Robert Morrison, missionnaire.

Robert Morrison (en chinois simplifié : 马礼 逊 ; chinois traditionnel : 马礼逊 ; pinyin : mǎ lǐ xùn) est un missionnaire écossais né le 5 janvier 1782 à Bullers Green près de Morpeth dans le Northumberland et mort le 1er août 1834 à Canton.

Il est le premier missionnaire protestant en Chine où il arrive en 1807, envoyé par la London Missionary Society. La Chine étant à cette époque fermée aux étrangers, il opère depuis Macao (colonie portugaise), Canton (seul port chinois ouvert au commerce international sous l’ère Qing) et Malacca (colonie néerlandaise), et se concentre sur l’étude du chinois et la traduction des textes chrétiens, ce qui fit de lui un sinologue, un lexicographe et un pionnier de la traduction entre le chinois et l’anglais.


Après 3 ans d’étude intensive du chinois, Morrison est consacré pasteur à l’Église écossaise de Swallow Street à Londres le 8 janvier 1807 et s’embarque la même année pour l’Orient. Il n’ignore rien des dangers et des difficultés qui l’attendent, qui lui sont confirmées par les premières personnes qu’il rencontre à son arrivée à Macao le 4 septembre 1807 – au terme d’un voyage compliqué incluant une longue escale à New York : la Chine est strictement interdite aux étrangers, et le gouvernement a interdit aux Chinois d’enseigner la langue à qui que ce soit, sous peine de mort. De plus, aucun étranger n’était autorisé à séjourner en Chine, sauf à des fins commerciales. Enfin, les missionnaires catholiques de Macao, protégés par les Portugais, seraient violemment hostiles, et monteraient le peuple contre un missionnaire protestant. À peine 3 jours après son arrivée, il est  d’ailleurs expulsé par les autorités de Macao et se doit se rendre dans la zone dite des « treize usines » située à l’extérieur de Canton, où se trouvent les entrepôts et établissements de commerce étrangers autorisés à commercer avec la Chine. Là, il mène une vie de clandestinité et de solitude, le plus souvent reclus dans une petite chambre, étudiant le chinois avec un professeur qui exige des sommes exorbitantes et largement escroqué par ses domestiques chinois.

Malade, Morrison doit retourner à Macao le 1er juin 1808. Il revient avec une parfaite maîtrise du mandarin et du cantonais mais il est toujours aussi pauvre et clandestin. Misérablement logé à Macao, il continue, travaillant sur son dictionnaire chinois et prie même en chinois, afin d’en faire sa nouvelle langue maternelle.

En 1809, il rencontre Mary Morton, 17 ans, qu’il épouse le 20 février de la même année à Macao, qui lui donnera trois enfants : James (né le 5 mars 1811, mort le même jour), Mary Rebecca (née en juillet 1812) et John Robert (né le 17 avril 1814).

Le jour de son mariage, Robert Morrison est nommé traducteur de la Compagnie des Indes orientales britannique avec un salaire de 500 livres par an. Sa maîtrise de la langue chinoise était déjà reconnue par ces hommes d’affaires avisés, qui en percevaient la valeur pour leurs négociations commerciales. Ce poste lui permet enfin d’avoir une certaine sécurité et de pouvoir continuer à travailler. Sa fonction dans la compagnie, sans entraver la poursuite de son œuvre missionnaire qui reste sa priorité, lui permet de perfectionner son chinois, de multiplier ses contacts avec les Chinois et de se déplacer plus librement.

Il doit cependant retourner seul à Canton, car les femmes étrangères n’étaient pas autorisées à y résider. La mer entre Macao et Canton étant infestée de pirates audacieux, chaque voyage est source d’angoisse. Mary Morrison en souffre d’autant plus qu’elle n’a pas d’autre soutien que son mari. Les lettres d’Angleterre sont rares, les résidents anglais et américains plus préoccupés de leurs affaires que de questions spirituelles, et les Chinois s’opposent parfois aux Morrison. D’autre part, ses assistants chinois le  volent fréquemment.

Robert Morrison achève néanmoins sa grammaire chinoise en 1812, et l’envoie au Bengale pour la faire imprimer. Pour des raisons inconnues, il n’en entend plus parler pendant trois années d’angoisse, mais elle est finalement bien imprimée, et devient un ouvrage de référence10. Morrison imprime ensuite un tract et un catéchisme. Il traduit le livre des Actes des Apôtres en chinois, et en fait imprimer mille exemplaires localement à prix d’or, ce qui confirme la faisabilité d’imprimer localement ses ouvrages. Puis il traduit l’Évangile de Luc qui est également imprimé. L’évêque catholique de Macao, en ayant obtenu un exemplaire, le fait brûler comme livre hérétique. Les émoluments de Morrison sont portés à 1 000 livres par an par la Compagnie. Il publie également en anglais un recueil de traduction de littérature populaire chinoise intitulé Horae Sinicae.

