Ville de la Charité-sur-Loire (Nièvre).

La Charité-sur-Loire est une commune française située dans le département de la Nièvre, en région Bourgogne-Franche-Comté.


Vers 700 existe une petite bourgade dénommée Seyr où un sous-diacre dénommé Lioup fonda une église dédiée à la Vierge et un monastère soumis à la règle de saint Basile. Le nom de La Charité sera donné ultérieurement, du fait de celle dont les moines faisaient preuve envers les pauvres de passage. La ville est détruite deux fois par les Gascons en 743 et en 771.

La Charité-sur-Loire s’est développée autour d’un prieuré clunisien et de deux églises érigées par les moines en 1059, le tout protégé par des remparts. L’église Notre-Dame, la plus grande d’Europe après celle de l’abbaye de Cluny, est édifiée à partir du XIe siècle. Le prieuré bénédictin devient rapidement l’un des plus beaux, des plus riches et des plus renommés d’Europe. Le pape Pascal II le consacre en 1107. Il compte près de 400 dépendances dans tout le monde chrétien jusqu’aux portes de la Terre sainte à Constantinople. Aujourd’hui, subsiste le chœur et l’abside du monastère prioral.

La charte de fondation du prieuré, ainsi que des sources plus récentes, notamment celles d’un moine écrivant au XIIe siècle, exposent les conditions de construction du prieuré : l’évêque d’Auxerre Geoffroy de Champallement offre en 1059 à l’abbé Hugues de Cluny avec l’assentiment du comte de Nevers Guillaume Ier et celui du seigneur donateur de La Marche, les bâtiments d’une église ancienne, ruinée, dédiée à la Vierge Marie, avec les terres qui en dépendent,en un lieu nommé Neyr.

La Charité sur Loire, carte maximum, 6/04/2002.

Au XIe siècle se développe un mouvement de réforme monastique inspiré par l’abbaye de Cluny et qui concerne rapidement l’Église catholique tout entière à l’instigation de Léon IX, pape de 1049 à 1054, puis de Grégoire VII, ancien moine de Cluny, pape de 1073 à 1085. La naissance du prieuré de La Charité s’inscrit dans ce mouvement, les clunisiens formant une ecclesia cluniacensis (Église clunisienne) avec à sa tête l’abbaye-mère de Cluny qui essaime dans la région et bien au-delà (Angleterre, Italie, Suisse, péninsule Ibérique, Allemagne), abbayes-filles et prieurés.

Au XIIe siècle, La Charité règne sur 45 monastères et 400 dépendances et obédiences en France et dans toute l’Europe.

L’abbé Hugues de Cluny confie la construction du prieuré à Gérard de Cluny, frère convers d’origine nivernaise, moine voyageur et parfois ermite, qui vivait aussi par moments au monastère Saint-Sauveur de Nevers. C’est sous sa direction que sort de terre le prieuré de La Charité dont il confie la direction à Vilencus, premier prieur de La Charité donc ; lui-même se retire au prieuré de Joigny, dont il deviendra prieur, avant toutefois de revenir finir ses jours au prieuré de La Charité ; il est enterré le 6 décembre 1102 derrière le grand autel de l’église prieurale.

Le prieuré de La Charité essaime en Angleterre (après la conquête par Guillaume le Conquérant), au Portugal, près de Constantinople, occupant une position éminente parmi les dépendances de Cluny et justifiant son surnom de fille aînée de Cluny. En 1559, le prieuré est victime d’un grave incendie ; l’église prieurale est sommairement réaménagée sous le priorat de Robert de Lenoncourt (1538-1551).

En 1181, Philippe Auguste autorise la création d’une première enceinte qui est renforcée et fortifiée en 1164, qui s’ajoutait à l’enceinte ceinturant le monastère.

La Charité sur Loire, prêt-à-poster.

En 1365, durant la guerre de Cent Ans, La Charité est assiégée par l’ordre du roi Charles V de France, et mené par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, secondé par le connétable Moreau de Fiennes ainsi que des maréchaux Mouton sire de Blainville et Boucicaut et près de 20 000 hommes d’armes. La ville détenue par des Navarrais, alliés des Anglais à cette époque, dut capituler. La reddition fut totale. La ville rentrait sous l’obéissance du roi de France. Les Français investirent la place et les fortifications furent en partie rasées.

En 1429, Jeanne d’Arc, pour le compte de Charles VII, tente de reprendre la ville contrôlée alors par le capitaine Perrinet Gressart qui la tenait depuis décembre 1423, mais elle échoue en raison des fortifications puissamment érigées qui défendent la ville. Des puissantes murailles de l’époque, il ne subsiste de nos jours que la partie nord soutenue par la « tour Jeanne d’Arc », la « tour Perrinet Gressard », grosse tour ronde dénommée aussi « tour des Espagnols » et une grande tour carrée dite « tour de Cuffy » reliée à la précédente par un chemin de ronde. La ville n’est reprise par le roi de France qu’en 1435 contre une forte rançon.

