Behzad, maître de la miniature persane.

Kamaleddin Behzad ou Kamal od-Din Bihzad (en persan : کمال‌الدین بهزاد), dit Behzad ou Bihzad, est un grand maître de la miniature persane originaire d’Herat (actuel Afghanistan), actif à la cour du Timouride Hosseyn Bāyqara (875-912 AH/1470-1506), durant les dernières décennies de la Renaissance timouride. Il est ensuite passé au service des Séfévides dans les ateliers royaux de Tabriz. Il est né vers 1450 à Hérat et est mort vers 1535-1536 à Tabriz. De nombreux travaux lui sont attribués, mais seulement quelques-uns sont reconnus comme étant de sa main. Il a inspiré un style de miniature persane qui restera une référence après sa mort.


Les sources les plus fiables d’information sur la vie de Behzad sont probablement les personnes qui ont un rapport direct avec la cour d’Herat ou la cour séfévide. Des personnes comme le souverain Bâbur, l’historien Khwandamir ou Mirza Haydar Duglāt pour Herat ou Doust Mohammad (un de ses disciples), Qazui Ahmad Qomi ou Eskandar Beg Monshi pour la période séfévide. Les informations données par les auteurs moghols ou ottomans sont généralement déformées par les mythes considérables qui existaient alors autour de Behzad et de ses œuvres.

Entré au service du grand émir timouride Husayn Bayqara à Hérat, il a illustré des recueils de poèmes tels que l’épopée persane du Shâh Nâmâ et a créé une école dont l’héritage a perduré. À la chute des Timourides en 1507, il entre au service des Séfévides d’Iran à Tabriz, dont l’excellence en matière de miniature passe ensuite aux Moghols d’Inde.

Behzad serait devenu orphelin dans son jeune âge. Il aurait été alors recueilli et élevé par Mirak Naqāsh, un peintre et calligraphe au service de Hosseyn Bāyqara et de son ministre Mir ʿAlishir Navāʿi. La première référence à Behzad apparait dans Kholasat al-akbar (« Essences de l’éminent »), une histoire de la dynastie timouride écrite par Khwandamir en 1499-1500 racontant des événements ayant eu lieu avant 1471. Dans ce texte, Behzad y est décrit comme un peintre très habile associé à ces mécènes.

Les auteurs de Herat notent que Behzad a d’abord été employé par Mir ʿAlishir Navāʿi puis par le Sultan Hosseyn Bāyqara. Tous précisent que Behzad était initialement subordonné à Ruh-Allāh Mirak Naqqāsh, qui dirigeait d’abord l’atelier de Mir ‘Alishir puis de Sultan Hosseyn. Qazui Ahmad Qomi précise qu’après être devenu orphelin, Behzad est pris en charge par Mirak, sans pour autant préciser les liens entre eux. Certains chercheurs pensent qu’il avait des frères ou sœurs, dont les enfants sont devenus ses élèves. La carrière de Behzad commence dans les années 1470, et la plupart des œuvres qui lui sont attribuées datent de la période 1480-1495. Sheila Canby précise qu’il était plutôt opposé à la politique dominante de l’époque, sans pour autant être militant4. Basil Gray dit qu’il dirige l’atelier de Sultan Hossein en 1496, après avoir dirigé celui de Mir ʿAlishir Navāʿi (les dates précises ne sont pas connues).

Après la chute de Hosseyn Bāyqara en 1506, la vie de Behzad est beaucoup moins connue. Le Bâbur-nāmeh précise que Behzad serait rentré au service de Muhammad Shaybāni Khan entre 1507 et 1510. Il existe d’ailleurs une anecdote à ce sujet : Muhammad Shaybāni Khan aurait demandé à Behzad de le peindre, mais finit lui-même la peinture car il n’était pas satisfait du résultat. On connaît en effet un portrait de ce personnage daté de 1508, mais il est difficile de connaître exactement les fonctions du peintre pendant ces trois années.

On ne sait pas comment Behzad est entré au service des Séfévides, mais il semble certain qu’il ait été le maître du jeune prince Tahmasp alors que celui-ci se trouvait à Hérat comme gouverneur8. Le premier document permettant de le relier à la cour séfévide est un décret de Shah Ismail daté de 1522 le nommant à la tête de l’atelier royal. Ce document est contesté par certains chercheurs : en effet, il y a une incohérence chronologique sur les datations des recueils épistolaires contenus dans le Namā-ye nāmi de Khwandamir. L’autre document liant Behzad et Shah Ismail est une anecdote contenue dans le Manāqeb-e honarvarān de Mostafā ‘Ali Gallipoli, savant ottoman, en 1587. Le texte décrit comment Behzad et le calligraphe Shah Mahmoud Nishapuri ont accompagné le chah Ismail à la bataille de Tchaldoran et ont été cachés par lui par crainte de victoire ottomane. L’anecdote étant couplée à des prophéties sur la victoire ottomane, il existe des doutes sur son historicité et son authenticité.

De plus, les auteurs séfévides, Doust Mohammad, Qazui Ahmad Qomi et Eskandar Beg Monshi, précisent que Behzad était employé par le chah Tahmasp, sans faire de lien avec son prédécesseur. Qazui Ahmad précise que Behzad est arrivé à Tabriz alors que la bibliothèque de Tahmasp était déjà en place sous la direction de Soltan Ahmad. Certains auteurs pensent donc que le peintre n’arrive à Tabriz que lorsque le nouveau chah monte sur le trône, en 1524.

Les auteurs donnent peu de détails de la vie de Behzad à la cour séfévide. Il est presque certain qu’il ait été placé à la tête du kitab khana royal, c’est-à-dire qu’il dirigeait tous les peintres, calligraphes, enlumineurs, relieurs, etc. qui travaillaient dans l’atelier du Shah, donnant les lignes principales du style développé alors. Qazui Ahmad dit qu’il a illustré un Khamseh de Nizami, calligraphié par Shāh Mahmoud Nishāpuri. C’est Doust Mohammad qui précise que Behzad est mort au service de Tahmasp et a été enterré à Tabriz à côté de Sheikh Kamāl Kodjandi, en 935 A.H (1535-1536).

Il a fini sa vie à la cour séfévide de Tabriz, entouré de membres de sa famille. Son neveu, le calligraphe Rostam ‘Ali, a suivi ses enseignements à Tabriz ; et ses petits-neveux Mohebb ‘Ali et Mozaffar ‘Ali, tous deux peintres, étaient eux aussi employés à la cour séfévide. Il a eu notamment pour élèves Sheikhzadeh, Kassim Ali, Agha Mirek, etc.

Source : Wikipédia.

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