Ville de Tudela (Espagne).

Tudela (en basque Tutera, Tudèle en français, essentiellement dans un contexte historique) est une ville et commune espagnole de la communauté forale de Navarre.


La villa del remalete, restes de céramiques romaines sur la colline qui domine Tudela et dans le vieux quartier attestent un établissement d’un peuple romain, datés également par des témoignages écrits contemporains, à l’époque où la ville se nommait Tutela. Des fouilles ont montré de nombreux vestiges archéologiques du IVe au VIe siècles, durant la période wisigothe, à proximité notamment de l’église de Marie-Madeleine ou sur les pentes du Cerro Santa Barbara. Il n’est pas connu de foyers stables jusqu’à l’époque de la domination musulmane.

La ville est fondée en 802 par Amrus ben Yusuf al-Muwallad al-Laridi, gouverneur de la Marche (fief frontalier) supérieure de l’émirat de Cordoue, qui y installe son fils Yusuf ibn Amrus. La ville prend le nom de Al-Tutili.
Al-Tutilli devient la résidence de Musa ibn Musa (790-862), chef de la famille muwallad Banu Qasi (hispano-romains convertis à l’islam) et demi-frère du roi de Pampelune Eneko Arista. Sous l’égide de Musa ibn Musa, la ville et la région se développent considérablement, et Musa ibn Musa se présente comme le « troisième roi d’Espagne » (tertius regem in Hispania). Bien que la région retombe sous l’autorité de Cordoue, le développement économique et culturel se poursuit. Tudela devient la capitale d’un taïfa indépendant pour environ 5 ans (probablement entre 1046 et 1051), temps durant lequel une monnaie est inventée. La ville se divise en aljamas et se dote d’une grande mosquée (l’actuelle cathédrale), de marchés (souk Mercalete Vetere, alcaicería), de bains publics, de synagogues et d’églises, ainsi que d’un pont sur l’Èbre, toujours utilisé.

Après la disparition du califat de Cordoue, la ville devient entre 1046 et 1051 la capitale d’un royaume (taïfa), avant d’être incorporé à celui de Saragosse. C’est à cette époque que vécut le poète natif de la ville, Al-A’ma Al-Tutili, célèbre pour ses poèmes d’amour ainsi que le poète, philosophe, rabbin et médecin juif Juda Halevi, aussi natif de la ville, célèbre pour ses Odes à Sion et son Kuzari, qui parcourut l’Espagne et al-Andalus en proie aux guerres incessantes, pillages, conversions de force ou massacres entre chrétiens et Berbères almoravides puis almohades dont les Juifs faisaient les frais.

Avec la capitulation musulmane de Saragosse, Tudela est prise le 25 février 1119 par le roi Alphonse Ier d’Aragon « le Batailleur », avec une armée de Pampelune, des Croisés aragonais et français. Le roi la divise en quartier juif (barrio juderia – existant au moins depuis le IXe siècle au sud-est de la ville9), musulman (moreria) et chrétien. Les trois populations continuent à vivre dans un calme relatif, chacune sous sa juridiction, us et rites propres à chacune, dans des quartiers différents. Les communautés musulmane et juive de Tudela seront les plus prestigieuses et nombreuses de Navarre (environ 15 % de Juifs dans la population totale au XVe siècle à Tudela). L’exemple le plus fameux en est le voyageur Benjamin de Tudèle (1127-1175), rabbin curieux et intrépide qui a raconté son voyage autour de la Méditerranée jusqu’en extrême-Orient dans son Sefer ha-Masa’ot (Le Livre de Voyages). En 1170, le roi de Navarre Sancho VI le Sage exige le retour des Juifs qui ont quitté la aljama du village et décrète le transfert du quartier juif à côté des murs du château, dont la garde et les réparations sont  confiées aux Juifs en échange d’exonérations fiscales, l’octroi de privilèges fonciers et d’une meilleure protection. Pour leur part, les Maures de Tudela se mettent d’accord avec le roi Alphonse Ier et ont maintenu leurs autorités religieuses et judiciaires, avec des adaptations appropriées. Par la suite, des mesures anti-juives se renforcent sur toute la péninsule ibérique lors du synode de Zamora en 1313.

Après la mort du roi, Tudela est incorporée dans le royaume de Pampelune. Les rois de Navarre partage leur temps entre Pampelune et Tudela. En 1390, Tudela fut élevée au rang de ville par Charles III le Noble qui transforme l’ancien château de Tudela en un palais royal somptueux et élégant. Après la mort de ce roi, les guerres civiles ne cessent pendant plus d’un siècle entre les Agramont (Agaramonte en basque) et les Beaumont (Beaumonteses).

L’atmosphère décline progressivement à travers des tueries périodiques de Juifs (1235, 1321 et 1328) et des impôts exorbitants auxquels ils sont assujettis, établis par les rois jusqu’à l’expulsion finale des Juifs qui ne voulaient pas se convertir au christianisme entre le 7 et le 28 mars 1498. Les noms des convertis écrits dans un tissu appelé la manta (une reproduction de celle-ci est conservée dans la chapelle à l’intérieur du cloitre), ceux-ci restent toujours suspectés d’être des marranos montrés du doigt. C’est l’origine de l’expression tirar la manta. Si au XIVe siècle, on comptait 300 familles juives vivant dans la juderia – non fermée au début sauf dans les moments de « turbulences » -, il n’en restait plus une seule à la fin du XVe siècle à Tudela.  Quant aux musulmans (95 foyers en 1480 et autant en 149518), la dernière mosquée est fermée en 1502 et ils sont à leur tour convertis de force (nommés Morisques) avant d’être expulsés d’Espagne en 1516 puis en 1609-1610.

L’esprit libre de ses habitants, la jalousie de ses fors, libres et francs ainsi que la profonde loyauté à ses rois, ont été des aspects qui sont restés patents tout au long de son histoire. Lorsque Fernand le Catholique met fin à l’indépendance du royaume, Tudela reste fidèle à ses rois démis, étant, en 1512, le dernier peuple navarrais qui se soumet, jurant “El Católico” les fors de la ville. Ceci valut le titre de “Muy Noble y Muy Leal” (très noble et très loyal), qu’ils affichent orgueilleusement depuis.

L’invasion française à Tudela fut la scène de la bataille de Tudela gagnée par les troupes françaises qui est fixée à l’arc de triomphe de Paris.


Tudela entre dans le XXe siècle en améliorant son système urbain. La guerre civile passée, dans les années 1950, un changement définitif de la ville débuta. L’envol économique et la demande d’éléments productifs généra une immigration considérable des gens de la Ribera, des environs de l’Aragon et de Soria, rendant Tudela, une fois encore, un centre de création d’emploi dans la zone.

L’ancien maire de Tudela, Perez Sola, a réhabilité le vieux quartier juif en ruines et dans un immeuble du XVIe siècle, aménagé un muséo sefardi reconstituant la vie domestique d’une famille juive au XVe siècle avec des objets historiques précédemment dispersés dans le monde.

Source : Wikipédia.

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