Les automobiles FIAT.

Fiat, acronyme de « Fabbrica Italiana Automobili Torino » (ou en français « Fabrique italienne d’automobiles de Turin »), est un constructeur automobile italien, basé au Lingotto à Turin, filiale du groupe  automobile Stellantis.

Fiat a été créée le 11 juillet 1899 au Palazzo Bricherasio par trente actionnaires, dont Giovanni Agnelli. Le constructeur a multiplié sa production par huit en cinq ans lors des années magiques de l’automobile italienne, devenant à lui seul le symbole du « miracle économique italien ».

Depuis fin 2010, Fiat est détenue à hauteur de 30,5 % par Exor S.p.A, différents investisseurs institutionnels en possèdent 41,5 %, 3,5 % sont détenus en auto-contrôle par Fiat elle-même, et elle a un flottant de 24,5 % à la Bourse de Milan. L’actionnaire principal Exor S.p.A est une holding elle-même détenue à 51,2 % par la famille Agnelli, descendante du fondateur. Le président de Fiat est John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli, et le directeur général est Olivier François.

En juin 2009, Fiat devient le principal actionnaire de l’américain Chrysler. Fiat Group consolide le bilan de Chrysler dans ses comptes depuis le 1er juin 2011.

En juin 2012, cette participation s’élève à 61,8 %. Elle est portée à 100 % le 1er janvier 2014. Fiat Group Automobiles devient alors Fiat Chrysler Automobiles.

En septembre 2010, Fiat décide de se scinder en deux entités distinctes : d’une part Fiat, les activités automobiles de l’ancien groupe ; d’autre part Fiat Industrial, les véhicules utilitaires, machines agricoles et engins de chantier. Chaque actionnaire de l’ancien groupe reçoit, le 3 janvier 2011, 1 action de chacun des deux nouveaux groupes pour chaque action de l’ancien groupe détenue.

En janvier 2014 et à la suite du rachat des automobiles Chrysler, le groupe est devenu :

  • Activités automobiles : Fiat Chrysler Automobiles, née de la fusion de Fiat et de Chrysler, qui possède les marques automobiles Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Maserati, Abarth, les utilitaires Fiat Professional et les marques du groupe américain Chrysler (Dodge, Jeep, RAM et Chrysler), auxquelles s’ajoutent les équipementiers automobiles Fiat Powertrain Technologies, Magneti Marelli, Teksid, le fabricant de machines-outils pour l’automobile Comau, et des participations dans la presse (la Stampa, Corriere della Sera)2. Fiat Group a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 35,9 milliards d’euros pour un résultat net de 600 millions d’euros ;
  • Activités industrielles : CNH Industrial, née de la fusion de Fiat Industrial et de CNH Global, qui regroupe les camions et autobus Iveco, Irisbus, Astra SpA, Magirus, CNH fabricant de machines agricoles et d’engins de chantier sous les marques Case, New Holland, Steyr, Kobelco, les générateurs et moteurs de bateaux FPT Industrial2. Fiat Industrial Group a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 21,3 milliards d’euros pour un résultat net de 378 millions d’euros.

L’acte de création de la « Società Anonima Fabbrica Italiana Automobili Torino » est signé le 11 juillet 1899 au Palazzo Bricherasio, à Turin, en Italie. On dénombre trente actionnaires, parmi les noms desquels figurent  Ceirano, Faccioli, Felicenazzaro et Vincenzo Lancia pour un capital social de 800 000 lires. Parmi ces trente fondateurs se trouvent Lodovico Scarfiotti, qui sera le premier président du conseil d’administration, et Giovanni Agnelli, l’homme qui les a réunis. Giovanni Agnelli n’est ni un technicien, ni un financier, ni un spéculateur, mais un visionnaire et grâce à son dynamisme il prendra la direction de la société dès 1902.

Agnelli, qui était un homme d’action, a voulu très vite constituer une entreprise d’importance nationale, pour que la jeune Italie puisse refaire son retard industriel sur ses voisins français et allemands. L’idée d’Agnelli était de produire rapidement des automobiles « populaires », utilisables par le plus grand nombre, et il réussit à persuader un groupe de financiers turinois des perspectives intéressantes de la production automobile de ce type.

