La Bataille de Morat (Suisse, 1476).

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Histoire
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
  • Temps de lecture :20 min de lecture

La bataille de Morat est une victoire remportée le 22 juin 1476 par les Confédérés suisses et leurs alliés alsaciens aidés par la cavalerie du duché de Lorraine et de l’archiduché d’Autriche formant la Basse Ligue sur l’armée bourguignonne du duc Charles le Téméraire dans le cadre des guerres de Bourgogne.


À partir de 1474, l’Alsace se soulève dans un mouvement de protestations face aux actions du landvogt Hagenbach, et donc contre la domination bourguignonne. Les villes de Thann ou de Brisach entrent ainsi en rébellion ouverte et résistent aux manœuvres militaires du landvogt qui tente de soumettre par la force les cités récalcitrantes. Fort du soutien des confédérés dans le cadre de la Basse union, les Alsaciens bénéficient de la position attentiste prise par le duc de Bourgogne, celui-ci ne souhaitant pas déclencher une déflagration générale pour un territoire qu’il n’estime pas primordial dans sa volonté de constitution d’un royaume rhénan.

Au printemps, les troubles atteignent leur paroxysme et pousse l’armée de Sigismond à reprendre position en Alsace5. Hagenbach est arrêté et condamné à mort après un procès expéditif. Son exécution pousse Charles le Téméraire à réagir. Il confie près de 8000 soldats au frère de Hagenbach et lui ordonne de punir les villes alsaciennes. Les mois suivants, les troupes bourguignonnes ravagent les campagnes sans que ni les Autrichiens ni les confédérés n’osent intervenir et risquer de voir l’entièreté de l’armée bourguignonne mobilisée sur ce front sans que les Français ne viennent à leur soutien.

Toutefois, à l’été 1474, le duc de Bourgogne doit mobiliser son armée dans le cadre d’un conflit entourant l’épiscopat de Cologne6. Il décide d’assiéger la ville de Neuss mais sa position s’enlise. Profitant de l’immobilisation des troupes bourguignonnes et du soutien de Louis XI, les confédérés lancent alors plusieurs opérations militaires en Bourgogne, mal défendues par des troupes en nombre trop faible, pendant que le duché de Lorraine rejoint la Basse union et menace Charles le Téméraire.

Parvenant au début de l’année 1475 à faire cesser le siège infructueux de Neuss, Charles lance alors ses troupes en Lorraine et prend Nancy. Durant cette période, il mesure également l’importance prise par la Confédération des VIII cantons dans la déstabilisation de ses actions. Pendant ce temps, à l’automne 1475, les troupes bernoises et fribourgeoises appuyées par des Soleurois et des Zurichois attaquent les positions de Jacques de Savoie, comte de Romont et allié des Bourguignons, dans le pays de Vaud9. Les soldats suisses saccagent les campagnes et les villes vaudoises durant plusieurs mois sans que le comte parvienne à les stopper. Durant cette campagne, les confédérés et leurs alliés s’emparent de plusieurs villes d’importance stratégique (comme Yverdon, Payerne et Grandson) et y installent des garnisons afin de contrôler les voies de communication. Immobilisé plusieurs mois par la guerre en Lorraine, Charles le Téméraire ne peut immédiatement porter secours à son allié et doit attendre la fin des opérations, marquée par l’armistice de Souleuvre entre lui et Louis XI au mois de septembre 1475, pour pouvoir envoyer son armée vers le pays de Vaud et soutenir les troupes savoyardes.

Résolu à rétablir les possessions de Jacques de Savoie et à limiter l’influence future des confédérés dans ses affaires, le duc de Bourgogne arrive sur place avec son armée au cours du mois de janvier 1476. Épuisée par les exactions des semaines passées, la population vaudoise accueille favorablement l’armée bourguignonne. Les troupes de Charles manœuvrent rapidement et parviennent à reprendre aisément les villes d’Yverdon, Payerne et Grandson durant les mois de janvier et février. Toutefois, les Bourguignons ne bénéficient pas d’un réel effet de surprise. Du fait de la situation géopolitique des derniers mois, les troupes des confédérés sont mobilisées et les cantons ne perdent pas de temps pour organiser leur riposte. Ainsi, les opérations militaires bourguignonnes sont en réalité relativement lentes et permettent aux troupes suisses de se regrouper en vue de lancer une contre-attaque sur la ville de Grandson.

