Ville d’Uzerche (Corrèze).

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Uzerche est une commune française située dans le département de la Corrèze en région Nouvelle-Aquitaine.

En 1787, l’écrivain anglais Arthur Young a qualifié la ville de « Perle du Limousin », surnom dû à son site pittoresque et sous lequel elle est encore largement connue aujourd’hui. Bâtie au sommet d’un éperon rocheux, entourée par un méandre de la rivière Vézère qu’elle domine, Uzerche possède un patrimoine riche hérité des atouts défensifs de son site. D’abord centre décisionnel et carrefour important puis forteresse sous Pépin le Bref, la ville fut aussi le siège d’une puissante abbaye et plus tard d’une sénéchaussée. Héritage de cette aura, de nombreux châteaux, hôtels et autres bâtisses à tourelles1 construits par la noblesse uzerchoise s’élèvent encore de nos jours et justifient le dicton : « Qui a maison à Uzerche a château en Limousin ». La commune d’Uzerche est labellisée « village étape » depuis 1996.

La vieille ville est située au sommet d’un piton rocheux entouré au nord par un méandre de la Vézère, ce qui fait la particularité d’Uzerche. La vieille ville s’organise autour de la rue de la Justice, où sont situées la plupart des vieilles bâtisses uzerchoises, dont l’hôtel du Sénéchal et le château Pontier. Du sommet du piton aux berges de la Vézère s’étagent des jardins toujours cultivés de nos jours. Le versant est est traversé par l’avenue de Paris, par où passe la route départementale 920. Au sud, à la sortie de la partie située à l’intérieur de la courbe du méandre, les habitations s’organisent plus densément le long du faubourg des Frères Noilhetas puis du faubourg de la Pomme. Le centre-ville rejoint la partie est de la ville et le faubourg Saint-Eulalie par le pont Turgot. La partie nord, pour sa part, est reliée au centre par le pont Neuf. La côte de Pleux permet de rejoindre les hauteurs ouest de la ville, qui font face au piton rocheux. En contrebas, au bord de la Vézère, s’étendent les bâtiments de l’ancienne usine de papeterie. Une rénovation du site de la papeterie est en cours, afin de dynamiser cette partie de la ville. Une passerelle piétonne sur la Vézère permet désormais de la relier au centre ancien. Certains bâtiments ont été réhabilités, tels la Halle Huguenot, la Salle de la Machine ou encore le Bâtiment Atelier. Le site accueille désormais de nombreuses manifestations, séminaires, commerces, associations ou expositions. Yann Arthus-Bertrand y a par exemple exposé ses œuvres photographiques “Bestiaux” à l’été 2016.

Carte maximum, Uzerche, 15/10/1955.

Le nom de la localité est attesté dès le VIIe siècle sous la forme Usarca, puis Usercensium vicaria en 848, Uzercha vers 1190, Uszerca au XIVe siècle19, Usarche entre les XVe et XVIIe siècles, Userches et Userche au XVIIIe siècle. Uzerche se dit Usercha en occitan.

Certains ont cru y retrouver l’antique Uxellodunum dont une forme alternative aurait été Uzercodunum, assiégé par les Romains en 51 avant Jésus-Christ et dernier oppidum de la lutte cadurque contre Jules Césarnote.

Une forme féminine *uc-erica a été proposée, *uc-ericum ayant donné Uzer, sur la base d’un thème pré-celtique *uc « hauteur » et avec un autre suffixe *uc-etia > Uzès (Ucetia en 506).

Flamme d’Uzerche du 14/11/1950 (machine Daguin).

Il pourrait s’agir d’un nom de personne germanique pris absolument Udelricus qui aurait été traité comme *Uzelr(i)cus doté d’un suffixe -a.

Il pourrait s’agir prosaïquement de l’adjectif latin ou gallo-romain visaraca. Il aurait été formé sur l’hydronyme Visara ou Visera, cette seconde dénomination de la rivière Vézère étant attestée en 889, pour qualifier un endroit spécifique, un coude de la rivière ou un quartier d’un domaine recensé proche de la rivière. L’altération rapide au second Empire romain aurait ensuite engendré l’adjectif hydronymique usarca, de sens général, pas forcément associé uniquement à la contrée d’Uzerche en ces temps anciens. Mais il semble que le nom d’Uzerche et le qualificatif de ce qui est propre à la Vézère ou à ses rives se soient ensuite progressivement confondus. Une même hypothèse posant uiser-ica, dérivé de uisera (le v majuscule ou minuscule note, comme le u, le son ou en latin classique ou médiévale), et donnant userca par chute des i brefs a été proposée par les Travaux d’Archéologie Limousine.