Au début, il renonce à l’élaboration d’un modèle original qui lui aurait fait perdre temps et argent, et se tourne par conséquent vers un modèle existant, conçu par Ceirano et Faccioli, qui en avaient déjà vendu quelques exemplaires. Les évènements qui suivent montrent bien la détermination et l’empressement d’Agnelli. La société Ceirano, déclarée le 23 octobre 1898, se définit clairement comme une « société pour la fabrication de prototypes automobiles » et dès le 20 mars 1899, l’ingénieur Faccioli dépose le brevet de sa voiture. À peine sa constitution entérinée, la nouvelle société Fiat rachète les actions et les brevets de la société Ceirano. Elle dispose alors d’un modèle viable, la Fiat 3½ HP, et de capitaux à peine entamés. De plus, elle sous-traite la fabrication des pièces à des entreprises expérimentées.

Fiat inaugure sa première grande usine en 1900, au no 35 du Corso Dante à Turin. Sur une surface de 12 000 m2, 150 ouvriers produiront vingt-quatre automobiles durant cette année.

En 1902, la société commence à acquérir ses premières lettres de noblesse dans le sport automobile. Les neuf Fiat engagées sur le Tour d’Italie automobile franchissent toutes la ligne d’arrivée. Vincenzo Lancia remporte la course de côte Sassi-Superga au volant de la 24 HP Corsa, première voiture de compétition réalisée et présentée peu de temps avant par le constructeur, tandis que Giovanni Agnelli établit un nouveau record sur la Fiat 8 HP lors du second Tour d’Italie.

Fiat commence alors à produire des camions, des autobus, des trams, des moteurs marins et aéronautiques et les exportations d’automobiles atteignent la France, la Grande-Bretagne, l’Autriche, l’Amérique et l’Australie.

En 1906, les effectifs de Fiat s’élèvent à 1 500 salariés, produisant 1 150 voitures, et l’entreprise entreprend ses premières acquisitions en achetant la société Ansaldi.

Sur le plan sportif, Felice Nazzaro et Vincenzo Lancia s’illustrent dès 1900 pour la marque. Nazzaro gagne entre autres le Grand Prix de l’ACF 1907, le Kaiserpreis 1907, la Targa Florio 1907 et la Coppa Florio 1908, et Lancia remporte la Coppa Brescia 1904, la Coppa d’Oro à Milan en 1906, tandis que Mathis s’adjuge en 1906 la Targa d’Oro lors de la Coppa Herkomer au volant d’une 40 HP Corsa. Le français Louis Wagner apporte sa pierre à l’édifice, avec le Grand Prix des États-Unis en 1908.

C’est aussi à ce moment que les exportations commencent à décoller, jusqu’à représenter les deux tiers de la production. Fiat adopte une stratégie de croissance axée sur la mondialisation et conquiert des parts importantes sur des marchés porteurs, en particulier aux États-Unis, au point de créer la Fiat Motor Corporation en 1908 avec la construction d’une usine pour une fabrication locale.

Le constructeur commence à produire des modèles destinés à un usage spécifique, comme la Fiat Type 1 Fiacre, destinée au transport public — adoptée en particulier par les villes de New York, Paris et Londres — et qui sera produite à 1 600 exemplaires ; mais aussi des véhicules commerciaux, des moteurs pour la marine AIFO, des camions Fiat V.I., des trams Fiat Ferroviaria, les avions Fiat Avio, etc.

Daniel Guérin dans son ouvrage “Fascisme : promesses et réalité” (p.26) souligne la participation financière de Fiat dans le développement et dans le renforcement des “faisceaux” de Mussolini et par conséquent, dans son ascension au pouvoir.

L’usine du Lingotto est un chef-d’œuvre dans l’application du fordisme.
En 1910, six nouveaux modèles font leur apparition, la production  augmente, se diversifie, et l’entreprise a besoin de nouveaux espaces : c’est en 1916 que débute la construction de l’usine du « Lingotto », la plus grande d’Europe pour l’époque, qui entrera en fonction en 1923. Au cours de ces années, Fiat développe ses activités dans le secteur sidérurgique, ferroviaire et électrique. Une succursale est ouverte en Russie et la Zéro 12-15 HP est présentée, la première voiture équipée d’un moteur de cylindrée très réduite construite en série : plus de deux mille exemplaires.

Les victoires sportives se multiplient par ailleurs : après le record de vitesse établi par la S 76, les automobiles Fiat triomphent dans le Grand Prix d’Amérique et dans les 500 Miles d’Indianapolis.

