Ville de Valence (Drôme).

Valence est une commune du sud-est de la France, préfecture du département de la Drôme en région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 63 714 habitants recensés en 2017 (180 075 habitants pour l’aire urbaine en 2016), elle est la ville la plus peuplée de la Drôme et la 8e d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ses habitants sont appelés les Valentinois.

Située au cœur du couloir rhodanien et soumise à un climat méditerranéen, Valence est souvent désignée comme étant « la porte du Midi de la France ». Entre Vercors et Provence, sa situation géographique attire de nombreux touristes. Les autoroutes A7 et A49, la RN7, la ligne de TGV Paris/Marseille, ainsi que le Rhône en sont les axes de transports et de communications majeurs. En outre, l’agglomération valentinoise est dotée d’un port de plaisance, d’un port de commerce, de deux gares ferroviaires (Valence-Ville et Valence-TGV), d’un aéroport, mais aussi d’une ceinture périphérique. Son activité économique est essentiellement tournée vers les secteurs de l’agroalimentaire, des industries métallurgiques, des constructions mécaniques et de l’électronique.

Fondée en 121 av. J.-C., après l’invasion de la Gaule narbonnaise par les Romains, elle acquiert rapidement de l’importance grâce à sa position au carrefour de voies romaines3, et accède au statut de colonie romaine. Au fil des siècles, la ville prend de l’ampleur et s’agrandit. De nombreux vestiges de l’époque médiévale, de la Renaissance, mais aussi les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles sont visibles dans le centre-ville. La ville, historiquement frontière de la Provence historique, sera ensuite rattachée au Dauphiné, dont elle forme la deuxième ville après Grenoble et fait aujourd’hui partie du réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire.

Valence possède de beaux monuments tels que la Maison des Têtes, bâtie entre 1528 et 1532 par Antoine de Dorne, la cathédrale Saint-Apollinaire, construite entre 1063 et 1099 sous l’impulsion de l’évêque Gontard, ou encore la fontaine monumentale, de l’architecte Eugène Poitoux. La ville compte de nombreux monuments historiques, dont la plupart se trouvent dans le Vieux Valence.

Valence, carte maximum, 22/03/2013.

La ville offre des parcours de découverte au fil des jardins et des canaux qui la traversent depuis l’époque romaine sur plus de 17 km ; des chemins longent les berges sauvages où évolue une faune diversifiée. Inscrite sur la liste des villes et villages fleuris de France, Valence est l’une des dix-sept communes de l’ancienne région Rhône-Alpes à être labellisée « 4 fleurs » par le concours des villes et villages fleuris.


Fondée en 121 avant notre ère. ou entre 50 et 30 avant notre ère.

Même sous domination romaine, les Allobroges, tribu établie au nord de l’Isère, se soulevèrent à plusieurs reprises contre l’occupant romain. Le dernier affrontement se déroule à Solonion identifiable avec l’actuelle commune de Soyons (Solo selon Tite-Live, Epitomé 103) en 62 avant notre ère.

La conquête des Gaules par Jules César fit du couloir rhodanien un axe de communication nord-sud essentiel, reliant les nouvelles possessions romaines à la mer Méditerranée. De nombreuses colonies y furent fondées, dont Valentia, nom latin signifiant La Vaillante, La Vigoureuse, dans le territoire des Segovellaunes. La cité de Valentia fut établie sur une terrasse de la rive gauche du Rhône, à cinq kilomètres au sud du confluent de l’Isère et à une quinzaine de kilomètres de celui de la Drôme.

Cette situation géographique se comprend par le croisement de plusieurs voies de transport et de communications :

  • Valentia avait une place privilégiée dans les échanges nord-sud grâce au Rhône et à la via Agrippa.
  • Valentia s’insérait dans des axes est-ouest puisque les différents chemins qui traversaient la plaine en venant de la vallée de l’Isère et de celle de la Drôme (voie des Alpes) convergeaient vers la cité. Le Rhône se franchissait au niveau de Valence sur un bac, un gué ou un pont.

    Emplacement de la porte Saint-Félix (à l’entrée Est de l’actuelle rue Madier de Montjau) ; elle est l’une des trois anciennes portes pour accéder à la cité de Valentia sous le Haut-Empire ; elle était reconnaissable à ses tours, l’une ronde et l’autre carrée.
    La ville de Valence, comme bon nombre de villes gallo-romaines, reçut un plan orthonormé. L’orientation du réseau viaire urbain a successivement suivi les cadastres « A », inclinée à N-12°30’E et « B », inclinée à N-23°E, repérés dans la plaine valentinoise.