La ville serait évoquée par son église chrétienne dès le Ve siècle dans une lettre de Rorice (ou Rurice), évêque de Limoges .Ce serait la première source écrite concernant Uzerche dont nous disposons en 2010.

En 909, les Normands saccagèrent la cité. À la fin du Xe siècle, la petite église paroissiale de Sainte-Eulalie fut donnée par Arbert de Chavan et sa femme Adalaïde (ou Alaïde). Il est possible qu’un baptistère paléochrétien ait existé initialement en ce lieu.

Place des Vignerons, on trouve aujourd’hui la chapelle Notre-Dame. Restaurée à la fin du XIXe siècle, elle aurait succédé à l’église Notre-Dame-du-Désert cédée aux moines en 992 par Archambauld Ier, vicomte de Ségur.

Vers 1150, Uzerche passa sous la domination des Normands. Le XIIe siècle fut faste, et de grands personnages traversèrent Uzerche et s’arrêtèrent au monastère : Henri II d’Angleterre en 1156, la femme de ce dernier Aliénor d’Aquitaine ainsi que leur fils Richard Cœur de Lion en 1189, puis Hugues III, duc de Bourgogne, ainsi que Raymond V, comte de Toulouse, en 1183. Les XIIe et XIIIe siècles virent le temps des troubadours uzerchois Gaucelm Faidit et Uc de la Bachellerie. Les XIIIe et XIVe siècles reçurent l’honneur des visites de plusieurs grands de ce monde : Saint Louis en 1244 et 1256, Philippe III le Hardi en 1285, le pape Clément V en 1306, Charles IV le Bel en 1324.

Dès le XVe siècle, le développement de la ville justifia l’adage « Qui a maison à Uzerche a château en Limousin », que l’on doit à l’écrivain anglais Arthur Young.

Louis XI passa dans la ville en 1463 et lui octroya la moitié des assises du sénéchal. La noblesse de robe construisit hôtels et maisons fortes jusqu’au XVIe siècle. Parmi ces demeures, on peut évoquer le château Pontier (ou « hôtel des Besse du Peyrat »), l’Hôtel des Joyet de Maubec, la maison Boyer-Chammard, la maison Eyssartier, la maison de Tayac (ou « hôtel des Gauthier »), l’Hôtel de Clédat ou hôtel Bécharie. La ville obtint en 1558 une sénéchaussée royale (2 villes et 44 paroisses), dès lors en concurrence avec celle de Brive-la-Gaillarde. La puissance de son abbaye et le développement de la sénéchaussée firent d’Uzerche une capitale du Bas-Limousin. Néanmoins, les guerres de religion mirent rapidement à mal cette prospérité relative. En 1575, le vicomte de Turenne, à la tête des Huguenots, saccagea l’abbaye. Dès 1628, les officiers du roi furent les seuls maîtres d’une ville engourdie et dont on commença à abattre les imposantes murailles sous Richelieu. Louis XIII fut reçu à l’hôtel du Sénéchal lors d’une visite en 1632.

Uzerche, épreuve d’artiste.

Le pont Turgot, achevé en 1753, fut construit pour faire rejoindre le faubourg Sainte-Eulalie à la vieille ville, qui comprenait auparavant une seule rue montante et tortueuse bordée des demeures nobles et armoriées construites aux XVe et XVIe siècles.

En 1767 fut créée la « loge Saint-Jean de l’Heureuse Alliance », comprenant 18 frères, tous notables, où étaient effectués des rites maçonniques. Fédérée en 1781 au Grand Orient, elle se composait de bourgeois uzerchois, grands propriétaires terriens qui souhaitaient voir la fin des rentes et autres dîmes. La loge s’installa en 1784 au 6 de l’actuelle rue Jean-Gentet et aurait compté jusqu’à 80 membres à la veille de la Révolution. Une loge intégralement féminine a également fonctionné à partir de 1782 grâce à Félicité de Genlis, qui fut l’hôte du château du Puy-Grolier, propriété des Grenaille.