La guerre oblige ensuite l’entreprise à convertir une partie de sa production aux besoins de la guerre, mais en 1919, à peine le conflit terminé, plusieurs nouveaux modèles de voitures sont lancés et Fiat présente le véhicule utilitaire 501, la 505, la 510 et le premier tracteur, le 702.

En 1916 débute donc la construction de l’usine du Lingotto, « lingot » de 500 mètres de long, à Turin, sous la direction de l’architecte Giacomo Mattè Trucco. Lorsque sa construction s’achève en 1922, c’est la plus grande et la plus moderne usine d’Europe et dès lors l’emblème de l’industrie  automobile italienne. Le bâtiment, qui occupe cinq étages est absolument révolutionnaire et abrite sur son toit une piste d’essai futuriste. Ce bâtiment est un chef-d’œuvre dans l’application du fordisme : les pièces détachées arrivent au rez-de-chaussée et les voitures sont assemblées au fil des cinq étages, transportées par des ascenseurs, pour enfin être testées sur la piste ovale et inclinée qui occupe le toit.

À ce moment de son histoire, la firme turinoise est déjà le moteur de l’industrie italienne et sa production commence à se diversifier très largement (chemins de fer, aciéries, électricité, transports publics, etc.), au point que durant la Première Guerre mondiale, elle produit camions et blindés, avions et moteurs (avec la création des firmes S.I.A. SpA puis Fiat Aviazione), mais aussi armes et munitions, et même uniformes, bottes et sacs pour les soldats. Fiat met son industrie entière au service de l’effort de guerre et sort grandie de ce conflit.

La société qui comptait 4 000 employés en 1914 en compte 40 000 en 1918.

Pendant toute cette décennie, Fiat travaille également sur les autres secteurs et, après la fourgonnette 1014, sort le camion 505 F et le biplan AL, le premier avion civil Fiat qui fait son baptême de l’air en 1922.

Les nouveautés sont également importantes du côté de la société, avec la création de l’IFI (Institut Financier Industriel) et, en 1926, l’acquisition du quotidien La Stampa. De l’assistance sanitaire aux colonies de vacances pour les enfants des employés, les premières initiatives sociales en faveur des salariés sont mises en place.

Dans les années 1930, les camions et les véhicules industriels bénéficient d’un développement technologique considérable, tandis que l’aviation et le secteur ferroviaire se développent à grands pas. Cette décennie est marquée par une forte expansion à l’étranger : les voitures Fiat sont construites sur licence en France, en Espagne et en Pologne et les centres d’assistance et ateliers de réparation commencent à fleurir dans différents pays. Fiat est déjà un empire industriel d’envergure internationale. Le groupe possède des usines sur trois continents (Europe, Amérique latine et même Asie). C’est aussi à cette époque qu’il crée la marque Simca en France, Fiat-NSU devenue Fiat Neckar en Allemagne et plus tard Seat en Espagne.

Cependant la politique d’autarcie de Mussolini force la société à revoir ses plans de développement à l’international et à se concentrer sur le marché domestique et les industries lourdes. Les secteurs aéronautique et ferroviaires, ainsi que les travaux publics, connaissent alors une forte croissance. Le slogan de Fiat est alors « Sur terre, sur mer et dans les airs ». Toutefois, la croissance perdure et à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les effectifs du groupe se montent à 55 000 employés.

En 1937 commence la construction de l’usine de Mirafiori, qui introduit les principes d’organisation industrielle les plus avancés de son temps et confirme l’orientation de la compagnie vers la production de masse. Sa construction s’achèvera en 1939, et le nouveau complexe industriel sera inauguré en présence de Mussolini. Fiat, qui construisit des chars (tel que le M14/41) avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, eut et conserva des contacts autant avec les nazis et les fascistes, qu’avec les alliés et la Résistance.

En 1945, le sénateur Giovanni Agnelli meurt, son fils Edoardo étant décédé dans un accident d’avion dix ans auparavant, c’est Vittorio Valletta qui assume la présidence de Fiat, en attendant que son petit-fils, Gianni Agnelli prenne les rênes en 1964.

Ce n’est qu’en 1948, et grâce à l’aide financière du plan Marshall, que la reconstruction des usines détruites pendant la guerre se termine. En 1950, la production retrouve son niveau d’avant guerre si bien que l’on parle de « miracle italien ». Vittorio Valletta poursuit la stratégie de croissance, d’acquisitions et de diversification lancée par Agnelli et les profits recommencent à croître et les effectifs à augmenter.

