Ville de Lecce (Italie).

Lecce est une ville italienne d’environ 94 970 habitants (2022), capitale de la province du même nom dans les Pouilles, dans le sud de l’Italie.

Ville importante du sud-est des Pouilles, située au centre du Salento (la péninsule qui forme le « talon » de la « botte » italienne), Lecce a été, pendant des siècles, un centre culturel, religieux et commercial prospère et l’une des villes les plus peuplées du royaume de Naples. Aujourd’hui, elle reste active dans les secteurs de l’industrie agricole, des services et de la céramique. Elle est le siège d’un archevêché et de l’université du Salento et constitue un haut-lieu touristique et artistique.

Réputée pour son patrimoine artistique particulièrement bien conservé, la ville est considérée comme l’une des capitales de l’architecture baroque, du fait de l’originalité et la richesse du style architectural qui y a été développé à partir de la fin du XVIe siècle, et qui fut rendu possible par la malléabilité exceptionnelle de la pierre calcaire locale, appelée « pierre de Lecce ». À cet égard, on parle même d’un barocco leccese, un « baroque de Lecce », qui possède des caractéristiques et un vocabulaire architectural qui lui sont propres. Lecce a, pour ces raisons, reçu des surnoms flatteurs tels que la « Florence baroque », la « Florence du Sud » ou encore l’« Athènes des Pouilles », et est considérée comme l’un des fleurons de l’Italie méridionale.


De fondation grecque – ce qui lui a valu tardivement (XIXe siècle) le surnom d’ « Athènes des Pouilles » – Lecce a dû faire face, au cours de sa longue histoire, à un certain nombre d’invasions. La fondation de la ville  remonterait au moins au IVe siècle av. J.-C. Mais selon la légende, Lecce existait déjà avant la Guerre de Troie et aurait porté alors le nom de Sybar.

Entre 269 et 267 av. J.-C., les Romains, qui étendent leur domination vers le sud de la péninsule italienne, font la conquête du Salento et de la ville, qu’ils appellent alors Lupiae ; ce nom est ensuite transformé en Lictia, ou en Litium.

Beaucoup plus tard, la ville subit des invasions, pillages et destructions successifs. Les Ostrogoths du roi Totila s’en emparent en 547. Reprise par les Byzantins en 553, elle est, au siècle suivant, attaquée et brièvement occupée par des bandes de pillards slaves bientôt délogées par le jeune prince lombard Rodoald, fils du roi Rothari (peut-être vers 642). Les Lombards contrôlent encore la ville vers 663. Dans les premières années du Xe siècle, Lecce est mise à sac par les Magyars. La ville n’échappe pas non plus aux incursions répétées des pirates sarrasins, qui menacent la région à partir des années 840.

Entre 1055 et 1069, les Byzantins doivent lutter contre des Normands de plus en plus pressants et cherchant à étendre leur domination sur tout le sud de l’Italie. Lecce tombe aux mains de ces derniers et devient un comté appartenant à un membre de la famille Hauteville, peut-être à l’un des nombreux frères de Robert Guiscard, Godefroi de Hauteville, comte de Brindisi.

La ville est le fief du roi Tancrède de Sicile (avant 1180), qui a hérité du comté par sa mère Emma de Lecce, fille du comte Achard II de Lecce. La dynastie normande règne sur le comté jusqu’en 1200.

Lecce passe ensuite aux mains de la maison de Souabe, à partir du règne de Frédéric II du Saint-Empire, puis à celles de la famille française des Brienne, qui laissent place au milieu du XIVe siècle à la maison d’Enghien.

Marie d’Enghien, dernière représentante de la famille devient comtesse de Lecce puis princesse de Tarente par son mariage à Raimondo Orsini-del Balzo, enfin reine de Naples par son mariage à Ladislas Ier de Naples. Son fils Giovanni Antonio Orsini-del Balzo est prince de Tarente et comte de Lecce, ce qui fait de lui le plus puissant seigneur féodal du royaume de Naples.

