Janusz Korczak, pédiatre, pédagogue, et écrivain.

Janusz Korczak (né le 22 juillet 1878, mort le 6 août 1942), pseudonyme de Henryk Goldszmit, est un médecin-pédiatre, éducateur, pédagogue et écrivain polonais. Avant la Seconde Guerre mondiale, il est une des figures de la pédagogie de l’enfance les plus réputées. Il laisse son nom à la postérité pour son œuvre de pédagogie, sa littérature enfantine, et son engagement en faveur des droits de l’enfant. Il est reconnu comme le précurseur et l’inspirateur de la Convention des droits de l’enfant.

Grand témoin de son temps, il s’est battu toute sa vie pour défendre et faire respecter l’enfant jusqu’à avoir choisi délibérément d’être déporté vers Treblinka avec les enfants juifs de son orphelinat.


L’histoire de la vie de Janusz Korczak (dont le nom de naissance est Henryk Goldszmit) a été décrite dans de nombreux livres. Le film Korczak d’Andrzej Wajda raconte l’histoire de sa vie et en partie sa déportation avec ses orphelins par les nazis à Treblinka.

Né d’une famille juive assimilée à Varsovie, avec un grand-père vitrier et un autre médecin, il a pour mère, Cecylia Gebicka qui est issue de la  communauté juive de Kalisz, et pour père, Józef Goldszmit (1846-1896), avocat et partisan du mouvement progressiste juif Haskala. Lors de sa naissance, sa famille ne prend pas soin de l’inscrire au registre des naissances, d’où la difficulté ultérieure de déterminer son année de naissance (1878 ou 1879). Henryk a une sœur, Anne.

La famille Goldszmit vit dans différents endroits de Varsovie : Bielańska 18 (peut-être son lieu de naissance), Krakowskie Przedmieście 77, Miodowa 19, Pl. Krasińskich 3, Nowosenatorska 6 (aujourd’hui Rue Molière). Il passe ses années scolaires (1886-1897) à Augustin Szmur rue Freta. Il a une gouvernante française jusqu’à l’âge de 7 ans. Puis, il va au VIIIe lycée Ladislas IV Vasa. L’école, comme toutes celles de la partie de la Pologne occupée par la Russie, était russe. Il en retiendra surtout l’absence totale de respect des adultes à l’égard des enfants et un profond ennui.

En 1890, son père est interné à l’asile d’aliénés de Tworki dans le centre ville de Pruszków, ce qui engloutit les réserves pécuniaires familiales et à l’âge de 12 ans, Henryk doit subvenir aux besoins de sa famille ruinée. Il devient précepteur et il découvre ainsi la pédagogie. Il se réfugie dans l’imaginaire, écrit des poèmes, tient son journal. Le roman qu’il en tirera plus tard (1913) Confession d’un papillon, décrit sa vie d’adolescent confronté six ans durant à la folie de son père.

Sa grand-mère et seule confidente meurt quand il a 14 ans. En 1896, son père se suicide, laissant sa famille sans ressources et dans l’obligation d’abandonner l’appartement spacieux où elle vivait. Après la mort de son père, vers 17–18 ans, les conditions de vie se dégradèrent significativement et il dut se mettre à travailler d’autant plus, en donnant des cours  particuliers pour soutenir sa mère et sa sœur.

Henryk écrit un roman intitulé Suicide et un article humoristique « Le nœud gordien » (Wezel Gordyjski) dont la publication dans un hebdomadaire satirique (Kolce : Épines) au lycée russe (Varsovie se trouve alors sous l’occupation de la Russie) où il est élève de la dernière classe, sous le pseudonyme Hen, marque le début de sa carrière de journaliste engagé.

En 1898, il entreprend des études de médecine à l’Université de Varsovie. Cette même année, à l’occasion d’un concours littéraire organisé par « Kurier Warszawski » (Le Courrier de Varsovie), il envoie un drame en quatre actes Ktoredy ?, et prend le pseudonyme de « Janusz Korczak », nom polonais aristocratique d’un personnage de roman de Józef Ignacy Kraszewsk. Le drame obtient une mention honorable. Henryk Goldszmit devient membre de la Société des bibliothèques gratuites, destinées aux enfants et aux jeunes ouvriers.

En 1899, il est en Suisse et y étudie l’œuvre du pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi, connu comme le père de l’école populaire.

