Le paon.

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Paon est un nom vernaculaire ambigu désignant certains oiseaux appartenant à différentes espèces et sous-espèces de la famille des Phasianidés, classés dans les genres Pavo et Afropavo. Les paons sont donc proches des faisans et des pintades. Hormis le Paon bleu (Pavo cristatus), domestiqué de longue date, les autres espèces sont menacées de disparition au XXIe siècle. Leur plumage remarquable est la raison de leur popularité dans la culture et les arts.


Son nom est associé par jeu de mots à celui de Panoptès. La femelle du paon est appelée « paonne » (prononcer « panne ») et son petit « paonneau » (prononcer « panneau »).

La succession des deux voyelles incite à rapprocher le mot “paon” de son nom طَاوُوس ṭāwūs en arabe et طاووس tâvus en persan. Taos est un prénom fréquent dans les familles kabyles, et fut donné à Taos Amrouche.

On dit que le paon « braille » ou « criaille », c’est-à-dire « paonner », quand il pousse son cri caractéristique.

Quand il étale les plumes de sa queue sous la forme d’un éventail, on dit que le paon « fait la roue » ; pour les Canadiens, c’est aussi un « paon rouant ». Cette roue comprend des structures en forme d’œil, qui sont donc appelées ocelles. Le paon fait la roue pour attirer les femelles pendant la période de reproduction; il fait une “danse” en faisant bouger ses plumes de façon à ce qu’elles reflètent la lumière, rendant ainsi ses couleurs d’autant plus belles. Ou pour impressionner les autres mâles lors de combats singuliers.

Paon, carte maximum, Chine, 2004.

Par analogie, certaines races de pigeon biset ayant été sélectionnées pour leur ressembler s’appellent pigeon paon. Certaines espèces de poissons combattants sont également appelées « paon de mer » en allusion à leurs nageoires étalées. Plusieurs espèces de papillons portent aussi le nom de ces oiseaux, comme le grand paon de nuit, en raison de leurs ailes ocellées.

Le paon porte sur la tête une aigrette en couronne et le plumage de la queue du mâle peut se dresser en éventail : on dit le plus souvent qu’il fait la roue. Les plumes de la queue possèdent des ocelles ressemblant à des yeux.

Chez les paons, les mâles et les femelles ne se différencient qu’à l’âge de deux ans[réf. nécessaire]. À peine plus petite, la femelle se distingue par une queue beaucoup plus courte et un plumage nettement moins bigarré, plus propice au mimétisme. Cette particularité l’aide en effet à passer inaperçue lorsqu’elle doit rester sur le sol pour couver. La traîne du mâle peut atteindre 1,50 m de long, sauf chez le paon du Congo, plus proche de celle du dindon. Elle n’atteint sa taille adulte qu’au bout de trois ans. Le cri d’appel caractéristique du paon, « léon ! », peut s’entendre à plus d’un kilomètre à la ronde.

Le paon est un animal diurne. Il est vulnérable à l’éclairage artificiel nocturne qui accroit son degré de vigilance la nuit ; c’est ce qu’a montré une étude récente (2015) lors de laquelle les chercheurs ont apposé des enregistreurs-accéléromètres sur la tête de paonnes, de manière à pouvoir suivre leurs mouvements de têtes en situation de nuit noire, ou dans un environnement nocturne perturbé par de la lumière. Ils ont constaté qu’en situation de pollution lumineuse, la vigilance nocturne des paonnes est significativement augmentée, et que ces oiseaux quand ils devaient faire face à un compromis entre vigilance et dormir la nuit passait moins de temps à dormir, probablement au détriment de leur santé8. Quand on leur donne le choix, ils ne choisissent néanmoins pas de se percher à l’ombre plutôt qu’à la lumière.

Les couleurs chatoyantes et les ocelles sont provoqués par la structure complexe de la plume du paon.

De fait dans l’absolu la plume est de couleur noire permettant une absorption complète du spectre lumineux, les barbules étant hérissées de microlamelles parallèles. Lorsque la plume est éclairée, selon le chemin parcouru par les radiations lumineuses dans les microlamelles, deux radiations lumineuses de même couleur peuvent s’annuler, la barbule recevant alors une lumière d’où a disparu une couleur, soit la couleur complémentaire. La couleur qui apparaît à nos yeux dépend de l’écartement entre les microlamelles, celui-ci est de l’ordre de la longueur d’onde, soit quelques dixièmes de microns.

Les oiseaux très voyants paradent volontiers pour séduire leur partenaire ou écarter les rivaux.

Le paon mâle « fait la roue » pour séduire les femelles lors de sa parade nuptiale. Il étale en éventail les longues plumes de sa queue, puis tourne sur lui-même en les agitant pour faire admirer sa parure.

Du fait de son caractère extrême parmi les oiseaux, le paon a servi de cas d’école pour comprendre les modalités de la sélection sexuelle, l’un des piliers de la théorie de l’évolution.

En s’appuyant sur sa théorie de l’évolution fondée sur la sélection naturelle, Charles Darwin s’est interrogé sur l’existence des dimorphismes sexuels, comme les parures nuptiales colorées et complexes des oiseaux, et en particulier celle du paon. En effet, si l’on considère de manière restrictive que la sélection naturelle ne s’exercerait que sur la capacité de survie (accès à la nourriture et la capacité d’échapper aux prédateurs), un tel animal, très voyant, aux couleurs extravagantes, aux cris si aisément reconnaissables et perceptibles, consommant beaucoup d’énergie superflue pour son plumage aussi élaboré qu’inutile pour la survie, et courant aussi lentement, aurait dû disparaître depuis longtemps parce qu’il serait mal adapté à son environnement. Darwin disait lui-même de manière humoristique que les paons étaient son cauchemar10. Cela lui a en réalité permis de découvrir qu’une des composantes essentielles de sa théorie de la sélection naturelle est la sélection sexuelle : l’évolution d’un attribut sexuel apparu au départ par une simple fluctuation et s’étant développé parce que conférant un avantage reproductif, par l’attirance accrue des femelles.

Ronald Aylmer Fisher fait de la traîne du mâle un exemple classique d’emballement fisherien, parce que son développement ne donne aucun autre avantage sélectif que celui d’attirer les paonnes, et qu’un tel processus de sélection sexuelle, conférant un fort avantage pour la transmission de leurs caractères héréditaires aussi bien aux mâles qu’aux femelles qui participent à ce jeu, ne peut que s’emballer de générations en générations de manière exponentielle, jusqu’à créer des attributs sexuels exagérés par leur taille et leur raffinement, tant que ceux-ci ne provoquent pas de désavantage majeur pour la survie, auquel cas un équilibre s’installe ensuite entre la sélection sexuelle et les autres composantes de la sélection naturelle plus liées à la survie (capacité d’accéder à l’alimentation et d’échapper à la prédation, aux parasites et aux maladies).

Amotz Zahavi a aussi repris l’idée de Darwin pour développer sa théorie du handicap dans le cadre de la théorie de l’évolution.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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