Ville de Poitiers (Vienne)

Poitiers est une commune du Centre-Ouest de la France, chef-lieu (préfecture) du département de la Vienne. Capitale de la région culturelle et historique du Poitou et jusqu’en 2016 de l’ancienne région administrative de Poitou-Charentes, elle constitue désormais un pôle d’équilibre au nord de la région Nouvelle-Aquitaine.

Avec plus de 29 000 étudiants, Poitiers est une grande ville universitaire depuis la création de son Université en 1431, deuxième pôle universitaire de la région après sa capitale Bordeaux.

Avec 88 291 habitants en 2017, Poitiers est la commune la plus peuplée de la Vienne. Son agglomération compte 130 853 habitants en 2016 et constitue le pôle d’une aire urbaine de 261 795 habitants. La communauté d’agglomération du Grand Poitiers comptait, quant à elle, 188 733 habitants au 1er janvier 2014 dans sa nouvelle délimitation de 2017.

L’agglomération de Poitiers accueille sur son territoire le technopôle du Futuroscope, qui compte de grandes entreprises publiques et privées, ainsi que des laboratoires de recherche de pointe. Avec 2 millions de visiteurs annuels, le Futuroscope est le premier site touristique de Nouvelle-Aquitaine et le troisième parc de loisirs français quant à la fréquentation après Disneyland Paris et le Puy du Fou.

Cathédrale de Poitiers, carte maximum, 6/12/1975.

Ville d’art et d’histoire, celle qu’on nomme encore « La ville aux cent clochers » ou « La ville aux cent églises » est riche d’un important ensemble monumental comprenant notamment le baptistère Saint-Jean (IVe siècle), l’hypogée des Dunes (VIIe siècle), l’église Notre-Dame-la-Grande (XIIe siècle), l’église Saint-Porchaire (XIIe siècle) ou encore la cathédrale Saint-Pierre (fin du XIIe siècle — début du XIVe siècle). Son centre historique concentre de nombreux édifices remarquables, de splendides maisons à colombages, quelques hôtels particuliers — hôtel Fumé, hôtel Jean Beaucé — ainsi que le palais de justice (XIIe siècle), ancien palais des comtes de Poitou, ducs d’Aquitaine, où la reine de France et d’Angleterre Aliénor d’Aquitaine tenait sa cour.


Poitiers a laissé son nom à trois grandes batailles :

  • la première bataille de Poitiers 507, ou bataille de Vouillé est la moins connue. Elle fut remportée par Clovis Ier sur Alaric II roi des Wisigoths (au lieu appelé Campus Vogladensis) au nord-ouest de Poitiers, et permit la conquête de toute la zone entre Loire et Pyrénées ;
  • la bataille de Poitiers en 732 à Moussais, sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, au nord de Poitiers, avec la victoire des Francs dirigés par Charles Martel sur les troupes Maures et leurs alliés ;
  • la bataille de 1356, qui eut lieu à Nouaillé-Maupertuis au sud de Poitiers, avec la victoire des Anglais commandés par le Prince noir contre les Français du roi Jean le Bon.

La ville existait déjà à l’arrivée de César, sous la forme d’un oppidum celte nommé Lemonum ou Limonum, terme qui serait issu du gaulois lemo- ou limo-, orme (cf. vieil irlandais lem, orme), même racine indo-européenne que le latin ulmus qui a donné orme; Lemonum signifierait « l’ormeraie ». La ville fut réaménagée selon le modèle romain au Ier siècle de notre ère et fut dotée d’un amphithéâtre de grande taille (détruit presque entièrement en 1857), de plusieurs thermes, d’au moins trois aqueducs (vestiges aux Arcs de Parigny), le tout donnant un statut de premier plan à la ville. Il est possible qu’au IIe siècle de notre ère, la ville fut la capitale de la province d’Aquitaine.

Au IVe siècle, une épaisse muraille de six mètres d’épaisseur et dix de hauteur ceint la ville sur 2,5 kilomètres. Celle-ci est réduite au sommet et flanc est du promontoire. Malgré la réduction drastique de la surface de la ville (l’amphithéâtre est laissé hors de l’enceinte, par exemple), la superficie enclose est l’une des plus grandes du Bas-Empire (50 ha), ce qui est probablement dû à la topographie du site.

Saint Hilaire évangélise la ville au IVe siècle. Les fondations du baptistère Saint-Jean datent de cette époque. La cité prend ensuite le nom définitif de Poitiers, en rapport avec le peuple des Pictons.

À l’époque médiévale, Poitiers tire parti de son site défensif, et de sa situation géographique, loin du centre du pouvoir franc. Siège d’un évêché depuis le ive siècle, la ville se développe également autour du monastère Sainte-Croix fondé par Radegonde, reine des Francs.

