Ville de Tartu (Estonie).

Tartu, anciennement connue sous les noms de Tarbatu, Youriev et Dorpat, est une ville d’Estonie. Avec presque 100 000 habitants, la municipalité urbaine de Tartu (Tartu Linn) est la deuxième ville d’Estonie et la principale ville de l’Estonie du Sud.

À la fois rivale et complémentaire de la capitale Tallinn, Tartu est  considérée comme la capitale culturelle et intellectuelle de l’Estonie, voire des Pays baltes, abritant l’université de Tartu (créée en 1632), la plus renommée du pays.

Implantée sur les bords de la rivière Emajõgi, centre d’échange majeurs au Moyen Âge et important à l’époque des chevaliers Porte-Glaive et de la Ligue hanséatique, la ville comporte de nombreux monuments dont l’hôtel de Ville de Tartu, les restes d’une cathédrale du XIIIe siècle ainsi que la plus importante église sculptée d’Europe du Nord : l’église Saint-Jean.

Principale ville de l’arrière-pays estonien occupé par des puissances étrangères à de nombreuses reprises, Tartu fut, en réponse, l’un des principaux lieux de revendications culturelles estoniennes. Depuis le XIXe siècle, son rôle dans la création de la République (drapeau estonien issu de la Société des étudiants de l’Université de Tartu, siège du premier festival national de chant, du premier théâtre de langue estonienne, Traité de Tartu de 1920, siège du Musée national estonien, du ministère de l’Éducation et de la Cour suprême d’Estonie) lui vaut d’être considéré comme le berceau intellectuel et culturel de l’Estonie contemporaine.

Au xxie siècle, l’attractivité économique de l’Estonie et de sa capitale Tallinn, rendue possible par le commerce maritime et l’essor des entreprises des technologies de l’information et de la communication, encourage la ville de Tartu à se distinguer par son domaine de spécialité : la science et la recherche, ainsi que les activités culturelles et touristiques.

Membre du Réseau des villes créatives UNESCO en tant que ville littéraire, elle est notamment reconnue pour sa variété et forte densité de musées (vingt pour presque 100 000 habitants, dont douze dans le centre-ville). La vitalité de sa vie culturelle et étudiante est à l’origine de l’expression populaire Tartu vaim (en Estonien : « l’esprit de Tartu »).

Ayant pour objectif de sensibiliser sa population aux enjeux du climat, de sa place en Europe et de la démocratisation de l’artisanat, Tartu est choisie pour être capitale européenne de la culture pour l’année 2024 avec le programme artistique Ellujäämise Kunstid (littéralement « les Arts de la Survie »).


La plus ancienne trace de colonie de peuplement humain de Tartu remonte à l’an 8000 avant Jésus-Christ, elle se trouve dans le secteur de l’actuel quartier d’Ihaste.

Les colonies humaines retrouvées par les archéologues sur le site de l’actuelle colline de Toome, au centre de l’actuelle Tartu, remontent au troisième et deuxième millénaires avant Jésus-Christ, à l’âge de pierre, il s’agit d’installations temporaires de chasseurs et pêcheurs qui vivent dans cet endroit idéalement placé. L’emplacement de ce foyer de peuplement est situé au bord d’une rivière (Emajõgi) qui relie deux grands lacs: les lacs Võrstjärv et Peipsi.

Au fur et à mesure, les colonies humaines deviennent permanentes. Le Ve siècle marque la création d’un établissement permanent sur le versant est de la colline de Toome (l’emplacement actuel de l’ancien observatoire de l’université de Tartu).

À l’aube du Moyen Âge, les habitants de cet emplacement y construisent une fortification en bois à partir du VIIe siècle. Le fort, nommé Tarbatu est l’un des principaux forts du comté historique d’Ungannie (en Estonien Ugandi), l’une des provinces de l’ancienne Estonie, et est habité par des peuples autochtones de langues fenniques.

L’emplacement du fort de Tarbatu revêt une importance stratégique car la rivière est empruntée comme route commerciale entre les ports de la mer baltique et les villes russes situées à l’est, à l’intérieur des terres. L’un des principaux autres lieux de peuplement (depuis le vie siècle) de l’Ungannie est alors Otepää, localité située à 40 kilomètres au Sud de l’actuelle Tartu.