Dans les années du miracle économique italien, l’industrie automobile est un des principaux moteurs de développement : en 1949, on compte une voiture pour 96 habitants. En 1963, une voiture pour onze habitants. En dix ans (1949-1959), le nombre de salariés de l’entreprise turinoise passe à 85 000 et la production d’automobiles est multipliée par six : de 71 000 à 425 000 unités par an.

En 1953, Fiat présente la 1400, la première voiture Diesel italienne, puis en 1955 la Fiat 600, l’utilitaire qui sera produite à plus de quatre millions d’exemplaires, et deux ans plus tard la nouvelle 500. Très admirées également, les voitures à hautes prestations, comme la 8V qui atteint les 200 km/h et deux ans plus tard le prototype à turbine qui frise les 250 km/h : une nouveauté absolue en Europe.

Nombreuses sont également les nouveautés dans les autres secteurs : en 1951, le transatlantique MS Giulio Cesare entre en service avec des moteurs Fiat ; la même année, le premier avion militaire italien à réaction, le Fiat G.80, est réalisé. En 1956, le chasseur tactique Aeritalia G.91 remporte le concours de l’OTAN ; l’année suivante, l’entreprise présente l’hélicoptère Fiat 7002.

Fiat commence également à construire des engins de terrassement et multiplie par treize sa production de tracteurs : de quelque 1 800 à 22 600 exemplaires par an. Un nouveau modèle de camions entre en production, le 682 N, qui sera fabriqué pendant un quart de siècle.

En 1958, c’est le boom économique et la production augmente de façon impressionnante, tirée par la production d’automobiles et de machines agricoles. Les usines de Mirafiori doublent leur capacité : plus de 50 000 ouvriers y travaillent en deux postes et parfois trois. Le secteur automobile est le symbole du miracle économique italien, et Fiat, avec 85 % de la production du pays, joue un rôle de premier ordre. Le nombre d’ouvriers atteint un maximum de 230 000. C’est également à ce moment qu’est décidée la construction d’une seconde « méga-usine », celle de Rivalta di Torino, toujours près de Turin, inaugurée en 1968.

Après avoir aidé à la création du secteur automobile en Yougoslavie avec Zastava dans les années 1950, en Espagne avec Seat, Fiat est le principal collaborateur — concepteur et fournisseur — de VAZ (Lada) en Union soviétique à Togliattigrad. Il fournira également les licences de fabrication pour les 600 000 exemplaires Zigouli-Lada par an, copie des modèles Fiat 124 et Fiat 125. Les automobiles Fiat, notamment leur plate-forme, serviront de base à l’ensemble des constructeurs du camp socialiste, en particulier les constructeurs soviétiques ainsi que le polonais Fiat-Polski FSO, soit directement, soit indirectement par la collaboration de fabricants soviétiques utilisant les procédés et technologies Fiat.

Les années 1950 s’achèvent avec le doublement de la surface du site turinois de Mirafiori et l’ouverture de nouvelles usines à l’étranger, en Afrique du Sud, en Turquie, en Yougoslavie, en Argentine et au Mexique.

La décennie suivante est caractérisée par une forte expansion de Fiat : la production annuelle de voitures passe de 425 000 à plus de 1 700 000, et les ventes de tracteurs et d’engins de terrassement sont doublées. Le nombre de camions construits est multiplié par trois. Le nombre de salariés est, lui aussi, multiplié par deux et atteint les 158 000 en dix ans. Une croissance obtenue grâce au succès de nombreux modèles : en 1964, apparaît la Fiat 850, suivie par la 124 et la 128, consacrées « Voiture de l’année » ; la première en 1967 et la deuxième en 1970. Fiat présente ensuite la 125 et la Dino coupé, dotée d’un moteur de dérivation Ferrari.

L’expansion internationale de l’entreprise se poursuit : en 1966, elle construit l’usine russe Vaz, à Togliattigrad, pour construire 660 000 Ziguli par an (une voiture dérivée de la 124). Entretemps, Fiat développe également sa présence dans le sud de l’Italie, avec l’ouverture des usines de Termini Imerese, de Cassino, de Termoli, de Sulmona, de Vasto, de Bari, de Lecce et de Brindisi.

En 1966, Gianni Agnelli, neveu du fondateur, devient président de la société. La même année, une société commune avec la holding d’État IRI est constituée : la Grandi Motori Trieste SpA pour la construction de très gros moteurs diesels pour équiper les plus gros navires civils et militaires et des turbines à gaz pour les centrales électriques.

