Ville de Minerve (Hérault).

Minerve,  est une commune française située dans le département de l’Hérault en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Minervois.

Capitale historique du pays minervois, cette petite commune accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs. Trouvant dans le tourisme et la production de vins de qualité les deux piliers de son activité, Minerve a été inscrite à la liste des Plus beaux villages de France. L’extraordinaire environnement naturel (gorges de la Cesse et du Brian, pont naturel, causse) de la commune lui vaut l’essentiel de son attrait touristique, partagé avec sa tragique histoire : le premier bûcher de la Croisade des Albigeois.

Minerve est à 10 km d’Olonzac, 28 km de Saint-Pons-de-Thomières, 32 km de Narbonne et 46 km de Béziers.


La grotte d’Aldène a également connu une forte fréquentation à l’âge du bronze final et au premier âge du fer.

Il est donc possible de lui associer les nombreux vestiges de dolmens situés sur les causses, tout autour de l’éperon de Minerve. « Situés sur la rive gauche de la Cesse, ils forment quatre groupes qui sont d’ouest en est: le groupe du Bois-Bas, du Bouïs, des Lacs et de Mayranne » qui dateraient des IIème et Ier millénaires av. J.-C.

Sur les causses entourant le village se trouvent deux oppida : l’oppidum de la Gasque d’une superficie d’environ 7 ha, sur lequel on peut voir des restes de murs de fortification et des fonds de cabanes, et l’oppidum du Cap barré de Minerve-la-Vieille, situé en face de la grotte d’Aldène, qui a été réutilisé à l’époque gallo-romaine.

En 2007-2008, dans le cadre de la restauration des remparts, une fouille préventive a confirmé que le site de Minerve proprement dit avait été occupé dès la Protohistoire, dans la dernière période de l’âge du bronze (-850/-725), faisant reculer l’histoire de la cité d’environ 1 600 ans. Par la suite, après une brève occupation aux IIe et Ier siècles av. J.-C. , le site est réoccupé aux Ve et VIe siècles à l’époque des Wisigoths et sans discontinuité jusqu’à maintenant.

Le pagus minerbensis apparaît dans les textes à l’époque carolingienne. Dans une charte de 836, on distingue le « territorium Narbonense » et le « suburbium Minerbense ». Il y a donc déjà un chef-lieu de viguerie carolingiene dès cette époque. C’est probablement la qualité du site pour sa défense qui l’a fait choisir. Il est possible que ce choix se soit imposé au moment des razzias musulmanes après 719 pour abriter les populations.

Nous connaissons « les noms de certains féodaux carolingiens et des vicomtes qui leur succèderont ». La première mention écrite du castrum de Minerve, castrum menerba, se trouve à l’occasion d’une assemblée de justice tenue en 873 « devant le lieu fortifié de Minerve et à l’autel de Saint-Nazaire dont l’église était située dans les environs du village sous la présidence de Bérald, vicomte de Minerve et en présence de Salomon, délégué du roi… ».

Le château de Minerve fait partie des biens des vicomtes de Béziers comme le montre le testament daté de 1002 de Roger Ier, comte de Carcassonne, qui indique qu’il a reçu en 969 de Rainard, vicomte de Béziers, une part du « castellum » de Minerve. Roger Ier cède sa part dans le castellum de Minerve à son fils Raimond, mort prématurément. On peut supposer qu’une autre partie dépendant des vicomtes de Béziers mais le vicomte Guilhem de Béziers, fils de Rainard, ne cite pas Minerve dans son testament, en 990. On voit apparaître dans les donations de Minerve, Ermangaud, archevêque de Narbonne, fils de Matfred, vicomte de Narbonne. Cette donation d’Ermangaud, archevêque de Narbonne, à son neveu Guilhem, est peut-être due au fait que le Minervois faisait partie de la civitas de Narbonne. Guilhem est probablement le petit-fils de Roger Ier. Après cette donation, Minerve va se trouver progressivement attirée dans la mouvance des comtes de Carcassonne.

Minerve, carte maximum, 17/07/1993.

Raimond-Bernard Trencavel, vicomte d’Albi et de Nîmes, épouse Ermengarde († 1099), vicomtesse de Carcassonne, de Béziers et d’Agde, fille de Pierre Raymond, comte de Carcassonne et de Raingarde. Il réussit à réunir tous ces domaines vers 1066. Cependant, en 1068, il rend hommage pour Carcassonne et le Razès à Raimond-Béranger, comte de Barcelonne qui lui rend en fief. La vicomté de Minerve va être prise dans les luttes pour l’hégémonie entre les grandes familles féodales du Midi.

Au même moment, avec son abbé Frotard, l’abbaye Saint-Pons se constitue une vaste seigneurie au-dessus de la vicomté de Minerve.