Les autorités chinoises s’émeuvent lorsque certains des ouvrages imprimés par Robert Morrison tombent entre leurs mains. Un édit est alors publié, proscrivant l’impression et la publication de livres chrétiens en chinois sous peine de mort. Morrison fit parvenir une traduction de cet édit en Angleterre, tout en assurant les administrateurs de la London Missionary Society qu’il avait l’intention de poursuivre sa mission avec détermination. Sa position au sein de la Compagnie des Indes orientales lui apportait sans doute une certaine protection, et il était d’autre part l’auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire qui n’étaient pas des publications visées par l’édit. Toutefois, cet édit rendait l’installation d’un autre missionnaire à Canton plutôt hasardeuse au moment où la société des missions de Londres envoyait en Chine le révérend William Milne et son épouse.

Le 4 juillet 1813, ceux-ci arrivent à Macao. Malgré tous les efforts que Morrison avait pu déployer, cinq jours après leur arrivée, le gouverneur leur notifie sa décision : ils avaient huit jours pour partir. Non seulement les Chinois s’étaient opposés avec véhémence à leur installation, mais encore l’évêque catholique avait demandé à ce qu’ils soient expulsés. Prudents, les résidents anglais de Macao n’étaient pas intervenu de peur que leurs intérêts commerciaux n’en soient affectés. Tandis que leurs épouses restent à Macao, William Milne et Robert Morrison s’établissent alors à Canton, en attendant le prochain mouvement des autorités. Morrison en profite pour aider Milne à apprendre le chinois.

Robert Morrison baptise son premier converti le 14 mai 1814, sept ans après son arrivée en Chine. La même année, la Compagnie des Indes orientales entreprend l’impression du Morrison’s Chinese Dictionary, engageant 10 000 livres sterling pour ce travail, et faisant appel à sonpropre imprimeur, Peter Perring Thoms, ainsi qu’à une presse à imprimer qu’elle fait venir d’Angleterre. La Société biblique a voté deux subventions de 500 livres sterling chacune pour couvrir les frais d’impression du Nouveau Testament. L’un des directeurs de la Compagnie des Indes orientales lègue également à Morrison 1 000 dollars chinois pour la propagation de la religion chrétienne. Il consacra cette somme à l’impression d’une édition de poche du Nouveau Testament. L’édition précédente était d’une taille peu commode, ce qui n’était pas un défaut mineur dans le cas d’un livre interdit, susceptible d’être saisi et détruit par les autorités. Dès lors, de nombreux Chinois ont pu emporter de Canton vers l’intérieur de la Chine un ou plusieurs exemplaires de ce livre caché dans sa robe ou parmi ses affaires. Malade, Mary Morrison est envoyée en Angleterre avec ses deux enfants. Pendant six ans, son mari devra travailler dans la solitude. Toujours en 1814, il termine sa traduction en chinois de la Genèse. en 1815, il publie simultanément sa grammaire chinoise et la première partie de son dictionnaire chinois (dont la parution du dernier des 6 volumes aura lieu en 1823).

En 1817, l’université de Glasgow accorde à Robert Morrison un doctorat honoris causa en théologie. La même année, il accompage Lord Amherst dans un voyage diplomatique à Pékin, ce qui lui permet de découvrir enfin la Chine de l’intérieur. En 1819, la traduction en chinois de la Bible complète est publiée. Quelques-uns des livres de l’Ancien Testament ont été traduits avec l’aide de Milne, notamment le livre de Job et les livres historiques.

En 1820, Morrison rencontre l’homme d’affaires américain David Olyphant à Canton15, ce qui marque le début d’une longue amitié entre les deux hommes. David Olyphant donna comme prénom à son fils Robert Morrison Olyphant.

Le 10 juin 1821, Mary Morrison, revenue d’Angleterre l’année précédente, décède du choléra et est inhumée dans le cimetière protestant de Macao.

En 1822, Morrison se rend à Malacca et à Singapour, puis arrive en Angleterre en 1824 où il passe l’essentiel des années 1824 et 1825. Il rapporte en Angleterre une importante collection de livres chinois qu’il se propose d’offrir à une université anglaise. Comme aucune ne les accepte, les livres restent 10 ans dans les réserves de la London Missionary Society avant d’être finalement acceptés par la bibliothèque d’University College de Londres. Durant son séjour à Londres, il crée la Language Institution pour enseigner les langues aux missionnaires.

Il a également l’occasion de présenter sa Bible chinoise au roi George IV, et d’être reçu dans tous les milieux, suscitant intérêt et sympathie pour la Chine et son travail en Chine. Il donne même des cours de chinois à des membres de la bonne société anglaise. À son retour en Angleterre, il est nommé membre de la Royal Society.