Entre-temps, le duc de Bourgogne décide de repositionner son armée dans la plaine. Il espère ainsi pouvoir livrer bataille contre les soldats suisses sur un terrain relativement dégagé et profiter de sa supériorité dans les domaines de l’artillerie et de la cavalerie. Le 18 mars, les troupes suisses passent à l’attaque et approchent de la ville. Le plan de Charles consiste à faire face à l’avant-garde des confédérés qui arrive par les contreforts jurassiens et de l’attirer au centre de son dispositif. Ensuite, il déclenchera un fort tir d’artillerie couplé à une charge et un encerclement des troupes ennemies par sa cavalerie, à la manière du feu roulant moderne. Toutefois, sa manœuvre est mal comprise par son armée qui, voyant arriver le corps d’armée principal des Suisses par la route du lac, panique et se débande. Les Bourguignons fuient le champ de bataille par l’ouest pour éviter d’être repoussés par les confédérés dans le lac. Ils abandonnent ainsi leur camp et se dispersent sur une grande zone du pays vaudois.

Après la bataille, les soldats suisses n’engagent pas la poursuite des troupes bourguignonnes et préfèrent piller le camp bourguignon laissé à l’abandon. Si le duc se voit dépossédé d’une partie importante de son trésor et perd la presque totalité de son artillerie, cette décision des confédérés lui permet de fuir sans encombre majeur, de regrouper les troupes éparpillées de son armée et de mobiliser de nouveaux renforts via le mercenariat.

Après la défaite à la bataille de Grandson, où les troupes de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, prises de panique, s’enfuient du champ de bataille, provoquant la perte de la totalité de son artillerie, Charles est pris d’un désir de vengeance et il ne renonce pas à vouloir faire plier les Suisses.

Il reconstitue alors son armée, rallie ses troupes et reçoit des renforts de mercenaires d’Italie avec des arbalétriers, mais aussi des archers anglais et des piquiers flamands. C’est dans les environs de Lausanne qu’il réorganise ses troupes et essaie par l’entraînement de donner un peu de cohésion à son armée hétérogène.

Vers la fin du mois de mai, c’est une armée bourguignonne forte de 15 000 à 30 000 hommes suivant les sources qui se dirige vers Berne. Après plusieurs jours de marche, elle arrive au pied de la ville de Morat. Celle-ci est défendue par une garnison de Bernois et de Fribourgeois d’environ 1 500 hommes, commandés par Adrian Ier von Bubenberg.

Dans la première moitié des années 1470, le duc de Bourgogne restructure profondément son armée. Abandonnant le modèle féodal traditionnel, il rationalise l’organisation de ses troupes et les structures selon le schéma suivi par les Français. Ainsi, des compagnies d’ordonnance sont créées. Elles sont composées de 100 lances, des unités plus restreintes de neuf hommes : un chevalier (cavalier), son page et son écuyer, trois archers montés, un piquier, un arbalétrier, un couleuvrinier. Cette réforme permet alors de faciliter la mobilisation des hommes en cas de conflit et surtout l’entraînement régulier des soldats et la discipline au combat.

Au départ du camp de Lausanne, l’armée bourguignonne en marche est composée d’environ 30 000 hommes. Toutes les personnes n’appartiennent pas aux unités combattantes (un peu plus de la moitié du personnel). En effet, les soldats sont suivis par de nombreuses personnes chargées d’assurer la logistique de l’armée ainsi que la vie typique de l’époque. Ainsi, les nobles sont accompagnés de serviteurs et valets, de nombreux artisans sont présents afin d’entretenir le matériel militaire, des hommes sont chargés d’assurer le déplacement du matériel d’artillerie, etc.

Le 10 juin, le duc de Bourgogne arrive en vue de Morat et commence ses manœuvres pour installer le siège et prendre la ville. Il ordonne à Jacques de Savoie, comte de Romont, de prendre position au nord du dispositif tandis que le comte de Tarente se voit assigner la partie sud. Les troupes bourguignonnes se répartissent sur toute la plaine centrale. Le duc de Bourgogne positionne son camp personnel au sommet d’une petite colline, le bois Domingue, ce qui lui permet de surveiller la ville ainsi que l’intégralité des opérations militaires.