En 1900, « Korczak se lie d’amitié avec Ludwik Licinski, jeune poète et ethnographe ; ensemble, ils visitent des quartiers pauvres de Varsovie et s’intéressent aux conditions matérielles et morales de la vie des enfants. Le reportage de Korczak, Nedza Warszawy (La Misère de Varsovie), présente ses observations et ses réflexions. La revue « Wedrowiec » (Voyageur) publie un cycle de sept articles de Korczak : « Dzieci i Wychowanie » (Enfants et éducation) où sont ébauchés certains principes qu’il développera plus tard (« L’enfant est reconnu comme un homme, un être avec lequel il faut compter et que l’on ne doit pas tenir en laisse… ») ».

En 1901, il décrit la misère des enfants les plus pauvres, les enfants abandonnés, négligés ou dits dépravés, et leur consacre son premier livre Les enfants de la rue. Il publiera au total 480 articles, essais et feuilletons entre 1898 et 1905.

En 1904, il est employé pour encadrer des enfants juifs dans un camp de vacances à Michałówka.

Le 17 mars 1905, il obtient son diplôme de médecin. À peine diplômé, il est mobilisé comme médecin militaire dans l’armée russe pour la guerre russo-japonaise, où il exerce dans le train sanitaire et se rend donc en Extrême-Orient. Ensuite, il est professeur dans une école pour garçons chrétiens dans Wilhelmowce. Cette même année, il publie Les enfants de salon dont le succès fait de lui un jeune écrivain célèbre.

À son retour en 1906, il travaille comme pédiatre dans un hôpital pour enfants pauvres de Varsovie au 51 rue Śliska. Il ouvre également un cabinet privé. Passionné et dévoué, il devient un médecin très recherché. Il travaille avec le neurologue Samuel Goldflam avec lequel il soutient de nombreuses causes sociales.

En 1907, il participe à une colonie de vacances pour s’initier au rôle  d’éducateur. Il part ensuite en voyage d’études à Berlin, puis sur les traces de Johann Heinrich Pestalozzi en Suisse. Visitant le pays, il s’intéresse beaucoup aux écoles, aux hôpitaux pour enfants, ainsi qu’aux salles gratuites de lecture pour les enfants. Parmi ses articles et essais (dont l’un porte un titre français : « Savoir vivre »), « L’école de la vie » fait événement et est publié dans deux revues. Il s’agirait de sa première réelle contribution pédagogique.

En 1909, dans le cadre de son travail pour la Société des Orphelins, il rencontre la pédagogue Stefania Wilczyńska. Elle partage avec lui son rêve de construire un lieu idéal pour les enfants pauvres. Il écrit Colonies de vacances. La même année, il est jeté en prison par la répression tsariste contre l’intelligentsia polonaise et il y reste deux mois. Des fonds étant réunis, son établissement pour enfants est mis en chantier. Korczak repart en voyage d’études six mois à Paris, jusqu’en janvier 1911, puis un mois à Londres.

En 1911-1912, son Dom Sierot (La Maison des Orphelins) au 92 rue Krochmalna à Varsovie est inauguré. Il accueille les orphelins juifs et c’est l’un des plus beaux orphelinats d’Europe, possédant baignoires et chauffage central (luxe scandaleux à l’époque), conçu par Korczak, construit et fonctionnant avec des fonds d’œuvres philanthropiques de la communauté juive4. Son projet pédagogique est d’avant-garde ; l’établissement-pilote est mixte. Janusz Korczak abandonne son poste à l’hôpital pour enfants pour en prendre la direction avec Stefania Wilczyńską. Il habite sur place, dans une chambre mansardée sous les toits et passe deux ou trois jours par semaine à Nasz Dom dont il est le directeur pédagogique.

Il publie notamment La Gloire et Une semaine de malheur de l’écolier Stasio.

Il y forme une « République des enfants » avec son propre Parlement, Tribunal et Journal et réduit en conséquence ses activités de médecin. En 1911, il prend la décision de ne pas fonder de famille.

En 1914, il est de nouveau mobilisé, d’abord dans un hôpital de campagne de l’armée russe, puis à Kiev où il fait la connaissance de Maryna Rogowska-Falska (pl) qui dirige alors un refuge pour enfants errants et fait appel à lui pour ramener de l’ordre dans son établissement, où l’agitation des enfants victimes de la guerre est calmée par Korczak qui y instaure avec succès les règles de fonctionnement de l’autogestion pédagogique qu’il avait déjà mis en place à Dom Sierot. De ces quatre années sur le front, il ramènera un ouvrage-clé, son célèbre traité de pédagogie : Comment aimer un enfant, publié en deux fois, en 1919 avec Moments pédagogiques.