La peste fit d’horribles ravages de 1346 à 1348. La ville résista à plusieurs sièges, méritant ainsi le surnom « Uzerche-la-Pucelle », celle qui n’a jamais été prise (d’où la mention Non polluta sur ses armoiries). Trois fleurs de lys d’or de fasce sur champ d’azur furent ajoutées aux armes de la ville, octroyées en 1374 par le roi Charles V de France en récompense de la défense énergique manifestée par les Uzerchois face aux Anglais.

Au XIVe siècle, la ville fut dotée de nouvelles fortifications. On y entrait alors par neuf portes dont seule la porte Bécharie demeure visible aujourd’hui.

À cette époque fut élevée la tour du Prince Noir, dont l’origine demeure incertaine.

Un hôtel Dieu fut attesté dès 1393. Le bâtiment devint hôpital général en 1749 par lettres patentes du roi Louis XV.

Le 2 mars 1789 se tint à Uzerche l’assemblée de la sénéchaussée ; 29 députés sont choisis parmi les 115 élus. Le 16 mars, ils portent à Tulle le cahier de doléances.

Le 30 juillet 1789 se répand le bruit que le comte d’Artois, frère de Louis XVI, arrive à Uzerche à la tête de 16 000 hommes. Son armée vient de Bordeaux et a incendié plusieurs villes. Aussitôt les hommes d’Uzerche et des paroisses environnantes s’arment mais la prétendue armée n’arrive pas : c’était une ruse pour faire armer tous les Français.

Le département de la Corrèze est formé en 1790. Il est composé de quatre districts : Brive, Tulle, Ussel, et Uzerche. Chacun de ces districts est divisé en 41 cantons, formés eux-mêmes de plusieurs communes.

Sous la Révolution, Uzerche devient chef-lieu de district en adoptant le nom de Faubourg-Égalité et voit la première décapitation du département de la Corrèze, place du Marché, le 19 septembre 1793. Les guerres de la Révolution en 1792-1793 voient deux Uzerchois se distinguer : le général Materre et le colonel Varéliaud. Sous Napoléon Ier, l’Uzerchois Alexis Boyer devient chirurgien de l’empereur, et le suit dans les campagnes de Pologne et Prusse.

Programmé en 1840 et achevé en 1855, le tunnel routier est, un siècle durant, le seul sur la route nationale 20. En 1892 vient s’y ajouter un tunnel ferroviaire sur la ligne à voie métrique Uzerche – Seilhac – Tulle – Argentat. La voie ferrée ainsi que la construction du viaduc du « PO-Corrèze » donnent une nouvelle dimension à la ville. Le viaduc, d’une longueur de 142 m, est achevé en 1902 ; il comprend douze arches et permet au tacot de relier la gare PO, située au nord, à la « Petite Gare », station d’Uzerche-Ville. Le POC fonctionne jusqu’en 1969, date de son arrêt définitif. Le viaduc sert aujourd’hui de promenade piétonne (GR 46).

Viaduc du PO-Corrèze et ancienne tannerie au bord de la Vézère.
Le 5 septembre 1870, le maire, monsieur de Tayac, communique à son conseil les dépêches annonçant la déchéance de l’Empire et la proclamation de la IIIe République. Le 13 novembre 1870, le conseil municipal exprime son adhésion unanime au plébiscite de Paris du 4 novembre 1870 qui maintient le pouvoir au gouvernement de la Défense nationale.

A l’été 1940, commence le départ progressif des réfugiés et des troupes en retraite qui sont peu à peu démobilisées. Ils sont remplacés, fin 1940, par un escadron de GMR.
En octobre 1942, le réseau Buckmaster débute ses émissions à Uzerche et Salon-la-Tour.
Le 11 novembre 1942 les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et traversent Uzerche et Masseret. Quelques jours plus tard le premier parachutage d’armes a lieu à Salon-la-Tour (échec) et Espartignac (succès).

En juin 1944, la 2e division SS Das Reich, commandée par le général Heinz Lammerding, reçoit l’ordre, au lendemain du débarquement de Normandie, de se positionner entre Tulle et Limoges pour y réduire le maquis. Plusieurs résistants participent alors à l’attaque d’un train en gare d’Allassac, attaque qui permet aux maquisards de libérer le journaliste et partisan de la Résistance allemand Gerhard Leo. Parmi eux se trouve le lieutenant Michel : arrêté peu avant l’attaque de Tulle par les maquisards, il est pendu à Uzerche sous l’ordre et les yeux de Lammerding qui venait de passer deux nuits chez l’habitant.

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Sources : Wikipédia, Toutube, FR3.