Yves Montand, chanteur et acteur.

Yves Montand, nom de scène d’Ivo Livi, né le 13 octobre 1921 à Monsummano Terme (Italie) et mort le 9 novembre 1991 à Senlis (France), est un chanteur et acteur français d’origine italienne, naturalisé en 1929.

Issu d’une famille ayant fui l’Italie fasciste, le jeune Ivo Livi grandit à Marseille et se passionne pour le cinéma, notamment pour les comédies musicales américaines, admirant Fred Astaire et ses numéros de claquettes. D’abord dans les cabarets marseillais, puis dans des salles et en tournée, il se fait un nom dans la chanson et finit par monter à Paris après la guerre. Grâce au soutien d’Édith Piaf, il devient une vedette du music-hall français, avec des chansons comme Les Feuilles mortes, C’est si bon, Mais qu’est-ce que j’ai ?, Rien dans les mains, rien dans les poches ou encore La Bicyclette.

Son succès musical l’amène vers le cinéma. Il parvient à s’imposer en tant qu’acteur avec son premier grand rôle dans Le Salaire de la peur (1952), film multiplement récompensé, ainsi qu’au théâtre dans Les Sorcières de Salem en 1955. Son passage sur les scènes de Broadway le conduit à tourner Le Milliardaire (1960), film musical hollywoodien, où il joue aux côtés de Marilyn Monroe. La consécration critique arrive avec la trilogie politique de Costa-Gavras (Z, L’Aveu et État de siège), qui lui confère son statut d’acteur engagé.

Acteur à succès tout au long des années 1960, 1970 puis 1980, il tourne sous la direction de grands réalisateurs français tels que Henri-Georges Clouzot, Jean-Pierre Melville, Henri Verneuil, Costa-Gavras, Claude Sautet ou encore Alain Corneau, alternant les drames, les films politiques, les polars et les comédies. Un grand nombre de ses films sont devenus des classiques du cinéma français, comme Paris brûle-t-il ? (1966), Le Diable par la queue (1969), Le Cercle rouge (1970), La Folie des grandeurs (1971), César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul… et les autres (1974), Le Sauvage (1975), Police Python 357 (1976), I… comme Icare (1979) et le diptyque Jean de Florette / Manon des sources (1986).

Yves Montand, carte maximum, Marseille, 17/09/1994.

Connu pour son engagement politique à gauche, Montand interprète de nombreux films et chansons engagés, dont ceux de Costa-Gavras dénonçant les extrémismes. Militant du Mouvement de la paix et des Droits de l’homme, il donne notamment un récital à l’Olympia en soutien aux Chiliens après le coup d’État de Pinochet.

Avec Simone Signoret, qu’il épouse en 1951, il forme l’un des couples les plus célèbres du cinéma français.


Ivo Livi, fils de Giovanni Livi et Giuseppina Simoni (1893-1971), naît à Monsummano Alto, en Toscane (Italie), un an avant l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini (le 31 octobre 1922) et la mise en place du régime fasciste. Il est le dernier d’une fratrie de trois enfants (sa sœur Lydia (1915-2003), et son frère aîné Giuliano — Julien — (1917-1994)). Il est issu d’une famille ouvrière et militante, qu’il vénérera toute sa vie, et qui lui transmet son attachement pour le communisme.

En 1923, Ivo n’a que deux ans lorsque sa famille fuit l’Italie fasciste et émigre vers la France. Les Livi s’installent au sein des quartiers pauvres de Marseille. Le père d’Ivo crée une petite fabrique de balais dans le quartier des Crottes. Ses deux aînés quittent rapidement l’école pour gagner leur vie : Lydia devient coiffeuse, et son frère Julien serveur de café, et fervent militant communiste. L’enfance d’Ivo est difficile matériellement ainsi que moralement. Il est en effet considéré comme un « immigré rital ». C’est à cette époque qu’il se passionne pour le cinéma et notamment pour les comédies musicales américaines, en particulier celles de son idole Fred Astaire et ses numéros de claquettes.

