Ville de Prétoria (Afrique du sud).

Pretoria ou Prétoria (en anglais et en afrikaans : Pretoria ; en zoulou : ePitoli ; en tswana : Tshwane) est une ville d’Afrique australe et la capitale administrative de l’Afrique du Sud.

Pretoria fut également de 1860 à 1902 la capitale de la république sud-africaine dans le Transvaal, de 1902 à 1910 celle de la colonie du  Transvaal puis, de 1910 à 1994, le chef-lieu de la province du Transvaal. Elle est située aujourd’hui dans la province du Gauteng.

Son surnom est la « ville des Jacarandas » en référence aux centaines de milliers d’arbres qui fleurissent au printemps austral et donnent une teinte mauve à la ville.

Pretoria est une ville gérée par la municipalité de Tshwane, une conurbation qui englobe treize anciennes structures administratives dont les villes anciennement blanches de Centurion et Pretoria, ainsi que les anciens townships de Mamelodi, Temba et Hammanskraal.


Les plus anciennes traces de présence humaine, dans la région de l’est des montagnes de Magaliesberg, remontent à l’époque des Homo ergaster et les premières traces d’habitats rudimentaires à une période comprise entre 550 et 700 ans av. J.-C.

Les premiers habitants connus à s’installer dans la vallée de la rivière Apies, où sera fondée la future Pretoria, sont des Ndébélés, vers l’année 1600. Ceux-ci sont originaires du Natal et ont migré vers l’est des montagnes de Magaliesberg et la vallée de la rivière Apies sous la direction du chef Musi. Après sa mort, ses deux fils, Manala et Ndzundza, s’opposent violemment pour prendre le contrôle de la tribu. Ndundza est vaincu et s’enfuit vers l’est. Deux autres factions, dirigées par d’autres fils, rompent avec Manala et fondent également d’autres clans tribaux.

Dans les années 1820, à la suite du mfecane, les diverses tribus de la région se confrontent à des groupes de réfugiés, menés par Mzilikazi, qui pillent et tuent tous ceux qui ne se soumettent pas au despotisme du chef zoulou. Ainsi, la tribu Bakwena, qui avait migré et occupé pacifiquement la région, est totalement décimée ainsi que les Ba-Hurutsi, alors que les clans fondés par Nzundza sont dispersés. Toute la région comprise entre le fleuve Limpopo au nord et le fleuve Orange au sud, passe sous le joug de Mzilikazi. Ce dernier installe deux kraals militaires dans les alentours de la rivière Apies, à enDinaneni et à enKungweni, et établit sa résidence royale, d’abord sur le versant sud de la colline de Meintjieskop, avant de l’installer plus au nord à emHlahlandlela86. En une dizaine d’années, les différentes  communautés pastorales de la vallée de l’Apies sont obligées de fuir et d’abandonner la région.

En 1836, les premiers Voortrekkers, partis de la colonie du Cap, franchissent le fleuve Orange. Alerté, Mzilikazi lance ses armées sur le convoi mené par le général Hendrik Potgieter. Celui-ci résiste et contre-attaque. L’armée de Mzilikazi est finalement vaincue lors de la bataille de Vegkop et le chef ndébélé est contraint de fuir vers le nord et de traverser le fleuve Limpopo.

La vallée de la rivière Apies est ainsi désertée et quasi-inoccupée lorsque, en 1840, deux frères boers, Lucas Bronkhorst (1795-1875) et Gert Bronkhorst (1798-1848), s’installent dans la région après avoir participé au grand trek d’Hendrik Potgieter. Lucas Bronkhorst fonde la ferme de Groenkloof en 1841 et, avec son frère, celle de Elandsfontein en 1842, où sont construites des huttes de roseaux, les premières habitations manifestant la volonté des Boers de se sédentariser. Ils sont rapidement suivis par les familles Smit, Fourie, Minnaar, Vermeulen, Van Rensburg, Pretorius et Prinsloo, tous des voortrekkers qui se rassemblent autour de la petite colonie de la ferme d’Andries van der Walt (1814-1861) à Elandspoort.

Au début des années 1850, plusieurs petites communautés boers sont installées sur les terres des fermes de Groenkloof, Daspoort, Elandspoort et Koedoespoort. En 1852, la Convention de Sand River confère une  indépendance formelle aux territoires situés au nord de la rivière Vaal. En 1853, Marthinus Wessel Pretorius, fils du charismatique chef voortrekker Andries Pretorius, rachète Elandspoort et Koedoespoort avec l’intention d’y bâtir une ville et une capitale pour le Transvaal, car cette zone bénéficie d’un climat tempéré et d’une terre fertile grâce à la rivière Apies toute proche. En novembre 1853, les deux fermes forment un village et  constituent le centre paroissial de Pretoria-Philadelphia (fraternité de Pretoria) où sont célébrés, dans la première église bâtie en 1854 sur l’actuel Church Square, les baptêmes et les mariages pour toute la région du centre du Transvaal.