Nous connaissons le decumanus de la cité grâce à la découverte d’une chaussée et d’un réseau d’égouts à quelques mètres au nord de la mairie. Le cardo du réseau urbain était la via Agrippa qui traversait la cité en ligne droite de la porte sud de la cité jusqu’à l’ancienne porte et tour d’Aïon, au nord de la ville, devenue par la suite « Tourdéon » (détruite aujourd’hui).

C’est le long de la via Agrippa que devait se situer le forum, sans doute bordé d’une basilique civile, de la curie, d’un temple, etc., dont on ignore l’emplacement exact.

Au sud de l’emplacement présumé du forum, entre la rue du Théâtre et la rue Vernoux, furent mises au jour les ruines des thermes publics. L’alimentation en eau de cet établissement thermal, et plus généralement celle de toute la cité de Valentia, se faisait grâce aux nombreuses sources à proximité. Le site même de Valence présente encore aujourd’hui un dense réseau de ruisseaux et de canaux nés du trop-plein des nappes qui s’échappe en sources au pied des gradins, formant, à l’est, une ligne courbe depuis la source du Treuil jusqu’à la Fontaine des Malcontents, et près du Rhône et de la Basse-Ville, une ligne quasi-parallèle au fleuve depuis la source Saint-Pierre jusqu’à la descente du boulevard Gambetta. Ainsi, dans le quartier de Chony (dans l’actuelle commune de Bourg-lès-Valence), ont été retrouvés des restes de canalisations ayant appartenu à l’aqueduc qui amenait à Valence les eaux de la source du Treuil.

Tout autour de l’actuelle cathédrale Saint-Apollinaire furent découverts des fragments d’architecture appartenant sans doute à un grand temple.

La cité possédait des établissements de spectacle :

  • un cirque dont le lieu-dit quartier du Cire (« Siry » au Moyen Âge) aurait conservé le souvenir[réf. nécessaire] ;un amphithéâtre, soit au bord du Rhône, à l’extérieur de l’enceinte ou près de Porte Neuve ;
  • un théâtre côte Sainte-Ursule : trois sondages ont permis de découvrir l’orchestra, des traces de grandes marches et de gros éléments de murs. Il était implanté en limite nord de la ville ;
  • un odéon dont la courbure serait matérialisée par la rue du Croissant. En fait les soubassements d’un odéon ont été retrouvés lors des travaux du nouveau musée, sous la place des Ormeaux, et son contour est matérialisé au sol à l’entrée du musée.

La cité fut ceinte d’un rempart dès le Haut-Empire. Cette enceinte aurait été mise en place entre 15 av. J.-C. et 15 ap. J.-C. Les fouilles menées en 1869 au sud de la vieille ville ont révélé l’existence d’une porte monumentale défendue par deux tours en saillie. La façade, ou tout au moins les piliers qui ont pu être observés lors des fouilles, était recouverte d’un grand appareil en pierre de molasse et ornée d’une frise de trophées militaires : boucliers, jambières et cuirasses.

Des habitations se sont installées autour de la cité, en dehors des remparts.

  • à l’est de la cité de Valentia, non loin de la voie des Alpes (en direction de Die et Gap), dans l’actuelle rue Faventines.
  • à l’ouest, au quartier des Nonniers, sur la commune de Guilherand-Granges (rive droite du Rhône, face à Valence) : un pont ou un bac reliait les rives du fleuve.
  • Le port antique se situait peut-être sur le territoire de l’actuelle commune de Bourg-lès-Valence.

De nombreuses tombes se pressaient à la sortie de la cité, le long des voies : plusieurs nécropoles ont été découvertes à l’est et au sud de la ville antique.

Au cours des premiers siècles de notre ère, Valence devint un important carrefour routier présent sur les cartes et itinéraires et, au Bas Empire, cette cité conserva sa position privilégiée.

Mais dès le ive siècle, Valentia dut faire face à de nombreuses razzias mais la cité conservait, à l’abri de son rempart, sa parure monumentale rivalisant, selon Ammien Marcellin, avec Arles et Vienne.

À l’aube du Ve siècle, la cité vivait à l’abri du rempart érigé sous le Bas-Empire (construction encore visible au XIXe siècle). Les Wisigoths s’emparèrent de Valence en 413 ap. J.-C. ; les Burgondes furent maîtres du bassin rhodanien à la fin du Ve siècle ; le Valentinois échut au royaume franc en 533. Ces invasions successives effacèrent presque toute trace de romanisation.