Par décret du 20 janvier 1929, la famille Livi obtient la nationalité française et Ivo devient Yves. La même année, la famille déménage dans le quartier de La Cabucelle, dans l’impasse des Mûriers. Les conséquences de la Grande Dépression ruinent le père d’Yves qui se voit contraint de déposer le bilan de la fabrique familiale de balais en 1932. Yves a onze ans et est nettement plus grand que la moyenne des enfants de son âge lorsqu’il falsifie ses papiers pour se faire engager dans une fabrique de pâtes (la loi interdit le travail avant l’âge de quatorze ans). Il sera encore livreur, également serveur dans la confiserie « Mignon » avant d’être à quatorze ans apprenti dans le salon de coiffure pour dames où travaille sa sœur Lydia, et passe avec succès un CAP de coiffeur4. Il travaille par la suite sur les docks de Marseille.

En 1938, à l’âge de dix-sept ans, Yves Livi décroche une place de « chauffeur de salle » dans un cabaret de music-hall de Marseille. Par la suite, il participe à un spectacle dont la première partie accueille des débutants. Il chante Trenet, C’est la vie, Boum, Chevalier, On est comme on est et se livre à des imitations de Fernandel et de personnages de Walt Disney. L’organisateur le prend sous son aile et lui conseille de se trouver un nom de scène. Yves Livi devient Yves Montant — orthographié alors avec un « t » — pseudonyme choisi en souvenir de sa mère. En effet, par un mélange d’italien et de français, elle lui disait, afin qu’il monte à leur appartement : « Ivo, monta ».

Il travaille son jeu de scène avec Francis Trottebas — alias Berlingot — et prend des cours de chant avec Marguerite Francelli à partir de l’été 1937. Le débutant, de temps à autre, décroche quelques engagements ; sur scène, il est accompagné au piano par Mado, la fille de son professeur de chant. Ses galas le conduisent parfois jusqu’à Narbonne et Toulouse et, au début de 1940, son nom attire le public. Montand ambitionne alors de passer à l’Alcazar de Marseille. Pour cela, il a besoin d’un répertoire original. Hubert Melone, alias Charles Humel, un auteur-compositeur aveugle, lui écrit deux chansons : Y’a du swing partout, qu’il n’enregistrera jamais, et Dans les plaines du Far-West, qui sera son premier vrai succès.

Le 21 juin 1939, il est sur la scène de l’Alcazar, le public est conquis par son tour de chant qui mêle aux reprises des créations originales. La guerre éclate et remet tout en cause pour celui qui ambitionnait de monter à Paris tenter sa chance.

Délaissant sa carrière, Montand se retrouve manœuvre aux Chantiers de Provence. Un emploi qu’il finit par perdre et, ne retrouvant pas de travail, il décide de chercher des engagements comme chanteur. Il passe dans des cafés, des cabarets modestes, des cinémas où il chante durant l’entracte. Il trouve un emploi de docker et chante encore parfois le dimanche. Berlingot, en janvier 1941, lui permet de reprendre à plein temps la chanson.

Yves Montand se produit une seconde fois à l’Alcazar et obtient un triomphe. Il est remarqué par le producteur Émile Audiffred, qui prend en charge sa carrière. Avec lui le chanteur suit des cours de danse et affine son jeu de scène, et lui présente Reda Caire pour travailler sa façon de chanter. Audiffred le fera chanter à Lyon en première partie de Rina Ketty. À Marseille, il obtient un nouveau succès avec son passage au Théâtre de l’Odéon. Il chante à Aix, Nice, Toulon…

Émile Audiffred monte la revue Un soir de folie dont Yves est la vedette. Envoyé aux chantiers de la jeunesse créés par Vichy, il y reste presque une année durant, puis reprend la scène. En cette période, malgré l’occupation, il gagne assez bien sa vie, mais doit régulièrement prouver que son nom Livi ne dissimule pas en fait celui de Lévy. Risquant enfin d’être envoyé en Allemagne, afin d’éviter le service du travail obligatoire (STO), il décide, en accord avec Émile Audiffred, de partir pour Paris.

Yves Montand, épreuve de luxe.