En 1919, Maria Rogowska Falska, formée à l’école de Maria Montessori, ouvre à Pruszkow, à 25 km de Varsovie, Nasz Dom (Notre Maison), un établissement créé sur le modèle pédagogique de Janusz Korczak pour les orphelins de la guerre (1914-1918) « polonais » (c’est-à-dire de culture catholique), sous la direction pédagogique et médicale de Korczak.

En 1920, Janusz Korczak est mobilisé encore une fois, mais cette fois comme officier de la toute nouvelle armée polonaise opposée à l’armée russe. Il est nommé dans un hôpital pour maladies infectieuses et il y contracte le typhus. Il échappe de peu à la mort mais contamine sa mère venue à son chevet. Elle en meurt, le 12 février 1920.

Fou de chagrin, il pense au suicide. Le 16 août, Varsovie assiégée et la Pologne sont sauvées in extremis par la victoire du Maréchal Józef Piłsudski. Il écrit Seul à seul avec Dieu, ou Prières de ceux qui ne prient jamais.

En 1925, il enseigne à l’Institut de pédagogie et à l’Université. Il est médecin-expert auprès du Tribunal pour les jeunes délinquants. Il s’y rend une fois par semaine (le lundi) pour examiner leur cas et se fait le plus souvent leur avocat auprès de leurs juges. Ses plaidoiries font souvent événement et secouent l’opinion.

En septembre 1939, dans Varsovie assiégée, Korczak revêt son uniforme d’officier polonais qu’il ne quittera plus nonobstant les risques encourus, de même qu’il ne portera jamais l’étoile discriminatoire. Il est rappelé à la radio pour soutenir le moral de la population.

Le 29 novembre 1940, Dom Sierot est déménagée dans le ghetto de Varsovie. Janusz Korczak affronte la Gestapo, est jeté en prison, en est libéré au bout d’un mois. Son ultime combat consiste à mendier pour nourrir les enfants et à se battre pied à pied, pendant presque deux ans, pour préserver la dignité des enfants. Il tient son Journal du ghetto, un témoignage unique sauvegardé de justesse. Cinquante ans plus tard, un livre entier de ses notes sera retrouvé anonymement.

Dans le ghetto, il continuait à porter son uniforme polonais et refusait d’y associer le brassard blanc portant l’étoile de David bleue obligatoire pour les habitants du ghetto.

Pendant les deux dernières années de sa vie, il s’occupa presque exclusivement des enfants de son orphelinat. Il se demandait s’il ne devait pas se suicider et euthanasier les nouveau-nés et personnes âgées du ghetto. Dans le même temps, Igor Newerly essaya d’obtenir des papiers à Korczak mais ce dernier refusa (ce qu’il fit à plusieurs reprises lorsque des occasions de s’échapper seul du ghetto se présentèrent).

Dans les trois derniers mois de sa vie, à partir de mai 1942, il travailla sur un mémoire du ghetto de Varsovie (publié à Varsovie en 1958). Il y écrivit pour la dernière fois le 5, à propos de plantes et d’un soldat allemand posté près du mur du ghetto.

Décidant d’accompagner les 200 enfants de son orphelinat au camp d’extermination de Treblinka où ils étaient déportés, il est assassiné avec les enfants à Treblinka le 5 août 1942, dans des chambres à gaz. Le départ du ghetto a été maintes fois décrit par des témoignages extérieurs comme celui d’Irena Sendler ou de Władysław Szpilman (héros du film Le pianiste).

Au petit matin du 5 ou 6 août 1942, des soldats SS encerclèrent le Petit Ghetto. Selon Abraham Lewin, cela eut lieu le 7 août. Avant que le cortège ne remonte la rue Resursy Kupiecka, près de la rue Śliska, on n’est pas sûr de l’itinéraire emprunté pour aller à l’Umschlagplatz, peut-être par les rues Karmelicka et Zamenhof à Stawki, ou par les rues Żelazna et Smocza.

Le 8 août, Janusz Korczak menait les enfants, sans chapeau, avec des bottes militaires, tenant deux enfants par la main. Il y avait dans le cortège 192 enfants et près de dix de leurs soignants, dont Stefania Wilczyńska. Les enfants marchaient quatre par quatre dans leurs plus beaux habits, portant le drapeau du Roi Mathias Ier. Ce même jour, l’armée nazie déporta de l’Umschlagplatz 4 000 enfants des orphelinats et leurs accompagnants du ghetto de Varsovie vers la mort.

La pièce de théâtre de Liliane Atlan, Monsieur Fugue ou le mal de terre est inspirée par le dernier trajet de Korczak avec les enfants. Le Musée Polin de Varsovie reconstitue l’itinéraire présumé de Korczak et des enfants jusqu’à l’Umschlagplatz (galerie 7).

Source : Wikipédia.

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