Craignant la venue rapide d’une armée de secours des confédérées, Berne n’étant qu’à un peu plus de 30 kilomètres, le Téméraire décide de bloquer les voies d’accès à Morat. Suivant l’exemple de la bataille de Grandson durant laquelle les confédérés sont arrivés par la route des contreforts jurassiens plutôt que par celle du lac, il décide de barrer l’accès à la plaine de Morat en installant une fortification de campagne – la haie verte (Grünhag) – sur la route à l’ouest de la ville. La seconde route, le long du lac, est placée sous la surveillance du comte de Romont mais sans installation défensive particulière.

La haie verte est un ensemble de palissades rectiligne orienté NO-SE entre les lieux-dits de Burg et Salvagny et faisant face à une vaste prairie dégagée sur environ un kilomètre. Elle coupe la route ainsi que cette prairie et empêche le débouché sur la plaine et les contreforts entourant Morat. Pour compléter le système défensif, un groupe d’artillerie de campagne composé d’une quarantaine de pièces (principalement des couleuvrines) fortifie une position sur la gauche. Tournée vers l’ouest, l’objectif de cette disposition est de couvrir un assaut sur la haie verte à l’aide de l’artillerie, notamment en réalisant des tirs en enfilade. L’ensemble fortifié exploite également les avantages du terrain. Ainsi, la gauche de la position d’artillerie s’appuie sur un talus naturel – le burggraben – et le côté sud de la forêt séparant les deux routes. Sur le plan humain, la défense de la haie verte est confiée au comte de Marle. Pour cela, il dispose d’environ 2 000 hommes mobilisés sur alerte et organisés en petites unités disparates de piétons, couleuvriniers et artilleurs.

Pour compléter ces mesures strictement défensives, le duc de Bourgogne tente aussi des actions offensives en vue de couper la garnison assiégée d’éventuels renforts. Le 12 juin, il tente de s’emparer de trois ponts sur la Sarine dans le but d’empêcher et de retarder le passage de troupes ennemis sur la rive gauche de la Sarine. Toutefois, ses troupes échouent à se rendre maîtresses des édifices.

En ce qui concerne les opérations de siège, le bombardement des murs d’enceinte débute le 11 juin. Dans un premier temps, le Téméraire opte pour un assaut général contre la ville : les Savoyards attaquant au nord pendant que les Lombards font de même au sud. Le creusement des tranchées commence dans la nuit du 12 au 13 juin. Arrivés rapidement à proximité des fortifications, les Lombards essuient un feu nourri de la part des défenseurs et doivent se replier pour limiter leurs pertes.

Charles adapte alors sa stratégie et décide le 14 juin que l’attaque décisive contre la ville se fera uniquement par le nord. C’est donc le comte de Romont qui sera chargé de prendre la cité ou au moins d’en occuper la partie nord. Si les armées restent à leurs positions, l’artillerie de siège est réorganisée dans la nuit du 14 au 15 juin pour augmenter son efficacité et percer les défenses nord. La perte de nombreuses pièces lors de la retraite à Grandson affecte en effet l’efficacité du siège bourguignon : ce sont seulement 70 coups par jour qui peuvent être tirés par les assaillants. La mise en batterie des pièces d’artillerie de siège porte ses fruits et le 15 juin, elle parvient à écrouler une partie du mur. Les défenseurs tentent alors une sortie pour désorganiser l’artillerie de siège mais leur effort échoue devant les défenses bourguignonnes.

Durant ce temps, les rumeurs et les craintes concernant l’arrivée d’une armée de secours confédérée se font plus pressantes. A partir du 17 juin, le duc met plusieurs fois en état d’alerte les troupes devant défendre la haie verte. Toutefois, outre affaiblir le moral de ses hommes par cette répétition d’alertes infondées, ces différentes manœuvres permettent aux soldats de la garnison d’observer le dispositif bourguignon et d’y déceler des lacunes. Le duc de Bourgogne ne parvenant pas à réaliser un blocus lacustre de la ville malgré l’armement de plusieurs bateaux, les défenseurs peuvent donc transmettre des renseignements sur les faiblesses des assaillants aux émissaires bernois.

