La bataille de Marengo (1800).

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La bataille de Marengo vit s’opposer le 14 juin 1800 (26 prairial an VIII) une force française commandée par le général Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, à l’armée impériale du Saint-Empire sous la direction du feld-maréchal baron Michael Friedrich Benedikt von Melas à Marengo, à proximité d’Alexandrie, dans le Piémont (aujourd’hui en Italie). Cette bataille se termine par une défaite des Impériaux.

Les Impériaux tentent de profiter de l’allongement des lignes françaises, occupées à rechercher leur adversaire après la bataille de Montebello, pour traverser l’armée française. Les troupes des généraux Victor et Jean Lannes, obligées de faire retraite devant le gros de l’armée de Melas qui les attaque par surprise, sont soutenues en milieu de journée par les troupes que Bonaparte mène à leur secours. En fin de journée, l’arrivée des cavaliers du général Desaix permet aux Français, fort mal en point, de faire basculer l’issue de la bataille en leur faveur, au point de transformer leur retraite en déroute des Impériaux.

Après la défaite, les Impériaux négocient avec le général Bonaparte la fin de la guerre en Italie qui oblige notamment les troupes impériales à se replier au-delà du Tessin.

Ce fait d’armes permit à Napoléon d’asseoir un peu plus sa position au sein du triumvirat consulaire en tant que Premier consul après le coup d’État des 18 et 19 Brumaire an VIII, au mois de novembre précédent. Malgré la mort de Desaix, la victoire est décisive pour la campagne d’Italie, et permet à Bonaparte de monter une opération de propagande fort importante, faisant passer la bataille à la postérité.


Marengo, carte maximum, Rwanda.

Contraint à la guerre par l’arrivée de la nouvelle armée impériale dans la péninsule italienne, Bonaparte imagine une nouvelle campagne d’Italie, beaucoup plus audacieuse que la précédente. La situation militaire y est pourtant difficile, depuis que le général du Saint-Empire Melas a coupé (en février) l’armée française d’Italie en deux : il assiège à Gênes les troupes commandées par Masséna, et a repoussé Suchet derrière le Var. Bonaparte élabore à partir des événements en cours une vaste combinaison stratégique. Il se constitue une armée de réserve (officiellement commandée par le général Berthier) à Dijon, laissant croire que le gros de l’assaut est confié au général Moreau vers l’armée autrichienne du Danube qu’il doit refouler loin devant. En fait, l’objectif est de la couper du Tyrol pour interdire l’acheminement de renforts en Italie ; dès lors, au lieu de pousser toutes ses troupes vers l’est, Moreau, une fois l’action de l’armée du Rhin bien engagée, doit détacher vers le sud, à travers le col du Saint-Gothard, 17 000 hommes du corps du général Lecourbe vers l’Italie, pour y rejoindre les troupes de Bonaparte, venues de Dijon au même moment par le col du Grand-Saint-Bernard. Cette armée est prévue pour attaquer sur les derrières des troupes impériales occupées au siège de Gênes d’un côté, et à attaquer le Var de l’autre.

L’Empire, peu inquiet des préparatifs de l’armée de réserve, que l’on croit apprêtée en renforts pour Moreau, maintient son armée d’Allemagne sur la défensive, et concentre tout son effort sur l’Italie, rendant terrible le siège de Gênes où l’armée de Masséna est épuisée par la famine, les épidémies et les combats. Alors que la dureté du siège presse à agir, Moreau est lent à lancer ses opérations vers le Tyrol, ce qui retarde Bonaparte dans son franchissement des Alpes par les cols du Petit et Grand-Saint-Bernard. Malgré les difficultés, le 23 mai, enfin, le passage vers les plaines du Piémont est tout de même terminé dans de bonnes conditions, créant la surprise escomptée.

Le 2 juin, le général de division Murat, à la tête de l’avant-garde, entre à Milan ; les Impériaux sont repoussés sur Turin. Mais la stratégie initiale s’effondre lorsque le 4 juin, Masséna doit capituler à Gênes. La prise en étau de Melas entre Masséna et lui est désormais impossible, et un grand nombre de troupes impériales sont libérées pour de futures opérations contre les Français3. Bonaparte doit modifier son plan. Il s’oriente donc plus au nord, fortifie Milan, s’assure toute la ligne du Pô jusqu’à son affleurement avec les Apennins au défilé de la Stradella, fermant ainsi la presque totalité des lignes de retraite des différentes troupes du baron de Melas vers l’Empire. Il pense alors l’accrocher dans une bataille décisive entre Alexandrie et Tortone.