En 1944, fraîchement débarqué dans la capitale, épaulé par Harry Max, Montand se produit au théâtre de l’ABC en février. Par la suite il joue à Bobino, aux Folies-Belleville et au célèbre Moulin Rouge, où il passe grâce aux relations d’Émile Audiffred, fin juillet, en première partie d’Édith Piaf. Cette rencontre est décisive pour Montand, désormais soutenu par la déjà célèbre chanteuse et ses conseils avisés sur le métier et la vie d’artiste. Piaf lui apporte la reconnaissance d’un public élargi et le présente à de nombreux futurs collaborateurs : Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard… Une idylle naît, mais ils doivent s’aimer en secret car Piaf est alors – pour un temps encore – la maîtresse d’Henri Contet.

Le chanteur, sous l’influence d’Édith, peaufine ses entrées en scène, abandonne son accent méridional, se constitue un nouveau répertoire et renouvelle son jeu de scène. Peu à l’aise dans « son nouveau costume », en tournée avec Piaf, durant l’automne 44, Montand ne convainc pas vraiment le public. Le chanteur emporte son adhésion, en février 1945 au Théâtre de l’Étoile, une fois encore en première partie d’Édith Piaf, laquelle lui a écrit plusieurs chansons, notamment Elle a… qui obtient du succès.

Le 15 mai 1945, il enregistre pour la première fois pour la marque Odéon : Luna Park, Dans les plaines du Far West, Elle a…, Il fait des…. En octobre, Édith Piaf permet à Montand de chanter en vedette à l’Étoile. Durant sept semaines, il obtient un considérable succès, qu’il prolonge à l’Alhambra. La carrière du chanteur est définitivement lancée.

La même année, il débute au cinéma dans Étoile sans lumière de Marcel Blistène, avec Édith Piaf en vedette10. En 1946, il obtient un succès d’estime avec Les Portes de la nuit de Marcel Carné qui est un échec critique et commercial. Yves Montand partage la vedette avec Nathalie Nattier, vedettes par défaut de rôles initialement prévus pour Jean Gabin et Marlène Dietrich. Le chanteur fera encore quelques films, avant de trouver la consécration au cinéma en 1952.

En 1946, Édith et Yves se séparent, à l’initiative de Piaf qui juge que le talent de Montand lui fait quelque peu de l’ombre.

Six nouvelles chansons sont enregistrées en novembre, puis il passe au Club des Cinq, un cabaret Faubourg-Montmartre. Francis Lemarque est présent dans le public et enthousiasmé par la performance de Montand, il lui propose trois chansons : Ma douce vallée, Bal, petit bal et Tueur affamé. Cela scelle le début d’une collaboration fructueuse et Montand, qui se réserve l’exclusivité sur les chansons de Lemarque, lui devra quelques-uns de ses plus grands titres.

Début 1947, le chanteur passe en vedette à l’ABC. Il signe un contrat de sept ans avec la Warner, qu’il finira par juger trop contraignant et qu’il dénoncera plus tard. Attaqué en justice, l’affaire se conclut sans préjudice pour lui. En octobre 1947, il chante Mais qu’est-ce que j’ai ? (musique d’Henri Betti et paroles d’Édith Piaf) au Théâtre de l’Étoile et l’enregistre le 3 novembre. L’année suivante, il enregistre trois autres chansons composées par Henri Betti qui seront des succès : C’est si bon (paroles d’André Hornez) le 11 mai, Maître Pierre (paroles de Jacques Plante) et Rien dans les mains, rien dans les poches (paroles d’André Hornez) le 14 décembre.

Montand se console de la rupture avec Piaf en multipliant ses prestations sur scène. Il participe à l’opérette Le chevalier Bayard qui est un échec, sans que son succès personnel en soit entaché. Cette année-là, il engage le pianiste Bob Castella, qui pour les quarante-quatre années à venir sera son accompagnateur. Grâce à Jacques Prévert, il rencontre le guitariste Henri Crolla, qui sera emporté par un cancer en 1960.

Fort de cette fructueuse collaboration, le chanteur, plus jazzy, plus swing, enchaîne les enregistrements : Clopin-clopant, À Paris, Les cireurs de souliers de Broadway, Les enfants qui s’aiment – ces deux dernières sont signées Prévert – Clémentine… Le 2 mai 1949, il enregistre Les Feuilles mortes.

