deido Town, plus précisément sur le plateau Joss10. La ville, qui compte à peine 30 000 habitants, devient sous le nom allemand de Kamerunstadt la capitale du pays de 1885 à 1901.

En 1888, Théodor Christaller fonde la première école sur le plateau Joss, sur le site de l’actuel Douala.

Le 1er janvier 1901, par décret du gouverneur allemand, la ville devient Douala. Le nom d’origine, Kamerunstadt, est transmis à l’ensemble du pays. Par ailleurs, la capitale est transférée à Buéa jusqu’en 1908, date à laquelle elle revient à Douala, pour repartir à Yaoundé en 1910.

En 1905, une pagode est construite à Bonanjo, quartier de la ville, par le roi August Manga Ndoumbe. Il s’agit toujours d’un monument emblématique de la ville : c’est le Palais des rois Bell.

Un différend d’interprétation du traité de 1884 entre les rois Douala Manga Bell (August Manga Ndoumbe, décédé vers 1910), Dika Mpondo Akwa et les autorités allemandes, relatif à des questions foncières ayant entraîné des expropriations, conduit le roi à fomenter des émeutes en 1910. Par la suite, les autorités traditionnelles tentent de soulever le reste du Cameroun contre les autorités allemandes. Le 8 août 1914, au terme d’un long procès, le roi du peuple douala, Rudolf Douala Manga Bell, principal instigateur du complot anti-allemand, et son secrétaire Ngosso Din, sont condamnés à mort et pendus.

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, les troupes alliées envahissent le Cameroun. Le 27 septembre 1914, un détachement français appuyé par des navires britanniques sous les ordres du général Charles Dobell et français prennent la ville. Le corps expéditionnaire franco-britannique l’occupe jusqu’au 2 avril 1916, date à laquelle les troupes britanniques se retirent. Durant la Première Guerre mondiale, les Français et les  Britanniques implantent leur base arrière dans le village de Suellaba, près de Douala. Après la Première Guerre mondiale, le territoire camerounais revient à la France et au Royaume-Uni sous mandat de la Société des Nations.

En 1927, la ligne de chemin de fer du centre relie Douala à Yaoundé. La même année est également construite une halle commerciale au bord de la Besseke, afin de centraliser le commerce et de mieux prélever les taxes.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les autorités camerounaises restent d’abord fidèles à l’État français. Au cours de la nuit du 25 au 26 août 1940, le capitaine Leclerc et ses 22 hommes débarquent dans les marais de Douala et rallient le détachement du capitaine Louis Dio (armée française régulière du Cameroun) à la cause de la France libre. Celui-ci revenait de Fort-Lamy (N’Djamena) avec un détachement de tirailleurs sénégalais.

En septembre 1945, dans la ville, des colons ouvrent le feu sur une manifestation de grévistes la faisant dégénérer en émeute. Les  affrontements s’étendent et un avion sera même utilisé pour mitrailler les émeutiers. Officiellement, selon les autorités coloniales, le bilan serait de 8 morts et 20 blessés mais, selon l’historien Richard Joseph, ce bilan serait très inférieur à la réalité et les morts se compteraient en dizaines.

C’est principalement à Douala que s’organisent après 1945 les premiers syndicats du Cameroun. C’est également à Douala qu’est fondé l’Union des populations du Cameroun (UPC) en 1948. Dans les années 1950, le chef de la région de Douala Léon Salasc s’emploie à neutraliser toute contestation à travers une surveillance généralisée de la population. André Bovar, le président de l’Assemblée territoriale du Cameroun, précise : « Léon Salasc tenait la ville tout à fait en main. Il avait un service de renseignement très au point. Au point de savoir, parmi les Européens, qui couchait avec qui. Quand un Européen protestait, il lui disait : on sait que vous avez couché avec un tel. Le gars se calmait. »

Comme d’autres villes camerounaises, Douala est le théâtre en mai 1955 de manifestations contre l’arrestation de militants indépendantistes. Une fusillade autour de la prison provoque, selon les chiffres de la gendarmerie, sept morts et une soixantaine de blessés parmi les manifestants. Le siège de l’Union des populations du Cameroun (UPC) est incendié peu après.

Douala se trouve régulièrement en opposition avec le pouvoir en place dans les années 1990. En 1991, une opération ville morte aboutit à des élections présidentielles anticipées. John Fru Ndi, alors principal opposant au régime, arrive en tête du scrutin présidentiel de 1992 à Douala. Son parti, le Front social démocrate, arrive en tête des élections municipales de Douala en 1996.

Le gouvernement central de Yaoundé aurait alors « fermé le robinet des crédits » à Douala, et modifié la loi de finance dès 1996 pour centraliser au niveau de l’État les recettes municipales de Douala. Ainsi, entre 1996 et 2001, la ville de Douala n’aurait reçu que de petites parties du budget qui lui était dévolu (par exemple, pour l’exercice 1999-2000, la ville n’aurait reçu que 800 millions de francs CFA sur son budget de 69 milliards). La suspension du budget municipal aurait rendu impossible l’entretien de la voirie, et causé sa dégradation. Les routes de la ville, non revêtues et non entretenues, se seraient ainsi fortement dégradées, rendant certains quartiers inaccessibles en voiture pendant la saison des pluies. Il en aurait été de même pour l’adduction d’eau et les caniveaux. Cela aurait d’ailleurs participé à engendrer l’épidémie de choléra qui est apparue dans la ville en 2004. Cette mauvaise voirie aurait engendré le développement des  Bensikins, les taxis-motos de Douala. Cependant, depuis la victoire du RDPC (parti présidentiel) aux élections municipales et législatives de 2002, de nombreux travaux de réfection de la voirie auraient été mis en œuvre.

Douala, comme d’autres métropoles africaines, n’échappe pas à la violence urbaine qui explose lors d’émeutes ou de pillages. En 2000, le  gouvernement met sur pied un « commandement opérationnel » pour lutter contre le banditisme à Douala, permettant de faire intervenir l’armée. Le commandement opérationnel prend la forme d’un escadron de la mort, tuant plus d’un millier de personnes en quelques mois. Il sera découvert en 2001 qu’une partie des tués n’avait pas de rapport avec le crime organisé.

Source : Wikipédia.

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