Au soir du 18 juin, Charles ordonne une attaque générale sur la brèche ouverte dans les remparts. Son plan obéit à ses deux impératifs que sont prendre la ville mais aussi forcer les confédérés à se découvrir pour pouvoir les affronter. Malgré des combats intenses durant 8 heures, les Savoyards ne parviennent pas à pénétrer dans la ville. Toutefois, si le premier objectif du Téméraire n’a pas été atteint par cet assaut, le second lui donne quelques résultats. Effectivement, bien que l’armée confédérée soit toujours invisible, les différents renseignements recueillis par les forces du duc de Bourgogne accréditent toujours plus la marche des soldats suisses vers Morat et leur attaque prochaine.

Côté suisse, les forces convergent vers un camp situé à environ 20 kilomètres à l’est de Morat sur la rive droite de la Sarine. Du fait de l’arrivée des troupes de différents cantons, le rassemblement de toutes les forces nécessite plusieurs jours. Par exemple, les dernières troupes zurichoises n’atteignent Berne que le 21 juin dans la journée et le camp le 22 au matin, après plusieurs jours de marche forcée. Exploitant ce temps de rassemblement à leur avantage, les confédérés déjà présents profitent de ces moments pour faire du renseignement et préparer la bataille. Plusieurs espions et petites troupes sont ainsi envoyés sur la rive gauche de la Sarine où ils peuvent utiliser au mieux leurs connaissances préalables de la zone.

La structure politique et les alliances qui régissent les relations entre les différents cantons suisses impliquent qu’il n’existe pas de commandement unifié préalable pour les troupes des confédérés. Des conseils de guerre sont ainsi nécessaires pour arrêter le plan de bataille et les rôles de chacun. Dès le 20 juin, les chefs suisses, bien renseignés sur le dispositif bourguignon, décident de porter leur attaque sur le secteur de la haie verte. Lors d’un autre conseil le 21 à Ormey, ils décident de faire monter leur troupes face à la haie verte le jour même et d’envisager une attaque dès le 22. Bien que le plan soit risqué, que certaines troupes ne disposent pas d’un repos suffisant et que le plan ne prévoit pas une aide plus directe à la garnison de la ville, les confédérés espèrent prendre par surprise les Bourguignons et briser leur ligne de défense. Durant ces conseils, il est également arrêté que les troupes ont pour mission de détruire définitivement l’armée bourguignonne et ne devront épargner aucun adversaire. Les autorités des différents cantons souhaitent ainsi réduire au silence la menace bourguignonne et ne pas reproduire la fin de bataille de Grandson où les soldats suisses n’avaient pas pourchassé les Bourguignons en fuite, préférant se livrer au pillage du camp ennemi.

Dès le 21, les premières troupes confédérées passent sur la rive gauche de la Sarine et prennent position à l’ouest d’Ormey, dans les bois en face de la haie verte. De leur côté, les Bourguignons mènent quelques reconnaissances à l’est de leur position et découvrent le mouvement de certaines troupes. Toutefois, convaincu que l’armée suisse est en réalité plus petite et que sa tactique sera similaire à Grandson – à savoir pousser une reconnaissance sur la haie verte puis attaquer avec le gros des troupes par la route du lac -, Charles ne voit dans ces manœuvres que les prémices de l’avant garde des confédérés alors qu’il s’agit en réalité de leur arrière garde.

Le 22 au matin, les confédérés réalisent les derniers préparatifs avant la bataille : les dernières troupes passent la Sarine, les prêtres prononcent les prières et les sacrements d’usages et plusieurs hommes sont adoubés. Pendant ce temps, les troupes sortent des bois et prennent position face à la haie verte. Le duc de Bourgogne, toujours persuadé que ces mouvements sont le fait de l’avant garde et que l’attaque réelle se fera plus au nord sur le secteur tenu par le comte de Romont, n’ordonne pas de manœuvres particulières de son côté hormis mettre toutes ses troupes en alerte. Les soldats suisses peuvent donc rester à découvert sans subir de tirs d’artillerie ou des volées de flèches.

