Lourdes est une commune française située dans le département des Hautes-Pyrénées, en région Occitanie.
Centre de pèlerinage catholique depuis les apparitions de Lourdes en 1858, elle accueille chaque année 6 millions de pèlerins ou visiteurs venus du monde entier selon le secrétariat général du sanctuaire1, dont environ 60 .000 malades et invalides. C’est le quatrième lieu de pèlerinage catholique en fréquentation après le Vatican, la basilique Notre-Dame de Guadalupe de Mexico et la basilique Notre-Dame d’Aparecida au Brésil.
Avec un parc hôtelier de plus de 12 000 chambres et près de 22 200 lits pour 144 hôtels (pour un total de 14 361 habitants en 2020), Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France, après Paris, mais troisième en nombre d’hôtels après Nice.
L’histoire ancienne de Lourdes reste peu connue en raison du faible nombre de fouilles entreprises sur le site de la ville jusqu’à récemment. En effet, les travaux d’urbanisme déclenchés par le pèlerinage n’ont pas toujours été précédés de fouilles préventives, ce qui a probablement causé la destruction de nombreux vestiges.
L’oppidum du château est vraisemblablement occupé dès le Ier siècle av. J.-C. Des pans de murailles romaines ont d’ailleurs été découverts lors des travaux effectués par le génie militaire au château au XIXe siècle. À cette occasion, plusieurs fragments lapidaires (morceaux de statue, fragments d’autel) ont été mis au jour. De même, à l’est de l’oppidum, la place Peyramale a livré des vestiges antiques à deux occasions.
Entre 1904 et 1907, lors de la démolition de l’ancienne église paroissiale Saint-Pierre, des substructions appartenant à un temple dédié aux Tutelles (divinités des eaux) ont été découvertes, accompagnées de fragments de céramiques et de trois autels votifs remployés dans les fondations de l’ancienne abside. Cet édifice avait été ensuite remplacé par une église paléochrétienne (au Ve siècle) détruite par un incendie, comme l’atteste la calcination des pièces découvertes. Une nécropole, dont l’étendue n’a pas pu être mesurée, entourait le lieu de culte. Des traces de celle-ci ont été dégagées au pied du château, ce qui fait penser qu’elle s’étendait jusqu’au pied de l’oppidum34. Les sarcophages, dont la datation et la chronologie sont délicates à établir, ont pour partie été entreposés à l’entrée du château.
En 1990, l’aménagement du parking de la place a, de nouveau, nécessité des fouilles préventives. Une voie urbaine datée du Ier siècle av. J.-C. ou du début du Ier siècle (as de Nîmes découvert sur place) et orientée nord-sud a été dégagée. Des traces d’ornières croisant cette trajectoire ont été mises au jour, laissant penser à la présence d’une autre voie, perpendiculaire (est-ouest), ce qui a amené les spécialistes à se demander si Lourdes ne s’était pas développée au croisement de deux itinéraires antiques. Certains attribuent d’ailleurs Lourdes à l’Oppidum Novum mentionné dans l’Itinéraire d’Antonin, mais les preuves archéologiques manquent. De plus, les données toponymiques accusant la présence de deux axes respectivement est-ouest et nord-sud, de même que la découverte de ce temple des Tutelles, montrent bien que Lourdes s’est développée autour d’un carrefour routier.
Lourdes manque considérablement de documents écrits au regard du Haut Moyen Âge. L’occupation par les Arabes au VIIIe siècle est parfois mentionnée, mais sans sources. L’histoire célèbre liée à Charlemagne apparut en fait en 1118, dans une chronique du moine irlandais, Marfin20, alors que ni Vita Karoli Magni ni Gesta Karoli Magni, les deux principaux documents sûrs au IXe siècle, ne mentionnait le siège de Lourdes20. La légende de laquelle il existe plusieurs variantes explique cependant l’origine de nom de commune ainsi que celle du blason.
Au Moyen Âge, Lourdes et son château sont le siège du comte de Bigorre. Avec la croisade des Albigeois, le château, considéré comme un des verrous de la province, est disputé entre différentes factions. Il passe sous la domination des comtes de Champagne, également rois de Navarre, puis entre les mains des rois de France sous Philippe le Bel, pour être ensuite livré aux Anglais en 1360 pendant la guerre de Cent Ans, et ce jusqu’au début du XVe siècle. Ils surent d’ailleurs profiter de la situation stratégique de la ville et de son marché.