M.W. Pretorius, président provisoire de la république naissante du  Transvaal, met deux ans à persuader les douze membres du Volksraad (le parlement boer) de conférer le statut de ville à la congrégation religieuse de Pretoria-Philadelphia.

Située sur la rive ouest de la rivière Apies, la ville de Pretoria est  officiellement fondée le 16 novembre 1855 par Marthinus Wessels Pretorius, et baptisée en l’honneur de son père, Andries Pretorius. Lors de sa fondation, Pretoria compte 300 habitants et 80 maisons disséminées dans la vallée. L’aire géographique de Pretoria va progressivement s’étendre à partir de la place où est située l’église paroissiale, dans le centre-ville historique. En 1859, la première carte fixant l’aire urbaine de Pretoria est homologuée et la première école publique ouvre ses portes sur le site de l’actuel palais de justice, sur Church Square.

Devenue rapidement la principale ville du district, Pretoria évince Potchefstroom en tant que capitale de la république du Transvaal, le 1er mai 1860. Elle compte 1 500 habitants en 1870. Pretoria prend le surnom de « cité des roses » car le climat favorise la culture de cette fleur qui recouvre en abondance les jardins et parcs de la ville. Une garnison britannique y subit le siège de Marabastad, lors de la Première Guerre des Boers, en 1881. En 1888, des jacarandas sont importés de Rio de Janeiro par J.D. Cilliers, un jardinier amateur de Pretoria. Pas moins de 50 000 jacarandas sont par la suite plantés le long des rues de la ville et la « cité des roses » devient la « cité des jacarandas ».

La ville se développe culturellement et dispose d’une société littéraire et scientifique (Transvaalsch Letterkundige en Wetenschappelyk  Genootschap), d’un club sportif, d’un orchestre et d’une troupe de comédiens offrant des représentations théâtrales. La première bibliothèque publique ouvre en 1886 et fusionne avec la Bibliothèque d’État en 1893. Le premier musée d’État ouvre en 1896 tandis que, durant cette décennie, plusieurs collèges et lycées sont inaugurés.

À la fin du xixe siècle, Andries du Toit, conseiller présidentiel de Pretorius, rachète pour un poney les terrains du futur quartier d’Arcadia qu’aménage Stephanus Meintjies. Durant cette période, plusieurs lotissements sont créés en banlieue de Pretoria sur les terres d’anciennes fermes. Les quartiers aménagés de Sunnyside (1887), Arcadia, Muckleneuk (1889), Les Marais (1890), Pretoria West (1892), Villieria (1896), New Muckleneuk (1898) et Riviera (1899) sortent notamment de terre et sont incorporés à la ville de Pretoria.

Après avoir été le symbole de la résistance Boer aux Britanniques lors de la Seconde Guerre des Boers, de 1899 à 1902, Pretoria continue sa croissance géographique et incorpore de nouveaux quartiers comme Hatfield (1905), Brooklyn (1913) ou Capital Park (1914). Un quartier destiné aux populations noires et métis est aménagé sur une portion de l’ancienne ferme de Zandfontein. Baptisé Lady Selborne, il est d’abord rattaché au village d’Innesdale puis, en 1928, à la municipalité d’Hercules.

En 1910, Pretoria devient la capitale administrative de l’Union sud-africaine. Ville très majoritairement afrikaner, elle devient le centre des grandes commémorations nationales afrikaners. En 1938, lors d’importantes festivités marquant le centenaire du Grand Trek, plusieurs chars à bœufs, portant le nom de chefs voortrekkers ou de jeunes enfants martyrs ou rescapés de massacres, partent de la ville du Cap et de plusieurs villes de la province du Cap pour converger vers Pretoria à la date  symbolique du 16 décembre (bataille de Blood River). À mesure que les convois progressent et traversent les communes et villages, une vague de patriotisme parcourt le pays. De nombreuses villes et de nombreux villages organisent leur propre trek vers Pretoria tandis que les hommes se laissent pousser la barbe comme leurs ancêtres et que les femmes portent leur bonnet traditionnel et des tabliers de paysannes. Le 16 décembre 1938, plus de 100 000 afrikaners (1/10e de la population afrikaner) assistent à Pretoria à la pose de la première pierre du Voortrekker Monument, symbole phare du nationalisme boer en présence des descendantes d’Andries Pretorius, de Piet Retief et d’Hendrik Potgieter0.