Le pays voisin de l’Ungannie, la Principauté de Kiev à l’Est, dirigée par des seigneurs d’origines scandinave est composée de divers territoires slaves chrétiens orthodoxes fédérés, notamment les villes de Pskov (à 110 kilomètres de Tarbatu) et Novgorod (à 270 kilomètres).

Après la mort du Prince Vladimir Ier « le grand » en 1015, une lutte fratricide s’opère entre ses fils pour la conquête du pouvoir sur l’ensemble de la Principauté de Kiev. Le Prince de Novgorod Iaroslav 1er “le sage” en sort vainqueur et devient Prince de Kiev en 1019.

En 1030, la Principauté de Kiev connait son apogée et son armée opère de nombreux raids sur les zones de peuplement à l’Ouest de leur territoire. Cette année-là, Iaroslav le Sage pille et brûle le fort de Tarbatu. Sur ses cendres, il y construit sa propre forteresse, qu’il baptise ‘Youriev (qui, en vieux russe signifie « de Youri », c’est-à-dire « de Georges », du nom du saint patron de prince Iaroslav, Saint Georges). Les études archéologiques confirment la présence d’artefacts caractéristiques de la culture de Russie occidentale de cette période.

L’invasion de l’an 1030, rapportée par les chroniqueurs de la principauté de Kiev et compilé par le moine russe Nestor au sein de la Chronique des temps passés vers 1111, est la première mention de l’existence de la ville et la première mention d’une invasion du site par des peuples non-Estoniens.

Trente et un ans plus tard, en 1061, l’emplacement est reconquis par les peuples estoniens, les chroniques mentionnent alors l’incendie de la forteresse de Youriev par une tribu estonienne désignée par ces dernières sous le nom de sosols, qui désignent en réalité d’autres tribus estoniennes venus prêter main fortes aux Unganniens.

Le fort, appelé sous son nom originel de Tarbatu, est reconstruit par les autochtones. Ils tentent eux-mêmes d’attaquer à plusieurs reprises les villes de l’Est au XIIe siècle. Les Slaves Kiéviens (également venant de Pskov), tentent eux aussi plusieurs fois de récupérer le fort, notamment en 1134. Des raids et pillages ont de nouveaux lieux à l’hiver 1191-1192.

En 1223, une rébellion générale éclate dans toute la partie centrale de l’Estonie: la révolte fait de nombreux morts parmi les chevaliers allemands et danois. Les prêtres allemands sont eux-mêmes sacrifiées en tant qu’offrandes rituelles aux dieux païens des Estoniens. Après avoir récupéré les forteresses allemandes de la région, les Estoniens s’assurent du contrôle de celles-ci en enrôlant des mercenaires russes originaires de Pskov et de Novgorod.

Parmi eux, le Prince Vyachko reçoit une armée de 200 hommes et de  l’argent de la part des dirigeants de Novgorod pour s’établir dans un endroit qu’il pourrait conquérir par lui-même. Après avoir échoué à dominer le territoire du Koknese (dans l’actuelle Lettonie) contre les chevaliers allemands en 1208, Tartu devient pour lui une opportunité pour s’implanter.

À l’hiver 1223-1224, les allemands reprennent peu à peu les principales forteresses de la région. En plus de l’armée des Russes de Novgorod et des combattants d’Ungannie, Tartu reçoit la venue des guerriers survivants issues des provinces voisines reconquises par les Allemands, ce qui fait du fort un des principaux lieux de résistance des Estoniens païens. Après Pâques, les croisés allemands tentent un premier siège de 5 jours sans succès.

Les croisés allemands reviennent plus fort et plus nombreux au 15 août 1224 grâce à l’appui des guerriers Lettons et Estoniens convertis au Christianisme. Sachant que les mercenaires novgorodiens sont également chrétiens (bien qu’orthodoxes), les Allemands offrent la possibilité à Vyachko et ses guerriers de quitter la forteresse et ainsi rejoindre le camp des croisés. Dans l’attente stratégique d’une armée de renforts venue directement de Novgorod, Vyachko renonce et reste aux côtés des Estoniens durant le siège.

Le siège commence par la fabrication d’instruments de fortune, qui servent à jeter des pierres et du « fer chauffé » ainsi que des objets enflammés à l’intérieur de la forteresse par-dessus les murs. Les assaillants allemands construisent également une tourelle et la rapproche progressivement du mur de la place forte, ils mettent le feu à des bouts de bois pour tenter d’incendier la forteresse. Les défenseurs, à l’intérieur, tentent également de tirer à l’arc et arbalète des flèches enflammées sur les assaillants. Pendant plusieurs jours les combats ne s’arrêtent pas: la nuit, les combattants se crient dessus, font du bruit avec leurs épées, jouent du tambour, du fifre et du cor pour fatiguer l’ennemi.

