Ville de Dieppe (Seine-maritime).

Dieppe est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime (dont elle est chef-lieu d’arrondissement) en région Normandie.

À l’époque gallo-romaine, le Camp de César ou « Cité de Limes », située au nord de l’actuelle cité de Dieppe, est une enceinte gallo-romaine qui atteste de la plus ancienne présence de vie humaine dans la région dieppoise. Quelques rares restes de poteries ou d’armes gauloises témoignent de cette époque encore méconnue.

En 910, les Vikings s’installent à l’embouchure de la Tella, un fleuve profond qui se jette dans la mer. Ils le surnomment Djúpr « la profonde » ou Djúpá « la rivière profonde ». Les pêcheurs occupent sporadiquement le site pour pêcher le hareng, mais les véritables installations à caractère urbain se trouvaient dans les terres à Arques où un château a été édifié. La mention la plus ancienne de Dieppe remonte concrètement à une charte de 1030 désignant nominativement un petit port de pêche appelé Dieppe. Durant cette époque du Moyen Âge, au sein du système féodal, la localité appartient au comté du Talou.

La conquête de l’Angleterre par les Normands à partir de 1066 donne toute son importance au petit port de pêche, alors à l’ombre de la cité d’Arques, pour le développement des relations transmanche. Dieppe fait partie des ports de chaque côté de la Manche que les Normands entreprennent d’équiper et de développer. Le 6 décembre 1067, c’est notamment de Dieppe que Guillaume le Conquérant rembarque pour la Grande-Bretagne.

Encore peu peuplée, Dieppe connaît une prospérité croissante durant le XIIe siècle après que l’impératrice Mathilde eut donné un acre de terre à Dieppe à son chambellan pour y constituer un fief. Dieppe bénéficie alors des relations étroites qui se sont établies entre la Normandie et l’Angleterre et un château y est édifié en 1188 par Henri II Plantagenêt. Cependant, en 1195, ce château est rasé et la ville incendiée par les troupes du roi de France Philippe-Auguste, en guerre contre Richard Cœur de Lion, duc de Normandie. Deux ans plus, tard, en 1197, ce dernier accorde les terres de Dieppe à l’archidiocèse de Rouen mais en 1204, après la chute de Château-Gaillard et la prise de Rouen, Dieppe et la Normandie sont annexées au royaume de France par Philippe-Auguste. En repassant sous le contrôle français, le site de Dieppe perd sa position avantageuse et la source de sa prospérité basée sur les relations entre la Normandie et l’Angleterre. La ville elle-même peine à se relever du passage incendiaire de Philippe-Auguste.

La géographie des lieux permet l’accès au port à marée haute et à marée basse, notamment grâce à une digue naturelle formée de galets (galets qui furent également utilisés pour bâtir les fondations des maisons du centre-ville ; des restes des anciennes demeures médiévales sont également visibles grâce aux caves conservées de l’époque). Il s’agit alors d’un port important car c’est le seul de la côte normande entre Saint-Malo et Boulogne-sur-Mer accessible à marée basse. Les marins de Dieppe commercent avec la Scandinavie, Venise ou encore la Hanse.

Au début du XIVe siècle, la ville de Dieppe compte environ 7 000 habitants et s’étend jusqu’aux villages de Bouteilles et du Pollet. Si les maisons construites en pierre sont plus nombreuses sur les quais, les types de constructions sont globalement disparates mais beaucoup sont construites sur un solin de pierre généralement en grès et faites d’une armature de bois et d’un colombage empli de torchis composés d’argile et de paille ou de foin séché.

Durant la guerre de Cent Ans, Dieppe se retrouve au cœur du conflit entre la France et l’Angleterre. Ce n’est qu’en 1300 d’ailleurs que Dieppe reprend son aspect de ville portuaire. En 1339, des marins et corsaires dieppois participent à un raid victorieux sur Southampton. La ville est également attaquée par les Flamands, provocants des dégâts limités. En 1345, le roi Philippe de Valois, par lettres patentes, supprime le droit de gabelle et accorde aux Dieppois quelques libéralités dans le commerce. Il autorise surtout les Dieppois à fortifier la ville.

En 1348, la Peste noire frappe la ville, entraînant la mort d’environ un tiers de la population, soit plus de 2 000 personnes. L’épidémie devint même récurrente frappant encore la ville au début des années 1360, en 1387, en 1408 et en 1438. La forte mortalité bouleversa le paysage urbain, de nombreuses maisons, se retrouvant sans habitants, tombèrent en ruines laissant place à des terrains vagues.