Onze ans plus, aboutissement de ces commémorations mémorielles, le Voortrekker Monument est inauguré sur une colline à l’entrée de Pretoria, devant une centaine de milliers d’Afrikaners, par le gouvernement nationaliste de Daniel François Malan. En 1954, dans le cadre de commémorations mémorielles afrikaners, la statue de Paul Kruger est déplacée et installée solennellement sur Church Square au cours de trois jours de festivités.

Enfin, le 31 mai 1961, la ville devient la capitale du pays et devant des milliers de personnes rassemblées sur Church Square, Charles Swart prononce son premier discours officiel en tant que premier Président de la République d’Afrique du Sud.

La ville connait une forte expansion après la Seconde Guerre mondiale, époque où les autorités municipales commencent alors, de manière désordonnée, à tenter de contrôler l’immigration et l’implantation urbaine des Africains. L’émergence de nouveaux quartiers ségrégués (Lynnwood en 1948, Sinoville en 1965, Erasmurand en 1968, Faerie Glen en 1972, Erasmuskloof en 1973) s’accompagne de l’annexion de municipalités voisines telle que celle d’Hercules en 1949. Au début des années 1950, la municipalité comptabilise 133 000 squatteurs (36 % de la population totale de Pretoria) dans l’aire urbaine de Pretoria ainsi que deux quartiers à majorité non blanche, Marabastad et surtout Lady Selbourne, où cohabitent en pleine propriété une trentaine de milliers de noirs, de métis, d’indiens et une cinquantaine de blancs.

L’application de l’apartheid et plus particulièrement du Group Areas Act, impose une démarcation raciale absolue entre blancs, noirs, coloureds et indo-pakistanais dans les quartiers résidentiels, les anciens comme les nouveaux. Ainsi, les résidents non blancs des quartiers mixtes de Lady Selbourne, du centre-ville et de Marabastad sont relogés dans des townships ségrégués (Laudium, Eesterus, Mamelodi, Atteridgeville et Hammanskraal). Les zones d’activités industrielles sont localisées pour former une zone tampon entre les quartiers noirs et les quartiers blancs.

À partir des années 1960, Pretoria devient un modèle d’apartheid urbain avec la mise en place de la politique de bantoustanisation. De nouveaux townships comme Garankuwa, Mabopane et Temba sont construits hors de la zone urbaine de Pretoria, à l’intérieur des frontières du bantoustan du Bophuthatswana ou sur des terrains destinés à y être intégrés. Celui de Soshanguve, regroupant les populations sotho, shangaan et venda reste cependant attaché à la ville de Pretoria après le refus du Bophuthatswana d’intégrer ce township non-tswana.

En 1973, l’ancien quartier de Lady Selborne est définitivement rasé pour laisser la place au nouveau quartier blanc de Suiderberg.

Étant le siège du gouvernement et le bastion symbolique du nationalisme afrikaner, Pretoria est le théâtre de toutes les campagnes anti-apartheid des années 1950 aux années 1980 (campagne de défiance, manifestations). En janvier 1956, environ 2 000 femmes de couleurs différentes, parmi  lesquelles Lillian Ngoyi et Helen Joseph, défilent au nom de la fédération des femmes d’Afrique du Sud (FSAW), devant les Union Buildings. Ignorée par le gouvernement Strijdom, la FSAW organise une seconde manifestation avec le concours la Ligue des femmes de l’ANC au mois d’août 1956, mobilisant environ 20 000 femmes pour protester contre les laissez-passer imposées aux personnes de couleurs. La même année, à la suite de l’adoption de la charte de la liberté, 156 membres de l’ANC et des organisations alliés sont arrêtés et accusés de haute trahison. Les procès ont lieu dans une ancienne synagogue de Pretoria, transformée en tribunal (procès de la trahison). Quelques années plus tard, le procès de Rivonia se déroule dans le vieux palais de justice de Pretoria sur Church Square.

Dans les années 1980, toute la région environnante du Winterveld est devenue une immense zone dortoir de plus d’un million de personnes, transformée en une véritable région urbaine, phagocytant les villages ruraux.

En 1994, Pretoria compte 31 % de fonctionnaires alors que 45 % de salariés blancs travaillent pour le gouvernement.

Situation et avenir institutionnel de Pretoria[modifier | modifier le code]
Depuis les élections générales sud-africaines de 1994, la ville est située dans la nouvelle province du Gauteng et a intégré une nouvelle municipalité en 2000 à la suite de la réforme des gouvernements locaux.

Elle a conservé son statut de capitale administrative de l’Afrique du Sud et de siège du gouvernement. Ses dirigeants, issus dorénavant du congrès national africain, souhaitent qu’elle devienne également la capitale législative du pays et que le parlement, situé au Cap, y soit transféré afin d’effacer l’un des derniers vestiges historiques et institutionnels du partage de l’Afrique du Sud entre les Afrikaners et l’Empire britannique.

Source : Wikipédia.

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