En 1948, son producteur Émile Audiffred meurt prématurément. Prévert lui fait découvrir La Colombe d’Or, une auberge de Saint-Paul-de-Vence. Il y devient un habitué et c’est là qu’il rencontre Simone Signoret le 19 août 1949. C’est un coup de foudre, ils ne se quittent plus. L’actrice met un temps sa carrière entre parenthèses et après son divorce avec le réalisateur Yves Allégret – de leur union est née Catherine Allégret – ils vivent place Dauphine.

En mars 1951, le chanteur triomphe avec un tour de chant de vingt-deux chansons, qui marque l’histoire du music-hall et influencera nombre de chanteurs qui s’essayeront au one-man-show. En 1953, ce tour de chant restera à l’affiche à l’Étoile pendant 8 mois à guichets fermés, un record, et ce sera le premier double album 33 T enregistré en live (toujours disponible en CD) qui reste une leçon de music-hall toujours exemplaire.

Le 22 décembre 1951, Simone Signoret et Yves Montand se marient à la mairie de Saint-Paul-de-Vence et deviennent l’un des couples français les plus en vogue du monde du spectacle.

En 1953, Montand, avec le film d’Henri-Georges Clouzot Le Salaire de la peur, obtient son premier rôle marquant au cinéma. Cette année-là, le film obtient le Grand Prix du Festival de Cannes (ancêtre de la Palme d’or). La même année, la chanson Quand un soldat, datée de 1952, chantée par Montand et écrite par Francis Lemarque est interdite.

En 1954, le couple achète une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie. Cette demeure devint par la suite un haut lieu pour des rencontres artistiques et intellectuelles. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Luis Buñuel, Jorge Semprún y séjournent régulièrement. Le couple milite en faveur de ses idées de gauche et est bientôt catalogué « compagnon de route » du Parti communiste français (PCF).

En 1955, Montand et Signoret se produisent au théâtre avec la pièce Les Sorcières de Salem de l’écrivain Arthur Miller. Traduite et adaptée en français par Marcel Aymé, elle est présentée pour la première fois au Théâtre Sarah Bernhardt à Paris, dans une mise en scène de Raymond Rouleau. Le succès est tel que les représentations durent jusqu’à Noël 1955.

En 1956, il s’apprête à entamer une tournée de music-hall en URSS, lorsque le 23 octobre les chars de l’Armée rouge envahissent Budapest, en Hongrie (insurrection de Budapest). Montand décide malgré tout de chanter devant les Soviétiques à Moscou, où il rencontre le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev. L’entretien dure quatre heures, et Montand demande personnellement des explications au chef du Kremlin sur les raisons de l’invasion de la capitale hongroise.

En 1957, accompagné de Simone Signoret, (et ses musiciens, Bob Castella, Henri Crolla, Emmanuel Soudieux, Roger Paraboschi, et Marcel Azzola, qui remplace Freddy Balta pour la tournée en URSS), il entreprend une tournée triomphale dans tous les pays du Bloc de l’Est. Cependant, il en revient profondément désabusé, déçu de ce qu’il a vu de l’application concrète du communisme dans ces pays de l’Europe de l’Est. Ses convictions dans ce système politique étant enracinées en lui avant tout par les profondes croyances familiales, surtout paternelles, il aura beaucoup de mal à les réfuter et mettra du temps à reconnaître ses erreurs de jugement.

En 1959, il est engagé par le producteur Norman Granz et, une fois les visas accordés, accompagné par Simone Signoret, il part pour les États-Unis, où, à partir du 22 décembre, il se produit à Broadway durant trois semaines. Le soir de la première, il est applaudi par de nombreuses célébrités : Montgomery Clift, Lauren Bacall, Ingrid Bergman et Marilyn Monroe. Le chanteur triomphe, obtient pas moins de seize rappels ; le lendemain, la presse ne tarit pas d’éloge sur sa prestation. Il chante ensuite à Hollywood, San Francisco et Montréal. Montand conquiert l’Amérique. Il accède alors au statut de vedette internationale : il se produira à New York en 1961 et sera de retour à Broadway en 1963. Il accomplit également avec succès plusieurs tournées à travers le monde, au Canada et au Japon.

À cette époque, il danse à la télévision avec Dinah Shore, et c’est grâce à cette apparition sur la chaîne NBC qu’il se voit proposer un rôle dans le film Le Milliardaire de George Cukor, avec Marilyn Monroe.