En 1358, si l’enceinte fortifiée de Dieppe n’est pas encore achevée, la ville possède des portes qui sont fermées la nuit. En 1361, le roi Jean II le Bon accorde aux Dieppois le droit de lever des taxes afin de financer les fortifications, fossés et autres ouvrages nécessaires. En 1363, le roi considère Dieppe comme étant une ville désormais difficile à prendre sans en faire le siège.

Charles V le Sage accorde de nouvelles exemptions, privilèges et autres largesses qui permettent à la ville de prendre son essor. À partir de 1364, des pêcheurs dieppois se font navigateurs et partent au loin chercher des épices et de l’ivoire (date du premier voyage vers l’Afrique). Ainsi deux grands navires dieppois naviguent jusqu’à la hauteur de l’actuel Cap-Vert où ils débarquent puis longent la Guinée et fondent un comptoir qu’ils baptisent Petit-Dieppe à l’embouchure du rio Cestos sur les côtes du Liberia actuel. Ils en ramèneront de l’ivoire brut et de la malaguette. Des navigateurs dieppois fondent également La Mine, sur la Côte de l’Or (actuel Ghana) avant que la guerre de cent ans n’interrompe les expéditions normandes.

En 1394, le 2e Hôtel de Ville de Dieppe appelé « Maison de Ville » est construit près de la butte de la place du moulin à vent, sur laquelle est juchée une guérite de pierre servant de phare pour éclairer l’entrée du port (le hâble) située entre la Tour aux crabes (une tour carrée de 9,20 m de côté, 11,25 m de haut aux murs épais de 1,40 m) et la falaise du Pollet.

Dieppe, carte maximum, 17/04/1999.

En 1420, à la suite de la bataille d’Azincourt, Dieppe est occupée par les Anglais qui la traitent en cité rebelle. Ils la conservent durant 15 ans. En 1430, la ville est notamment le lieu de détention provisoire de Jeanne d’Arc avant qu’elle ne soit transférée à Rouen où elle sera jugée et brûlée sur un bûcher.

Dieppe est finalement libérée de l’occupation anglaise le 28 octobre 1435 quand la ville est reprise par les Français commandés par le capitaine Charles Desmarets (mort en 1469) pour le compte de Charles VII. Charles Desmarets (ou Charles des Marets) dote la ville de grandes fortifications et entreprend de faire construire un nouveau château. Cependant, 8 ans plus tard, en 1443, les Anglais de nouveau assiègent la ville à partir du Pollet. Dieppe résiste aux troupes de Talbot et repousse définitivement les assaillants grâce aux renforts amenés par Jean de Dunois, le bâtard d’Orléans, et par le dauphin Louis, futur Louis XI.

En 1463, par lettres patentes, le roi Louis XI soutient les réparations et les fortifications de la ville, en y attribuant des droits, notamment ceux du sel.

Puis, à la suite de leur prédécesseur, les rois Charles VIII et Louis XII accordent à Dieppe une protection particulière permettant à la ville de connaître une grande période de prospérité fondée sur le commerce et la navigation. C’est le début de la célèbre École de cartographie de Dieppe qui accueillera les plus grands cartographes français et étrangers. Plusieurs Dieppois s’illustrent alors par leurs entreprises maritimes : exploration des côtes d’Afrique, où ils bâtissent Petit-Dieppe à l’embouchure de la Gambie, reconnaissance des Canaries.

En 1488, le capitaine dieppois Jean Cousin, en route vers l’Afrique de l’Ouest et les îles des Açores, déporté par une tempête, semble avoir accosté au Brésil au cap San Rogue. En compagnie des frères Pinzón (le frère aîné Martín Alonso Pinzón et le cadet Vincent Pinzón), il aurait remonté un grand fleuve que Jean Cousin nomme « Maragnon » bien qu’il n’existe aucune preuve concrète de cette exploration.