En effet, située au carrefour de deux axes de communication majeurs (vers l’Espagne au sud, vers Toulouse à l’est et l’Atlantique à l’ouest), la ville abrite un marché d’assez grande importance protégé par le comte (première mention au début du XIe siècle portant sur les revenus du sel). Ce marché fait encore référence au XIVe siècle, et reste donc une source de revenus importante pour celui qui se rend maître du château.
Pendant la guerre de Cent Ans, Pierre Arnaud de Béarn tient le château de Lourdes, ainsi que toute la Bigorre et le Lavedan, pour le roi d’Angleterre. Après 1374 son frère en devient le capitaine, mais son territoire est réduit à la zone montagneuse. Jean tiendra le château de Lourdes jusqu’en octobre 1407, où, après un dur siège du parti du roi de France et en l’absence de secours anglais, il vendra cher sa reddition et disparaîtra. Jean de Béarn fut un chef routier de grande réputation ; à partir de Lourdes il écumait le Sud-Ouest.
La ville médiévale se dresse à l’est du château et est ceinte de murailles (dont il ne reste que la Tour de Garnavie). Elle compte environ 150 feux vers le XIIIe siècle, et 243 au début du XVe siècle.
La ville va traverser les crises des XVIe siècle et XVIIe siècle. L’église paroissiale est détruite lors des guerres de religion, comme l’abbaye de Saint-Pé-de-Bigorre toute proche. Cependant, Lourdes sait tirer profit de sa situation. Elle est, entre autres, une étape sur la « route des bains » de Barèges, dont les sources servent à soigner les soldats blessés et malades. Le château reste un important lieu stratégique, « verrou du Lavedan ». La population est en augmentation au XVIIIe siècle, malgré les famines et épidémies. 2 315 habitants en 1696, 1 189 habitants en plus entre 1730 et 1772. Mais les crises ramènent la population à 2 300 environ à l’aube de la Révolution.
Vers 1755, la population est composée d’environ 40 % d’agriculteurs, de 40 % d’artisans (secteur dominé par le textile) et 8,5 % de carriers (ardoise et tailleurs de pierres) et d’ouvriers du bâtiment, plus environ 13 % de services (marchands, santé, etc.). Dans les années qui suivent, l’agriculture va perdre de l’importance face aux « fonctions urbaines », qui bénéficient surtout à l’artisanat dont l’effectif augmente. La paix signée avec l’Espagne entraîne la perte de l’intérêt stratégique du château, qui devient une prison. En 1788, il est d’ailleurs question de supprimer la garnison du château, formée par des invalides, et qui sera défendue par une supplique envoyée à Louis XVI.
Durant la Révolution, la ville est tenue de fournir du matériel et des vivres à l’armée révolutionnaire du fait de sa position stratégique. Elle compte alors 2 741 habitants. Avec la création du département des Hautes-Pyrénées en 1790, Lourdes demande à être le siège du chef-lieu du nouveau district du Gave, l’un des cinq que compte le département. Cependant, Argelès-Gazost lui est préférée de par sa position stratégique à l’intérieur du Lavedan. Le reste des fonctions (dont le tribunal) sont installées à Lourdes. La ville fournit ensuite de nombreux volontaires aux armées lors des guerres révolutionnaires. Le danger est important en 1793 lors de la guerre avec l’Espagne et la menace d’invasion par le Lavedan, non avérée. La paix est signée en 1795 et entraîne la démilitarisation du château, qui abrite de nouveau une garnison d’invalides à partir de 1797.
Durant la première moitié du XIXe siècle, la ville est un bourg agricole où se pratique l’élevage des porcs. Des carrières de pierre y sont exploitées. La population est évaluée à 4 000 habitants en 1843.