Après que le duc de Bourgogne a décidé de lever l’alerte pour une part importante de son dispositif, l’armée suisse lance son attaque sur la haie verte16. Les confédérés attaquent la position, disposés en trois colonnes profondes qui montent à l’assaut des fortifications. Les combats sont intenses, l’artillerie bourguignonne montrant son efficacité et ralentissant fortement l’avance des Suisses malgré la supériorité numérique de ceux-ci (environ 5 contre 1). Toutefois, la levée de l’état d’alerte quelques minutes plus tôt pour les troupes de soutien a temporairement désorganisé le système bourguignon. Les cavaliers sont en effet descendus de cheval et de nombreux hommes ne sont plus en ordre de bataille. Les Suisses profitent ainsi de cet avantage et un groupe de Schwytzois parvient à franchir le burggraben et pénétrer dans la position d’artillerie. À partir de cet instant, la haie verte cède et les troupes bourguignonnes commencent à fuir le secteur, laissant la plaine libre devant l’avance des confédérés.

Côté bourguignon, Charles se montre indécis et inactif. Il n’offre en effet que peu de soutien aux hommes de la haie verte en train de s’effondrer. Les troupes qui l’entourent réalisent tout de même une contre-attaque qui bloque l’avancée des fantassins lorrains et de la cavalerie mais ils sont rapidement contraints de reculer sous la poussée de l’ensemble de l’infanterie suisse. Plus au nord, les Savoyards sont trop éloignés des positions de la haie verte pour leur offrir un soutien d’artillerie ou humain. Enfin, les Lombards tentent de remonter vers le nord pour soutenir le centre bourguignon mais ils sont contraints de rester en position par une sortie de diversion des défenseurs.

Avec la chute de la haie verte et l’échec de la contre-attaque du centre et des réserves bourguignonnes, l’ensemble du dispositif de Charles s’écroule. Devant l’arrivée en masse des contingents confédérés, les soldats bourguignons tentent de fuir. Cernés par les troupes suisses qui ne font aucun quartier et les repoussent vers les fortifications de la ville et le lac, les hommes sont pris de panique. Au total, entre 10 000 et 12 000 Bourguignons meurent sur le champ de bataille, tués par les confédérés ou noyés.

Sur le plan humain, le bilan des combats est lourd pour le camp bourguignon. Charles le Téméraire perd en effet entre 10 000 et 12 000 soldats, soit plus de 60% des effectifs combattants dans son armée. Les communications ainsi que les mémoires suisses retiennent d’ailleurs l’ampleur de la tuerie. Ainsi, les autorités bernoises requièrent l’assistance des chartreux de Thorberg, situés non loin de Morat, pour creuser les fosses communes et inhumer tous les corps et des légendes apparaissent les années suivantes pour expliquer les cas de coloration rouge du lac (attribuée à la résurgence du sang des Bourguignons). Côté confédéré, les pertes enregistrées ce 22 juin 1476 sont relativement limitées. Elles correspondent à quelques centaines d’hommes, morts principalement durant les combats pour la prise de la haie verte.

Sur le plan matériel et financier, la fuite du champ de bataille par les Bourguignons laisse les camps à l’abandon et au pillage des Suisses. Les richesses bourguignonnes tout comme leur matériel militaire – notamment l’artillerie – sont ainsi définitivement perdus. En plus de ces biens, de nombreuses troupes suisses se livrent à de nouveaux pillages dans le pays de Vaud désormais sans défense.

Enfin, sur le plan militaire, la bataille de Morat constitue l’un des tournants stratégiques entre les combats du Moyen Âge et ceux de la Renaissance. En plus de poursuivre le phénomène de nationalisation des armées engagé par la Guerre de cent ans, les deux batailles de Grandson et Morat montrent que les méthodes modernes de combats privilégiées par Charles le Téméraire – la spécialisation des soldats, le recours aux technologies modernes de l’artillerie – s’avèrent vulnérables face à un corps d’infanterie bien entraîné et bien équipé. Les autres souverains européens vont d’ailleurs rapidement s’inspirer du conflit des guerres de Bourgogne pour doter leurs armées de fantassins équipés et organisés « à la suisse ». Ainsi, dès 1495, l’empereur Maximilien constitue des troupes de lansquenets, équipées de piques et de hallebardes et organisées en carrés.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.