Le boom économique est suivi par une période de fortes tensions sociales qui ont de lourdes répercussions sur l’activité de l’entreprise. Malgré les difficultés dues aux grèves et à l’occupation des usines, Fiat présente la 127, la première voiture du groupe à traction avant, et Lancia propose les modèles Beta, Stratos, Gamma et Delta.

Les usines de Rivalta et de Cassino sont modernisées avec l’introduction du Robogate. Il s’agit d’un système automatisé de fabrication, d’assemblage et de peinture des carrosseries inventé par Comau, une entreprise du groupe.

De nouveaux sites sont ouverts en Italie et au Brésil. La société devient une holding grâce à la décentralisation de la gestion qui transforme sections et divisions en sociétés autonomes : parmi celles-ci, Fiat Macchine Movimento Terra, Fiat Engineering, Iveco (née en 1975 de la fusion de cinq grandes marques européennes historiques) et Fiat Auto, qui regroupe les marques Fiat, Lancia et Autobianchi. Ferrari (acquise à 50 % en 1969) et Abarth (1971) rejoignent aussi le groupe.

Les succès se multiplient, comme le premier vol du Tornado, l’avion de chasse coproduit par Fiat Avio, les victoires de Lancia et de Fiat au championnat du monde des rallyes et celles de Ferrari au championnat du monde de Formule 1.

À la fin des années 1970, Fiat achève son processus de réorganisation : aux côtés de Fiat Auto, Fiat Ferroviaria, Fiat Avio, Fiat Trattori, Fiat Veicoli Industriali, d’autres sociétés deviennent autonomes comme Fiat Engineering, Comau, Teksid, Magneti Marelli et Telettra.

Les années 1980 s’ouvrent avec le lancement d’une nouvelle voiture, dont l’héritière est encore aujourd’hui leader du segment de l’utilitaire : la Panda. Trois ans plus tard, à Cape Canaveral, Fiat présente la Uno qui adoptera en 1985 le moteur révolutionnaire Fire 1000. 1988 marque la naissance de la Fiat Tipo, vainqueur de la « Voiture de l’année », suivie d’autres voitures à succès : Fiat Regata et Croma, Lancia Delta (1979), Thema et Y10, Alfa Romeo 164 (l’entreprise d’Arese est acquise en 1986), Ferrari GTO Testarossa, mais aussi des véhicules utilitaires comme le Fiorino et le Ducato.

Beaucoup de records aussi dans les autres secteurs : Fiat Ferroviaria construit le train à haute vitesse ETR 450, plus connu en Italie sous le nom de « Pendolino », Telettra réalise la plus longue liaison mondiale à micro-ondes sur la mer, 360 kilomètres entre Arabie saoudite et Soudan, et le premier excavateur de 40 tonnes est produit.

À partir des années 1990, les bénéfices de Fiat commencent à décliner, et ce malgré la présence de modèles populaires comme les Panda, Uno et Tipo. L’image de Fiat concernant sa fiabilité et sa finition, lui fait de plus en plus de tort face aux autres constructeurs : les ajustements parfois hasardeux et les plastiques bas de gamme choquent la clientèle quand le groupe Volkswagen donne le « la » avec les lancements des troisièmes et  quatrièmes générations de Golf en 1991 et en 1997. Cette réputation détourne peu à peu les clients et les ventes baissent après 1990, notamment en France où elles tombent de 150 000 à moins de 60 000 véhicules en 2000. De plus, Fiat, victime de son succès et par facilité, maintient des modèles au catalogue pour une durée allant au-delà du raisonnable : la Uno est produite de manière quasi inchangée de 1983 à 1997, tandis que la Panda fait encore pire, de 1980 à 2003, ce qui contribue à donner à la marque une image désuète dont elle se serait bien passée.

En ce qui concerne les véhicules industriels, Iveco renforce sa position au niveau européen avec l’introduction d’EuroTech, d’EuroStar et d’EuroCargo et établit des coentreprises en Inde et en Chine pour les véhicules légers Daily.

Grâce à plusieurs acquisitions, le groupe Fiat conquiert le leadership dans le secteur des tracteurs, des machines agricoles et pour le bâtiment : 1999 voit la naissance de CNH de l’union de deux constructeurs avec des marques reconnues au niveau mondial, New Holland NV et Case Corporation. En juillet 1999, lorsque Fiat fête ses cent ans, le groupe est présent dans soixante pays avec presque neuf cents sociétés. Il emploie 221 000 personnes.

