Ville de Timisoara (Roumanie).

Timișoara est une ville de l’Ouest de la Roumanie, dans la région du Banat, județ de Timiș dont elle est le chef-lieu. Elle compte 319 279 habitants en 2011.

Réputée dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour l’esprit mercantiliste de ses habitants puis pour le développement de son industrie, Timișoara est une ville multiculturelle avec des minorités influentes, essentiellement des Allemands (Souabes ou « Schwaben »), des Hongrois, des Serbes et des Roms mais aussi des Italiens, des Bulgares et des Croates, des Tchèques et des Slovaques ou encore des Lorrains. Elle a bénéficié pendant les dernières décennies de régime communiste du statut de principal point de contact avec « le monde libre », ce qui lui a conféré en outre une plus grande ouverture au reste du monde.

Timisoara, entier postal, Roumanie.

Le territoire municipal couvre 136 km2 (le județ de Timiș comptant 8 697 km2). De type continental, le climat est marqué par une légère influence méditerranéenne qui tempère les rigueurs hivernales.

Le nom de la ville fait référence à la rivière Timiș dont les eaux arrivaient, dans un passé lointain, depuis les monts Semenic jusqu’à la ville mais ne coule plus aujourd’hui qu’à la proximité. C’est la Bega, canalisée depuis 1728, qui parcourt la localité.

Le toponyme roumain (Timișoara) dérive de la forme hongroise Temesvár, ce dernier signifiant un château (en hongrois : vár) sur la rivière Timiș (en hongrois : Temes).

Timișoara, fondée par des Hongrois, devient une ville importante en Hongrie à partir du Xe siècle, lorsqu’une première forteresse y est construite.

En 1019, Timișoara est mentionnée pour la première fois dans des documents écrits par l’empereur byzantin Basile II (tous les historiens ne s’accordent pas sur cette identification).

Timisoara, entier postal, Roumanie

Dans les années 1300 sous le règne de Charles Robert de Hongrie, Timișoara sert même de capitale du royaume de Hongrie.

L’an 1552 marque le début de l’occupation ottomane qui prit fin en 1716 avec le succès du siège mené par le prince Eugène de Savoye. Son influence modernisatrice lui vaut rapidement le surnom de « Petite Vienne » (en roumain : Mica Vienă).

La première usine de tabac de la Roumanie d’aujourd’hui était créée à Timișoara. Ville industrielle et centre administratif, elle devient le 12 novembre 1884 la première ville d’Europe dont les rues sont éclairées à l’électricité (731 lampes), et l’une des premières villes dotées d’un tramway électrique (en 1899) et l’une des premières sur le territoire actuel de la Roumanie à être dotée d’un chemin de fer, en 1857 (la reliant à Szeged sur le Tisza).

Elle fut annexée à la Roumanie en 1918. Comme toute la Roumanie, Timișoara a subi les régimes dictatoriaux carliste, fasciste et communiste de février 1938 à décembre 1989, mais connaît à nouveau la démocratie depuis 1990.

Le 16 décembre 1989, une insurrection populaire débute à Timișoara contre le régime communiste de Nicolae Ceaușescu. La ville est ainsi la première à se rebeller contre le pouvoir. Un ordre d’évacuation administrative du pasteur calviniste László Tőkés est donné à la police, surveillé par la police secrète, la Securitate, en réaction duquel sa maison est entourée par des membres de son Église, le 15 décembre.

Le 16 décembre, des centaines de citoyens de toutes les religions et croyances, majoritairement roumaines orthodoxes, décident d’exprimer leur désaccord avec les méthodes du régime communiste. Vers 17 h, les premiers slogans anticommunistes sont lancés : « Jos guvernul! Jos Securitatea! » (« À bas le gouvernement ! À bas la Securitate ! »), et le premier tram est bloqué par les manifestants. Le centre de la ville est entièrement occupé et Piața Maria (place de la Vierge) est bloquée. À 22 h commence l’intervention en force de troupes USLA pour dégager le périmètre autour de la maison paroissiale, en dispersant les manifestants dans les rues voisines. Durant la nuit, les forces spéciales transportent le pasteur et sa famille avec une ambulance et deux camions en direction de Mineu, en Transylvanie. Les forces armées ouvrent le feu sur les manifestants et les agents de Miliţia et Securitate opèrent des centaines d’arrestations. À la suite de la reprise des émeutes, la répression continue le 18 décembre, notamment autour de la cathédrale orthodoxe place Victoria (centre-ville), de la place de la Liberté, et des grands boulevards Calea Girocului, Calea Lipovei et Calea Buziasului, ou bien pont Decebal et place Trajan. Lundi matin, une rumeur, se répand dans la ville : environ 40 cadavres déposés dans la nuit de dimanche à la morgue, ont été transportés en deux camions frigorifiques après avoir été numérotés et photographiés, en quittant la ville avant l’aube. Mardi, le 19 décembre des comités dans les grandes entreprises décident l’arrêt complet du travail et des marches de solidarité avec les familles endeuillées et les personnes arrêtées. Les menaces de politiciens déplacés sur place n’ont aucun résultat.