Le 9 juin a lieu à Montebello près de la Stradella la bataille de Montebello. Le général Lannes, à la tête de l’avant-garde française, arrête une partie des Impériaux en retraite, menés par le général O’Reilly, qui sont rejoints par une armée venant de Gênes, commandée par le général Ott. Battue, l’armée impériale se replie, puis rejoint derrière la Bormida le général Melas, qui arrive à son tour à Alexandrie. Cette victoire rend Napoléon excessivement confiant en ses capacités et en celles de ses hommes. Il est désormais convaincu que Melas n’attaquera pas, et mieux encore, que les Impériaux étudient déjà les possibilités de retraite. Comme d’autres contingents français approchent à l’ouest et au sud, Melas doit retirer la majorité des troupes qui tenaient position près de Nice, Gênes et Alexandrie, les repliant sur la route entre Turin et Mantoue.

Les Impériaux ont prévu de se frayer un chemin vers l’est mais, grâce à un agent double connu sous le nom de François Toli, ils essayent de tromper Bonaparte en lui faisant croire qu’ils se dirigent vers le nord, en direction de Milan, après avoir été rejoints par les forces en provenance de Gênes. L’espion conseille alors à Bonaparte de marcher à travers Sale, au nord de la plaine, pour qu’il puisse attaquer les Impériaux sur leur flanc gauche. Entretemps, le gros de l’armée impériale passe à travers le village de Marengo, se dirige vers le nord, avant de tomber sur le flanc gauche de l’armée française. Ott arrive de Montebello le 12 juin, portant les effectifs impériaux à 30 000 hommes, soit 2 000 de plus que les Français de Bonaparte, qui arrive à Sale le 13 juin. La décision des Impériaux de marcher vers l’est a été prise à l’issue d’un conseil de guerre tenu le jour de l’irruption de Bonaparte à Sale. Les généraux les plus expérimentés de l’armée impériale ont vigoureusement approuvé cette stratégie, l’alternative étant que l’armée impériale se repliât le long du Pô, abandonnant le Piémont à l’ennemi sans se battre. Néanmoins, en abandonnant la plaine de San Guillano, où la redoutable cavalerie de l’armée impériale peut déterminer l’issue de la bataille en sa faveur, Melas a certainement commis une grave erreur.

Mort de Desaix à Marengo, carte maximum, France, 1968.

Napoléon sait qu’Ott est coincé à Alexandrie, mais il ignore la position de Melas. Après sa rencontre avec l’espion et craignant de voir le général du Saint-Empire s’échapper vers Gênes ou Mantoue, Bonaparte sépare ses forces dans un large périmètre en envoyant Desaix avec le général de division Boudet (6 000 hommes) au sud à Novi Ligure et le général de division La Poype (3 500 hommes) au nord sur l’autre rive du Pô. Plus au nord, de Verceil au lac Majeur, sont stationnées les divisions d’Antoine de Béthencourt et de Joseph Chabran, et au nord de Plaisance, est stationnée la division de Lorge. Le nouveau consul a également envoyé Lannes pour San Giuliano. Napoléon est convaincu d’avoir vu juste lorsque la division du général Victor, avec l’aide de la cavalerie de Murat, repousse le Feldmarschallleutnant Andreas O’Reilly von Ballinlough du village de Marengo. Victor déploie ensuite les divisions des généraux de division Gardanne et Chambarlhac le long du Fontanone. Les généraux impériaux débattent de l’option de construire un pont au nord afin de prendre à revers la position française, mais le manque de temps et de pontonniers a raison de cette stratégie, forçant les Impériaux à traverser la rivière Bormida pour attaquer.

La bataille a lieu à l’est d’Alexandrie, sur une plaine traversée par une rivière, la Bormida, sur laquelle les Impériaux ont établi une tête de pont. Les trois principaux sites de bataille forment un triangle, avec Marengo à l’ouest, Castelceriolo (it) au nord et San Giuliano Vecchio à l’est. Un cours d’eau, le Fontanone, coule entre Marengo et la Bormida. Le Premier consul établit ses quartiers à Torre Garofoli, encore plus à l’est.

Au départ, 30 000 Impériaux et 100 canons sont opposés à 22 000 Français et 15 canons. Cependant, à la fin de la bataille, l’arrivée de Desaix, avec ses 6 000 hommes, va renforcer l’armée de Bonaparte.

