Pompéi (Pompeii en latin et Pompei en italien) est une ville et cité antique située en Campanie. Elle est célèbre pour avoir été ensevelie lors d’une éruption du Vésuve, volcan voisin de quelques kilomètres, au cours de l’automne 79 ap. J.-C.
Les origines de la cité sont mal connues. On suppose qu’elle fut fondée par une communauté locale issue des groupes osques qui occupèrent la région aux côtés des Grecs et des Étrusques, à la suite du mouvement de colonisation grecque de la côte tyrrhénienne au VIIIe – VIIe siècle av. J.-C.. ; les Étrusques s’emparèrent ensuite vraisemblablement de la ville au vie siècle av. J.-C., et y élevèrent sa première muraille en pierre de pappamonte vers 570 av. J.-C. Par la suite, Pompéi est très certainement conquise par les Samnites vers 425 av. J.-C., comme en attestent les très nombreuses inscriptions en langue osque découvertes dans les fouilles de la ville. Elle tombe dans l’escarcelle romaine avec le reste du territoire samnite en 290 av. J.-C., sans pour autant devenir une cité romaine à proprement parler. Pompéi demeure une communauté oscophone et italique jusqu’au tournant de la Guerre sociale, au cours de laquelle elle est assiégée et prise par le général romain Lucius Cornelius Sylla, qui y fonde une colonie romaine en y installant près de 2 000 vétérans. La romanisation et surtout la latinisation de la cité s’accélère alors au détriment vraisemblable, dans les premiers temps, de la communauté samnite originelle.
Menant une vie relativement prospère au sein d’une région fertile, la Campanie, Pompéi est atteinte par plusieurs catastrophes naturelles au cours du Ier s. de notre ère : d’abord, un puissant séisme au début des années 60 (vraisemblablement entre 62 et 64), qui met hors d’état de fonctionnement plusieurs édifices thermaux et une bonne partie du réseau d’eau courante. Enfin, Pompéi est détruite en même temps qu’Herculanum, Oplontis et Stabies lors de l’éruption du Vésuve survenue au cours de l’automne 79.
Enfouie sous plusieurs mètres de sédiments volcaniques, la ville est l’objet de brèves tentatives de récupération de divers matériaux et richesses au cours de l’Antiquité, notamment sous le règne de Titus. La grande quantité de matériaux éruptifs rend cependant impossible un pillage systématique du site, ce qui paradoxalement va le protéger de toutes les spoliations courantes dont furent atteintes les villes antiques au cours du Moyen Âge. La ville sombre dans un relatif oubli pendant quinze siècles. Malgré quelques mentions dans les poèmes de Stace et de Martial, l’oubli recouvre rapidement le plateau de Civita où la ville se situe. Une première fois, en 1592, les vestiges furent touchés par l’activité humaine, lors de la construction du canal du Sarno. Mais Pompéi n’est réellement redécouverte qu’au xviie siècle. L’ancienne cité romaine s’avère dans un état de conservation remarquable. Les fouilles entreprises à partir du xviiie siècle, notamment à partir de 1748, permettront d’exhumer une ville qui constitue un précieux témoignage de l’urbanisme et de la civilisation de la Rome antique. Depuis 1997, le site est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, de même que ceux d’Herculanum et d’Oplontis à Torre Annunziata.
Le site archéologique de Pompéi est situé sur la côte ouest de l’Italie, au sud de Naples sur la baie du même nom. La ville antique de Pompéi était au cœur d’une riche région, la Campanie, que les Romains qualifiaient de « Terre des dieux » pour sa fertilité, sa proximité avec la mer et son climats. Aujourd’hui, une localité de la province de Naples porte toujours ce nom (Pompei) ; le site antique (Pompei Scavi) en est un hameau.
Pompéi est construite sur un plateau volcanique formé par une ancienne langue de lave et escarpé sur trois côtés. Le côté sud-ouest domine la mer, mais le tout est surplombé au nord par le Vésuve. Strabon décrivait le Vésuve au Ier siècle av. J.-C., comme « entièrement couvert de champs fertiles sauf au sommet partiellement plat, mais totalement stérile et d’aspect cendreux ».