En janvier 1960, Signoret et Montand au Beverly Hills Hotel de Los Angeles sympathisent avec leurs voisins Arthur Miller et Marilyn Monroe, alors époux à la ville. En avril, Signoret reçoit l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation dans Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton, puis part à Rome pour un prochain tournage. Miller, lui, regagne New York. Marilyn et Montand tournent à Hollywood le film de George Cukor. Bientôt, ils sont bien plus l’un pour l’autre que des partenaires de cinéma… Leur brève liaison alimente la presse, brise le couple Miller-Monroe, alors que Simone Signoret donne le change face à la presse à scandale.

Il tourne encore Sanctuaire de Tony Richardson avec Lee Remick pour partenaire, puis déclinant plusieurs autres propositions, il rentre en France. Cette infidélité de Montand brise définitivement une bonne partie de la confiance que Simone Signoret portait en elle-même. Yves Montand, de son côté, demeure un séducteur impénitent. Bien que l’équilibre du couple soit profondément affecté par cet épisode, que Signoret en son for intérieur a très mal vécu, ils resteront unis jusqu’à la mort de Simone Signoret, en 1985.

En octobre 1961, Montand triomphe encore à Broadway, au Golden Theatre, où il chante durant huit semaines. L’année suivante, il effectue une longue tournée qui le mène de l’Angleterre au Japon. Début 1963, il chante à Paris à l’Étoile, où, bien que sa popularité soit sans faille, il constate que tout est en train de changer dans le métier. Il peine à trouver des titres nouveaux, et Francis Lemarque, à l’instar des Brassens, Brel, Ferré, Aznavour et autres Gainsbourg ou Nougaro, interprète désormais ses propres créations. Une autre génération, dont un certain Johnny Hallyday, bouleverse tout et Montand est conscient que sa grande période d’artiste de music-hall s’achève.

En 1963, il fait la narration dans le film Le Joli mai de Chris Marker et Pierre Lhomme, et y interprète la chanson Joli Mai, adaptation par Michel Legrand de la chanson populaire russe Odinokaya garmon’ (russe : Одинокая гармонь, littéralement, « accordéon solitaire ») composée par Boris Mokrousov. Les paroles du poète Mikhaïl Issakovski n’ont pas été conservées dans cette version française.

À partir de 1964, il se consacre presque exclusivement à sa carrière d’acteur et ne reviendra à la scène que de façon épisodique. C’est à partir de 1965 qu’il s’impose définitivement au cinéma. La rencontre avec Costa-Gavras, avec qui il tourne Compartiment tueurs en est la clef de voûte. Il tourne avec Alain Resnais, René Clément, Claude Lelouch, Philippe de Broca, Jean-Pierre Melville, Gérard Oury, Jean-Luc Godard… et devient l’un des acteurs fétiches de Claude Sautet avec qui il tourne trois films. Durant les années 1970, l’acteur alterne drames, films engagés et comédies et s’impose comme l’un des acteurs français les plus populaires.

Costa-Gavras, qui en 1969 a réalisé Z, dénonçant le régime des colonels grecs, adapte en 1970 L’Aveu d’Artur London publié en 1968. Ce dernier, né à Prague en 1915, entré aux Jeunesses communistes à l’âge de quatorze ans, fut des Brigades internationales anti-franquistes, résistant en France, et déporté à Mauthausen. Après la guerre, il devient vice-ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie, il sera arrêté en 1951 et accusé de trahison lors d’un procès stalinien à Prague en 1952, au cours duquel onze condamnations à mort sont prononcées. Artur London en réchappera, et sera réhabilité en 1956. Le film L’Aveu s’achève sur l’arrivée des chars soviétiques à Prague en 1968. Cette fois encore, Costa-Gavras a coécrit le scénario avec Jorge Semprun, mais c’est l’interprétation magistrale d’Yves Montand qui retiendra l’attention et permettra de faire comprendre au grand public l’ampleur de la répression dans les pays du bloc soviétique. L’exemple du courage d’Artur London suffit pour dénoncer les méthodes staliniennes des régimes communistes.