Agacés, les assaillants allemands lancent une attaque éclair sur le fort, et massacrent un à un le millier de guerriers Estoniens (incluant les femmes) présent dans la forteresse. Vyachko et son armée de mercenaires russes, bien que formant un bloc distinct des Estoniens, ne sont pas épargnés. Le seul survivant, un guerrier russe originaire de Souzdal, se voit offrir par les Allemands des vêtements neufs et un cheval en bonne santé. Les Allemands le laissent repartir vers Novgorod afin de prévenir ses compatriotes de la défaite de leur armée. En chemin, vers Pskov, le guerrier rencontre l’armée de renfort supposée venir soutenir Vyachko, et leur informe de la défaite du Prince sur les croisés allemands. En apprenant la nouvelle, les dirigeants de l’armée de Novgorod renoncent à l’expédition et décident de faire la paix avec les Allemands.

À partir des années 1510, la Livonie, comme une partie de l’Europe  germanique, voit apparaitre un certain nombre de conflits qui remettent en cause les pratiques de l’Église catholique. Certains religieux tentent d’améliorer les conditions d’éducation, la connaissance des dogmes religieux du peuple et la volonté de piété, le tout en restant au sein de l’Église catholique.

Au même moment, l’évêque de Tartu et l’archevêque de Riga Johann Blankenfeld ont également eu un conflit avec leurs vassaux pour les mêmes raisons. Ces querelles permettent d’ouvrir la voie au succès de la réforme protestante qui gronde dans le monde germanique sur l’impulsion de Martin Luther. L’un de ses étudiants, Hermann Marsow, arrive à Tartu en 1524. Son talent d’orateur lui vaut d’être apprécié par les foules si bien que le conseil de la ville lui attribue le rôle de prêtre de l’église Sainte-Marie (aujourd’hui disparue), située au pied de la colline. Marsow est contraint de quitter la ville peu après en raison des pressions exercées par l’évêque catholique.

Il est remplacé par le prédicateur laïc et agitateur prophétique Melchior Hoffmann, un fourreur de métier peu éduqué, néanmoins le langage simple utilisé lors de ses prêches permet aux idées de la réforme de se diffuser dans la ville. Ses prêches sur le renouvellement de l’enseignement religieux ainsi que sur le jugement dernier ou encore les épreuves de Dieu, lui attire les foudres de l’évêque.

Ce dernier ordonne l’arrestation de Hoffmann en janvier 1525, mais les fidèles se précipitent dans l’église Sainte-Marie pour le protéger. La  population procède, en signe de protestation, à un iconoclasme massif le 10 janvier : les fidèles enlèvent de l’église Saint-Jean, de l’église Sainte-Marie, des divers monastères de la région et de la Cathédrale de Toome les statues, peintures, icônes et crucifix, considérés dans la doctrine protestante comme des signes d’idolâtrie matérielle presque païenne, et les font brûler sur la place du marché. Hoffmann doit quitter Tartu après cet incident. Pour calmer la situation, le prêcheur réformiste mais plus modéré Sylvester Tegetmeyer est envoyé depuis Riga au printemps 1525. Hoffmann tente de revenir à Tartu mais est définitivement chassé par le conseil de la ville.

Une école de langue allemande est fondée à Tartu et un système de protection sociale approprié est introduit à la suite de la Réforme. Le luthéranisme arrive officiellement dans la ville dans les années 1530, lorsque des représentants de Tartu, Tallinn et Riga s’accordent sur une organisation commune de l’église. En 1554, l’aumônier de l’église Saint-Jean, Franz Witte, publie une traduction estonienne du catéchisme de Martin Luther en dialecte de Tartu. Les habitants de la « ville haute », sur la colline, près la Cathédrale et le château épiscopal, n’étant pas subordonnés aux décisions de l’assemblée de la ville, continuent à célébrer des messes catholiques jusqu’au début de la guerre de Livonie en 1558.