En 1858, Bernadette Soubirous dit qu’une Dame Blanche (qui bientôt se définira à elle par les mots « Que soy era Immaculada Councepciou » – « Je suis l’Immaculée Conception », ce que l’on considère comme une désignation de la Vierge Marie identifiée à sa propre conception) lui est apparue à plusieurs reprises dans la petite grotte de Massabielle, en bordure du gave de Pau à l’ouest de la ville. Une ferveur de plus en plus grande s’empare des habitants des environs qui viennent se recueillir devant la grotte qui, peu à peu, prend l’allure d’une chapelle, mais seule Bernadette dit « voir » la Vierge. Devant l’afflux massif de fidèles et de curieux, le maire, Anselme Lacadé, interdit temporairement l’accès à la grotte en la fermant par une barrière en bois, retirée début octobre 1858 sous la pression populaire et l’intervention de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III et fervente catholique. En 1862, les apparitions sont reconnues officiellement par Mgr Laurence, évêque de Tarbes. Si le Bureau des constatations dans les sanctuaires est chargé d’accueillir les dossiers et que, depuis 1858, plus de 7 000 guérisons y aient été accumulées, 69 furent formellement déclarées miraculeuses par l’Église. Le 69e miracle est reconnu en 2013 par l’évêque de Pavie, après cinq réunions du bureau des constatations médicales de Lourdes de 1989 à 2010 ayant comporté un vote unanime, et suivies de l’aval du comité médical international de Lourdes en 2011. Le 70e miracle est reconnu le 11 février 2018 : la guérison de Sœur Bernadette Moriau, en 2008, est « inexpliquée, dans l’état actuel des connaissances scientifiques », selon le Comité médical international de Lourdes. Atteinte d’une grave invalidité et alors âgée de 69 ans, Sœur Bernadette Moriau avait recouvré, en 2008, toutes ses facultés physiques après un pèlerinage à Lourdes (Hautes-Pyrénées).
Les travaux du sanctuaire débutent la même année. Une première chapelle est remplacée par la Basilique de l’Immaculée-Conception en contrebas de laquelle sera ensuite construite la Basilique Notre-Dame-du-Rosaire afin d’accueillir les pélerins de plus en plus nombreux64. Elles sont toutes deux situées au-dessus de la grotte. Une partie de la ville est déclarée « cité mariale » par l’Église, entre le gave, les sanctuaires et le château65. La municipalité de Lourdes, sous la pression des autorités religieuses et malgré l’opposition locale, élargit les rues de la ville médiévale et trace le boulevard de la Grotte (1879-1881) menant au sanctuaire en contournant le château par le nord. Les terrains sont alors lotis, avec construction de boutiques et d’hôtels pour accueillir les pèlerins66. Le tramway de Lourdes est mis en service en 1899 et facilite l’accès de la gare de Lourdes à la Grotte ou au Funiculaire du Pic du Jer. À la fin du XIXe siècle, Lourdes se dote d’une nouvelle église paroissiale, l’église du Sacré-Cœur. L’ancienne, dédiée à saint Pierre, est rasée en 1904. Son mobilier est transféré au château67. Enfin dans les années 1950 est construite l’immense basilique souterraine dédiée au pape saint Pie X. Actuellement, Lourdes est l’un des plus grands pèlerinages catholiques du monde au même titre que Fátima, Rome, Częstochowa et Guadalupe. Le pape Jean-Paul II est venu deux fois en pèlerinage à Lourdes (en 1983 et 2004). Du 8 décembre 2007 au 8 décembre 2008, plus de 9 millions de pèlerins se sont rendus à Lourdes pour célébrer le jubilé du « 150e anniversaire des Apparitions ». À cette occasion, le pape Benoît XVI s’est rendu dans le sanctuaire en septembre 2008.
Après la révolution française de 1789, le comté de Bigorre est incorporé dans le nouveau département des Hautes-Pyrénées, Lourdes devient donc chef-lieu de canton en 1790 mais pas sous-préfecture, fonction qui échoira à la commune d’Argelès-Gazost située plus en profondeur dans la vallée. Ce canton est ensuite divisé en 1973 pour former les deux cantons de Lourdes-Est et de Lourdes-Ouest.
La ville est le siège de la communauté de communes du Pays de Lourdes. Elle est le pôle de l’aire urbaine et du pays de même nom. En octobre 2007, la fermeture du tribunal de Lourdes est annoncée par la garde des sceaux.
Le site est victime de graves inondations en octobre 2012, puis à nouveau en juin 201369.