La campagne de 1799 a épuisé l’armée impériale d’Italie, les pertes et la maladie ayant réduit certains régiments à 300 hommes. La composante principale de l’armée est stationnée dans le Piémont et dans la plaine voisine du Pô, une poignée d’unités ayant été placées dans leurs quartiers d’hiver dans des zones mieux ravitaillées. Éloignées de leurs bases, d’où les régiments reçoivent leurs renforts, les troupes vivent dans des conditions misérables. L’armée de mars 1800 est à peine plus forte que celle ayant opéré en 1799. L’équipement et les uniformes ont été améliorés et mis à jour. Un nouvel uniforme a été mis au point, muni d’un casque en cuir et accompagné de mousquets de plus petit calibre, cependant seule une minorité de soldats peuvent en bénéficier en 1800. Des efforts ont été fournis afin de pouvoir standardiser l’équipement, mais l’on dénombre une multitude de calibres de mousquets, ainsi que plusieurs formes de sabres.

Melas divise son armée en trois groupes, face à la Bormida, juste devant Alexandrie. Au nord, le Feldmarschallleutnant Ott (Friedrich Heinrich von Gottesheim et son avant-garde, en plus des divisions de Joseph von Schellenberg et de Ludwig von Vogelsang, au sud la division d’O’Reilly, pendant que Melas lui-même assume le commandement du centre, la plus importante formation, regroupant les divisions de Karl Joseph von Hadik-Futak (de), Konrad Valentin von Kaim, Ferdinand Johann von Morzin (en) et Anton von Elsnitz.

Face à eux, les 36 000 soldats de l’Armée française d’Italie ne sont guère mieux lotis que leurs prédécesseurs de 1795. Le ravitaillement est inadéquat, la discipline et la cohésion font défaut, les désertions creusent les rangs, et parfois, des formations entières marchent vers l’arrière à la recherche de nourriture. Leur valeur combative est donc douteuse. En établissant l’Armée de Réserve en France, le premier mouvement de Bonaparte est de réviser intégralement le système d’approvisionnement en permettant aux troupes de bénéficier régulièrement de provisions et d’uniformes décents. Sans bénéficier de l’énorme supériorité de l’infanterie et de l’artillerie dont ont disposé les armées françaises à l’occasion de plusieurs campagnes républicaines, l’essentiel du corps de réserve de Bonaparte, provenant principalement de la République batave, a servi en Vendée sous le général Brune afin de réprimer la rébellion royaliste. Des vétérans viennent rejoindre ce corps, notamment en provenance de l’Armée des côtes de l’Océan8. La nouvelle doctrine militaire met l’accent sur l’attaque et l’action offensive, la mobilité et la baïonnette, plutôt qu’aux affrontements en ligne.

En face de l’armée impériale est stationné, au sein et au sud de Marengo, le corps de Victor (les divisions de Chambarlhac et Gardanne), soutenu à gauche par la cavalerie de Kellermann, et au nord-est par le corps de Lannes (la division Watrin, accompagnée de la brigades de cavalerie Champeaux), rassemblant 15 000 soldats. À l’est de Castelceriolo se tient la division du général Monnier, renforcée par la garde des consuls, qui forme la réserve. Le corps de Victor prendra de plein fouet l’attaque des ImpériauxL’attaque de l’armée impériale.

Initialement, les deux assauts des Impériaux traversent le ruisseau Fontanone, près du village de Marengo. Les troupes impériales quittent Alexandrie pour se diriger vers l’est, afin de traverser la Bormida, là où deux ponts débouchant sur un bras plus étroit de la rivière rendent la traversée plus aisée. Le travail médiocre de l’état-major de l’Empire empêche le déroulement rapide des opérations, et toute l’armée doit finalement traverser la rivière sur un seul pont étroit. L’opération débute à 6 heures du matin, les premiers coups de feu étant tirés vers 8 heures, mais l’attaque n’est véritablement lancée qu’à 9 heures.

Les 1 200 hommes composant l’avant-garde du colonel Frimont et une division de 3 000 hommes d’O’Reilly repoussent les avant-postes français et se déploient de façon à former l’aile droite de l’ensemble de l’armée impériale, faisant reculer par la même occasion les Français de la ferme de Pedrabona et de celle de Stortiglione, plus au sud. Le centre de l’armée impériale (18 000 hommes sous les ordres de Melas) avance vers Marengo jusqu’à ce qu’il soit stoppé par l’infanterie du général de division Gardanne, déployée en face du Fontanone. Sur la gauche des impériaux, les 7 500 hommes d’Ott attendent que la route soit libre pour se diriger vers le village de Castelceriolo, au nord des positions françaises. Ce mouvement menace à la fois l’armée française d’un encerclement fatal, mais également ses lignes de communication vers Milan.

