Ville de Gérardmer (Vosges).

Gérardmer, est une commune française de moyenne montagne située dans le département des Vosges, dans la région administrative Grand Est.

Elle est connue pour ses activités de montagne, son lac et notamment sa station de sports d’hiver (La Mauselaine) ainsi que pour son festival international du film fantastique.

Elle doit son surnom de « Perle des Vosges » à Abel Hugo, frère de Victor.


Jadis, certains érudits ont cru reconnaître dans Gérardmer le nom de personne Gérard qu’ils ont identifié comme étant Gérard Ier de Lorraine (dit Gérard d’Alsace), relation souvent faite par les Gérômois eux-mêmes. La première mention de ce domaine habité apparait dans un document écrit officiel en 1285 du duc Ferry III de Lorraine créant une « ville neuve » sur le territoire des « lieux-dits de Géramer et Longe-mer », sous la forme Geramer et non pas Gerarmer.

Les historiens lorrains, déjà depuis la fin du XIXe siècle, n’accordent que peu de crédit à cette interprétation. En effet, l’acte de Ferry III est signé presque 240 ans après que Gérard Ier n’accède au titre de duc de Lorraine. Ensuite, comme le montrent les formes anciennes régulièrement attestées du toponyme Gérardmer, il s’agit d’un ancien Giraumer, altéré en Girarmer (Girard forme populaire de Gérard) seulement à partir du XVIe siècle. Par ailleurs, si, en l’absence de documents écrits, certains érudits locaux ont tout de même fait écho à l’opinion commune et ont maintenu cette relation entre Gérard Ier de Lorraine et la toponymie gérômoise. Il reste que les sources archéologiques et écrites sont nettement insuffisantes, comme le montre Christophe Masutti dans une synthèse générale. Tout au plus, la référence au patronyme Gérard pourrait relever de l’influence du patronage de saint Gérard (Gérard de Toul), étant donné le double patronage historiquement attesté de la ville à saint Gérard et saint Barthélémy (le second a prévalu dans un passé récent).

Pour reprendre les termes de l’historien lorrain Henri Lepage, c’est une « légende » qui attribuerait à Gérard d’Alsace la construction d’une tour sur le territoire de Gérardmer, en guise de relais de chasse. Non seulement aucune source ne peut corroborer cette interprétation mais elle proviendrait en réalité d’un article écrit par le docteur J.-B. Jacquot. Pascal Claude montre que c’est en 1826 que J.-B. Jacquot mentionne pour la première fois l’existence de cette tour. La source documentaire en serait un extrait d’une chronique manuscrite de Dom Ruinart en 1696, imprimée en 1724. Dom Ruinart y raconte son trajet de Remiremont à Champ-le-Duc et mentionne une « tour de Gérard d’Alsace » au moment de franchir la Vologne « qui, réunie au ruisseau qui coule du lac de Gérardmer, nourrit de petit poissons à écailles… Au sommet de la montagne qui domine cette rivière, est le vieux château qu’habitaient les ducs de Lorraine ». La confusion serait le résultat d’une mauvaise interprétation du texte qui, loin de situer à Gérardmer une « tour » de Gérard d’Alsace, fait en réalité référence au château d’Arches, où la Vologne (venant de la vallée de Gérardmer-Longemer) rejoint la Moselle.

Enfin, plus généralement, l’altération d’un toponyme devenu opaque est souvent motivée par l’attitude qui consiste à vouloir rattacher tout ou partie du nom à un évènement ou à un personnage.

La première mention de Gérardmer remonterait donc à 1285 dans un acte de cession de terres de Ferry III, duc de Lorraine, à Conrad Wernher, sire de Hadstatt.

L’histoire ancienne de Gérardmer est liée au duché de Lorraine et à l’abbaye des Abbaye de Remiremont, dont les Chanoines gouvernèrent longtemps les lieux. Gérardmer, communauté vivante et animée par un marché annuel de beurre et fromage, demeure longtemps un écart de la grande paroisse Saint-Jacques-du-Stat, puis de celle de Corcieux avant d’acquérir son autonomie à l’époque classique. C’est en 1540 que la ville est érigée en paroisse ; elle compte alors intra muros environ 150 habitants.

En 1751, Gérardmer fait partie du bailliage de Remiremont et, lors de la Révolution française en 1790, devient chef-lieu de canton du district de Bruyères.

En 1838 est créé la commune de Liézey par détachement de Gérardmer, de Champdray et de Granges-sur-Vologne.

Une ère nouvelle a coïncidé avec l’arrivée du chemin de fer, le tourisme s’ouvrant alors notamment aux Parisiens et aux bourgeois fortunés de Lorraine. L’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne en 1871 voit aussi l’arrivée d’industriels alsaciens qui ont participé à l’essor de l’industrie textile. La seconde Guerre mondiale a eu des conséquences plus négatives avec son lot de destructions.

