La Flûte de Pan.

La flûte de Pan est un instrument de musique à vent composé d’un ensemble de tuyaux sonores assemblés.

Elle appartient au groupe des instruments à vent, le matériau vibrant produisant le son étant l’air lui-même. Et plus précisément, puisqu’il s’agit d’une flûte, le son (vibration ondulatoire) est obtenu par la rupture d’une lame d’air sur un biseau.

Il existe dans le monde une grande variété de formes et d’organisations spatiales de cette flûte. Les matériaux utilisés sont aussi très variés. Mais quelle que soit la forme ou l’époque, elles dérivent d’un archétype commun: quelques chaumes (roseaux, bambous, etc.) rassemblés.

On trouve des flûtes de Pan en Europe, en Asie, en Amérique, en Océanie et en Afrique. Ces flûtes portent naturellement de nombreux noms différents et « flûte de Pan » est en somme le nom générique français pour l’ensemble des flûtes appartenant à cette famille d’instruments. On utilise aussi en français, dans l’usage poétique ou didactique, le mot de « syrinx », qui rappelle l’origine mythologique, dans la sphère gréco-latine, de la flûte de Pan occidentale.


L’ancienneté de l’instrument est attestée par diverses découvertes archéologiques : « Les plus anciennes flûtes de Pan découvertes en Europe sont originaires des régions orientales du continent : d’une nécropole néolithique (2000 av. J.-C.) d’Ukraine méridionale et d’un site de la région de Saratov. Chacune se compose de sept à huit tuyaux en os creux d’oiseau».

Cependant, il serait vain de vouloir préciser la date ou le lieu de sa naissance. Considérons donc simplement que l’on peut fabriquer une flûte de Pan en roseau (ou en chaume) sans aucun outillage, ce qui accrédite sensiblement son extrême ancienneté.

Par ailleurs, l’ethnomusicologue André Schaeffner propose une théorie essentielle sur sa genèse, laquelle serait très progressive. Il faut, si on veut le suivre, imaginer des personnes portant chacune un tuyau, et c’est l’ensemble de ces personnes qui constitue la flûte de Pan originelle. Cette théorie s’appuie notamment sur les travaux des archéologues P. Girod P. et E. Massenat, qui ont découvert un ensemble de sifflets reliés entre eux par un lien lâche.

La flûte de Pan, ou syrinx, est un attribut du dieu Pan. Toutefois, il faut se garder de traduire systématiquement syrinx par « flûte de Pan ». En effet, syrinx signifie « flûte », c’est donc aussi un nom générique. On précisait ainsi : syrinx polycalame pour désigner une flûte de Pan, syrinx monocalame, une flûte droite. Le mot syrinx provient du grec ancien σύριγξ, signifiant « roseau taillé et creusé » et, par extension, « flûte », le mot a été repris par le latin syrinx, syringis qui signifie « roseau » ou « flûte ».

On attribue à Pan différents pères et mères selon les récits que l’on consulte. Cependant, le lien avec Hermès/Mercure est toujours fort et Pan est souvent présenté comme étant le fils d’Hermès. Ainsi le chant XVIII des Hymnes homériques, sans doute un des textes occidentaux les plus anciens où la flûte de Pan soit évoquée, précise bien la généalogie de Pan et rapporte déjà l’existence de l’instrument de musique qui est son attribut. Toutefois, il n’est alors jamais précisé que Pan en est l’inventeur. En fait, dans ces temps anciens, c’est Hermès qui est donné comme l’inventeur de cette flûte.

Le traducteur parle de chalumeaux et non de syrinx. Il ne faut pourtant pas voir dans ces chalumeaux l’ancêtre organologique de la clarinette, mais bien une flûte de Pan (dont le caractère polycalame est confirmé par l’usage du pluriel dans « chalumeaux »).

Ces hymnes furent certainement écrits entre le VIIIe siècle av. J.-C. et le IVe siècle de notre ère sans qu’on puisse les dater avec une grande précision. Il faut aussi dire qu’ils ne doivent rien à Homère, si ce n’est le recours à un mètre poétique aussi utilisé par lui. Cette première association Pan–flûte de Pan, relatée par le chant XVIII des Hymnes homériques, ne nous permet donc pas de remonter au-delà du VIIIe siècle av. J.-C.

Cette première évocation de la relation Pan–flûte de Pan — la plus ancienne connue de nous — ne fait cependant pas de Pan l’inventeur de la flûte qui porte aujourd’hui son nom. C’est plus tard, avec  les Métamorphoses d’Ovide, que Pan devient enfin l’inventeur de sa flûte. Pour résumer la métamorphose de syrinx : Pan, poussé par le désir, pourchasse la nymphe Syrinx, mais elle se dérobe finalement sur les berges du fleuve Ladon. Son souhait d’échapper à Pan est exaucé et elle est transformée en roseaux, lesquels bruissent doucement sous le souffle de Pan déçu. Il décide alors d’assembler quelques roseaux pour entretenir sa mémoire et invente ainsi la syrinx. Platon, par ailleurs, évoque la syrinx en ces termes : « Il te reste […] la lyre et la cithare, utiles à la ville ; aux champs, les bergers auront la syrinx ». Cette citation est importante pour situer la flûte de Pan dans son contexte. Il s’agit d’un instrument de pasteurs, fortement associé à une économie où la fertilité des troupeaux est le centre d’intérêt premier.

Dans ce cadre, la flûte de Pan a pu opérer par ses vertus symboliques, vertus largement partagées par l’ensemble des flûtes puisqu’elles sont liées au matériau mis en œuvre bien plus qu’à la forme spécifique de la flûte de Pan.

Au Moyen Âge, cet instrument était appelé par son nom latin : fistula Panis, ce qui a donné frestel. En Provence, une flûte de Pan est connue sous le nom de fresteu, et dans les Pyrénées on en trouve une sous le nom de fioulet (qui signifie par ailleurs sifflet).

La flûte de Pan provençale était sans conteste une flûte de bergers, alors que la flûte pyrénéenne était maniée par les castreurs de cochon (qui jouait une ritournelle pour faire connaitre leur passage dans les villes et villages).

Une fouille sur le site d’Alésia a révélé une flûte de Pan monoxyle, en assez bon état de conservation. Une flûte très semblable à la flûte d’Alésia a été découverte en Angleterre lors de fouilles sur le site viking de Jorvik (York). Une flûte de même type est aussi conservée au Musée archéologique des cantons Thurgau, en Suisse.

Par ailleurs, de nombreuses flûtes de Pan sont représentées par les sculpteurs médiévaux. Ces flûtes sont le plus souvent monoxyles comme celle d’Alésia, ou monoxyles à fenêtres.

Il est certain que ces flûtes peuvent être associées principalement au monde rural, pastoral, mais il existe cependant une flûte de Pan fabriquée au XIXe siècle qui montre une finition particulièrement soignée, et qui nous révèle qu’elle a pu sortir de son monde originel et se faire entendre dans une société plus fortunée.

Source : Wikipédia.

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