La ville est la capitale du comté de Poitiers, dont les comtes, longtemps également titrés duc d’Aquitaine dirigent une importante principauté regroupant plusieurs comtés et anciens comtés : Poitiers, Limoges, Angoulême, Périgueux, Saintes, etc. formant le duché d’Aquitaine. De 927 à 1216, Poitiers est la capitale du duché d’Aquitaine. Les ducs d’Aquitaine y construisent leur château et Aliénor d’Aquitaine y réside régulièrement.

Au IXe siècle, le nom de Grand-rue apparait dans les chartes. C’est la plus ancienne trace d’un nom de rue conservée en Europe. Cette rue correspond à la ligne de plus faible pente, et donc la moins fatigante, pour monter du gué (actuel pont) Saint-Joubert au plateau, et elle est un itinéraire remontant à l’Âge du Fer. Grossièrement orienté est-ouest, il sert d’axe decuman au quadrillage orthogonal des rues à l’époque romaine. C’est au viie siècle que l’abbé Mellebaude fait construire l’hypogée des Dunes.

Une première tentative de création de commune a lieu, de façon autonome par les habitants en 1138 (peut-être par la confrérie Saint-Hilaire), qui appellent les bourgs et villes voisins à former une ligue. La commune est rapidement supprimée par le roi de France. Aliénor d’Aquitaine fit construire une nouvelle muraille au XIIe siècle longue de 6 000 mètres, enserrant tout le promontoire. Aliénor d’Aquitaine tenait sa cour à Poitiers. Sa demeure, le palais des ducs d’Aquitaine est devenu en partie le palais de justice de Poitiers à la Révolution Française.

Lors de la révolte des fils d’Henri II, la ville reste fidèle au roi d’Angleterre, ce qui lui permet d’obtenir une charte communale vers 117518,19, sur le modèle des Établissements de Rouen. La charte est confirmée par Aliénor d’Aquitaine en 1199, puis par les rois de France. Aliénor d’Aquitaine fait également des travaux au palais des comtes-ducs et construire un nouveau marché. Elle meurt à Poitiers en avril 1204, et la ville est prise par Philippe Auguste en août de la même année.

La ville accueille de nombreux pèlerins qui viennent vénérer les reliques de sainte Radegonde ou de saint Hilaire, certains poursuivant vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Au XIVe siècle, la ville échoit en apanage au troisième fils de Jean II le Bon, le duc de Berry (commanditaire des Très Riches Heures du duc de Berry). Il embellit le palais médiéval des comtes de Poitiers, en y aménageant notamment le donjon (dit tour Maubergeon). De même il embellit l’ancien château triangulaire, visible dans le manuscrit des Très Riches Heures, au mois de juillet. En 1385 il fait construire un des premiers beffrois, le « gros horloge », aujourd’hui disparu.

En 1360, à la suite du traité de Brétigny, la ville, comme tout le Poitou, passe aux mains des Anglais. Du 22 au 25 septembre 1361, John Chandos, lieutenant du roi Édouard III d’Angleterre et connétable d’Aquitaine, chargé d’appliquer le traité dans les provinces cédées à l’Angleterre, prend possession de la ville et de son château. Le maire Jehan Barré lui en remet les clefs. Jean Chandos les lui rend, puis il reçoit les serments de fidélité au roi d’Angleterre des principales personnalités de la ville. Il met en place une nouvelle administration de la province, sous l’autorité de Guillaume de Felynton, chevalier anglais, comme sénéchal du Poitou.

Le 7 août 1372, grâce à quelques bourgeois infiltrés dans la ville, du Guesclin se fait ouvrir les portes de Poitiers et reprend la ville aux Anglais par surprise. Pour consolider cette conquête militaire, Charles V par son édit de décembre 1372 accorde la noblesse au 1er degré aux maires de Poitiers. Poitiers est alors la première ville du royaume de France où une dignité devient anoblissante. Les maires étaient élus pour deux ans. Dans les premiers maires ayant été élevés à cette dignité, il est à noter que Guillaume Taveau le fut à plusieurs reprises entre 1388 et 1414. En épousant Sibille de Saint-Martin, Il devint baron de Morthemer. Cette famille est l’une des plus anciennes du comté. Cette baronnie a eu un rôle important dans l’histoire du Poitou. Sa descendance a œuvré aux côtés des rois de France jusqu’à la Révolution..

Pendant la guerre de Cent Ans, la ville devient temporairement capitale du royaume de France et accueille le Parlement royal en 1418. C’est également à Poitiers que Jeanne d’Arc est examinée en 1429 avant de recevoir le commandement de l’ost royal.

Profitant de la faveur royale et de la présence de nombreux érudits parisiens exilés, Poitiers obtient la création d’une université en 1431. Elle compte 4 000 étudiants à la fin du XVe siècle. Parmi la douzaine d’Universités ouvertes dans l’équivalent de la France actuelle, elle fut suffisamment renommée pour accueillir et former des esprits brillants tels que René Descartes, François Rabelais, Joachim du Bellay ou Pierre de Ronsard.