Les troupes de Gardanne peuvent contenir l’avancée des Impériaux, faisant perdre à Melas des hommes et du temps. Quand la division de Gardanne est épuisée, Victor la retire derrière le Fontanone et lance la division Chambarlhac. Les Français peuvent conserver le village de Marengo et la ligne du Fontanone jusqu’à midi, avec leurs deux flancs exposés. Dans un premier temps, Melas envoie la division du Feldmarschallleutnant von Futak (quatre bataillons) sur les défenses de Victor, soutenue par la batterie d’artillerie de l’avant-garde de Frimont, le long du Fontanone. À cause du terrain boueux, la division de von Futak s’expose à des feux croisés ; son chef tombant, cette offensive est arrêtée. Le commandement des Impériaux fait alors donner la division du Feldmarschallleutnant von Kaim, mais cette dernière est également repoussée à 11 heures. Finalement, alors que la position française est renforcée par la cavalerie de Kellermann, et que la formation de Lannes est en marche, le Feldmarschallleutnant von Morzin (en) fait attaquer la position française avec ses grenadiers d’élite au niveau de Marengo. Mais Melas commet également une sérieuse faute tactique en détachant le corps de 2 300 hussards du GeneralMajor Nimptsch et deux batteries d’artillerie par-dessus le pont de la Bormida afin de contenir le corps du général Suchet, que les impériaux croient avoir repéré à 9 heures en provenance d’Acqui Terme et se dirigeant vers Alexandrie par le sud. Retarder la traversée de la gauche de l’armée impériale signifie que la brigade de Nimptsch ne peut prendre part à la bataille car située à 30 kilomètres de là.

François Étienne Kellermann joua un rôle important pendant la bataille.
Il faut attendre jusqu’à 10 heures pour que Napoléon (situé à 5 kilomètres de Marengo) comprenne que le mouvement des Impériaux n’est pas une diversion couvrant la retraite de Melas, mais bien une attaque massive dans le but de briser son centre. Ses subordonnés ayant dépêché leurs troupes en soutien au corps de Victor, dans le but de contenir les vagues des Impériaux, le corps de Lannes se déploie sur le flanc droit. Les bataillons nord de Marengo et occupent la ferme de la Barbotta. Lannes repousse l’infanterie de Bellegarde grâce à celle de Watrin, puis il fait traverser le Fontanone à ses hommes. Cependant, ils sont rapidement repoussés par l’intense barrage d’artillerie des batteries de l’armée impériale. La cavalerie lourde de Kellermann et le 8e de dragons se déplacent vers la gauche et viennent écraser la brigade de dragons légers de Pilati qui essayait de traverser le Fontanone afin d’envelopper Victor. À droite, le général de cavalerie Pierre Champeaux est tué dans sa tentative de stopper la progression de la colonne d’Ott. Une petite partie du 6e régiment d’infanterie légère occupe Castelceriolo au nord, mais vers 11 h 30, les troupes d’Ott le reprennent aux Français, mettant la pression au niveau de l’aile droite française. Ott ne peut cependant prévoir l’arrivée d’un corps français en provenance de Sale (au nord-est), envoyant l’avant-garde renforcée de von Gottesheim dans le but de prendre de flanc Lannes au nord. À 11 heures, Bonaparte arrive sur le champ de bataille. Il rappelle rapidement tous les détachements éloignés de sa position et fait donner ses dernières réserves. Dès leur arrivée, la division de Monnier et la garde consulaire sont envoyées au combat afin de renforcer le flanc droit, mais négligent d’apporter un soutien à Victor sur Marengo, où ses hommes commencent à manquer de munitions.

Bonaparte fait rapidement se déployer les troupes de Desaix, fraîchement arrivées, à l’entrée du village de San Giuliano, alors qu’à leur habitude, les Impériaux sont lents à lancer leur attaque. Boudet et la 9e demi-brigade légère sont rapidement disposés dans les vignes, où ils se heurtent à la colonne de Saint-Julien. Pendant que celle-ci se place en ordre de bataille, Boudet et son infanterie légère se replient vers la position de Desaix. Celui-ci envoie la brigade du général Guénand au nord, pendant que les restes de la force française (Monnier et Lannes) sont positionnées encore plus au nord. Les Impériaux déploient trois batteries d’artillerie sur le côté nord de la route, soutenues par un régiment de dragons. Le général de brigade Auguste de Marmont masse les canons restants en une seule batterie, et les fait tirer contre les colonnes impériales qui avancent. La division de Boudet avance en ligne contre la tête de la colonne, repoussant la principale brigade de l’armée impériale de Saint-Julien. Zach fait donner la brigade de grenadiers de Latterman afin de soutenir les colonnes de l’armée impériale.