Vers le milieu du xvie siècle, la prospérité de la ville est telle que la population atteint 6000 habitants. Dans la région, seules Riga et Reval (Tallinn), sont plus peuplées. Ces dernières, tout comme Dorpat, avec leurs possessions, jouissent de privilèges qui les rendent quasiment indépendantes, bien que faisant partie de la Confédération de Livonie.

En 1654, Charles X Gustave, fils de la demi-sœur de Gustave II Adolphe, devient Roi de Suède. Il envahit la Pologne-Lituanie (République des Deux-Nations) et revendique également les territoires russes situés à proximité. Le responsable de la diplomatie du tsarat de Russie, Afanassi Ordine-Nachtchokine juge opportun d’arrêter un conflit existant qui l’oppose à la Pologne-Lituanie déjà affaiblie, et d’attaquer l’Empire Suédois à la place. Il négocie et conclut une trêve avec la Pologne durant l’été 1656 (voir Traité de Vilnius) et, sous les ordres du Tsar Alexis Ier Mikhaïlovitch, lance une attaque sur les territoires suédois les plus proches, à savoir l’Ingrie et la Livonie.

Alors que le gros des troupes se concentre sur Riga, les forces auxiliaires venues de Pskov emmenées par Alexeï Troubetskoï arrivent pour conquérir Dorpat au début du mois d’août. Officiellement, l’armée de Troubetskoï est composée de 5546 cavaliers (3327 nobles, 832 Reîtres, 622 Cosaques et 102 Tatars) et environ 5000 fantassins (3 régiments du corps Streltsy et 4 régiments des ordres nouveaux). En face, la garnison suédoise de Dorpat, emmenée par le commandant Lars Fleming est composée d’un régiment d’infanterie (448 soldats dans 5 compagnies), de 45 artilleurs et environ 100 cavaliers réguliers. Ils étaient soutenus par plusieurs centaines d’habitants bourgeois armés.

L’armée russe approche la forteresse au début du mois d’août 1656. Au début du siège, la garnison suédoise résiste et tente même des incursions en dehors de la ville, en tentant de franchir le blocus russe autour de la ville pour aller demander des renforts à l’extérieur. Malheureusement pour la garnison, l’artillerie est de plus en plus défaillante et les munitions viennent à manquer, de plus les meilleurs canons de siège avaient alors été envoyés à l’armée principale suédoise pour résister au siège de Riga.

Les Russes abandonnent le siège de Riga le 6 octobre. À Dorpat, la situation est différente, la garnison et la ville souffrent des bombardements  incessants de l’assaillant russe et des maladies déciment une partie des effectifs. Alors qu’il ne reste plus que 140 soldats et face au manque d’assistance et de nouvelles venues de l’extérieur, la garnison suédoise de Dorpat décide de se rendre le 23 octobre. L’université, ouverte en 1632, est contrainte de déménager à Reval (Tallinn), un territoire encore sous contrôle suédois.

La capture de Dorpat (toujours connu en russe sous le nom de Yourieff) est considérée comme un grand succès par le tsarat de Russie et arrive à faire oublier l’incapacité des Russes à conquérir Riga. Les Suédois tentent de reprendre Dorpat, sans succès, et le Traité de Valiesar signé entre les Suédois (représentés notamment par le président de la Cour de Dorpat Gustaf Bielke) et les Russes en 1658 donne le droit à la Russie de conserver les territoires conquis en Livonie, dont la ville de Dorpat, pendant les 3 années qui suivent.

À l’expiration du délai de la paix de Valiesar, les Russes abandonnent Dorpat qui retrouve la domination suédoise, avec à sa tête un nouveau roi: Charles XI, parvenu au pouvoir en 1660, veut établir un État fort sur le modèle du Royaume de France et se veut monarque absolu. En Livonie, cette nouvelle politique se traduit par le renforcement du pouvoir royal au détriment des nobles allemands et par un allégement de la condition des paysans Estoniens afin d’éviter les révoltes. Localement le Roi Charles XI réalise l’ambition de Johan Skytte, entre-temps mort en 1645. L’université, déplacée à Reval en 1656 et fermée en 1665, est finalement rouverte à Dorpat en 1690 sous le nom Academia Gustavo-Carolina.

