Christian IV, roi du Danemark.

Christian IV (en danois : Christian 4. af Danmark og Norge, en norvégien : Kristian IV), né le 12 avril 1577 à Frederiksborg et mort le 28 février 1648 à Copenhague, fut roi de Danemark et de Norvège.

Fils de Frédéric II et de Sophie de Mecklembourg-Güstrow, il accède au trône de Danemark et de Norvège à la mort de son père le 4 avril 1588, n’atteignant sa majorité que le 17 août 1596.


Christian IV est un homme cultivé dans un monde raffiné ; il parle  facilement, en plus de sa langue maternelle, l’allemand, le latin, le français et l’italien. Naturellement joyeux et accueillant, il se délecte d’une société animée mais il est également passionné, irritable et sensuel. Il a du courage, un profond sens du devoir, un amour immodéré du travail, un zèle curieux, et le sens de l’invention d’un réformateur né.

La cour du jeune roi, beau-frère du roi d’Angleterre et de l’électeur de Saxe, est l’une des plus joyeuses et magnifiques d’Europe. C’est d’abord le temps de l’insouciance ou de l’intérêt spécifique vers la marine, mais il prend les affaires du royaume en main après 1610. Durant la première partie de son règne, des forteresses sont construites par des ingénieurs allemands le long des rivages et des vastes frontières de son royaume. La flotte royale danoise, qui en 1596 comprenait vingt-deux unités, comprend en 1610 soixante vaisseaux, certains construits d’après les plans de Christian lui-même.

Soucieux d’exploiter les ressources lointaines à l’aide des capacités de sa flotte militaire et des arsenaux danois produisant de gros navires  transporteurs, il fonde une compagnie des Indes orientales à Copenhague en 1616. L’ambition politique porte très vite son attention vers le Saint-Empire, avec un objectif double :

  • obtenir le contrôle des grandes rivières allemandes, l’Elbe et la Weser, afin d’assurer sa domination sur les mers nordiques ;
  • acquérir les anciens évêchés allemands de Brême et Verden comme apanages pour ses plus jeunes fils.

Ses ambitieux objectifs lui font installer la douane de Glücksburg pour contrôler le trafic de l’Elbe et créer Altona pour asphyxier le commerce de Hambourg.

La réforme de l’armée qu’il contrôle à titre personnel est plus complexe, les régiments étant composés de troupes recrutées pour la plupart parmi la paysannerie des domaines de la couronne. Il la finance le plus souvent sans apport de subsides de la diète, donc sur les ressources de sa cassette personnelle.

Sa première expérience avec son armée nouvellement réorganisée est un succès car s’il a recruté à vil prix des troupes norvégiennes, composés d’hommes pauvres, ses officiers ont su les équiper et former. Dans la guerre contre la Suède, généralement connue sous le nom de « guerre de Kalmar », Christian contraint Gustave II Adolphe à lui céder, lors du traité de Knäred du 20 janvier 1613, la Laponie suédoise et à verser une forte rançon pour les deux forteresses qu’il a conquises.

Neutre au début de la guerre de Trente Ans, le souverain danois s’inquiète de la déroute des forces protestantes dans le Saint-Empire romain germanique. S’il tire habilement profit de l’inquiétude des protestants allemands après la bataille de la Montagne-Blanche en 1620 pour assurer à son fils Frédéric l’autorité sur Brême en septembre 1621, étape suivie en novembre par un arrangement similaire au sujet de Verden, il comprend que son statut de prince allemand, ainsi que sa fonction de directeur de cercle de Basse-Saxe en tant que duc de Holstein, ne justifient pas cette attitude. D’ailleurs, si, dans le même temps, Hambourg est forcée de reconnaître la souveraineté danoise sur le Holstein, Christian IV, souverain protestant allié des Stuarts, reçoit des subsides anglais.

La montée des catholiques dans le nord de l’Allemagne pendant et après 1623 oblige Christian, pour des raisons purement politiques, à intervenir directement dans la guerre de Trente Ans. Ne voulant pas engager à l’aveugle le royaume de Danemark, il reste cependant à l’écart un certain temps, tout en livrant une armée complète au camp protestant, financée sur ses fonds propres.

Mais les sollicitations pressantes des puissances occidentales, et surtout sa crainte de voir Gustave II Adolphe de Suède le supplanter en tant que leader de la cause protestante amènent le royaume de Danemark à entrer en lice fin 1624 dans la guerre contre le Saint-Empire romain germanique et la Ligue catholique, sans aucune garantie d’aide des autres puissances. La phase danoise de la guerre de Trente Ans s’ouvre.