Durant cette période troublée, la ville aménagea au mieux son enceinte antique : les portes romaines furent murées, faisant ainsi disparaître les deux axes principaux de la cité et restructurant durablement le réseau urbain. Les habitants des campagnes s’installèrent sur les petits Monts de la plaine, donnant naissance à un grand nombre de villages : Montoison, Montmeyran, Montélier, Montvendre, Montéléger, etc.

Vers 800, une nouvelle cathédrale Saint-Estève (de saint Étienne) est construite à la place du baptistère, avec un chœur orienté à l’ouest. Elle est construite symétriquement à l’église Saint-Jean-l’Évangéliste. Elle abritait de nombreuses reliques : celles des saints Apollinaire, Cyprien, Corneille, Félix, Fortunat, Achillée et un fragment de la Sainte-Croix. Le quartier épiscopal comprenait également des logements pour les chanoines, regroupés autour d’une cour-cimetière, et une église ronde, Notre-Dame-la-Ronde. Au début du ixe siècle, peut-être avant, la muraille romaine est surélevée avec des murs construits en galets. En 890, la veuve du roi de Provence Boson, fait couronner leur fils Louis III roi de Provence à Valence.

En 1029, l’archevêque de Vienne, investit Guigues III dit « le Vieux » du comté de Viennois48. Il appartient à la famille des comtes d’Albon, qui tient la région depuis quelques décennies, occupant fréquemment le comté et l’évêché de Valence. La région subit encore les razzias des Sarrazins à la fin du ixe et au xe siècle.

Le Rhône est parfois présenté comme la frontière entre le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique dont Valence fait partie, jusqu’au XVe siècle, mais c’est surtout un trait d’union entre les différents pays qui le bordent. L’évêché de Valence, tout comme la principauté rivale, le comté de Valentinois-Diois, s’étendent d’ailleurs sur les deux rives. C’est aussi un axe commercial important, notamment pour le sel, ce dont va profiter la ville qui en garde comme trace le nom de la rue « Saunière », autrefois nom de l’une des quatre portes de Valence, celle qui donnait au sud. La ville profite aussi de sa position à un point de changement du régime des vents dans la vallée du Rhône : au Moyen Âge, les bateaux remontaient le fleuve uniquement par halage au col, ou au sang (par des hommes). Au nord de Valence, la remontée pouvait se faire à la voile (mais pas toujours). À la fin du xve siècle, elle est même la capitale du halage, car outre cet avantage dû au vent, elle est une escale à un jour de Lyon, et un carrefour pour pénétrer dans les montagnes. Enfin, la remontée du Rhône est particulièrement difficile au niveau de Valence, ce qui occasionnait des arrêts forcés. Plusieurs Valentinois étaient spécialisés dans le courtage des haleurs. Les haleurs tiraient des gros bateaux ou des trains de barque, par équipes de quelques dizaines à plusieurs centaines d’hommes. Chaque homme tirait une masse d’une tonne environ. Ce mode de halage régresse fortement à la fin du xve siècle, pour être remplacé par le halage à chevaux, sauf pour le halage local.

Située sur la place des Ormeaux, la cathédrale Saint-Apollinaire fut bâtie entre 1063 et 1099. Classée monument historique depuis 1862, elle est le plus ancien édifice de la ville.
La ville, à l’abri des crues du fleuve et protégée par ses remparts, est une étape sur la route des pèlerinages vers Compostelle. La vie religieuse s’anime, la cathédrale Saint-Apollinaire est construite ainsi que l’abbaye Saint-Ruf qui fut au Moyen Âge le chef d’ordre d’une importante congrégation de chanoines réguliers. Cette abbaye fondée en 1039 dans les faubourgs d’Avignon, fut transférée à Valence en 1158. Deux personnages importants se disputent le pouvoir sur la ville : l’évêque et le comte de Valentinois.

L’essor économique se traduit par le développement de bourgs, surtout du côté du Rhône : la Rivière (Riperia) dite aujourd’hui, moins poétiquement, « basse-ville » ; la Ville Neuve, au nord de l’ancienne porte Pomperi et le Bourg-Saint-Pierre, formé autour de l’abbaye Saint-Pierre, qui a engendré la commune actuelle de Bourg-lès-Valence. Ailleurs, sur la moyenne terrasse, l’habitat hors-les-murs est associé aux fondations religieuses : la commanderie des Hospitaliers, porte Tourdéon, l’abbaye Saint-Félix, porte Saint-Sulpice, la commanderie templière à Faventines, le prieuré bénédictin de Saint-Victor au sud à proximité de l’ancienne Via Agrippa, et peut-être, plus au sud encore, une léproserie dont la mémoire est transmise par le canal de la Maladière.