Du XVIe siècle à la Révolution française, la ville s’assoupit à la Renaissance. De fait, peu de changements ont lieu dans le tissu urbain, à part le percement de la rue de la Tranchée, et la construction de ponts qui remplacent les anciens gués. Quelques hôtels particuliers datent de cette époque : hôtels Jean-Baucé, Fumé, Berthelot, notamment.

La ville tire sa prospérité essentiellement de ses fonctions administratives : justice royale, évêché, monastères, intendance et le Bureau des finances de la généralité de Poitiers. C’est d’ailleurs de l’intendance que viennent quelques évolutions à la fin du XVIIIe siècle : le comte de Blossac, intendant de 1750 à 1784, fait aménager un jardin à la française (voir espaces verts de Poitiers). Il fait également abattre la muraille d’Aliénor d’Aquitaine et aménager des boulevards sur leur emplacement.

L’Ancien Régime est une période où, malgré les antagonismes de classe très marqués, des solidarités temporaires pouvaient se nouer contre l’ennemi commun, souvent la monarchie en la personne des commis chargés de lever les impôts. Ainsi, en 1676, les bouchers, profession fortement organisée, se révoltent contre les commis des aides. Ils sont soutenus par le maire. La Révolution est précédée à Poitiers de quelques moments de remise en cause du pouvoir royal : arrachage des affiches publiant les édits royaux à la fin du règne de Louis XV avec une émeute rassemblant 1 200 personnes en juillet 1768.

Au XIXe siècle, de nombreuses casernes sont construites, faisant de Poitiers une ville de garnison. La gare est construite dans les années 1850, en 1899, la ville est desservie par un réseau de tramway comprenant trois lignes dont la jonction se fait place d’Armes.

En 1901, un fait divers devient une affaire nationale et inspire à André Gide le roman La Séquestrée de Poitiers.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Poitiers a accueilli le gouvernement belge en exil du 23 mai au 18 juin 1940. Un camp d’internement situé sur la route de Limoges, initialement établi pour accueillir des réfugiés espagnols, devient une étape sur la route des camps de la mort pour près de 2 000 Juifs et de plus d’une centaine de Tziganes. Le 13 juin 1944, l’aviation américaine bombarde l’axe vallée du Clain / quartier de la gare / vallée de la Boivre. 480 maisons ou immeubles sont rasés, plus de 2 000 sont largement endommagés. Le nombre de morts est inconnu de manière précise, entre plusieurs dizaines et une centaine.

La ville de Poitiers s’étend considérablement depuis les années 1960, avec la création de la ZUP des Couronneries et du quartier des Trois-Cités, et la création de grands axes routiers en rocade (avenue John-F.-Kennedy puis avenue du 11-Novembre) et en pénétration (voie André-Malraux), au-delà desquelles se développent dans les années 1970 d’autres quartiers (la Gibauderie, Beaulieu…), puis un nouveau contournement nord-est de la ville (RN147) à la fin des années 1980. L’urbanisation de la ville se poursuit encore vers l’est avec la ZAC de Saint-Éloi pendant les années 1990 et 2000.

L’activité de la ville bénéficie de la décentralisation industrielle depuis les années 1970, avec notamment l’implantation d’une usine Michelin (fermée en 2006), compagnie des compteurs Schlumberger (compteurs industriels et résidentiels).

Le projet du Futuroscope (bâti sur les communes proches de Jaunay-Marigny et de Chasseneuil-du-Poitou), construit en 1986-1987 sur une idée de René Monory, a permis le développement du secteur touristique de l’agglomération et a ouvert la cité à l’ère technologique et touristique. Aujourd’hui, Poitiers se visite en complément du parc, et bénéficie d’une clientèle de plus en plus européenne, notamment anglaise avec l’ouverture d’une ligne aérienne directe entre l’aéroport de Poitiers-Biard et Londres Stansted.

En écho aux mouvements sociaux de début de 2009, Poitiers voit des manifestations rassembler 20 000 personnes le 29 janvier, et 30 000 le 19 mars. Le 10 octobre de la même année, a lieu une manifestation anticarcérale lors de laquelle quelques vitrines et du mobilier urbain ont été détruits par des individus que la police et les médias ont désignés comme appartenant à l’ultragauche.

En mai 2019 le tribunal déménage, il quitte ainsi l’ancien Palais des Ducs d’Aquitaine et s’installe dans ce qui était auparavant le lycée des Feuillants situé Boulevard de Tassigny. La ville deviendra alors officiellement propriétaire du Palais des Ducs d’Aquitaine le 1er janvier 2020. Une 3e aire s’ouvre ainsi pour le Palais, il fut résidence des duc d’Aquitaine et comtes de Poitou, puis Palais de Justice et maintenant centre dédié principalement à la culture. Il se veut désormais comme la porte d’entrée sur la ville. Toutefois de nombreuses années de travaux seront nécessaires afin de définitivement le rendre au public.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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