Le 9 mai 1625, Christian quitte le Danemark pour le front, avec à sa  disposition entre 19 000 et 25 000 hommes, avec lesquels il remporte quelques batailles face à Wallenstein, général des Impériaux. Mais il ne sait tirer aucun avantage de ses victoires et se contente de résister à la poussée des armées de la Ligue en Allemagne du Nord, semblant se contenter d’assurer l’hégémonie danoise sur les évêchés de Brême et de Verden.

Les Impériaux, humiliés et vengeurs, se réorganisent et le 27 août 1626, le roi timoré est mis en déroute par le comte de Tilly à la bataille de Lutter-am-Barenberge. Une série de revers danois s’accumule : durant l’été 1627, Tilly et Wallenstein, détruisant, pillant et brûlant tout sur leur passage, occupent les duchés de Schleswig et de Holstein ainsi que la péninsule du Jutland.

La situation est catastrophique, mais Wallenstein s’est aussi installé solidement en Mecklembourg et en Poméranie ; et les Impériaux de prétendre dominer la Baltique au nom de l’empereur. Cette arrogance provoque les puissances de la mer Baltique et irrite le roi suédois Gustave II Adolphe. Dans l’urgence, le 1er janvier 1628, Christian forme une alliance avec les Suédois, par laquelle Gustave II Adolphe doit porter secours au Danemark. Peu après une armée et une puissante flotte suédo-danoise contraignent Wallenstein à lever le siège de Stralsund. Ainsi, grâce à cette contre-attaque, le Danemark évite l’invasion, et Christian peut alors conclure avec l’empereur en mai 1629 la paix de Lübeck sans aucune diminution de territoire.

Le statu quo n’existe que pour le Danemark ; la guerre entre dans sa phase suédoise. Les Suédois, continuant la guerre au profit de la cause protestante, estiment que leur défense de la mer Baltique leur ouvre des droits sur les détroits. Les Danois s’offusquent. La diplomatie française essaie en vain de reconstituer durablement une alliance dano-suédoise ; elle ne l’abandonnera qu’après les pourparlers de 1679.

Entre 1629 et 1643, Christian gagne en popularité et influence. Durant cette période, il obtient à nouveau le contrôle de la politique extérieure du  Danemark et de la douane du Sund, et espère même accroître encore son pouvoir avec l’aide de ses beaux-fils, Corfitz Ulfeldt et Hannibal Sehested, qui occupent le devant de la scène.

Même au plus bas de sa fortune, Christian ne perd jamais espoir de la retrouver. La situation en Europe entre 1629 et 1643 offre d’infinies  possibilités pour les politiciens en mal d’aventure. Le roi Christian n’est pas un véritable chef d’État, et est incapable de mener une politique cohérente. Il ne peut ni se concilier la Suède, son plus dangereux ennemi, ni s’en protéger par un jeu de contre-alliances. Le prince joue la carte de la paix, inlassable médiateur entre catholiques et protestants au cours des dernières phases de la guerre.

En offrant sa médiation en faveur de l’empereur, après la mort de Gustave II Adolphe en 1632, il tente aussi de minimiser l’influence de la Suède en Allemagne. Il y gagne quelques avantages mineurs. Mais sa politique scandinave est si irritante et vexatoire que les hommes d’État suédois se persuadent que la guerre avec le Danemark est seulement une question de temps et au printemps 1643, le moment leur semble venu.

Christian IV est alors un homme brisé. Son action est temporairement ralentie par l’accumulation de déboires, non seulement dans ses espoirs politiques, mais aussi dans sa vie privée en plein naufrage. Au cours de l’année 1628, il découvre une liaison scandaleuse entre sa femme, Christine Munk, et l’un de ses officiers allemands. Il la renvoie ; elle tente de cacher son déshonneur en prétendant une liaison entre le roi et Vibeke Kruse, une domestique. En janvier 1630, la rupture est définitive et Christine se retire dans ses domaines du Jutland. Christian finit par reconnaître que Vibeke est effectivement sa maîtresse. Les enfants de Vibeke deviennent les ennemis naturels des enfants de Christine Munk, et la haine des deux familles n’est pas sans influencer l’histoire du Danemark.