En 1209, des milliers de chevaliers du nord de la France et de toute l’Europe franchissent le Rhône pour rappeler les seigneurs occitans au respect de la foi de Rome et éradiquer le Catharisme. L’armée croisée s’attaque d’abord à la tête de la région, le puissant vicomte Raimond-Roger Trencavel, qui domine une grande part du comté de Toulouse : les vicomtés d’Albi, de Béziers et Carcassonne. Les croisés mettent Béziers à sac puis Carcassonne tombe. Raimond-Roger Trencavel est enfermé dans ses propres prisons. Simon de Montfort, à la tête de l’armée croisée, sait que pour être maître du pays, il doit faire tomber les châteaux vassaux, qui parsèment l’intérieur hostile de la région (Corbières et Minervois). Commence alors la « guerre de châteaux ».

Minerve est alors un castrum, un village fortifié associé à un château. Le castrum et le pagus minerbensis (pays minervois) relèvent du seigneur de Minerve, le vicomte Guilhem. Entouré des profondes vallées de la Cesse et du Brian, perché sur son rocher, le castrum de Minerve semble imprenable. Au milieu du mois de juin 1210 les Croisés, avec l’appui des Narbonnais, installent leur siège devant Minerve. Les barons du nord vont exploiter la technique militaire la plus avancée de l’époque, les machines de siège. Quatre trébuchets (mangonneaux et catapultes), construits sur place, entourent et pilonnent les murs de Minerve.

On est au début de l’été sur les causses arides du Minervois. Les deux rivières sont, comme chaque année en cette saison, complètement à sec. Le talon d’Achille de Minerve est l’accès à l’eau. Son unique puits est situé au pied de la cité à laquelle il est relié par une rampe fortifiée ; il est probablement à l’emplacement de celui qui est encore visible aujourd’hui (puits Saint-Rustique). Simon de Montfort réussit à détruire rapidement l’accès au puits grâce à la Malvoisine (la mauvaise voisine), une catapulte située au-dessus du puits qui permettait de lancer, non seulement des boulets de pierre, mais aussi, sans doute, des animaux morts qui au bout de plusieurs jours provoquaient des maladies en pourrissant. Nous sommes autour du 20 juillet, et Minerve qui résiste depuis cinq semaines, à bout de vivres19, n’a plus alors qu’à capituler. Guilhem de Minerve sort négocier pour sauver sa population et sa cité. Finalement il est conduit à céder et à se rendre sans condition. Néanmoins Simon de Montfort promit de laisser la vie sauve à la population et même aux parfaits cathares (s’appelant bonshommes on Bons-Chrétiens), qui s’étaient réfugiés dans la cité avec la prise du bas-pays, s’ils abjuraient leur foi. Malgré de fortes pressions, pendant que l’on préparait à leur intention un bûcher, tous sauf trois femmes sauvées de justesse par Mathilde de Garlande, refusent de se renier. Ainsi, ce sont environ 140 parfaits qui périssent sur ce bûcher. Selon Pierre des Vaux de Cernay, « on les y jette tous, à vrai dire les nôtres n’eurent pas besoin de les y jeter, tous obstinés qu’ils étaient dans le mal, se précipitèrent dans le feu ». Les autres cathares qui ne sont pas « parfaits », terrorisés, abjurent et ont la vie sauve. Guilhem reçoit alors de Simon de Montfort des terres du côté de Béziers ; Simon, lui, laisse sur place une petite garnison et repart poursuivre son œuvre dans les Corbières. On sait que par la suite, Guilhem puis son fils vont reprendre la lutte aux côtés contre les croisés.

Il est assez facile d’imaginer l’état dans lequel devait se trouver le château et les remparts après cinq semaines de siège agrémentées de bombardements. Toujours est-il qu’il ne reste presque rien de ce Minerve de 1210, sinon quelques éléments de maçonnerie des soubassements des remparts et du château. Les éléments actuellement les plus visibles datent, dans le cadre d’un mouvement de reconstruction des forteresses occitanes, de la fin du XIIIe siècle. En 1271, Philippe le Hardi réunit définitivement le Languedoc à la couronne de France et Minerve devient alors une châtellenie avec un gouverneur.

En 1355, le fils du roi d’Angleterre, le Prince Noir, débarque à Bordeaux. À la tête d’une troupe considérable, il sème la terreur jusque dans le Minervois. En 1363, des bandes armées venant d’Espagne qui ravagent la région et s’emparent du château de Peyriac ; en 1364, elles s’emparent de celui de Minerve avant d’être délogées assez rapidement de ces deux places-fortes par des milices venues de Toulouse, de Carcassonne et de Beaucaire.