En septembre 1968, Yves Montand redevient chanteur le temps de se produire à l’Olympia. Il crée La bicyclette et Mon frère.

Cette même année, son engagement et ses convictions politiques connaissent un revirement complet : après l’écrasement du Printemps de Prague, sa rupture avec le parti communiste français est définitive.

En février 1974, pour soutenir les réfugiés chiliens et condamner le coup d’état du général Pinochet, il donne un récital unique à l’Olympia. La préparation de ce tour de chant donne lieu à un film de Chris Marker La Solitude du chanteur de fond, dans lequel on voit les répétitions avec son pianiste Bob Castella et son interprétation, entre autres, du Temps des cerises.

1981 marque le grand retour d’Yves Montand à la chanson et à la scène. Le chanteur enregistre l’album Montand d’hier et d’aujourd’hui et triomphe sur la scène de l’Olympia, à guichets fermés trois mois durant, du 7 octobre au 3 janvier 1982. Le succès est tel que, après s’être produit en province de mars à juillet, il revient à l’Olympia durant l’été pour de nouvelles représentations, du 20 juillet au 14 août. Fin août, il entame une tournée mondiale, qui le conduit au Brésil, aux États-Unis, au Canada et au Japon.

Dans les années 1980, Yves Montand milite pour les droits de l’homme et s’engage en faveur du syndicat polonais Solidarnosc de Lech Wałęsa, en décembre 1981.

Le 30 septembre 1985, alors qu’il tourne les films Jean de Florette et Manon des Sources de Claude Berri d’après Marcel Pagnol, Simone Signoret meurt d’un cancer du pancréas à l’âge de soixante-quatre ans.

En 1989 il préside le jury du Festival international du film de Tokyo.

La dernière compagne d’Yves Montand sera Carole Amiel, son assistante sur la tournée de 1982, avec qui il entretenait déjà une liaison au moment où disparaissait Signoret. Avec elle, il a son seul enfant, Valentin, né le 31 décembre 1988.

Il tourne encore trois autres films : Trois places pour le 26 de Jacques Demy (1988), Netchaïev est de retour de Jacques Deray (1991) et IP5 de Jean-Jacques Beineix.

Le 9 novembre 1991 à 13 heures 50, Yves Montand meurt d’un infarctus du myocarde à l’âge de 70 ans, le lendemain du dernier jour de tournage du film IP5 de Jean-Jacques Beineix (à la fin duquel son personnage, lui aussi, meurt d’une crise cardiaque). L’acteur ambitionnait de faire sa rentrée sur la scène de Bercy au printemps 1992.

Pour les besoins du scénario, protégé par une combinaison de plongeur sous ses vêtements, il s’était baigné, fin septembre, dans un lac glacé des étangs de Commelles dans la forêt de Chantilly, près de Senlis. Après le tournage d’un dernier raccord, Montand ressent un malaise. « Avec tout ce que j’ai vécu, j’ai eu une vie tellement formidable que je ne regretterai pas de partir », déclare-t-il à l’un des ambulanciers. Il meurt à l’hôpital de Senlis et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise aux côtés de Simone Signoret, la seule femme à laquelle il fut marié.

Devant le 114, boulevard Saint-Germain à Paris et dernier domicile parisien de l’acteur chanteur, une silhouette de roses rouges et blanches a été dressée en hommage éphémère à l’homme de scène.

À ses obsèques le 13 novembre 1991, furent présents entre autres Jean-Louis Livi, son neveu, Catherine Allégret, sa belle-fille, Jean-Pierre Castaldi, son gendre, Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Jack Lang, le sculpteur César, la marraine de Valentin Christine Ockrent, Bernard Kouchner, Gérard Depardieu, Claude Sautet, Alain Corneau, Claude Berri, André Glucksmann, Gérard Oury, Michèle Morgan, Danièle Thompson, Jean-Paul Rappeneau, Jorge Semprun, François Léotard, Léon Schwartzenberg, Olivier Martinez, Jean-Jacques Beineix, Serge Reggiani, François Périer, Costa-Gavras, Miou-Miou ou encore Daniel Auteuil.

Ecouter aussi ce document audio :

https://www.youtube.com/watch?v=WU2ldHa20Io

Sources : Wikipédia, YouTube.

 

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