Après la disparition du comté de Valentinois, incorporé à la province du Dauphiné, le dauphin Louis II de Poitiers-Valentinois peut imposer l’hommage à l’évêque et à l’abbé de Saint-Ruf (abbé exempt et immuniste) : Valence est donc incorporée à la province du Dauphiné. Au décès de Louis II, qui en fut le dernier comte, le Valentinois est vendu en 1419 par ses héritiers, sa fille Louise de Poitiers (veuve de Humbert VII de Thoire et Villars) ou ses proches parents, à Charles, dauphin, puis roi de France (Charles VII). Le comté de Valentinois est rattaché à la couronne de France en 1424.

La ville est reliée au chemin de fer dès 1854 ; on voit ici la gare de Valence-Ville et la statue de Bancel, dans les années 1920.
La seconde moitié du XVe siècle et le début du xvie siècle constituent un âge d’or pour la cité médiévale, matérialisé par la Maison des Têtes et le Pendentif. Fondée le 26 juillet 1452 par le dauphin Louis, futur Louis XI, l’université de Valence s’est rapidement développée. Des professeurs de renom venus de divers pays, tel Jacques Cujas ont forgé sa réputation en enseignant le droit, la théologie, la médecine et les arts. Après son sacre, Louis XI confirme sa préférence en expédiant ses lettres patentes destinées à l’université le 12 octobre 1461. En mars 1480, le roi soutient encore son université préférée.

Le dauphin Louis fait de nombreux séjours à Valence qui, en signe d’allégeance, lui fait don d’une porte de la ville, la porte Saunière et de quelques maisons alentour. Il en fait un « palais delphinal », occupé par la suite par l’ordre religieux des récollets. Devenu Louis XI, il autorisa en 1476 un marché au bourg de Valence lors de son séjour dans la ville et confirma ses privilèges de la taxe, en faveur de la ville de Valence.

Cette époque s’achève brutalement en 1562 lors de l’occupation de la ville par les troupes du baron protestant des Adrets, François de Beaumont : tous les édifices religieux de Valence sont partiellement ou totalement détruits, dont la cathédrale Saint-Apollinaire et l’abbaye Saint-Ruf, toutes deux sérieusement touchées. L’abbaye de l’Épervière ne sera jamais reconstruite, les chanoines choisissant de reconstruire leur abbaye au début du XVIIe siècle autour de leur prieuré de Saint-James. L’édifice de l’abbaye Saint-Ruf, de structure romane, est alors profondément remanié et doté d’une nouvelle façade (à l’est, soit la rue Saint-James), alors que sont reconstruits au nord des bâtiments conventuels.

François Rabelais étudie à Valence en 1532, avant de s’installer à Lyon, grand centre culturel où fleurit le commerce de la librairie.

Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine.

Point stratégique de la Vallée du Rhône, Valence est une place militaire depuis son origine et compte 7 100 habitants dans les années 1700. C’est à ceux-ci qu’incombe le logement des gens de guerre et c’est d’ailleurs pour limiter ce fléau qu’une délibération municipale propose, dès 1714, la construction de casernes dans l’actuelle rue Bouffier. Rapidement insuffisantes pour loger les 12 000 hommes et les 20 000 chevaux d’un camp provisoire de cavalerie, la ville investit 190 000 livres pour l’installation de nouvelles casernes au quartier de Rollin, au nord de la route de Romans.

C’est à Valence que s’achève en mai 1755 l’épopée de Louis Mandrin, le contrebandier qui défiait la ferme générale et redistribuait le produit de ses larcins. Après avoir passé plusieurs jours à la prison de la ville, Mandrin est condamné à mort : il est conduit sur la place des Clercs où est dressé l’échafaud, il est ensuite roué jusqu’à ce que mort s’ensuive. Son corps est exposé après sa mort, durant trois jours, et de nombreuses personnes accourent pour lui rendre un dernier hommage, tant sa popularité s’était accrue. La mort de Mandrin sur la roue de Valence marque la fin de ses agissements mais aussi le début d’une légende tant l’homme marqua les esprits de ses contemporains.