Le volcan, éteint depuis plusieurs siècles, n’était pas une source d’inquiétude pour les habitants de la région. Ils n’en ignoraient toutefois pas complètement la nature, comme en témoignent ces quelques lignes de Vitruve : « … on dit que les feux qui brûlent sous cette montagne ont autrefois éclaté avec une grande force, et jeté beaucoup de flammes dans tous les lieux d’alentour ». La terre, riche comme le sont tous les sols d’origine volcanique, permettait, en particulier, la culture de la vigne et donc favorisait l’afflux de population. Au moment de sa destruction, Pompéi comptait environ douze mille habitants.
Pompéi est située près de l’embouchure du fleuve Sarno (sud-est) dont la navigabilité fait de la ville, toujours selon Strabon, « un port à Nola, Nocera et Acherra », villes situées à l’intérieur des terres. La situation élevée de la ville construite sur un plateau (33 m) en fait un poste stratégique pour la surveillance du déplacement des navires dans la baie de Naples. Mais la ville n’est pas entourée de sources et c’est un inconvénient. Les Romains ont donc construit des citernes d’eau pluviale, puis un aqueduc partant du fleuve Sarno pour assurer l’approvisionnement de la ville.
Pompéi était donc une terre prospère quand elle fut entièrement dévastée par une éruption du Vésuve. La date du 24 août 79, déduite du récit de Pline le Jeune, témoin direct de l’éruption, est celle communément retenue (notamment par l’UNESCO) mais des recherches récentes indiquent que l’éruption a certainement été plus tardive dans l’année, probablement le 24 octobre.
Cette fin tragique explique en partie la renommée de la ville ; quant aux fouilles archéologiques, elles ont permis de mettre au jour une cité florissante, de faire revivre toute une société et la richesse de son histoire.
Pompéi fut fondée avant le VIe siècle av. J.-C. (peut-être au VIIe ou VIIIe siècle av. J.-C.), probablement par un regroupement de cinq villages osques (pumpe signifie cinq en osque) et colonie pélasge, tombés sous influence étrusque, sur une route commerciale importante. La ville se développe d’abord vers l’est puis dans les directions nord-ouest et sud-est jusqu’à atteindre près de 66 hectares, dont 44 d’habitations, le reste étant constitué de jardins et de champs se concentrant principalement au nord de la voie d’Abondance.
Au VIe siècle av. J.-C., les Grecs introduisent le culte d’Apollon (construction du temple d’Apollon ; construction du temple dorique sur l’agora triangulaire). Pompéi n’est qu’une base pour contrôler les débouchés de l’arrière-pays, très fertile.
La cité fut sujette des Étrusques pendant presque cinquante ans (jusqu’en 474 av. J.-C.) lorsque ceux-ci occupèrent la partie intérieure de la Campanie, comme le confirment les plus anciennes inscriptions trouvées à Pompéi en langue étrusque, avant d’être englobée dans la zone d’expansion des Samnites. Ces derniers agrandirent notoirement la ville, édifiant alors le centre historique dont les vestiges sont aujourd’hui encore très importants. On le reconnaît notamment grâce à sa muraille d’enceinte plus ancienne, à l’architecture de certaines maisons (celles qui sont caractérisées par l’atrium de type toscan), aux édifices publics du Forum Triangulaire et au Temple d’Apollon dans le Forum civil.
De 474 à 424, les Grecs reprennent le contrôle de la ville, restaurent les temples, développent un quartier au plan géométrique (région VI), et entourent Pompéi de nouvelles murailles.
En 424, Pompéi est reconquise par les Samnites qui prennent le nom de Campani en arrivant dans les plaines. On se remet à parler l’osque, langue commune aux plus anciens occupants de source indo-européenne, les Osques, et aux nouveaux occupants, les Samnites qui étendent les murailles de la ville.
Pendant ce temps, Rome avait entrepris son avancée progressive vers l’Italie du Sud et avait commencé à mettre à mal la résistance des populations italiques. Les peuples samnites durent eux aussi se soumettre à l’Urbs, après cinquante longues années de guerre. Avec la conquête de la Campanie, Pompéi connut donc la domination des Romains, devenant socia, statut qui comportait le maintien d’une autonomie locale.
Entre 214 et 210 av. J.-C. se déroule la deuxième guerre punique : Hannibal part à la conquête de Rome avec ses éléphants. Pompéi, contrairement aux autres villes samnites, reste fidèle à Rome.