Au XVIe siècle, la puissance maritime de la ville atteint son apogée particulièrement sous le règne de François Ier. De nombreux navigateurs partent de Dieppe pour explorer le monde. Les navires de l’armateur dieppois Jehan Ango (1480-1551) atteignent notamment Sumatra, le Brésil et le Canada. En 1508, les capitaines Thomas Aubert et Jean Vérassen embarquent de Dieppe pour se rendre à Terre-Neuve. Ils reconnaissent le fleuve Saint-Laurent auquel ils donnent son nom. Le 28 mars 1529, les navigateurs Jean et Raoul Parmentier, voyageant pour le compte de Jehan Ango, quittent Dieppe pour une longue navigation qui les amène jusqu’en Indonésie et Sumatra. Jean Parmentier est désigné comme capitaine de La Pensée, bâtiment de trois cents tonneaux. Raoul, prend le commandement du Sacre. La maladie et le scorbut font de nombreuses victimes parmi l’équipage. Malade, Jean Parmentier est inhumé à Sumatra (décembre 1529). Raoul Parmentier meurt quelque temps plus tard. Le navigateur Pierre Crignon prend les commandes de l’expédition qui continue son périple vers Indrapoura en Indonésie avant que les vaisseaux ne reviennent à bon port.

En 1522 débute à Dieppe la construction de l’église Saint-Rémi tandis qu’en 1537 apparaissent plusieurs foyers de protestantisme dans la cité dieppoise. En 1562, c’est un quart des habitants de la ville qui s’est rallié à la réforme protestante et est devenu huguenot.

Dans le contexte de guerres de religion qui sévit en France, la forteresse et la ville sont grandement fortifiées tandis que les protestants dieppois sont réprimés par le sieur de Sygogne, gouverneur de la ville.

En 1578, le roi Henri III vient à Dieppe sur les conseils de ses médecins pour prendre un bain de mer.

En 1589, alors que le roi Henri IV obtient peu de ralliements à son avènement, l’appui que lui apporte le gouverneur de Dieppe, Aymar de Chaste, de la Maison de Clermont-Tonnerre, lui permet d’avoir un point d’appui sûr et un port où débarquer les renforts venus d’Angleterre. Henri IV peut ainsi établir un camp retranché dans la ville fortifiée de Dieppe d’où il reçoit ses renforts pour mener victorieusement la bataille d’Arques (septembre 1589).

En 1633, le Cardinal de Richelieu accorde le monopole du commerce du Sénégal et de la Gambie pour dix ans à une compagnie de marchands de Dieppe et de Rouen (la Compagnie Rozée), étendue un an plus tard à la côte de Guinée. Cette compagnie va prospérer durant 32 ans, avec 3 navires portant toujours les noms de Saint Jean, Saint Louis et Le Florissant, et établir des comptoirs français au Sénégal, notamment celui de Saint-Louis, fondé par le capitaine dieppois Thomas Lambert en 1637, jusqu’à ce que ces plus importants actionnaires intègrent la nouvelle Compagnie des Indes occidentales18. La véritable denrée lucrative provenant du Sénégal, davantage que le cuir, l’or ou le cuivre, est alors la gomme arabique que les teinturiers d’Espagne utilisent pour fixer les colorants.

En aout 1647, accompagné par sa mère, Anne d’Autriche, et par le Cardinal Mazarin, le jeune roi Louis XIV découvre à Dieppe la mer pour la première fois et assiste à une simulation de combat naval auquel participe le dieppois Abraham Duquesne.

À partir de 1664, le Sénégal, sous contrôle dieppois, sert d’arrière base pour des activités de flibusteries dans les Antilles alors que l’île de la Tortue et la côte de Saint-Domingue deviennent les destinations principales au départ du port de Dieppe.

En 1685, à la révocation de l’édit de Nantes par le roi Louis XIV, Dieppe perd plus de 3 000 de ses habitants qui émigrent à l’étranger.

En 1692, Louis XIV institue un maire de Dieppe, charge qui est réunie au corps de ville en 1693.

Les 22 et 23 juillet 1694, Dieppe est bombardée durant deux jours par la flotte anglo-néerlandaise de l’amiral Berkeley (guerre de la Ligue d’Augsbourg). La ville, dont les maisons sont essentiellement à pans de bois, est incendiée et presque complètement détruite. Seuls subsistent quelques édifices comme le château, l’église Saint-Rémi, l’église Saint-Jacques, la tour aux Crabes et quelques maisons sur le quai, la place du moulin à vent ou dans la rue d’Écosse. Le seul asile qui reste alors aux habitants est de trouver à se loger dans le faubourg du Pollet, qui, grâce à la falaise sous laquelle il est abrité, n’a pas été atteint par les bombes mais les quatre cinquièmes de la population restèrent néanmoins sans abri30. Deux mois après le bombardement, Louis XIV ordonne de nettoyer les rues et que Dieppe soit reconstruite mais hors de la portée des bombes.