Voyant que la bataille devient des plus indécises, cette confusion étant exacerbée par l’explosion d’un train de munitions des Impériaux, Napoléon envoie Desaix à la tête de la cavalerie pour une charge qui se veut décisive. La 9e demi-brigade légère contient l’avancée des Impériaux, alors que l’artillerie de Marmont arrose de mitraille les colonnes ennemies14. Au summum de cette confusion, la formation de Latterman est chargée et désorganisée par les 400 cavaliers de Kellermann, la puissance des Français ayant enfoncé son flanc gauche.

Au moment décisif, Desaix, au cheval plus léger et donc plus rapide, se retrouve isolé. Il est alors atteint par une balle au torse qui le désarçonne, le tuant ainsi au faîte de sa gloire. Zach et au moins 2 000 de ses hommes sont capturés.

Murat et Kellermann se retournent directement contre les dragons de Liechtenstein qui sont trop lents à réagir et sont tout autant écrasés. Les cavaliers de l’armée impériale se heurtent aux rangs de Pilati, les entraînant dans leur débandade. Alors que la cavalerie de Kellermann continue sa poursuite, l’infanterie de l’armée impériale épuisée perd tout espoir et se débande dans un violent sauve-qui-peut. Les artilleurs de l’armée de l’Empire se replient également, pressés par les sabres français, pendant que toute la ligne avance vers l’ouest. La 2e brigade de grenadiers de von Weidenfeld et quelques unités de cavalerie n’ayant pas pris part à la débandade retiennent Boudet suffisamment longtemps pour permettre à la cavalerie d’O’Reilly de revenir. Celle-ci soutient Frimont dans sa défense du village de Marengo alors que la nuit tombe, permettant au centre des Impériaux de se replier au-delà de la Bormida. Ott ne peut intervenir, et trouve sa route pour Castelceriolo coupée par un contingent français avançant vers le nord-ouest par rapport au bloc central. Il peut cependant se frayer un chemin vers la tête de pont sur la Bormida. Les Impériaux rétrogradent vers Alexandrie, abandonnant près de la moitié de leurs forces. Les Français se rendent maîtres du champ de bataille et ont désormais l’initiative stratégique. La dépouille de Desaix est retrouvée parmi les morts.

Ces douze heures de bataille ont coûté aux Impériaux 15 drapeaux, 40 canons, 8 000 prisonniers, dont le général Anton von Zack, et 9 400 morts dont le général Hadik von Futak.

Les Français, quant à eux, déplorent 4 700 morts et blessés, 900 disparus ou capturés. Ces pertes incluent Desaix lui-même. La division que commande Lannes a quatorze officiers tués et 40 % de son effectif est hors de combat.

La victoire de Marengo scelle le succès de la campagne d’Italie de 1800  menée par Napoléon.

Bonaparte devant revenir à Paris afin de présenter lui-même sa victoire à la population, il envoie le matin suivant le général Berthier faire une visite surprise aux quartiers généraux de l’armée impériale. 24 heures après la bataille, Melas entre en négociations (convention d’Alexandrie qui pousse les impériaux à évacuer le Nord-Est de l’Italie et de se replier à l’ouest du Tessin, tout en suspendant leurs opérations militaires en Italie. La victoire de Marengo amène également la reddition de Turin que les impériaux acceptent de restituer pour obtenir la faculté de retirer leur armée d’Italie. Ainsi par un seul succès, le premier consul se fait restituer les places de la Lombardie et du Piémont qui avaient été conquises par la coalition au prix de combats meurtriers et de sièges longs et difficiles.

La position de Bonaparte en tant que Premier consul est renforcée grâce à l’issue victorieuse de la bataille et de la campagne menée. Après cette victoire, Napoléon peut enfin souffler. En effet, les généraux qui lui étaient hostiles ont bien constaté que sa chance ne l’a pas quitté. Ainsi, il surpasse Schérer, Joubert, Championnet et même Moreau qui n’avaient jamais réussi à administrer une défaite décisive à la Coalition. La victoire de Moreau à Hohenlinden, bien qu’ayant mis fin à la guerre, est minimisée par Napoléon, qui ensuite s’impose comme le sauveur de la patrie, et même de la République. Il a en effet rejeté les offres du futur Louis XVIII, qui considère le Consulat comme une simple transition entre la Révolution et la restauration d’un roi. Enfin, sa victoire à Marengo lui laisse les coudées franches pour remodeler la France.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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