Ville de Paestum (Italie).

Poséidonia était une colonie grecque fondée en 600 av. J.-C. sur la côte tyrrhénienne, au sud de Salerne. Après la soumission de l’Italie du sud par Rome, marquée par la prise de Tarente, la cité devient une colonie romaine, déduite et rebaptisée à l’occasion Paestum en 273-272 av. J.-C., nom le plus couramment utilisé pour désigner le site de nos jours. Elle se trouve sur le territoire de la commune actuelle de Capaccio-Paestum, en Campanie.

C’est aujourd’hui un important parc archéologique, doté d’un vaste musée exposant les nombreuses découvertes réalisées sur le site lors des fouilles menées depuis la fin du XVIIIe siècle. Le parc archéologique est un des plus vastes d’Italie du sud, permettant d’admirer divers vestiges monumentaux datant des diverses phases d’occupation du site : trois temples grecs  doriques (époques archaïque et classique), divers édifices communautaires (ecclesiasterion, amphithéâtre, forum), ainsi que des éléments d’habitats formant une trame urbaine orthogonale datant pour l’essentiel de l’époque hellénistique et romaine. Le site est inscrit depuis 1998 sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité établie par l’Unesco. Il fait partie du Parc national du Cilento et du Val de Diano.


La zone de Paestum est fréquentée dès la Préhistoire. Près du temple  d’Athéna, un site néolithique rapportable à la culture de Serra d’Alto et une nécropole chalcolithique de la culture de Laterza ont été mis au jour et fouillés à la fin des années 1950 et 19601. La nécropole éponyme de la culture de Gaudo a été découverte durant la Seconde Guerre mondiale à moins de deux kilomètres du site antique. Ce site reste à ce jour le plus important cimetière de cette culture à la fois par le nombre de tombes exhumées et l’abondance du mobilier qu’elles contenaient.

La date de création de la cité antique n’est pas connue avec exactitude. L’historiographie s’accorde à dire que la cité grecque fut édifiée à la fin du VIIe siècle av. J.-C. par des Grecs de Sybaris (dans l’actuelle Calabre), probablement vers 600 av. J.-C. Strabon, historien grec du Ier siècle av. J.-C., évoque en son temps un village-forteresse au bord de la mer, qu’il appelle « Poseidonia ». Aux VIe siècle av. J.-C. et Ve siècle av. J.-C., la cité est au sommet de sa splendeur, nouant des relations étroites avec les divers peuples voisins (Campaniens, Étrusques) et s’intégrant dans un vaste réseau d’échange économique.

Vers la fin du Ve siècle av. J.-C. (probablement vers 420-410), Poseidonia devient lucanienne : les conditions de ce changement ne sont pas connues, peut-être une révolte des Lucaniens travaillant dans la cité, ou plus  vraisemblablement, une forte expédition militaire venue de l’intérieur des terres par un contingent fortement armé, face à une cité non-fortifiée, et ne pouvant pas faire face militairement à l’aristocratie militaire indigène. La cité est selon toute vraisemblance rebaptisée « Paiston » ou « Phaiston ». C’est de cette période lucanienne, précédant la conquête romaine, que date l’apparition de la production de céramique paestane à figures rouges,  subdivision stylistique et typologique de la céramique italiote à figures rouges (avec la céramique lucanienne à figures rouges, la céramique apulienne, campanienne et sicilienne).

Les années 420 – 270 avant notre ère marquent pour la cité une période de renouveau sous l’égide des nouveaux maîtres de la cité, comme en  témoignent les nombreuses nécropoles de la cité, ayant livré parmi les plus notables exemples de peinture funéraire étrusco-campanienne. L’élite lucanienne résidant à Paestum se fait en effet fréquemment inhumer dans de vastes tombes à chambre, caissonnées par de larges dalles peintes de fresques représentant diverses scènes de combat, de retour du guerrier, de jeux funéraires, de batailles, notamment dans les nécropoles d’Andriuolo, de Gaudo, ou encore de Santa Venera. Cette réoccupation des espaces funéraires délaissés par les Grecs de la ville, ainsi que la profonde évolution des rituels funéraires – ostentatoires, impliquant de nombreux objets de prestige dont des armures de bronze complètes – suggèrent aux archéologues l’existence d’une forme d’aristocratie équestre dominant la cité. Au cours de la période, la cité entre dans le complexe jeu diplomatique et militaire qui agite l’Italie centrale et méridionale : objet de traités avec Rome ou Tarente, objet des prédations par les Samnites, ou d’Alexandre le Molosse, Poseidonia-Paestum occupe probablement une place centrale dans la région, au même titre que Capoue, ou Naples.

En 273 av. J.-C., les Romains conquièrent la cité et y déduisent une colonie de droit romain. La cité reçoit alors le nom de « Paestum ». Pendant la deuxième Guerre punique et l’intrusion en Italie d’Hannibal, la cité reste fidèle à Rome. Comme de nombreuses cités romaines, elle profite alors de privilèges certains, comme de garder son propre monnayage. La fin de l’époque républicaine est marquée par la romanisation progressive de l’Italie du sud, entrecoupée par des épisodes violents tels que la guerre sociale. Paestum est alors une cité romanisée, intégrée juridiquement à l’espace de l’Italie (différent des provinces). Elle se pare alors de nouveaux édifices, notamment un amphithéâtre, un forum, un rempart monumental en grand appareil, doté de portes à cour, particulièrement bien  documentées par les fouilles.

Comme beaucoup de cités littorales durant l’Antiquité Tardive, la ville commence à entrer dans une période de déclin, entre le ive siècle et le viie siècle, probablement à cause de changements dans l’hydrologie côtière, et du manque de drainage, qui conduisirent à la transformation du port en marécage, contemporaine de l’arrivée de la malaria en Europe. Ce phénomène s’observe sur un grand nombre de cités grecques et romaines de la côte tyrrhénienne de l’Italie (Vélia, Laos, etc.).

Au IXe siècle, la ville subit des destructions causées par les pirates et esclavagistes barbaresques, Sarrasins, et les survivants de ces raids  fondèrent plus loin dans les terres le bourg fortifié de Postiglione. Au IXe siècle, une partie des habitants sont revenus, mais à la suite de l’arrivée des Normands, le site est de nouveau abandonné, et les habitants fondent un peu plus loin Capaccio.

Au cours du XVIIIe siècle, la mode du « Grand Tour » enflamme les jeunesses européennes issues de familles aisées : il est alors de bon ton de parcourir l’Europe et tout particulièrement l’Italie à la recherche des plus belles œuvres d’art. Rome, la Sicile, la Campanie et en particulier Naples (grâce aux premières fouilles de Pompéi et Herculanum) sont les lieux les plus fréquentés. Plutôt que d’effectuer un voyage en Grèce (alors sous domination turque) pour aller admirer l’architecture hellène, il est plus aisé d’aller à Paestum explorer les trois temples doriques, préservés depuis des siècles.

Le site compte d’importants monuments architecturaux d’époques grecque et romaine, parmi lesquels trois grands temples grecs – deux d’ordre dorique et un d’ordre dorique et ionique – ainsi qu’un bouleutérion et des édifices publics d’époque romaine, dont un petit amphithéâtre romain, un comitium et un hérôon, petit temple funéraire dédié aux héros fondateurs de la ville. Les remparts de la ville, longs de 4,75 km, sont bien conservés et présentent des phases lucanienne et romaine. Les quatre grandes portes sont romaines.

Source : Wikipédia.

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