Ville de Senigallia (Italie).

Senigallia (ou Sinigaglia) est une ville italienne d’environ 44 267 habitants, située dans la province d’Ancône, dans la région Marches, en Italie centrale.

Il se trouve sur la côte médio-adriatique à l’embouchure du  fleuve Misa entre Ancône, à environ 35 km vers le Sud, et Pesaro, à 30 km vers le Nord.

Son territoire est principalement plat, mais entouré de collines en pente douce vers la mer. Le centre historique suit le schéma urbanistique de la ville romaine ayant été fondée sur une colline au sud de la rivière Misa.

Son panorama est particulier depuis la rive : contrairement à d’autres localités de l’Adriatique, avec un littoral rectiligne, de Senigallia le panorama est constitué par le Golfe d’Ancône.


Senigallia a été fondée entre 389 et 383 av. J.-C., par la tribu gauloise des Sénons qui s’étaient installés dans le nord des Marches jusqu’à la vallée du fleuve Esino, dans l’actuelle province d’Ancône : probablement le choix, fait selon la légende par le chef de la tribu Brennus, a été dictée par la présence d’une basse colline face à la mer et dominant le gué existant.

De là, appelée la “capitale” des Gaulois en Italie. À Sa tête, Brennus,  s’avança contre Rome en vainquant ses armées et en se retirant seulement après le paiement d’un lourd tribut.

Après la bataille de Sentinum (295 av. J.-C.), les Romains eurent le contrôle définitif sur les régions de la Campanie, de l’Étrurie, de l’Ombrie et précisément sur le territoire entre le fleuve Esino et Ariminum (Rimini) peuplé par les Gaulois Sénons qui fut appelé à partir de ce moment Ager Gallicus.

En 284 av J.-C., sous la pression du Consul Manius Curius Dentatus (qui a battu Pyrrhus à Benévent), les Romains instituèrent la colonie romaine de Sena Gallica, la première sur l’Adriatique, à la place de ce qui était la “capitale” des Gaulois en Italie, pour la distinguer de l’autre colonie Sena (aujourd’hui Sienne) située en Étrurie, l’actuelle Toscane.

En 207 av. J.-C., la ville fut le point de départ des troupes romaines qui frappèrent durement les Carthaginois sur les rives du fleuve Metauro en vainquant Hasdrubal Barca, le frère d’Hannibal, qui venait à son aide.

Dans la réorganisation Régions de l’Italie d’Auguste, Sena Gallica fait partie avec l’Ager Gallicus de la Regio VI Umbria.

On ne signale pas d’autres faits particuliers pendant l’époque républicaine et impériale pour la ville.

La ville fut pillée par les Wisigoths d’Alaric Ier en 400.

En 551, la bataille de Sena Gallica, importante bataille navale qui a eu lieu pendant la guerre entre Byzantins de l’Empire romain d’Orient et les Goths, s’est déroulée de l’autre côté des eaux.

Après l’invasion lombarde de l’Italie de 568, la ville resta sous domination byzantine au contrôle direct de l’Exarchat de Ravenne, constituant avec Ancône, Fanum Fortunae (Fano), Pisaurum (Pesaro) et Ariminum (Rimini) ladite Pentapole byzantine et en suivant tous les événements historiques jusqu’à la donation de la Pentapole à la domination du Pape de Rome.

Alors que le diocèse et l’évêché sont institués depuis longtemps, la ville connut un intéressant développement économique, qui vit l’institution de la Foire de la Maddalena autour du XIIIe siècle.

Mais au Moyen Âge, Senigallia se heurta aux intérêts des villes voisines, en particulier Fano, Jesi et Ancône à cause des luttes entre factions guelfes et gibelines en Italie.

Dans la deuxième moitié du XIII°siècle, Senigallia fut conquise, et en grande partie détruite, par les troupes de Manfred Ier de Sicile, qui en firent abattre les murs.

Pour aggraver la situation, une vieille saline du sud de la ville fut  abandonnée à elle-même, et la ville dut supporter un marécage malsain et insalubre. Ces événements réduisirent la ville à un peu plus d’un bourg perché autour d’une ancienne forteresse édifiée sur les restes d’une ancienne tour de guet romaine.

