Le Troubadour.

Un troubadour (de l’occitan trobador : « trouveur », « trouveuse » au  féminin) est un compositeur, poète, et musicien médiéval de langue d’oc qui interprétait ou faisait interpréter ses œuvres poétiques par des jongleurs ou des ménestrels. Les femmes qui pratiquent l’art du trobar, sont appelées des trobairitz ou troubadouresses.

Le mouvement troubadour a commencé vers la fin du XIe siècle en Occitanie, au sein de la haute noblesse occitane. Puis, il s’est répandu par la suite dans d’autres couches sociales et s’est étendu au nord de l’Italie et de l’Espagne. Les troubadours ont participé activement à la vie sociale, politique et religieuse de la société de l’époque. Sous l’influence des troubadours, des mouvements du même type se sont levés partout en Europe. Après la période « classique » vers le XIIIe siècle et d’une résurgence au milieu de ce siècle, l’art des troubadours a décliné au xive siècle puis a finalement disparu à l’époque de la Peste noire (1347-1352).

Les thèmes abordés dans les chansons des troubadours portent  principalement sur la chevalerie et l’amour courtois. Les œuvres peuvent être groupés en trois styles : le trobar leu (léger), le trobar ric (riche) et le trobar clus (fermé). Il y avait beaucoup de genres, le plus populaire étant les canso. Les sirventes et les tenson étaient surtout populaires dans la période post-classique, en Italie et parmi les trobairitz.

L’œuvre elle-même des troubadours est conservée dans plusieurs  manuscrits et codex en France, Espagne ou Italie, et a été analysée par les philologues, et les musicologues à partir du XIXe siècle.

L’image d’Épinal du frivole poète courtisan ou du baladin à grelot n’a qu’un très lointain rapport avec la réalité. Le baladin à grelots était plutôt le rôle des bateleurs et jongleurs qui accompagnent le troubadour et parfois chantent leur composition à leur place.


La poésie des troubadours est une littérature poétique en vers réguliers, destinée à être chantée, voire mise en dialogues et en saynètes.

Le troubadour est défini comme celui qui sait trouver des vers et composer les musiques, il correspond à l’idée actuelle d’inventeur ou de créateur. Par exemple la vida de Bernart de Ventadour indique qu’il savait trouver les bons mots et les belles musiques, « aveia sotilessa et art de trobar bos motz e gai sons ». Les deux éléments sont indissociables, la poésie est faite d’abord pour être chantée et non récitée1. Le troubadour était à la fois celui qui maîtrisait l’art poétique, et qui composait des mélodies pour accompagner le texte. Le mot troubadour, au sens strict, désigne les poètes du Moyen Âge s’exprimant en langue occitane.

La langue des troubadours était la lenga romana, langue romane, terme toujours utilisé par les chartistes pour désigner la langue des textes  profanes du Moyen Âge de ces régions, qu’ils soient poétiques ou non. On lui préfère actuellement l’appellation d’ancien occitan. Le mot occitanien est apparu pour la première fois dans l’Essai de glossaire occitanien publié en 1819 par Henri de Rochegude à partir d’un mélange d’œuvres des différents troubadours. Son introduction fait état du débat, déjà très vif à l’époque, sur les deux questions de l’unicité linguistique du Sud de la France, et du nom qu’il faut donner à la langue des troubadours. Il fait l’hypothèse de l’unicité, rejette les appellations concurrentes de provençal, de limousin et de catalan, pour adopter celle d’occitanien, afin de ne pas la confondre avec le dialecte languedocien encore très parlé à son époque. Reprenant l’Histoire générale de la Provence de Jean-Pierre Papon, il explique cette unicité linguistique originelle par la création et la diffusion d’un beau parler depuis les vicomtés de Gévaudan et de Carlat (la cour de l’épervier au Puy restera le foyer du chant d’amour) dans une aire comprenant la Provence, le Languedoc, la Catalogne et le Limousin, qui commence à partir du mariage en 1112 de Douce de Gévaudan, comtesse de Gévaudan, de Carlat, comtesse de Provence, avec Raymond Bérenger III le Grand, comte de Barcelone. La cour de Blanche de Carlat-Gévaudan-Lodève-Provence, dont le siège passera d’une région à l’autre, sera effectivement le foyer d’une cour littéraire qui se perpétuera plusieurs siècles, et fera école dans les grands lignages seigneuriaux apparentés comme les vicomtes de Rodez, de  Narbonne, ou de Ventadour.

Au xiiie siècle Raimon Vidal de Bezaudun nomme sa langue lemosi (limousin), tandis que les Italiens la nomment proensal (provençal), appellation qui fut reprise par certains romanistes du XIXe siècle et du début du XXe siècle, sous le terme « d’ancien provençal ». Au XIVe siècle, Dante dans son De vulgari eloquentia la nomme lingua d’oco (langue d’oc). Depuis le milieu du XXe siècle, elle tend à être désignée comme ancien occitan.

Les plus anciens témoignages écrits en langue d’oc au XIe siècle sont la Chanson de sainte Foy d’Agen et le Poème sur Boèce. Avec la langue religieuse et la langue de chancellerie, la langue littéraire fait partie de la scripta occitane qui constitue l’ensemble des textes écrits en ancien occitan au Moyen Âge.

Quelle que soit leur région d’origine, qu’ils soient gascons, provençaux, catalans ou italiens, les textes des troubadours copiés dans les chansonniers à partir du XIIIe siècle, sont écrits dans une langue commune, une koinê, avec peu de caractères dialectaux différenciés. Cette forme normalisée définissait une langue littéraire spécifique au domaine poétique qui s’est diffusée avec les premiers troubadours classiques, tandis que dans le nord à la même époque la langue d’oïl était spécifiquement adaptée au genre épique. Cette langue poétique ne connaît pas de variations dans le temps, entre le xie et le xiiie siècle elle demeure immuable.

Il est difficile de localiser l’origine de l’ancien occitan qui partage des analogies avec le limousin et le languedocien. Raynouard en faisait à tort l’origine de toutes les langues romanes. Quatre hypothèses ont été avancées pour l’origine de la koinê des troubadours: les origines limousine,  poitevine, narbonnaise, et centraliste.

Les anciennes recherches sur l’histoire des troubadours se concentraient sur la détermination de leur origine. Aucune thèse n’a jamais fait consensus dans ce domaine.

La thèse de l’influence arabe sur la genèse de l’œuvre lyrique des  troubadours a été très discutée aux XIXe et XXe siècles. Les spécialistes actuels tendent à ne plus croire à cette hypothèse d’une influence des thématiques de la poésie arabe sur celle des troubadours ; si certains thèmes ou images poétiques sont identiques ce serait en raison d’une thématique « universelle et polygénétique » : baisers dans le vent, séparation des amoureux, rendez-vous secrets, etc. De même, si des contacts culturels sont attestés entre les troubadours et la tradition lyrique hispano-arabe, des thématiques semblables pouvaient autant exister dans la tradition lyrique romane antérieure aux troubadours. Certains spécialistes jugent néanmoins possible la transmission de la forme strophique de la poésie arabe vers la forme des poèmes et chants troubadours.

D’autres thèses proposent d’expliquer l’émergence des troubadours ou la singularité de leurs œuvres : l’influence de la doctrine du catharisme, du christianisme (mariologie, liturgie), la survivance de coutumes païennes ou matriarcales (celtiques, germaniques…), les styles du latin médiéval, le folklore et la tradition orale, la littérature classique latine (Ovide, Cicéron, Platon), le néoplatonisme, et à partir du XXe siècle l’analyse des facteurs politiques et sociaux.

Source : Wikipédia.

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