Cette longue période de prospérité s’interrompt avec la guerre menée contre Rome par les cités italiques — dont Pompéi — afin d’obtenir la citoyenneté romaine. En mars 90, les villes samnites se révoltent contre Rome lors de la Guerre sociale. Cette fois, Pompéi se joint à elles. La guerre est dure et les Romains conduits par Sylla prennent Pompéi. Ils donnent l’assaut entre la porte d’Herculanum et la porte du Vésuve. Dans ce secteur, la muraille porte encore les traces des projectiles tirés par les machines de guerre romaines. Il nous reste un autre témoignage du siège de la ville : on a retrouvé à différents endroits des inscriptions en osque — six au total —, appelées inscriptions eituns à cause d’un mot qui s’y retrouve régulièrement et destinées à permettre aux défenseurs de la ville de rejoindre leur poste rapidement sans se perdre au moment d’un assaut.
Les Romains ne reconstruisent pas une nouvelle ville sur celle des Samnites, mais s’installent dans Pompéi telle qu’elle était au temps des Samnites.
En 80 av. J.-C., Pompéi, prise d’assaut et conquise par les troupes de Lucius Cornelius Sulla, est transformée en colonie romaine. L’ère romaine commence. De nombreuses anciennes familles samnites disparaissent remplacées par d’anciens combattants romains qui occupent les habitations précédentes en les rénovant avec des fresques caractérisées par des représentations réalistes d’architectures influencées par des scènes théâtrales.
Comme par le passé, Pompéi continua à s’agrandir et à se développer dans tous les domaines, en particulier dans le secteur économique, largement favorisée par son arrière-pays fertile et par sa position géographique enviable. Toutes les activités liées au commerce et au trafic maritime progressèrent. La richesse de Pompéi provenait de la terre. Les fertiles sols volcaniques étaient propices à la culture de la vigne (l’un des vignobles réalisé à partir du cépage Holconia, près de l’amphithéâtre, suggère que le propriétaire, la famille des Holconii, vendait directement son vin aux spectateurs), et la mer était poissonneuse. Même les pierres de la région rapportaient de l’argent aux gens du cru : elles faisaient les meilleures meules de moulin à huile de tout le pays. Le résultat de ce remarquable développement fut immédiat : à l’extérieur, il conduisit à un accroissement de Pompéi par rapport aux autres villes de Campanie ; à l’intérieur, la conséquence fut l’augmentation générale de la qualité de vie d’une grande partie des différentes classes sociales. C’est ainsi que la classe des commerçants et des entrepreneurs, qui avaient fait la fortune de Pompéi, ne cessa de se développer, favorisée par l’exportation de l’huile, du vin et des parfums issus de fleurs (rose, giroflée, crocus), feuilles (myrte, vigne), racines (iris, valériane) ou fruits (coing, myrte, laurier).
L’économie florissante entraîna un accroissement démographique considérable, une augmentation du niveau de vie de la population ainsi qu’un embellissement de la ville. Les nouveaux riches, désireux de prévaloir sur la classe aristocratique traditionnellement détentrice du pouvoir, entrèrent en compétition pour faire étalage de leur opulence par le biais de somptueuses demeures, d’objets et de bijoux précieux. Les tremblements de terre les années précédentes ayant à plusieurs reprises endommagé les villae des riches familles patriciennes, beaucoup de ces familiae étaient parties s’installer dans des régions moins sismogènes et avaient vendu leurs propriétés à ces nouveaux riches, notamment des esclaves affranchis ayant amassé de coquettes sommes dans le négoce, l’agriculture ou d’autres activités plus ou moins louches. L’expansion urbaine se réalisa surtout le long de la voie de l’Abondance (via dell’Abbondanza), centre symbolique de la nouvelle classe émergente.
Sur les plans politique et culturel, l’importance de Pompéi restait moindre. La cité doit sa célébrité tardive au fait d’être restée dans l’état même où elle se trouvait au moment de la catastrophe. Elle nous offre ainsi un aperçu direct de la vie des Romains de cette époque dans une petite ville de province.