Le groupe, toujours présidé par Gianni Agnelli alors âgé de 80 ans, est en grande difficulté. Les pertes n’ont jamais été aussi importantes, et les conseils d’administration se succèdent sans succès. La rumeur sur l’hypothèse d’un rachat par un concurrent est même avancée. En mars 2000, un accord en deux temps est signé. General Motors prend, dans un premier temps, 20 % du capital de la division Automobiles Fiat et Fiat Holding S.p.A. reçoit en échange 6 % de la totalité du groupe GM et en devient son premier actionnaire.

La Fiat Stilo, lancée le 11 septembre 2001, malgré d’indéniables qualités est un échec commercial en Europe : son esthétique impersonnelle et trop germanisée (l’avant évoquant par exemple la Passat de l’époque), couplée à la réputation de Fiat, lui fait se détourner la clientèle. En Amérique latine, en revanche, le modèle connaît un petit succès, ce qui ne suffit pas malgré tout à considérer la Stilo comme une franche réussite. Enfin, sinistre ironie de l’Histoire, son lancement le jour des attentats du World Trade Center achèvera de lui donner une image de « voiture maudite ».

En juin 2002, Fiat Auto, grevé par un endettement de 6,6 milliards d’euros, est obligé de faire appel aux banques pour soulager sa trésorerie. Un consortium de banques souscrit à 3 milliards d’euros en prenant une garantie sur une partie du capital et achète 51 % de la filiale de crédit Fidis. Parmi les autres mesures prises alors, Fiat Group dépose en garantie 34 % de Ferrari auprès du groupe financier Mediobanca contre 775 millions d’euros. L’affaire fait alors grand bruit.

Le nouveau siècle est marqué par une phase de crise pour le secteur de l’automobile. Fiat met en place quelques alliances stratégiques, comme celle avec General Motors en 2000, qui se terminera cinq ans plus tard. Pour faire face aux difficultés, l’entreprise lance de nouveaux modèles : Alfa Romeo propose la 147 qui, l’année suivante, sera élue « Voiture de l’année », Lancia commercialise la Thesis, la nouvelle berline de luxe, et Fiat présente la Stilo. La concurrence demeure cependant rude.

Pour Iveco, en revanche, 2002 est l’année du Stralis qui, un an plus tard est élu « Truck of the Year », et même CNH renforce sa position avec la vente de nouveaux produits.

Mais c’est une phase difficile sur le plan économique et financier. Le 24 janvier 2003, Giovanni Agnelli disparaît ; fin février, son frère Umberto prend la présidence du groupe. Des choix sont faits : le groupe décide de se concentrer sur les secteurs automobiles et des moteurs, en vendant certaines activités, comme l’aviation et les assurances, qui n’étaient plus stratégiques. La gamme de voitures est renouvelée et enrichie : Fiat Auto procède au relooking de la Fiat Punto et commercialise les nouvelles Alfa 156 et Alfa 166, le monospace Fiat Idea, la compacte de luxe Lancia Ypsilon, le coupé sportif Alfa GT et la citadine Fiat Panda II, qui sera ensuite élue « Voiture de l’année 2004 ». Pour les véhicules utilitaires, c’est le tour du nouvel Scudo. Ferrari présente la F 430, tandis que Maserati propose le coupé Gran Sport. CNH est aussi très active : entre 2000 et 2004, 97 % des machines agricoles et 85 % des engins de terrassement sont revus. Enfin, le moteur 1,3 Multijet 16-soupapes fait son apparition, petit turbodiesel compact qui s’adjugera le titre de « Moteur de l’année 2005 ».

Après le décès de Gianni Agnelli en 2003, petit-fils du fondateur de Fiat, puis de son frère Umberto Agnelli en 2004, c’est Luca Cordero di Montezemolo, le président de Ferrari, qui est appelé à la présidence du groupe Fiat. Il s’entoure d’une nouvelle équipe dirigeante dont, John Elkann, vice-président et, de juin 2004 à 2018, Sergio Marchionne, directeur général qui va insuffler au groupe un nouvel élan et réorganiser totalement le management de Fiat Auto, la branche en difficulté du groupe.