Il est envisagé dans un premier temps par l’ingénieur Peironet de reconstruire une nouvelle ville, aussi grande que Rouen avec des rues tirées au cordeau, qui serait donc située plus en retrait du rivage, dans la prairie de Bouteilles. Les habitants protestèrent et au bout de 8 mois de débats, le 8 mars 1695, le roi décide finalement que la ville serait maintenue dans ses limites initiales, que le port et les remparts demeureraient tels qu’ils étaient mais que les maisons seraient reconstruites en briques, selon un plan uniforme, et que, pour les mettre à l’abri des maladies contagieuses, certaines rues seraient élargies, et certains groupes de maisons transformés en places publiques. À l’initiative de Vauban, l’architecte du Roi, Antoine de Ventabren (mort en 1722), est chargé de reconstruire la ville tout en gérant un gigantesque chantier dans un contexte d’urgence. Ventabren utilise cette opportunité pour tester de nouveaux principes d’urbanisme et d’organisation de l’habitat, imposant aux habitants l’un des premiers règlements d’urbanisme français. Pour faire disparaître au plus vite les traces de l’incendie, Louis XIV accorde divers bienfaits à la ville, comme l’exemption des droits perçus au profit du trésor royal ainsi que l’établissement d’une foire franche pour une quinzaine de jours dans l’année.

En attendant que la reconstruction soit achevée, la manufacture des tabacs est relogée dans l’une des rares constructions préservées, la maison Miffant. Toutefois, les débats sur le lieu puis la lenteur de la reconstruction, qui dure jusqu’aux années 1720, fait perdre à Dieppe son statut de métropole de commerce dans les deux mondes avec le départ pour d’autres ports des bourgeois industrieux, des commerçants, des ouvriers de marine et des marins au long cours35, imités par les matelots, les charpentiers, les calfats, les cordiers et les voiliers, qui, faute d’armement de navires dieppois, ne peuvent rester plus longtemps sans salaire et partent offrir ailleurs leurs services.

En 1715, les ouvriers de la manufacture des tabacs se mutinent. De 1735 à 1737, des nouveaux locaux de la Manufacture royale des Tabacs sont édifiés, à l’emplacement de l’actuel hôtel Aguado.

Les tentatives pour relancer la richesse du port de Dieppe échouent et seule la pêche, dont les bénéfices sont encore importants, fait vivre ce qui reste de la population dieppoise en déclin démographique.

En 1744, la guerre éclate de nouveau entre la France et l’Angleterre. La pêche est elle-même interdite et trois poudrières (Fort Blanc, Fort Tremblant et Fort Royal) sont construites sur la façade maritime pour servir de batteries durant la guerre de Sept Ans.

Le port commence pourtant à se repeupler quand, en 1756, une nouvelle guerre avec l’Angleterre hypothèque les espoirs de relance de la cité maritime. La côte de Dieppe étant le point le plus rapproché de la capitale, la flotte anglaise croise sans cesse dans sa rade et menace la ville jusqu’en 1763 et la signature de la paix.

En 1762, après l’expulsion de France des Jésuites, leur résidence à Dieppe, situé près des remparts du littoral, est vendue pour laisser la place à une nouvelle maison de ville (hôtel de ville).

En 1774, les relations avec l’Angleterre sont apaisées et une liaison régulière trans-manche est ouverte. Dieppe connait alors également une nouvelle renaissance maritime : ses chantiers de constructions sont à nouveau prospères.

En 1776, un luxueux mais aussi éphémère établissement de bains (Maison de Santé) est installé à Dieppe, face à la mer.

L’adhésion à l’élan révolutionnaire ne se fait que très progressivement. En 1791, le tabac cesse d’être un monopole de l’État et la Manufacture des Tabacs est privatisée. Étant un passage presque obligé des émigrés vers l’Angleterre, Dieppe de par sa situation géographique stratégique, intéresse la Convention au cours de l’An II. Plus de 1600 prêtres embarquèrent de Dieppe en particulier après la loi du 26 août 1792. Entre septembre et novembre 1793, les Représentants de la Convention en mission à Dieppe destituent 26 membres de l’administration locale, dont le Maire Brière de Lesmont, mais aussi 8 notables, 7 officiers municipaux, 4 juges et le greffier de la police criminelle. C’est à la suite de cette mission que la guillotine est dressée sur la place nationale. Elle fera 4 victimes en 1794 (dont un prêtre réfractaire, l’abbé Clément Briche).