Mercredi, le 20 décembre, un comité des représentants est invité à présenter au Premier ministre communiste « la liste de doléances » dans l’établissement du conseil régional. Les revendications étant trouvées inacceptables, les représentants, après avoir annoncé l’impasse des négociations au balcon, demandent le regroupement de manifestants en face du palais de la culture (l’Opéra). L’armée reçoit de nouveau l’ordre d’ouvrir le feu sur les insurgés, mais certains officiers refusent d’obtempérer et se rangent du côté des manifestants. L’après-midi, un comité révolutionnaire s’installe à l’Opéra en déclamant du balcon les revendications de la population. Le 20 décembre, après quatre jours d’insurrection, Timișoara est déclarée première « ville libre » de Roumanie. Le Front démocratique roumain est constitué le soir.

Le 21 décembre une proclamation est lue en répétition par les représentants du Front démocratique roumain, en demandant, entre autres, l’abolition du régime et des élections libres. C’est la fin du régime qui tombe le 22  décembre.

Les journalistes rapportèrent qu’il y aurait eu 1 104 tués et 3 352 blessés pendant l’insurrection, en opposition avec le nombre réel de 93 morts à la fin de celle-ci. Les images de cadavres dont l’origine véritable avait été cachée furent abondamment diffusées dans le monde entier. Ce n’est qu’en février 1990 qu’il fut officiellement établi qu’il s’agissait là d’une campagne de désinformation. Le nom de Timișoara est dès lors resté associé aux manipulations dont les médias sont toujours susceptibles d’être à la fois les dupes et les relais. Dès la première diffusion des images aux téléspectateurs il était visible, pour un observateur un tant soit peu attentif, que les corps déterrés portaient de nombreuses cicatrices de plaies recousues trahissant des interventions chirurgicales.

Timișoara est un important centre économique depuis le XVIIIe siècle. En raison de la colonisation autrichienne, la diversité ethnique et religieuse et des lois novatrices ont entraîné un développement rapide de l’économie. En 1718 a été construit à Timișoara la brasserie Timișoreana, la première sur le territoire de ce qui est désormais la Roumanie.

Au cours de la révolution industrielle, de nombreuses innovations modernes ont été introduites. La ville fut la première de l’Empire austro-hongrois à avoir introduit l’éclairage de rue électrique. La rivière Bega a également été canalisée à la même époque devenant le premier canal navigable sur le territoire roumain actuel. De cette façon, Timișoara a noué des contacts avec le reste de l’Europe, et même avec le reste du monde à travers la mer Noire, conduisant au développement local du mercantilisme. À la fin du XIXe siècle, Timișoara est reliée au réseau de chemins de fer.

Timișoara a été la première ville du pays à accueillir des investissements étrangers après 1989, en particulier dans la haute technologie. En termes de niveau de vie, Timișoara occupe le quatrième rang à l’échelle nationale. Dans un article paru fin de 2005, le magazine français L’Expansion qualifie Timișoara de vitrine économique de la Roumanie et compare l’augmentation importante du nombre d’investissements étrangers comme une « deuxième révolution »

De nombreux investissements étrangers provenant de pays de l’Union européenne, en particulier de l’Allemagne et de l’Italie ont été réalisés. La ville compte une usine de fabrication de pneumatiques du groupe allemand Continental AG ouverte en 2000. Linde AG produit des gaz techniques, et une partie des moules de câblage pour BMW et Audi sont produits par la société Dräxlmaier. Des entreprises telles que FM Logistic, Nestlé, Procter & Gamble, Cora, L’Oréal, Sanofi Aventis et Groupe Rocher y sont implantés.

Timisoara, entier postal, Roumanie.

Économiquement, la ville a connu un fort essor, avec notamment des implantations d’entreprises italiennes, allemande comme Continental, Draxlmaier ou françaises, comme Valeo, ou encore Alcatel (l’un des premiers employeurs locaux, avec plus de 800 cadres, informaticiens en particulier).

En 2018, il est prévu que soit inauguré le plus grand complexe commercial et de bureaux du pays, Openville.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

 

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