Avant de retourner à son travail de missionnaire, il se remarie, en novembre 1824, avec Eliza Armstrong, avec qui il eut cinq enfants. La nouvelle Mme Morrison et les enfants de son premier mariage retournèrent avec lui en Chine en 1826.

Le voyage est périlleux, et comporte même un épisode de mutinerie, que Morrison aide à résoudre, faisant preuve d’un grand sang-froid.

À Singapour, Morrison est confronté à de nouvelles épreuves. L’institution de Singapour, aujourd’hui la Raffles Institution, qui était en cours de formation à son départ pour l’Angleterre, tout comme le collège de Malacca, avait fait très peu de progrès. Le nouveau gouverneur manifesta moins d’intérêt, et Morrison n’était pas présent pour veiller à la poursuite des travaux. Après un séjour sur place pour remédier à tout cela, le missionnaire et sa famille se rendent à Macao, puis Morrison se rendit à Guangzhou, où il découvrit que ses biens avaient également été négligés en son absence.

Le retour des Morrison en Chine en 1826 est difficile. Tandis que le Languages Institute de Londres s’arrête faute de public, à Canton Robert Morrison doit menacer de démissionner pour se faire respecter des nouveaux fonctionnaires coloniaux arrivés pendant son absence et qui n’ont guère de sympathie pour le travail missionnaire. Les relations entre les commerçants anglais et les fonctionnaires chinois se tendent également. L’excès de zèle et la tyrannie des mandarins étaient certes difficiles à supporter, mais c’est aux Anglais qu’incombait la responsabilité plus grave : celle de vouloir imposer au peuple chinois le commerce de l’opium. Morrison désapprouvait fortement la plupart des correspondances qu’on lui demandait de faire parvenir aux fonctionnaires chinois. Des nuages s’accumulaient. La guerre allait s’en suivre, la puissance étant du côté de l’Angleterre, et le droit du côté de la Chine. Les ports seraient ouverts avant tout à l’opium, et accessoirement seulement au christianisme. L’avenir même des missions chrétiennes en Chine allait être compromis par ce drame.

Lors de son départ pour l’Angleterre, Morrison avait pu laisser un  professeur d’origine chinoise, Liang Fa, l’un des convertis de Milne, pour continuer son travail. Cet homme avait déjà beaucoup enduré pour sa foi, et il s’est montré tout à fait cohérent et sérieux pendant la longue période d’absence de Morrison. D’autres Chinois furent baptisés et la petite Église se développa, sachant qu’en même temps de nombreux convertis restaient à l’écart, n’osant pas affronter la persécution et l’ostracisme qui suivraient un affichage public de leur foi. Des missionnaires américains furent envoyés pour aider Morrison, et d’autres écrits chrétiennes furent publiés. L’arrivée des Américains permettait à Morrison de se décharger de son ministère auprès des résidents anglais, et de consacrer entièrement à la prédication envers les Chinois.

En 1833, l’évêque catholique de Macao intervient contre Morrison auprès du gouverneur portugais du territoire, au motif que les écrits publiés par Robert Morrison sont contraires à la foi catholique et que l’utilisation de matériel d’imprimerie est interdite dans tout territoire portugais sauf sous le régime de l’autorisation préalable, ce qui entraîne la perte immédiate de la possibilité d’imprimer des documents à Macao. Ses amis chinois  continuent cependant à faire circuler des publications déjà imprimées. Pendant cette période, Morrison a également contribué au Eastern Western Monthly Magazine21 de Karl Gützlaff, une publication visant à améliorer la compréhension entre la Chine et l’Occident.

En 1834, le monopole de la Compagnie des Indes orientales britannique sur le commerce avec la Chine prend fin et le poste de Morrison au sein de la compagnie est supprimé. Privé de moyens de subsistance, il est ensuite nommé traducteur du gouvernement sous Lord Napier, mais n’occupa ce poste que pendant quelques jours.

A l’été 1834, Robert Morrison tomba malade pour ce qui serait sa dernière maladie, dans la solitude, car sa femme et sa famille avaient été renvoyées en Angleterre. Il mourut le 1er août, dans sa résidence de Canton, au numéro six du Hong danois, à l’âge de 52 ans dans les bras de son fils. Le lendemain, sa dépouille fut transportée à Macao, pour y être inhumée dans le cimetière protestant le 5 août aux côtés de sa première femme et de son premier enfant.

Six enfants lui survivent dont deux de son premier mariage et quatre du second.

Son fils aîné John Robert Morrison, né en 1814, lui succède en 1834 comme secrétaire chinois de la British East India Company et des surintendants du commerce britannique en Chine.

Sa fille unique se maria à Benjamin Hobson, un médecin missionnaire, en 1847.

Source : Wikipédia.

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