Durant cette période révolutionnaire, Dieppe s’agrandit avec l’annexion du fief de Caude Côte situé entre le village de Janval et les terres en bordure de mer. La nomenclature des rues et des places publiques est elle-même modifiée par un arrêté municipal du 2 Messidor de l’an II : ainsi, parmi d’autres, la place du moulin à vent est rebaptisée place Brutus, la rue du Petit-Enfer devient celle de la Raison, la place d’Armes celle de l’Égalité, la rue de l’Épée celle de la Pique, la Grande rue de la Barre celle de la Liberté, la rue du Mortier-d’Or celle de la Carmagnole tandis que la Grande Rue est rebaptisée rue de la République. Les quartiers sont par ailleurs reconfigurés en 5 sections renommées Sans-Culottes, Égalité, Marat, Brutus et Montagne 40. Toutes ces voiries retrouveront leurs toponymes une fois passée la période révolutionnaire.

En novembre 1802, sous le consulat, Napoléon Bonaparte, premier consul visite Dieppe et sa région durant 2 jours. La rue des Minimes est rebaptisée rue Bonaparte (actuelle rue Victor Hugo) pour célébrer cet évènement.

En 1803, une escadre anglaise bombarde la ville et ses environs sans faire trop de dégâts. Plusieurs autres engagements s’ensuivent par la suite à l’ouest de Dieppe.

L’avènement du Premier Empire est accepté sans hostilité. Consulté sur la question de la dignité impériale, les dieppois votent oui par 156 voix contre 3 non.

En 1806, le bassin Bérigny est construit. C’est le premier bassin à flot du port de Dieppe avec écluses à l’emplacement d’une zone marécageuse appelé champ du Pardon où étaient enterrés les pestiférés.

Entre 1809 et 1812, le premier établissement de bains à Dieppe est fondé par Jean-Baptiste Deparis, un maître poulieur. Il comprend alors une cabane en bois, quelques tentes et des vieilles baignoires.

Le 26 mai 1810, durant son voyage de noces, sur le chemin entre Boulogne et Le Havre, Napoléon séjourne brièvement à Dieppe avec l’impératrice Marie-Louise, le temps de visiter le port, d’y passer une nuit et d’aller à la messe du dimanche matin. Si Napoléon envisage pour la ville la construction d’un bassin large et profond pour y accueillir des navires de guerre afin de conquérir l’Angleterre, la possibilité d’effectuer des bains de mer à Dieppe commence à y attirer quelques grandes dames de l’aristocratie napoléonienne comme, en 1813, Hortense de Beauharnais, accompagnée de ses enfants, dont le futur Napoléon III.

En 1814, la première Restauration est bien accueillie à Dieppe. Durant les Cent-Jours (1er mars 1815 au 17 juillet 1815), le conseil municipal et les habitants boudent le nouveau préfet bonapartiste tandis que dans les campagnes, le drapeau blanc des Bourbons est arboré ostensiblement. La nouvelle de la défaite définitive de Napoléon à Waterloo est particulièrement bien ressentie par les armateurs de la ville. Le 25 juillet 1815, une brillante réception à l’hôtel de ville et des fêtes populaires sont ainsi données à Dieppe pour accueillir à son débarquement, Madame Royale, fille de Louis XVI, de retour d’exil par le port de Dieppe. Le 4 novembre 1815, par lettres patentes du Roi Louis XVIII, les armoiries de Dieppe sont officiellement rétablies.

Sous la Restauration, les corsaires disparaissent, une liaison trans-manche favorise la venue des Anglais tandis que Dieppe s’ouvre sur l’espace littoral, condamnant les fortifications urbaines. Durant des siècles, la chaussée de mer, également appelée banquée, avait été une vaste zone de défense littorale longue d’un kilomètre et demi, garnie d’ouvrages défensifs, tels que des postes d’observations, des batteries de canons et de mortiers ou des tours à usage de poudrières. L’autorité militaire avait concédé progressivement l’apparition d’activités maritimes artisanales.