En 59 survient un événement suffisamment notable pour que l’historien Tacite le juge digne d’être relaté (Annales, XIV, 17) : à l’occasion d’un spectacle de gladiateurs à l’amphithéâtre, une rixe sanglante éclate entre les habitants de Pompéi et ceux de la ville voisine de Nocera, causant des morts et des blessés. Les autorités impériales interviennent et tout spectacle de gladiateurs est interdit à Pompéi pour une durée de dix ans. Une fresque de Pompéi retrouvée dans la maison I, en conserve le témoignage.
Le 5 février 62, Pompéi et les nombreux établissements à proximité du Vésuve sont endommagés par un important tremblement de terre qui détruit une grande partie des édifices publics et privés. La date fait encore débat, certains auteurs pensant que le séisme a eu lieu en 63. Les bas-reliefs retrouvés dans la Maison de Lucius Cæcilius Jucundus illustrent la catastrophe de manière saisissante. Des travaux de restauration sont immédiatement entrepris, nombre d’entre eux s’achevant rapidement — surtout ceux qui concernent les édifices privés. La classe sociale la plus défavorisée subit de graves conséquences, car ses maisons sont détruites. La plupart des édifices publics et privés étaient encore en phase de consolidation et de restauration lors de l’éruption du Vésuve.
Vers 70, la cité subit une nouvelle série de secousses telluriques : une partie des habitants — celle qui en a la possibilité — quitte la ville pour des lieux plus sûrs, vendant ses possessions à très bas prix à d’autres habitants, qui acquièrent ainsi de grandes propriétés.
En 79, l’éruption du Vésuve entraîne la destruction de la ville. Pline le Jeune, qui était à Misène, décrit l’éruption dans deux de ses Lettres à Tacite : « Un nuage d’une taille et d’un aspect inhabituel… Sa forme rappelait celle d’un arbre et, plus exactement, celle d’un pin. Il se dressait comme un tronc gigantesque et s’élargissait dans les airs en rameaux ». Le Vésuve commence par déverser sur la ville et sur celles d’Herculanum et de Stabies, toutes proches, une énorme masse de scories volcaniques (en particulier de la pierre ponce). Pompéi est englouti sous une épaisse couche de matériaux éruptifs, jusqu’à 2,8 m de scories (lapilli) et quelque 1,8 m de cendres. À Herculanum, les dépôts de matériaux éruptifs atteignent plus de 20 m. Les habitants qui n’ont pas pris la fuite trouvent la mort à la suite de l’écroulement de leurs maisons sous le poids des pierres ponces ou par asphyxie, du fait des nuées ardentes.
Un auteur plus tardif, Dion Cassius, relate les événements de manière plus succincte et mentionne les prodiges qui les auraient accompagnés (des géants ressemblant à des Titans seraient apparus avant et pendant l’éruption).
La catastrophe fut longtemps datée du 24 août 79, la plupart des manuscrits de la correspondance de Pline mentionnant le neuvième jour précédant les calendes de septembre. Toutefois quelques manuscrits portent des dates différentes ; en particulier l’un d’entre eux indique les calendes de novembre (1er novembre). Autrement dit, l’éruption aurait eu lieu le 24 octobre 79. Longtemps négligée, cette datation a suscité à nouveau l’intérêt des historiens au regard des indices de plus en plus nombreux qui conduisent à placer l’événement en automne : dolia (grandes amphores) semblant contenir du vin fraîchement pressé, braseros allumés le jour de l’éruption, végétation (noix, figues) correspondant à l’automne. Selon des travaux publiés en 2006, en particulier ceux de l’archéologue italienne Grete Stefani, l’analyse d’une monnaie trouvée en 1974 dans la Maison du Bracelet d’or et datant de la quinzième salutation impériale de Titus survenue début septembre 79, donc nécessairement postérieure au début de septembre 79, vient appuyer cette datation. Enfin en 2018, lors des fouilles de la région V de la ville menées par Massimo Osanna, une inscription est découverte, datant du 16e jour avant les calendes de novembre, soit le 17 octobre, éliminant définitivement la possibilité que l’éruption ait pu avoir lieu en été. La ville longtemps prospère était en déclin économique (le vin pompéien était de plus en plus concurrencé par le vin gaulois, ce qui entraînait la reconversion des terres moins rentables). Cette crise et la ruine durable de Pompéi expliquent en partie qu’elle ne fut pas reconstruite.
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Sources : Wikipédia, YouTube.