La pacification progressive des pays occitans (terres du comté de Toulouse et des Trencavel) sonne le glas des castri fortifiés. La frontière du royaume de France se fixe de plus en plus au sud (jusqu’à atteindre les Pyrénées sous Louis XIV). À l’intérieur des frontières, l’ordre féodal se délite pour laisser place à la paix capétienne. Les anciens châteaux n’ont plus lieu d’être. L’exigence défensive devient mineure pour les populations qui partent s’installer plus près des routes de commerce, au cœur des terres riches de la plaine, où l’eau abonde. Minerve n’est plus qu’un petit village difficile d’accès au cœur de terres pauvres et sans eau.

De 1562 à 1598, huit guerres de religion se succèdent et le Minervois est dévasté. Ce sont alors les barons de Rieux, proches des Montmorency, qui sont les gouverneurs de Minerve, place-forte royale. Dans le contexte des alliances qui se font et se défont, un certain capitaine Bacou, originaire de Pierrerue près de Saint-Chinian, combat dans le camp protestant, et surtout pour son propre compte, contre le baron de Rieux. En février 1582, il prend par surprise le château de Minerve. Sur l’ordre du duc de Montmorency, au mois de juillet, qui est on l’a déjà constaté la bonne époque, le siège est mis devant Minerve et Bacou est contraint de se retirer. Amnistié, il rejoint alors les partisans de Montmorency. À la suite de ces événements, en 1588, des travaux sont effectués au château de Minerve: construction du pont-levis et réparation de la porte d’entrée du pont entre le château et la cité. C’est alors, qu’« une plainte du syndic du diocèse de Saint-Pons œuvre au même moment pour la démolition du château et aura raison de lui quelques années plus tard. ». Le château est démantelé en 1636.

Minerve, épreuve de luxe.

En 1765, on construit le « grand chemin » de La Caunette à Azillanet qui passe par Le Pech sur les hauts de Minerve. Pour arriver à Minerve en venant d’Azillanet, il faut suivre le sentier qui passe par la ferme des Aliberts et les Verreries, et en venant de La Caunette, il faut suivre le cours de la Cesse. On ne peut arriver jusqu’à l’entrée du village avec des charrettes que par le chemin qui remonte du cimetière en passant sous les restes du château et pas plus loin que l’entrée principale, la porte Saint-Nazaire, avant que cette dernière ne soit démolie en 1885.

En 1889, les travaux de construction de la mairie-école sont terminés ; l’école compte une trentaine d’élèves de 5 à 13 ans, et il y a dans le village un curé, un instituteur, un buraliste, deux cafés, un cordonnier, un maréchal-ferrant et deux épiciers. Entre 1894 et 1900, on construit le chemin de « Grande Communication » qui relie Minerve et Azillanet ; en 1896, il y a le télégraphe dans le village ; en 1901, les travaux de la route de corniche vers La Caunette sont achevés. Le désenclavement du village est terminé en août 1912 lorsque, au bout de trois ans de travaux, on peut enfin pénétrer dans Minerve par la voie charretière de 2,50 m de large d’un imposant pont-viaduc de 115 m qui franchit la Cesse, qu’il surplombe de 40 m, sur plus de 60 m. L’électrification du village est faite en 1931-32 et donne lieu à une mémorable « Fête de la Lumière » ; les habitations isolées sont reliés au réseau en 1939. Cette même année un circuit d’autobus est établi, qui relie Olonzac à Saint-Pons en passant par Minerve.

Au printemps 1907, la révolte des vignerons du Midi, inspirée par le charisme de Marcelin Albert et dont l’épicentre se situe à quelques kilomètres de là, à Argeliers, atteint Minerve quand au bout de quelques semaines le phénomène prend une ampleur insoupçonnable. La délégation du village défile alors derrière une pancarte sur laquelle on peut lire : Avèm de vin, mas cal de pan per far saussola. À Narbonne, les 19 et 20 juin, 6 manifestants sont tués ; parmi les nombreux blessés, un Minervois, Édouard Picou. Ce dernier est élu maire de Minerve l’année suivante, mais décède des suites de ses blessures en 1910. Pendant la Première Guerre mondiale, ce sont 7 hommes jeunes de la commune, pour une population de 235 habitants (soit une proportion nettement inférieure à la moyenne nationale) qui sont tués sur le front.

Si une première chute de la démographie se manifeste sous le Second Empire, suivi d’une stabilisation jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-partir de la Libération que le village se vide irrémédiablement ; en 1984, l’école du village est définitivement fermée. Restent encore quelques viticulteurs mais peu à peu l’activité du village devient surtout captive du tourisme (caveaux, restaurants, bars, boutiques d’artisanat, de peintures et de sculptures, de livres d’occasion, de vêtements et de chocolats…). Un immense parking, construit en 2007 sur le causse qui domine le village, s’efforce d’absorber pendant la période estivale 200 à 300 000 visiteurs.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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