A partir de 1680 le pouvoir suédois s’approprie tous les domaines dont les maîtres allemands n’ont pas de titre de propriété en bonne et due forme (Güterreduktion, la “grande réduction”), comme cela a été fait en Suède auparavant. 54 % des domaines (mõisad) de nobles allemands sont rattachés à la couronne suédoise, mais contrairement à la Suède, on laisse aux anciens propriétaires l’usage de leurs terres. Sur les terres confisquées, les pasteurs autrefois nommés par la noblesse sont désormais désignés par les représentants du souverain suédois. Le servage y est aboli par des décrets passés en 1681 et 1687. Les paysans prennent désormais part aux conseils provinciaux et peuvent demander justice devant des tribunaux royaux, dont celui de Dorpat. Ils ont également, en théorie, accès aux carrières militaires et ecclésiastiques. Face à toutes ces mesures, les élites germanophones, qui sentent leur pouvoir menacé pour la première fois dans leur histoire, protestent vigoureusement jusqu’à déclencher la dissolution de la diète de la Livonie par le pouvoir royal en 1694. Charles XII, qui monte sur le trône de Suède en 1697 alors qu’il n’est encore qu’un adolescent, tente en vain d’apaiser la noblesse en revenant sur certaines des mesures prises par son père.

Le traité de Nystad en 1721 donna la ville à l’Empire russe et elle fut connue dès lors en russe sous le nom de Derpt, mais toujours en français sous le nom (allemand) de Dorpat. Elle fait alors partie du gouvernement (province) de Livonie. En raison des incendies qui détruisirent une grande partie de l’architecture médiévale au XVIIIe siècle dont le plus important fut le grand incendie de Tartu de 1775, la ville fut reconstruite dans l’esprit du baroque tardif et du néoclassicisme. Ne subsistent que quelques bâtiments de l’époque antérieure, dont la maison d’Upsal.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, Tartu fut le centre culturel des Estoniens à l’époque du nationalisme romantique. La ville accueillit le premier festival de chants en Estonie en 1869, ainsi que le Vanemuine, le premier théâtre national, en 1870. Elle vit aussi la fondation de la Société des écrivains estoniens en 1872.

En 1893, la ville reprit officiellement son ancien nom russe de Iouriev. L’université fut ensuite russifiée à partir de 1895 avec l’introduction du russe comme langue obligatoire dans l’enseignement. L’université impériale russe fut transférée à Voronej en 1918, mais l’université estonienne de Tartu ouvrit ses portes dès 1919.

Avec l’indépendance estonienne qui suivit la Première Guerre mondiale, la ville fut désormais officiellement connue sous le nom estonien de Tartu.

Les traités de Tartu   (1920), entre la Russie soviétique et les républiques nouvellement indépendantes d’Estonie et de Finlande qui faisaient auparavant partie de la Russie impériale, ont été signés dans la ville.

À la fin de la guerre d’indépendance de l’Estonie qui a suivi la Première Guerre mondiale, un traité de paix entre les Bolcheviks et l’Estonie fut signé à Tartu le 2 février 1920. Il stipulait que la Russie bolchévique renonçait « à jamais » à toute revendication territoriale sur l’Estonie. Cela n’empêcha pas qu’à la suite du Pacte germano-soviétique de 1939, l’Union soviétique occupât l’Estonie et Tartu en 1940.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie de la ville ainsi que le Kivisild (pont de pierre historique construit par Catherine II de Russie en 1776-1778 au-dessus de l’Emajõgi) furent détruits par l’Armée rouge au cours de ses combats, en partie en 1941 et presque complètement en 1944. En 1941 avant l’arrivée des Allemands, les Soviétiques s’empressèrent de fusiller 192 prisonniers politiques et jetèrent leurs corps dans un puits.

Après la guerre, Tartu fut déclarée « ville interdite » aux étrangers, car c’était désormais une base aérienne où l’on construisait des bombardiers sur l’aérodrome de Raadi, dans la banlieue nord-est de la ville. La piste d’envol et d’atterrissage abrite aujourd’hui un grand marché de voitures d’occasion, et on l’utilise quelquefois pour des courses automobiles.

Pendant l’époque soviétique, la population de Tartu a presque doublé, passant de 57 000 à 100 000 personnes, en grande partie en raison d’une immigration massive en provenance d’autres régions de l’Union soviétique.

Après la déclaration de souveraineté estonienne, survenue au cours de la Révolution chantante en novembre 1988, la ville de Tartu organise de nouvelles élections municipales. L’avocate et ancienne cavalière Aino-Eevi Lukas est chargée de présider le nouveau Conseil municipal. Elle entame la reprise des jumelages et des partenariats internationaux, et assure la continuité des institutions locales en vue de l’autonomie, puis de la restauration de l’indépendance du pays.