Malgré le succès de la nouvelle Panda, le nouveau directeur général impose une sévère restructuration, en remplaçant toute l’équipe dirigeante et en taillant dans les coûts, sans toucher aux effectifs, et en réorganisant la fabrication. Ce plan rigoureux de réduction des coûts et de relance industrielle est mis en place, qui permet en 2005 un retour aux bénéfices nets pour le groupe.

L’excellente situation économique des dernières années a été confirmée par les résultats atteints en 2007 : le chiffre d’affaires a frôlé les 59 milliards d’euros. Une croissance qui s’est révélée homogène entre les différentes régions du monde et les différents secteurs d’activité. Tous y ont en effet contribué avec de nouveaux produits et de nouvelles solutions : l’Alfa Romeo 159 entre en scène, Lancia, pour les cent ans de l’entreprise, présente la New Ypsilon, tandis que de Maranello sort l’innovante 599 GTB Fiorano. Maserati fascine avec le coupé Gran Turismo. Iveco élargit son offre avec des véhicules à faible émission, propose le nouveau Daily et le nouveau Stralis. CNH s’adjuge le titre de « Tractor of the Year 2007 » avec le tracteur T 7000. Mais le symbole et l’emblème de la renaissance et de l’affirmation du groupe est la nouvelle « Cinquecento », élue « Voiture de l’année 2008 ».

Cette gestion va rapidement porter ses fruits dès 2005 et stopper la lente descente aux enfers qu’avait connue Fiat Auto. En 2004, l’option de vente de Fiat concernant la branche automobile auprès de General Motors a été rompue, en contrepartie du versement par General Motors d’une indemnité de rupture de 1,55 milliard d’euros en cash plus la restitution de sa participation restante de 10 % dans Fiat Auto, permettant au groupe Fiat de reprendre 100 % de sa filiale automobile et de renouer très rapidement avec ses premiers bénéfices dès la même année.

Libre de ses agissements, Fiat Auto va rapidement passer des alliances industrielles partielles et ciblées. Fiat restructure et modernise rapidement ses lignes de produits et comme l’a admis Luca de Meo, le directeur de la marque, de générer de « l’argent avec une gamme étroite et peu d’investissements » car « il nous faut mettre les investissements sur les voitures qui font les gros volumes, plus de cent mille unités par an […] Fiat doit rester populaire mais redevenir moderne et design ».

Cependant, la résurrection est basée sur la Fiat Grande Punto, dessinée par Giorgetto Giugiaro, pour laquelle sont enfin réhabilitées les valeurs et l’identité de la marque. Cette nouvelle génération de sa célèbre compacte, devient en quelques semaines le véhicule le plus vendu toutes catégories confondues en Europe depuis le début de l’année 2006.

En avril 2006 débute la commercialisation du premier véritable 4 × 4 civil de la marque, la Fiat Sedici, conçu en partenariat avec Suzuki.

En mai 2006, Fiat ouvre à Mirafiori près de Turin, la plus grande concession automobile du monde, regroupant tous les modèles du groupe Fiat soit : Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Ferrari et Maserati. La même philosophie de groupe a ensuite conduit FCA à combiner les activités de conservation historique-archivistique des marques individuelles dans un département appelé FCA Heritage, qui s’occupe des musées automobiles et des collections de documents.

Même si le succès actuel d’un seul modèle ne peut rien laisser présager pour l’avenir, les usines tournent désormais à plein régime et Fiat compte maintenir sa croissance des ventes au rythme actuel de 23 % en 2006, remontant de 6,4 % à plus de 9 % au palmarès européen et pronostiquant un bénéfice d’un milliard d’euros pour l’année 2006, et comme l’a souligné Sergio Marchionne, Fiat est redevenu un concurrent sérieux au niveau mondial. En Italie même où le groupe avait, avant les années 1980, 70 % de parts de marché, il est en 2006 repassé au-dessus de la barre des 31 %.

Avec ses premiers bénéfices, Fiat a fait valoir fin septembre 2006 une option de rachat, auprès de Mediobanca qui lui a permis de récupérer les 29 % de Ferrari cédés en 2002 pour environ 800 millions d’euros, portant ainsi son contrôle à 85 %. Les 5 % restants avaient été cédés par la banque au fonds d’investissements Mudabala de Dubaï. Piero Ferrari, le fils d’Enzo possède encore 10 % du groupe. Mi-juillet 2007, la capitalisation boursière du groupe encore moribond trois ans plus tôt est plus élevée (30 milliards d’euros) que celle cumulée de Ford et General Motors (27,5 milliards).