Les Suédois sont maintenant en mesure, grâce aux conquêtes de la guerre de Trente Ans, d’attaquer le Danemark au sud et à l’est. L’alliance hollandaise les préserve en mer, et une attaque du Danemark empêche d’utiliser les négociations de paix imminentes au préjudice de la Suède. En mai, le Conseil privé suédois décide la guerre. Le 12 décembre le maréchal Lennart Torstenson, venant de Bohême, traverse la frontière sud du Danemark. À la fin janvier 1644, toute la péninsule du Jutland est en sa possession. Cette attaque tout à fait inattendue, menée du début jusque la fin avec une grande habileté et la rapidité de l’éclair, a un effet paralysant sur le Danemark. Heureusement pour ses sujets, au milieu de la plus grande impuissance et confusion, Christian IV voit quel est son devoir et a le courage de l’accomplir. Le roi diplomate sait se prémunir de l’autre front catholique : il conclut une alliance avec les Impériaux qui lui offrent l’appui des troupes de Matthias Gallas.

Dans sa soixante-sixième année, il montre une fois de plus une part de l’incroyable énergie de sa jeunesse triomphante. Jour et nuit, il travaille à lever des armées et à équiper la flotte. Heureusement pour lui, le gouvernement suédois diffère les hostilités en Scanie jusqu’en février 1644, si bien que les Danois sont capables de préparer leurs défenses et sauver la forteresse primordiale de Malmö. Torstenson est incapable de joindre le Jutland à la Fionie par manque de moyens de transport et la flotte auxiliaire hollandaise partie à sa rescousse est battue entre les îles de Sylt et Rømø sur la côte occidentale du Schleswig par la flotte danoise. Une autre tentative de transporter Torstenson et son armée vers les îles danoises est contrecarrée par Christian IV en personne le 1er juillet 1644. Ce jour-là, les deux flottes s’affrontent au large de Kolberge Heide, au sud-est de la baie de Kiel.  Christian y montre un héroïsme qui lui gagne la sympathie de la nation danoise et rend son nom fameux dans des chansons et récits. Lorsqu’il se trouve sur le pont de la « Trinité », une balle suédoise fait exploser un canon proche et des éclats de bois et de métal blessent le roi en 13 endroits différents, lui aveuglant un œil et le projetant sur le pont. Il se relève immédiatement, crie d’une voix forte qu’il va très bien et se fait un devoir de rester au poste sur le pont jusqu’à la fin de la bataille.

La nuit sépare les deux flottes sur un match nul même si la flotte danoise montre sa supériorité en bloquant les bateaux suédois dans la baie de Kiel. La fuite de la flotte suédoise et l’anéantissement de la flotte danoise par les efforts combinés de navires suédois et hollandais après un combat opiniâtre entre Fehmarn et Lolland, à la fin septembre, épuisent les ressources  militaires du Danemark et obligent Christian à accepter la médiation de la France et des Provinces-Unies.

Les Suédois menés par Baner sont victorieux et le désastre danois est constaté. La paix est finalement signée à Brömsebro le 8 février 1645. Le Danemark doit céder les provinces norvégiennes de Jämtland, Härjedalen et Älvdalen ainsi que les îles de Gotland et de Ösel en mer Baltique. En outre dans les termes du traité, la Suède de la reine Christine est désormais exemptée du péage du Sund prélevé sur les bateaux étrangers passant par les eaux danoises de la Baltique. En plus de ceci, la Suède reçoit la province de Halland pour une période de 30 ans comme garantie de ces dispositions, possession définitivement confirmée par la suite lors du traité de Roskilde.

Les dernières années du roi sont assombries par le désaveu par la diète, par les différends avec ses beaux-fils et surtout avec le plus ambitieux d’entre eux, Corfitz Ulfeldt. Le 21 février 1648, à sa demande, il est amené en civière de Frederiksborg près de sa bien-aimée Copenhague, où il meurt une semaine plus tard. Ses derniers mots, recueillis par son médecin, auraient été : Døden, døden, ce qui signifie : « La mort, la mort ».

Malgré le fait que Christian disposait de toutes les qualités des grands princes, il n’a jamais atteint la grandeur attendue. Il a privilégié son propre plaisir, que celui-ci prenne la forme de l’amour ou de l’ambition. À l’apogée de sa jeunesse, son esprit et sa passion de l’aventure lui permettent de surmonter tous les obstacles. Mais à la fin de sa vie, il cueille les fruits amers de son manque de contrôle de soi et meurt en vieil homme fatigué et au cœur brisé.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.