La Forteresse Roveresque fut achevée en 1480 par Baccio Pontelli sous  l’influence de Luciano Laurana.

Dans la première moitié du XVe siècle, la ville, qui continuait lentement à se rétablir, devint objet d’intérêt pour la domination de la famille Malatesta de Rimini grâce à sa position stratégique à peu près égale entre Pesaro et Ancône.

Ce fut précisément Sigismondo Pandolfo Malatesta en particulier qui  s’intéressa à Senigallia, au point d’être considéré comme le “refondateur” de la ville.

Il décida de reconstruire les remparts et les remparts défensifs, en suivant en partie l’ancien tracé des murs abattus et en réalisant ainsi une ville fortifiée de forme rectangulaire, selon un projet qui avait comme base le cardo et le decumanus de la ville romaine et la ville du XIIIe siècle,  englobant dans les nouvelles défenses le fortin réalisé par Albornoz, qui à partir de ce moment devint le noyau sur lequel sera successivement édifiée la Forteresse Roveresque.

En plus de rénover la ville, il était nécessaire de la repeupler et de la  développer, c’est pourquoi Sigismond donna une nouvelle impulsion à l’ancienne Foire de la Maddalena et établit des avantages fiscaux pour ceux qui désirèrent s’installer dans la “nouvelle ville ». Ce qui attira beaucoup de gens de toutes les régions d’Italie.

La reconstruction fut cependant si coûteuse qu’elle força Malatesta à contracter des dettes auprès du pape Pie II, qui lui prit la possession de la ville pour la transmettre à Antonio Piccolomini. La nomination au pape de Sixte IV fera transférer le contrôle de Senigallia à Giovanni della Rovere, neveu du pape, qui prit le titre de duc : de ce passage reste encore un signe dans les inscriptions IO DVX IO PRE [Giovanni, duc (de Sora et Arce) et préfet (de Rome)] gravé dans les pierres à l’intérieur de la Forteresse appelée pour cette raison “roveresque”.

Dans les années suivantes, Jean della Rovere épousera Giovanna da  Montefeltro, fille du Duc Frédéric III de Montefeltro, chef de l’ancienne et prestigieuse famille qui dominait la ville d’Urbino et tout le nord des Marches.

Jean mourut en 1501 après 27 ans de règne, laissant la ville modernisée, créant un cadastre, agrandissant les murs et donnant vie à la forteresse pour se défendre du côté de la mer et perfectionnant les travaux  d’assainissement du marais. Les architectes Gentile Veterani (qui conçut le rivellino), Luciano Laurana (auteur de plusieurs modifications de l’intérieur) et Baccio Pontelli (créateur des quatre tours situées aux coins de la structure) s’occupent de la Forteresse.

Ce dernier s’engagea également dans la conception d’un nouveau couvent et de l’église de Santa Maria delle Grazie, commencée en 1491.

Au tournant des XVe et XVIe siècles, Senigallia tomba brièvement sous la domination de Cesare Borgia, passé à l’histoire comme le duc de  Valentinois, décrit comme un exemple d’homo novus dans Le Prince de Machiavel. En quelques années, secondé par son père le pape Alexandre VI, il réussit à créer un domaine personnel qui allait de l’actuelle Romagne jusqu’à une partie du nord des Marches, devenant de fait une puissance locale.

Célèbre personnage des chroniques historiques de Machiavel2, il proposa une rencontre à ses anciens alliés, mais, traîtres et adversaires de la région, ceux qui finirent par se repentir et se concilier, furent priés de venir en ville afin de parvenir à un arrangement stable et pacifique. Et l’affaire se conclut par une vengeance impitoyable (ou selon Paul Jove par un admirable  stratagème) connue sous le nom de massacre de Senigallia, dans lequel le Duc fit provisoirement arrêter puis tuer tous ses hôtes par ses armuriers.