Dans les années 1530 et suivantes, la population de la Charité-sur-Loire se convertit au protestantisme, pour être majoritairement huguenote au début des guerres de Religion. Lieu de passage stratégique sur la Loire, elle est l’objet de nombreux assauts durant les guerres de Religion et la ville connaît alors maintes destructions.

Un gigantesque incendie ravage la cité monastique en 1559. Il détruit la nef de Notre-Dame, l’église Saint-Laurent, les toitures du chœur, la plus grande partie du monastère et deux cents habitations. La ville entre alors dans une période de déclin. En est témoin l’église Notre-Dame elle-même que le prieur Colbert relèvera en 1695 mais avec une nef de quatre travées là où il y en avait dix au Moyen Âge.

L’amiral Gaspard de Coligny, un des chefs protestants, s’installe un temps après sa victoire lors de la bataille d’Arnay-le-Duc le 25 juin 1570 contre les armées catholiques du maréchal de Cossé, barrant la route du Midi aux catholiques, ce qui précipite le 8 août 1570 la signature de la paix de Saint-Germain-en-Laye, signée entre le roi Charles IX et l’amiral Gaspard de Coligny, qui octroie aux protestants quatre places fortes : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité-sur-Loire.

La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy atteint la ville dès le soir du 24 août 1572. Elle provoque immédiatement une répétition du massacre. En 1576, la ville est reprise par le frère du roi, le duc d’Anjou, presque sans combat. Le 19 avril 1577, Sarra Martinengo, gouverneur de Gien, est tué sous les murs de La Charité-sur-Loire alors qu’il assiégeait les Réformés qui tenaient la ville.

Le XVIIe siècle est marqué par la rivalité entre le fastueux conseiller Pierre Payen et Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère du cardinal, qui se disputent la charge de prieur. La mort de son puissant frère entraine la disgrâce de du Plessis de Richelieu et la victoire de Pierre Payen au terme d’un très long procès. Des prieurs comme Jean de la Magdeleine au XVIe siècle, Jacques-Nicolas Colbert au XVIIe siècle et le cardinal de Bernis au XVIIIe siècle reconstruisent, agrandissent et embellissent les établissements monastiques, qui déclinent par contre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : en 1789, seuls 12 moines occupent le monastère.

La navigation sur la Loire, malgré les difficultés liées entre autres aux nombreux bancs de sable qui encombrent son lit, est très active jusqu’à la construction du canal latéral à la Loire, au gabarit Freycinet, ouvert en 1838. Tout un peuple de mariniers vivait dans les ruelles menant vers la Loire.

La Charité-sur-Loire fut chef-lieu de district de 1790 à 1795. Le 26 août 1793, un décret de la Convention « ordonne de procéder à l’estimation des biens des ci-devant Bénédictins de La Charité-sur-Loire pour y établir une manufacture d’armes et une fonderie de canons ». Par le décret impérial du 25 novembre 1810 sont approuvés et reconnus les statuts des « Sœurs hospitalières » attachées à l’hospice militaire et civil de La Charité-sur-Loire.

En 1840, Prosper Mérimée sauve le cloître et les deux églises promues à une destruction pour le passage d’une route.

Le 19 juin 1940, en pleine déroute française, les troupes allemandes découvrent, par hasard, à La Charité-sur-Loire, un train abandonné transportant les archives secrètes du Grand quartier général français, comprenant, entre autres, la convention militaire française, secrète, avec la Suisse.

Timbres de la libération de La charité sur Loire, 20/10/1944.

Le monument aux morts de La Charité-sur-Loire porte les noms de 232 soldats morts pour la France pendant les guerres du XXe siècle dont 170 pendant la Première Guerre mondiale, 57 pendant la Seconde Guerre mondiale, 4 pendant la guerre d’Indochine et 1 pendant la guerre d’Algérie. Le 20 juin 1940, Léopold Sedar Senghor, alors soldat de deuxième classe d’un régiment de tirailleurs sénégalais, fit partie des soldats fait prisonniers par les Allemands près du pont de La Charité-sur-Loire.

Le 17 août 1986 une tornade de type F3, traverse la ville. Sur sa trajectoire, les dégâts ont été très importants tant pour les habitations que pour les arbres. Le parcours de la tornade a été d’environ 22 kilomètres pour une largeur de 500 mètres. On surnommera pendant quelque temps La Charité-sur-Loire comme la ville aux toits bleus en raison des bâches pour protéger les toitures arrachées. Une personne a trouvé la mort au cours de cette catastrophe.

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Sources : wikipédia, YouTube.

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