L’Estonie récupère son indépendance en 1991 et la ville de Tartu voit le départ de 10 000 de ses citoyens en l’espace de trois ans. Ces habitants pour la plupart originaires de Russie et ayant émigrés pendant la période soviétique, retournent dans leur pays d’origine.

L’église Saint-Jean, en ruine depuis les bombardements de la seconde guerre mondiale, fait l’objet d’une rénovation avancée, tout comme une grande partie du centre-ville.

L’université de Tartu ne récupère son indépendance académique pleine et entière qu’à partir de 1992. L’Université bâtit une nouvelle organisation en s’inspirant des modèles anglo-saxons et scandinaves.

1998 voit la construction du Centre d’affaires de l’Emajõgi (Emajõe ärikeskus), un bâtiment dédié à l’hébergement d’entreprises situées dans la partie commerciale du centre-ville. Le bâtiment entièrement vitré d’une hauteur de 52 mètres, dessiné par l’architecte Kalle Rõõmus, devient l’un des nouveaux symboles de Tartu.

En 1999, Tartu est choisi pour devenir le siège du Collège de défense balte, une école militaire internationale dirigée conjointement par les forces armées d’Estonie, de Lettonie et Lituanie.

La population municipale se stabilise au début des années 2000.

En 2004, l’Estonie adhère à l’Union Européenne et à l’OTAN. Le collège de défense balte accueille des instructeurs venus d’Europe de l’Ouest ainsi que des États-Unis.

En 2006 est créé le Festival du film d’amour de Tartu (Tartu Armastus Filmide Festival ou TartuFF). La même année, l’entreprise ABC  Kinnisvarateenuste OÜ rachète une usine désaffectée pour en faire un tiers-lieu. À partir de 2014, différents restaurants, boutiques, espaces de co-working, bibliothèques, salle des conférences et d’expositions sont intégrés dans ce complexe appelé Aparaaditehas.

Grâce à son adhésion à l’Union européenne, la ville de Tartu est intégrée au réseau SmartENCity, qui vise à améliorer l’efficacité énergétique des habitations et réduire les émissions de CO2. Avec les crédits accordés par le réseau, le conseil municipal lance un vaste programme de rénovation et de réaménagement des habitations collectives de type Khrouchtchevka. La construction de ces immeubles lancées à l’époque soviétique, rendait la consommation de chauffage particulièrement coûteuse. Lorsque le programme de rénovation se termine en 2020, les immeubles surnommés Smartchevka (« Khrouchtchevka intelligentes ») font partie des bâtiments les plus économes en énergies et les mieux isolés de la ville.

En 2017, un département spécial est créé au sein du service culturel de la municipalité en vue d’une candidature en tant que Capitale européenne de la culture.

En juin 2019, Tartu est préférée à Narva et sélectionnée par un jury international pour être Capitale européenne de la culture pour l’année 2024. L’équipe chargée de l’organisation devient une Fondation à part entière en décembre de la même année.

Touchée comme dans le reste de l’Europe, par la pandémie de Covid-19 en 2020, la ville est contrainte de fermer temporairement nombre de ses établissements culturels et de nombreuses Fêtes en lien avec l’Université sont annulées ou réduites à leur plus simple expression. En 2020, pour pallier l’annulation des festivals et concerts d’été, l’architecte-urbaniste en chef de la ville Tõnis Arjus imagine l’avenue sans voiture (Autovabaduse puiestee), une série d’évènements culturels (concerts, jeux, théâtres…) sur des installations temporaires situées sur l’Avenue de la liberté (Vabaduse puiestee), alors fermée à la circulation.

À l’hiver 2021, tandis que la municipalité de Tallinn est contrainte de restreindre l’activité des bars et commerces, la ville de Tartu diminue les horaires d’ouverture de ces derniers. L’harmonisation des restrictions sur l’ensemble du territoire par le gouvernement contraint les musées et établissement culturels à la fermeture temporaire en mars et avril 2021.

En 2021, les premières esquisses d’un plan sont divulguées en vue de la construction d’un Centre culturel de cœur de ville (Südalinna  Kultuurikeskus), située sur une partie de l’actuel Parc central. Sa construction, supposée empiéter sur un ancien espace vert, fait polémique et rencontre de nombreuses oppositions locales.

Source : Wikipédia.

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