En 1463 Lecce est rattachée au royaume de Naples sous le règne de Ferdinand Ier de Naples, héritier des possessions Orsini-del Balzo par son mariage avec Isabella di Chiaramonte. Celui-ci renouvelle les privilèges accordés sous Marie d’Enghien, favorisant le développement de la ville, qui devient alors un centre commercial d’importance majeure dans le sud-est de l’Italie. Lecce devient la capitale de la Terre d’Otrante sous la domination espagnole du royaume de Naples à partir du XVIe siècle : un gouverneur nommé par le vice-roi de Naples y réside.

Les xve et xvie siècles voient de nombreuses incursions dévastatrices des Ottomans survenir dans le Salento et donc à Lecce. Pour y répondre, le roi Charles Quint ordonne la construction d’un château, qui existe toujours et porte son nom (château Charles-Quint), et d’une nouvelle enceinte défensive comprenant l’imposante Porta Napoli, elle aussi préservée jusqu’à notre époque.

La victoire de la ligue chrétienne à la bataille de Lépante en 1571 met définitivement fin à la menace des razzias turques sur les côtes du Salento. Alors s’ouvre pour Lecce une période de prospérité et de croissance qui correspond à l’essor du style baroque dans la ville. Aux xviie et xviiie siècles presque tous les édifices de la cité sont reconstruits dans le style baroque, particulièrement développé dans la ville par les architectes Gabriele  Riccardi, Giuseppe Cino, Cesare Penna et surtout Giuseppe Zimbalo, auteur du Duomo et de la basilique Santa Croce, qui peuvent exprimer toute leur verve créatrice dans la réalisation de décors sculptés grâce à la malléabilité remarquable de la pierre locale, la pierre de Lecce (pietra leccese en italien). Sous la domination espagnole, Lecce se transforme ainsi en véritable chantier à ciel ouvert : de nombreux palais, églises et couvents s’élèvent et la ville s’agrandit.

Cependant Lecce ne traverse pas cette époque sans connaître quelques malheurs. En 1656 notamment, une terrible épidémie de peste ravage la ville. On a parlé à l’époque de plusieurs milliers de victimes, soit une très grande partie de la population. Selon la légende, la peste cessa grâce à un miracle de saint Oronce (Sant’Oronzo en italien), lequel devint pour cette raison le patron de Lecce, en lieu et place de sainte Irène. La colonne de Sant’Oronzo, qui se dresse encore aujourd’hui sur la place homonyme, fut érigée par Giuseppe Zimbalo à la demande des autorités de la ville en reconnaissance de l’intervention du saint et pour célébrer la fin de la peste.

En 1734, après une brève période de domination autrichienne, le royaume de Naples revient à nouveau à la couronne espagnole, avec cette fois les Bourbons à sa tête. Craignant le retour des Espagnols, Lecce se rebelle et la noblesse prend le pouvoir.

Le XIXe siècle marque également, avec toutefois une moindre ampleur qu’aux siècles précédents, une période d’effervescence artistique : la ville s’étend hors de ses murs, de nouveaux quartiers sont bâtis. Ce sont surtout les villas aux styles architecturaux audacieux et éclectiques (néoclassique, néo-moresque ou néogothique), construites par les riches familles de la ville le long des nouveaux boulevards, qui retiennent aujourd’hui  l’attention. Ce siècle marque néanmoins un déclin de la position de Lecce comme centre culturel majeur du sud de l’Italie à cause la dissolution des ordres religieux voulue par le régime napoléonien dans les années 1800.

Lecce se rallie à l’unité italienne en 1861 et son histoire suit alors celle du royaume d’Italie. Elle traverse les guerres mondiales sans trop de difficultés. Cependant le pouvoir fasciste mussolinien des années 1920-1930 entreprend de grands travaux, notamment sur la place Sant’Oronzo, qui mènent au déblaiement de l’amphithéâtre romain mais aussi à la  destruction de palais anciens et à la construction d’édifices modernes dans le style fasciste sur cette place en plein cœur du centre historique. Mais, à part cette dénaturation, le reste du noyau historique de Lecce est  aujourd’hui pratiquement intact, notamment grâce aux efforts importants de restaurations entrepris dans la ville à partir des années 1970 et qui se poursuivent encore aujourd’hui contrairement à ce qui est fait dans la plupart des autres grandes villes du sud de l’Italie où des quartiers anciens entiers sont souvent laissés à un état de presque abandon.

Source : Wikipédia.

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