Napoléon Bonaparte est affecté dans cette ville de 1785 à 1786 au sein du régiment d’artillerie de La Fère. Il y fit ultérieurement de nombreux séjours. Il reviendra en effet plusieurs fois à Valence. Il traverse notamment la ville le 12 octobre 1799 au retour de l’expédition d’Égypte, et offre à son ancienne logeuse venue le saluer à la maison de la poste, un cachemire des Indes (offert aux sœurs du Saint-Sacrement), une boussole et une cuiller à poudre (offerts au musée de Valence en 1862). Il rencontre également ce même jour le futur cardinal Spina qui négociera le Concordat en 1801 au nom du pape Pie VII.

Après la convocation des États généraux, l’agitation et l’inquiétude croissent jusqu’à la prise de la Bastille, dont la nouvelle parvient dans la région vers le 20 juillet, provoquant espoir mais renforçant aussi les inquiétudes d’un complot réactionnaire des aristocrates. La Grande Peur naît dans la région d’une rumeur, et se transmet de proche en proche, suivant les réseaux de proximité, à une vitesse foudroyante, mettant l’ensemble des villages en branle pour assurer leur défense. Une fois le pic de peur passée, une inquiétude latente reste, les communautés villageoises réalisant qu’en cas d’urgence, elles sont en fait isolées et pratiquement réduites à leurs propres moyens. Des gardes nationaux se forment rapidement, y compris à Valence, mais les communautés trouvent cela insuffisant, et elles constituent des fédérations locales d’assistance mutuelle, passant outre les anciens découpages provinciaux. Dans la région, on a l’appel de Largentière pour une fête de la fédération le 23 août, Romans-sur-Isère en septembre, La Voulte aux champs de l’Étoile le 29 novembre rassemblant 12 000 gardes nationaux. Valence invite les communautés environnantes le 31 janvier et rassemble 16 000 gardes de 293 communes. La région connaît d’autres fêtes de fédération l’hiver et le printemps, jusqu’au sommet de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, célébrée à Paris et simultanément dans 250 villes de France, dont Valence.

L’université disparaît en 1792 pour renaître à la fin du XXe siècle. Le site de Valence fait aujourd’hui partie de l’Université Grenoble-Alpes.

Le pont en pierre (vers 1905), remplacé par l’actuel pont Frédéric-Mistral.
Peu avant la Troisième République, Valence subit de nombreux réaménagements urbains. Elle remplace ses remparts par de belles façades cachant la vieille ville, et aménage de nouveaux espaces publics. Le musée d’art et d’archéologie est inauguré en 1850, les boulevards remplacent les fossés militaires dès 1860 et l’hôtel de ville voit le jour en 1894. Le Champ de Mars, créé quelques années avant la Révolution, devient le lieu de promenade privilégié des valentinois et des visiteurs tout le long du XIXe siècle. La vue panoramique que l’on découvre depuis cette terrasse, sur le Rhône, les monts du Vivarais, et les ruines du château de Crussol, est très appréciée et fait même la fierté de ses habitants. Lorsque à la fin du XIXe siècle, les propriétaires veulent vendre leur parcelle de la Robine couvrant 7 hectares, située en contrebas, à des promoteurs, des Valentinois s’émeuvent. Depuis des décennies, l’accroissement de la population (26 000 habitants en 1900) et l’évolution des modes de vie entraînent de nouveaux besoins, dont la création d’un parc public. Cependant, vu le prix élevé (240 000 francs) demandé par les vendeurs, le maire Jean-François Malizard hésite et envisage de n’acheter que la moitié du terrain. Craignant que le terrain ne soit revendu à des promoteurs privés, le conseil municipal décide l’acquisition de toute la parcelle lors de la séance du 20 décembre 1900. Toutefois l’achat ne se concrétise pas. En octobre de l’année suivante, Théodore Jouvet, retraité qui a fait fortune dans le négoce du vin propose d’offrir à la ville la somme nécessaire à l’acquisition de la parcelle. En 1905, le parc Jouvet, du nom de son bienfaiteur, voit le jour et devient le parc le plus fréquenté de la ville.

À l’aube du xxe siècle, la municipalité Chalamet et l’État entreprennent des grands travaux dans ce quartier du centre-ville : la construction par Alphonse Clerc d’un nouveau pont en pierre sur le Rhône pour remplacer la passerelle métallique Marc Seguin (pont en pierre qui sera lui-même remplacé par le pont Frédéric-Mistral (1967) à la suite de sa destruction lors de la Seconde Guerre mondiale), le remblaiement et l’alignement de l’avenue Gambetta, l’agrandissement et la modernisation du port de plaisance de l’Épervière, la création d’une place publique (place de la République) aux abords du pont et l’édification d’un nouveau collège (actuel lycée Émile Loubet) au sud du Champ de Mars. La réalisation de la plupart de ces grands travaux est favorisée par Émile Loubet, devenu président de la République (1899-1906).