L’année 2007 est une année très florissante avec l’arrivée de nombreux nouveaux modèles. Fiat en a annoncé vingt-trois d’ici à 2010. L’objectif du groupe Fiat est de construire dans le monde quatre millions de véhicules automobiles dès 2010.

En janvier 2007, la nouvelle Fiat Bravo est présentée officiellement à Rome. Avec une ligne bien plus gracieuse et italienne que la Stilo qu’elle remplace, elle est assez bien accueillie. Prévue pour une production de 120 000 exemplaires par an sur le site très robotisé de Cassino, la Bravo a déjà dépassé cet objectif, et contribue elle aussi à conforter l’image du constructeur.

Au printemps 2007, au Salon de Genève, la nouvelle Fiat Linea, présentée en avant-première au Salon d’Istanbul en novembre 2006, est lancée sur les marchés émergents comme la Turquie, le Brésil, l’Argentine, l’Inde et la Russie, dans ces pays mêmes où elle sera fabriquée. Ce modèle, ressemblant à une Grande Punto avec coffre est également commercialisée en Europe (Allemagne et Espagne) dès 2008. Ce n’est pas un modèle low cost.

Le 4 juillet, cinquante ans après jour pour jour, est apparue la Fiat 500 II, une voiture suivant la tendance néorétro initiée par la New Beetle et ensuite la Mini, évoquant la mythique Fiat 500 de 1957, mais à des tarifs relativement accessibles. Avant même son lancement, 50 000 commandes avaient été passées dans le réseau, et ce juste pour la France et l’Italie. Après à peine un an, Fiat a reçu 250 000 commandes alors que la production, augmentée à trois reprises, plafonne à 190 000 exemplaires par an sur le site polonais de Tychy où sont également produites la Panda et la seconde génération de Ford Ka.

En 2008, Fiat achète 70 % du constructeur serbe Zastava pour y produire des véhicules à bas coûts. La ville serbe de Kragujevac est un important centre de production automobile, déjà à l’époque yougoslave avec Zastava. En septembre 2008, Fiat a investi 700 millions d’euros et le gouvernement de la Serbie 200 millions d’euros dans la rénovation de l’usine Zastava. Le « monstre industriel » issu de ses investissement produira 300 000 véhicules (individuel, Fiat classe A et B, mais aussi car et camion Iveco) par an à destination de la Serbie pour seulement 10 %. Le reste de la production sera destiné à l’exportation dans l’UE et surtout en Russie, avec laquelle la Serbie a signé des accords de suppression des taxes de douane.

Le 10 juin 2009, le groupe prend 20 % du capital de Chrysler en échange d’accords de coopération technique et commerciale. Fiat envisageait de porter ensuite sa participation à 35 %, puis à 51 % dès lors que Chrysler aurait remboursé la totalité des prêts fédéraux qui lui ont été accordés, soit six milliards de dollars. En juillet 2011, Fiat est monté à 53,5 % du groupe Chrysler et se prépare à monter jusqu’à 58 %.

Depuis le 1er juillet 2010, le groupe Fiat dispose à nouveau d’un espace d’exposition sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris, dénommé « MotorVillage ».

En octobre 2013, Fiat rachète la participation de General Motors dans le fabricant de moteurs Diesel VM Motori et en devient le seul actionnaire.

Début janvier 2014, Fiat acquiert 41,46 % des actions de Chrysler qu’il ne détenait pas encore pour 4,35 milliards de dollars.

Après avoir lancé en 2013 en Californie la Fiat 500 électrique dotée d’une batterie de 24 kWh, le groupe Fiat-Chrysler (FCA) présente en juin 2018 un plan axé sur l’électrification, qui prévoit 9 milliards d’euros d’investissements dans les voitures électriques et hybrides d’ici à 2022.

FCA compte proposer dix modèles hybrides rechargeables dont un SUV chez Alfa Romeo et une déclinaison hybride rechargeable de la Jeep Wrangler. En Europe, le groupe compte investir plus de cinq milliards d’euros d’ici à 2021 afin d’adapter ses usines italiennes pour la construction de voitures électriques et hybrides.

Parmi les projets annoncés figurent la transformation de l’usine FCA de Mirafiori, à proximité de Turin, afin de préparer l’industrialisation d’une nouvelle plateforme dédiée aux véhicules électriques compacts, qui sera inaugurée en 2022 avec la nouvelle Fiat 500 électrique.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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