L’expérience du Valentinois s’achève en 1503, quand une simple maladie l’empêche de participer aux intrigues pour l’élection du nouveau Pape successeur de son défunt père. Au trône de saint Pierre monta Jules II della Rovere, qui lui enleva les domaines obtenus jusqu’à présent en les rendant à ses parents.

En effet, du mariage de Giovanni Della Rovere et Giovanna da Montefeltro était né entre-temps (1490) Francesco Maria I Della Rovere, qui sera adopté par le dernier duc de Montefeltro, Guidobaldo, et il unira les domaines des deux familles en devenant Duc d’Urbino en 1508 et Seigneur de Senigallia.

À partir de ce moment, les Della Rovere gouvernèrent sur le duché d’Urbino (avec Pesaro) et sur Senigallia jusqu’à la mort du dernier mâle de la dynastie, survenue en 1631 : selon la loi salique, faute d’héritier mâle, le duché fut réintégré dans les domaines directs de la papauté. Le palais ducal, l’hôtel de ville, l’église de la Croix ont été construits et on a inclus dans les murs pentagonaux une partie de la rive gauche de la rivière Misa, c’est-à-dire le quartier du port.

Entre-temps, la Foire de la Maddalena, devenue Foire franche (parce qu’on ne payait pas de droits de douane), s’était imposée comme l’une des foires les plus importantes du pays, avec des échanges de marchandises provenant de tous les coins de la Méditerranée.

Senigallia (connue à l’époque sous le nom de Sinigaglia ou Sinigallia) survécut à l’abandon jusqu’à ce que le pape Grégoire XI (dernier pape français) décide pendant sa papauté (1370 – 1378) de ramener le siège pontifical d’Avignon à Rome, où il avait entre-temps été transféré.

Il délègue le cardinal Egidio Albornoz à la restauration de l’autorité pontificale sur le territoire des États pontificaux : ce dernier visite  également “le bourg” et décide d’une série de travaux à réaliser, en particulier le début de l’assèchement du marais saumâtre construit à la place des anciennes salines et le renforcement de la forteresse qui était encore une tour de guet utile sur la mer.

Les années du XVIIIe et XIXe siècles virent la domination napoléonienne en Italie et la restauration ultérieure du pouvoir pontifical, mais virent aussi la naissance du rejeton de la noble famille locale Mastai Ferretti, le jeune  Jean-Marie qui passa à l’histoire comme pape Pie IX, Bienheureux depuis le 3 septembre 2000, et dernier roi des États pontificaux. Monté au trône pontifical en 1846, son pontificat dura 32 ans et fut le plus long de l’histoire après celui qui est traditionnellement reconnu à Pierre apôtre.

C’est précisément dans les années du XVIIIe et du XIXe siècle que  commence la crise de la “Foire franche”, causée par de multiples facteurs : le déplacement toujours plus important des principaux commerces dans l’Atlantique, avec pour conséquence une baisse considérable des échanges (le blocus continental économique mis en place par Napoléon pour “vaincre” économiquement l’Empire britannique) fut également opérationnel, le passage d’épidémies et l’enfouissement progressif du lit de la rivière.

Pour se rendre compte de l’impact de ce dernier, il suffit de penser qu’à l’époque le quai était proche de l’actuel Forum Annonario, qui a été réalisé précisément dans ces années, soit environ 500 mètres de la pointe du quai actuel.

L’importance de la foire pour Senigallia et pour les senigalliesi est  démontrée par la saison théâtrale de cette époque, qui coïncidait avec la période de la foire pour la promouvoir et “l’encourager”.

En effet, la saison du théâtre “La Fenice” était très connue et de nombreux artistes illustres ont présenté des œuvres aussi connues.

Avec l’Unité d’Italie, Senigallia (avec Monterado, Castel Colonna et Ripe) ne fut pas réintégrée dans la nouvelle province de Pesaro et Urbino (comme la quasi-totalité de la délégation apostolique d’Urbino et Pesaro dont elle faisait partie) mais dans la province d’Ancône.

Mais pour Senigallia, l’unité nationale entraîna aussi la perte définitive de la Foire Franche (officiellement en 1869, mais déjà en déclin depuis de  nombreuses années), supplantée par le tourisme comme activité économique dominante.