Après le génocide arménien de 1915, de nombreux Arméniens vinrent se réfugier en France dans les années 1920. Dans la mémoire de la communauté, les premiers arrivants sont recrutés par des patrons de Valence qui descendent à Marseille en recruter 150 en 1922. On compte 827 Arméniens installés à Valence en 1926, 1 670 en 1931, venant de Brousse, Malatia et Kharpout. Si les Arméniens sont appréciés des patrons, ils rencontrent la méfiance des Valentinois. C’est un groupe qui compte une très forte proportion de jeunes adultes, les enfants et les vieillards ayant plus souffert du génocide et du voyage d’exil. Ils sont employés majoritairement comme manœuvres, ou fondent un petit commerce (pour 25 % des actifs). Très rapidement, un « quartier arménien » se crée, entre le boulevard Vauban, la rue Farnerie, la rue Madier-Montjau et le boulevard d’Alsace, peuplé à 40 % d’Arméniens. L’ensemble de la vieille ville, aux bâtiments vétustes, abandonnés et peu chers, est concerné par ces installations.

En 1956, le groupe compte 2 500 personnes, soit 6 % de la population valentinoise, et la quatrième communauté arménienne de France (après celles de Paris, Lyon et Marseille). La communauté à l’identité très forte (avec journaux, cinémas, dancings propres, Union sportive arménienne) s’est dispersée, avec le « village arménien » rue de Fontlozier. Elle montre des signes d’intégration rapide : en 1946, la moitié des 2000 Arméniens de Valence ont opté pour la nationalité française.

En 1947, 200 Arméniens de Valence profitaient de l’offre soviétique de retour au pays, qui se révèle un échec. La communauté forte accueille de nouveaux réfugiés, fuyant la Syrie (années 1960) ou la guerre du Liban. Aujourd’hui, 7 500 Valentinois appartiennent à cette communauté ce qui fait de la communauté arménienne de Valence l’une des plus importantes de France : l’Union nationale arménienne est d’ailleurs domiciliée à Valence.

Cette forte présence est passée dans l’odonymie : une rue et une place de l’ancien quartier arménien y font référence (avec la rue d’Arménie et la place Missak-Manouchian) et la vie culturelle de la communauté est très active, avec 28 associations, dont l’église évangélique, des cours d’arménien, et la Maison de la culture arménienne.

Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939. L’Allemagne envahit la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas le 10 mai 1940.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Valence subit plusieurs bombardements aériens alliés, destinés à détruire le pont sur le Rhône. Le 15 août 1944, les bombes détruisent plusieurs quartiers et édifices de la ville, dont l’hôpital (qui à l’époque était situé au bord du Rhône), faisant 280 victimes. De l’ancienne préfecture, il ne reste que le portail, soigneusement conservé depuis. Quatre jours plus tard, le 19 août 1944, un train allemand chargé de nitroglycérine explose, détruisant en grande partie le quartier de La Palla et faisant 335 victimes parmi les civils, les militaires et les résistants. Le 2 août 1944, au sud de Valence, des bombardements du dépôt et du triage de Portes-lès-Valence, détruisent 51 locomotives, faisant 12 victimes et 58 blessés parmi les cheminots et la population.

La partie nord du centre-ville de Valence, ainsi quasiment rasée, a été rebâtie et on y trouve aujourd’hui beaucoup de bâtiments administratifs tels que l’hôtel de préfecture de la Drôme, la trésorerie générale, la sécurité sociale, la poste centrale et l’hôtel de police. Le quartier de Basse ville a également beaucoup souffert des bombardements alliés ; la plupart des immeubles résidentiels qui s’y trouve datent des années 1950/1960.

La Drôme a été un des départements où la Résistance a été la plus active. En 1943, la Résistance s’organise et s’amplifie et de nombreux Drômois s’engagent. Avec l’instauration du STO, les jeunes hommes sont requis pour aller travailler en Allemagne. Nombre d’entre eux refusent cette situation et vont se cacher dans la campagne ou rejoignent le maquis. La Résistance se développe dans tout le département dans de petites unités. Le relief de la Drôme est propice à l’installation des camps. La population soutient de plus en plus les résistants.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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