Historiquement, les premières structures en France à accueillir des touristes et à se charger de l’organisation du tourisme sont l’Union syndicale de la ville de Pau, créée en 1859, et devenue Syndicat d’initiative en 1903 et… le “Comité des promenades de la ville de Gérardmer”, créé en juillet 1875, devenu office de tourisme. Le surnom de « Perle des Vosges » aide à rendre populaire la station, que les Parisiens, notamment, gagnent par le train.

Le chemin de fer arrive à Gérardmer en 1878 avec la création de la gare de Gérardmer, terminus d’une ligne formant un embranchement à Laveline-devant-Bruyères sur la ligne d’Arches à Saint-Dié.

S’y rajoutent bientôt deux lignes de chemin de fer secondaire :

  • le Tramway de Gérardmer, ligne ouverte en 1897 qui dessert le lac de Retournemer, le col de la Schlucht et se termine au Hohneck et au col de la Schlucht. Cette ligne à vocation touristique a été exploitée jusqu’en 1939 ;
  • le Tramway de Remiremont à Gérardmer, ligne ouverte en 1900 et fermée en 1935.

Proche de la frontière depuis l’annexion de l’Alsace-Lorraine par les Allemands en 1871, Gérardmer devient une ville de garnisonfrançaise à partir de 1905 ; une caserne est construite (quartier Kléber) pour y loger le 152e régiment d’infanterie.

En 1922, Gérardmer est candidate infructueuse à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1924 face à Chamonix et Luchon.

Lors de la Bataille de France, Gérardmer est prise le 22 juin 1940 par l’armée allemande. C’est au cours de ces combats que l’église de la ville sera détruite par incendie lors de l’explosion d’un camion stationné à côté, touché par un obus d’artillerie.

À la fin de la guerre, le 8 novembre 1944 la ville, traversée par le Schutzwall West, subit la fureur des troupes allemandes au moment de leur retraite : 600 Gérômois prenant à pied le chemin de l’Alsace étaient déportés.

Le 11 novembre 1944, les troupes d’occupation mettent toutes les installations industrielles hors de service, et, le 16 novembre 1944, après avoir parqué la population dans un ilot restreint de la cité, les Allemands mettent le feu aux maisons. Trois jours durant les incendies consummaient toute la localité, sans rien épargner. Les incendies continuent un peu partout le lendemain, et, des dynamitages sont effectués. Le soir, tout Gérardmer brûle, la ville est recouverte d’un épais nuage noir. Ce qui ne brûle pas explose. Les réservoirs d’eau de la ville sont détruits, comme le transformateur électrique. Il n’y a donc plus d’électricité, ni d’eau courante à Gérardmer. La kommandantur quitte la ville dans la soirée, suivant ainsi le général Schiel et son état-major, partis dans la nuit du 15 au 16 novembre.

Le matin du 18 novembre, un groupe de choc sillonne Gérardmer, armes automatiques au poing. Et d’autres éléments mettent le feu dans les maisons qui n’ont pas encore été assez détruites. L’après-midi, plus aucun soldat allemand n’est présent à Gérardmer. Les civils circulent librement et constatent les dégâts opérés par si peu d’hommes et en si peu de temps.

Le dimanche 19 novembre 1944, Gérardmer n’est plus qu’un amas de ruines fumantes. Vers 14 h, les premiers soldats français arrivent et se rendent à l’hôtel de ville. 85 % de la ville est détruit lors de la fuite allemande.

La commune a été décorée, le 11 novembre 1948, de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil.

Le 6 février 1948, le major allemand Grauer est condamné à 15 ans de travaux forcés pour sa participation à la destruction de Gérardmer en novembre 1944. En 1949, la cour d’appel de Metz renvoie devant le tribunal spécial des criminels de guerre à Paris les quatre généraux responsables de la destruction de Gérardmer : Erich Petersen, Otto Schiel, Hermann Balck et Heinrich Wiese. Hermann Balck et Heinrich Wiese sont alors en fuite, leurs jugements sont donc prévus par contumace. En janvier 1950, ces deux derniers sont détenus par les américains qui refusent leurs extraditions. Dès le début du procès, les deux présents, Erich Petersen et Otto Schiel, nient leurs responsabilités à la déportation des habitants de Gérardmer. Le 21 janvier 1950, Balck est condamné par contumace à vingt ans de travaux forcés, et vingt ans d’interdiction de séjour; Petersen, Schiel et Wiese sont acquittés.

La majorité des bâtiments du XIXe siècle a ainsi été détruite. Concernant les hôtels, seul un de l’époque subsiste encore de nos jours, fondé en 1860. La gare de style Belle Époque survit aux incendies mais est détruite dans les années 1960 pour laisser place à un bâtiment moderne, reconverti en 1988 en office du tourisme. Cette gare était desservie, jusque dans les années 1980, par des trains directs saisonniers Paris – Gérardmer. Désormais, des autocars relient la ville à Remiremont et Épinal, en correspondance avec les TER et les TGV. Un projet de réouverture de la ligne a fait l’objet d’une étude en 2008 ; il est notamment défendu par l’association « Train Gérardmer Vologne Vosges », mais le problème du financement reste posé.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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