Senigallia fut parmi les premières villes à se promouvoir au niveau national et international comme lieu de loisirs et de repos, profitant de la plage qui, quelques années plus tard, sera surnommée plage de velours (spiaggia di Velluto) et qui est encore le symbole touristique de la Ville.

En 1853, fut réalisé le premier établissement balnéaire qui, de fait, donna le départ à l’histoire touristique de la ville de Senigallia, à laquelle on associait la saison théâtrale.

Au tournant des XIXe et XXe siècles, Senigallia avait donc déjà une  importante valeur touristique qui augmenta dans les années suivantes : symbole de ce phénomène (en plus de l’activité du théâtre “La Fenice”, doté d’une scène de dimensions similaires à celle de la Scala)

Ce furent l’Établissement Bagni (aujourd’hui abandonné) et la Rotonda a Mare, autrefois piloté devant l’Etablissement Bagni à son usage propre et réédifié dans sa position actuelle en béton armé en 1933 après le  tremblement de terre de 1930.

La confirmation du rôle important que la ville avait assumé dans le domaine touristique, en 1928, Senigallia avec Cortina d’Ampezzo fut reconnue  comme siège de la première Entreprise autonome de séjour et de soins d’Italie.

Entre-temps, la ville continuait à se développer urbanistiquement avec les premiers quartiers populaires hors les murs et, signe des temps de paix, il fut décidé d’enterrer l’ancien fossé extérieur qui existait encore tout autour de la ville et aussi du canal appelé Penna, situé là où passe aujourd’hui  l’avenue IV Novembre et qui jusque-là avait servi à réguler le flux des inondations qui submergeait la ville : celles-ci avaient considérablement diminué en nombre avec l’élargissement et l’endiguement de la rivière comme nous le voyons aujourd’hui, dans les années 1920 et 1920.

C’est dans cette situation que Senigallia fut frappée par un très fort tremblement de terre le 30 octobre 1930, dont les dommages furent importants notamment pour la ville : le théâtre subit de graves dommages, l’ancien séminaire épiscopal dut être démoli et transféré hors de la ville, un couvent de religieuses cloîtrées (où historiquement a eu lieu le célèbre massacre du duc Valentino) fut complètement démoli pour faire place à l’actuelle école primaire G. Pascoli, Porta Saffi (située au début du Cours II Juin) a été démolie en ouvrant visuellement le Corso au reste de la ville en dehors des murs.

De manière générale, toute la ville subit des dommages de sorte qu’il fallut réduire la hauteur de presque tous les bâtiments du centre historique actuel et d’en changer radicalement la morphologie.

L’événement sismique eut comme autre conséquence l’ouverture de la ville à l’extérieur, avec l’urbanisation de la zone au sud des murs historiques jusqu’à la nouvelle église du Portone “Santa Maria della Neve”, la  construction des quartiers populaires le long de la route nationale 16 Adriatique et de l’actuelle I.A.C.P. et en général la construction de villas supplémentaires dans la zone faisant face à la mer, dans le style Art Nouveau qui était en vogue dans ces années.

L’ouverture de la ville à l’extérieur rendit encore plus claire la vogue touristique qui prenait la ville, et pourtant il maintenait une zone portuaire dédiée à la pêche, avec la cimenterie.

Les événements de guerre de la Première et de la Seconde Guerre mondiale ont heureusement laissé peu de signes dans la ville : les impacts de balles qui se trouvent au Forum Annonario, la démolition et la reconstruction des principaux ponts de la ville.

Par la suite la ville traversa une forte période de croissance et le signe de la reprise fut le retour du tourisme.

Encore dans les années cinquante et soixante, Senigallia rivalisait avec Rimini comme principal centre balnéaire national, auquel s’associait la saison des sports mécaniques et des spectacles.

Pendant ce temps, la ville continua son expansion vers le nord et le sud, en suivant la ligne de côte, et vers l’arrière-pays jusqu’à ce qu’elle franchisse la ligne de l’autoroute.

Source : Wikipédia.

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