François Paul Auguste “Léonce” Vieljeux, héros de la résistance.

François Paul Auguste « Léonce » Vieljeux, né le 12 avril 1865 aux Vans (Ardèche, France) et mort le 2 septembre 1944, est un armateur, colonel de réserve devenu maire de La Rochelle. Déporté pour faits de résistance, il est exécuté dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.

Mobilisé à l’âge de 49 ans, en août 1914 dès le début des hostilités, Léonce Vieljeux est affecté comme officier d’état-major à la 92e division d’infanterie territoriale avec le grade de capitaine. En juillet 1915, promu chef de bataillon au 28e régiment d’infanterie, il est blessé en Argonne, ce qui lui vaut d’être cité à l’ordre de la Nation et d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur (en 1920, il est promu officier). En service au 111e régiment d’infanterie, il rejoint à nouveau le front en 1916 et est promu lieutenant-colonel en février 1918.

Léonce Vieljeux retrouve sa famille à la fin de la guerre et reprend la direction de la Compagnie Delmas-Vieljeux qui ne cesse de s’accroître. Opposé aux accords de Munich en septembre 1938, il déclare alors dans un discours : « Le peuple de France n’a pas voulu voir qu’au-delà du Rhin et au-delà des Alpes on s’armait fiévreusement… Ces chemins nous ont conduits, il y a un mois, à Munich pour signer une des pages les plus tristes de notre Histoire. Si nous ne les abandonnons pas courageusement, ils conduiront demain nos fils dans les cimetières comme celui que nous inaugurons et ils mèneront aussi au suicide de la France ».

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Léonce Vieljeux s’emploie à résister aux exigences des officiers allemands présents dans sa ville. Ainsi, le dimanche 23 juin 1940, un lieutenant allemand se présente à lui afin de hisser un drapeau hitlérien sur l’hôtel de ville. Le maire de La Rochelle lui répond alors :

« Colonel [de réserve] dans l’armée française, maire d’une grande ville, mon honneur d’officier et ma dignité m’interdisent de discuter avec un officier subalterne, même s’il appartient à une armée victorieuse. Je n’exécuterai des ordres que s’ils émanent d’un officier allemand ayant un grade au moins égal au mien ».

Ce premier acte de résistance est suivi par une opposition systématique à l’affichage de la propagande nazie. Il refuse notamment de faire placarder les affiches anti-anglaises préparées par la propagande allemande à la suite du bombardement de Mers el-Kébir, déclarant : « Le Maire de La Rochelle a l’honneur de faire connaître qu’il ne peut s’intéresser ni prendre part à la pose des affiches dirigées contre l’Angleterre car une pareille obligation n’est pas prévue dans les clauses de l’armistice. » Parallèlement, il aida à trouver des filières d’évasion pour les ingénieurs et ouvriers de son usine et organise avec ses cousins et amis le réseau de résistance « Alliance », qui fournit à Londres des informations sur le trafic portuaire rochelais, et des faux emplois aux requis du STO.

Le 22 septembre 1940, Léonce Vieljeux est destitué de ses fonctions de maire puis, expulsé de sa ville le 17 juin 1941, il est assigné à résidence près de Jarnac en Charente, chez sa fille, jusqu’au 2 novembre 1941.

Léonce Vieljeux, carte maximum, Les Vans, 26/03/1960.

Revenu à La Rochelle, il est arrêté par la Gestapo le 14 mars 1944 – accusé d’avoir protégé la fuite de deux de ses ouvriers – en même temps que son petit-fils Yann Roullet (1915-1944), pasteur à Mougon (Deux-Sèvres), ses neveux Franck Delmas (1900-1944) et Jean Chapron (1891-1944) ainsi que Joseph Camaret (1889-1944), ingénieur en chef des chantiers Delmas-Vieljeux et agent Sea Star. Ils appartiennent tous au réseau SR Alliance ou ont protégé certains de ses membres. Depuis l’asile de Lafond transformé en prison, ils sont d’abord transférés le 23 mars 1944 à la prison de la Pierre Levée de Poitiers, puis le 28 avril, à Fresnes et enfin ils arrivent par le convoi du 29 avril 1944 au camp de concentration de Schirmeck sous la classification « Nacht und Nebel ».

Devant l’avance alliée, le Haut commandement de la Wehrmacht (OKW) à Berlin ordonne que dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, une camionnette amène par petits groupes de 12 les 106 détenus du réseau Alliance de Schirmeck jusqu’au camp de concentration de Natzwiller-Struthof (Alsace). Ils y sont aussitôt abattus – dans le dos – à la mitrailleuse; les cadavres sont incinérés ensuite dans le four crématoire attenant, en même temps que 300 hommes et 92 femmes.

Mémorial Léonce Vieljeux, La Rochelle, 26/03/1960.

Connue plusieurs mois plus tard – vers la mi-janvier 1945 – la nouvelle de la mort de « Monsieur Vieljeux » jette la consternation dans toute la ville de La Rochelle. Deux services religieux distincts sont alors célébrés le 27 janvier 1945 l’un après l’autre, au temple protestant et en la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle, autour desquels se sont massés dans un silence impressionnant 3 000 Rochelais d’obédiences et de catégories sociales diverses; bien que la ville soit encore occupée et que tout rassemblement y soit prohibé, les Allemands n’interviennent pas.

Une stèle est inaugurée le 23 juillet 1948 par le général de Gaulle qui rappelle le sacrifice de Léonce Vieljeux.

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Sources : Wikipédia, YouTube.