En 1822, la première Société Anonyme des Bains de mer de Dieppe est créé par le comte de Brancas, sous-préfet de la ville, qui édifie le premier véritable « établissement des bains » de France sur la partie ouest de la banquée. Conçu par l’architecte Pierre Châtelain, cet établissement entouré d’un jardin, prend la forme d’une galerie, longue d’environ 50 mètres, coupée en son milieu par un arc de triomphe et flanquée à ses extrémités de deux pavillons carrés, l’un réservé aux dames, l’autre aux hommes de bois mènent directement du bâtiment jusqu’à la mer où, sur la plage, des tentes décorées servent de vestiaires. L’établissement est baptisé bains de mer Caroline en l’honneur de Caroline de Bourbon, duchesse de Berry, belle-fille du roi Charles X qui inaugure en 1824 la mode des bains de mer à Dieppe. Elle y reviendra chaque année six semaines environ, jusqu’en 1829. Dans son sillage, la duchesse de Berry emmène une pléthore de personnalités et de membres de la haute bourgeoisie française. Par ses achats, elle relance l’artisanat de la ville (sculpture sur ivoire) qui avait été sinistré par le blocus continental. Elle subventionne la création d’une école-manufacture de dentelles, à laquelle elle adjoindra bientôt une section couture, puis une section pêche pour la réparation des filets. Pour amplifier son action, elle lance des souscriptions. Un théâtre en l’honneur de la duchesse et, sur le front de mer, un casino sont construits.

En 1829, Dieppe ne fait plus officiellement partie des places de guerre et le statut de territoire défensif du littoral change pour devenir un espace public et permettre la constitution d’un front de mer bâti.

La vogue des bains de Dieppe survit à la révolution de 1830. En 1833, sous la Monarchie de Juillet, le roi Louis-Philippe effectue une visite à Dieppe.

Depuis 1821, la ville de Dieppe cherchait à acquérir la plage et les vestiges de l’ancienne enceinte afin d’y élever des habitations et aménager un jardin public. En 1835, elle obtient la jouissance des terrains de la « banquée » puis devient propriétaire de parcelles de l’enceinte fortifiée qu’elle rétrocède à des particuliers qui commencent alors à faire construire des villas et des immeubles d’habitations à des fins locatives. Le riche banquier espagnol, le marquis Alexandre Aguado (1784-1842), attiré par les bains de mer, découvre Dieppe durant cette période et contribue au développement et à la prospérité de la ville balnéaire.

En septembre 1844, une statue en bronze du dieppois Abraham Duquesne, sculptée par Antoine Laurent Dantan, est érigée par la ville de Dieppe sur la place royale (actuelle place nationale).

Lors de l’élection présidentielle de 1848, le général Cavaignac remporte de justesse la majorité des suffrages à Dieppe devant Louis-Napoléon Bonaparte (1 447 voix contre 1 145) bien que sur l’arrondissement de Dieppe, Louis-Napoléon Bonaparte soit plébiscité. En Seine-Maritime, Dieppe et avec le Havre la seule ville à préférer Cavaignac au vainqueur de l’élection présidentielle à l’échelle nationale.

Lors des plébiscites des 20 et 21 décembre 1851, 2 327 électeurs de Dieppe et de Neuville apportent leur soutien à Louis-Napoléon Bonaparte et au coup d’État, l’opposition ne comptabilisant que 410 voix hostiles. Au niveau de l’arrondissement de Dieppe, ce sont 24 147 oui contre 863 non. Dieppe célèbre les résultats de la consultation nationale par un Te Deum et diverses célébrations et pavoisements le 11 janvier 1852. En février, l’arbre de la liberté, plantée en 1848, est sapée.

Sous le Second Empire, Dieppe connaît une renaissance et un développement accéléré de sa station balnéaire. Le 22 août 1852 a lieu la première course de l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil.

Quand Napoléon III quitte Dieppe, la municipalité et le sous-préfet lui propose de faire de l’hôtel de ville, ou du bâtiment de la sous-préfecture, une résidence d’été pour les souverains mais l’Empereur décline, tout en manifestant ses bons sentiments (il ne reviendra jamais à Dieppe lui préférant Biarritz pour passer ses étés, et en fit accessoirement la prospérité). Outre son impulsion pour construire des promenades à Arques, Neuville, Varengeville-sur-Mer et à La Chapelle-du-Bourgay, Napoléon III remet au sculpteur dieppois Pierre Adrien Graillon (1807-1872) la croix de chevalier de la Légion d’honneur tandis que l’artiste-peintre dieppois Constant-Armand Mélicourt-Lefebvre (1816-1833), ancien élève de Paul Delaroche et premier conservateur du musée du Dieppe, peint son portrait ainsi que celui de l’Impératrice.

Dans la continuité des projets napoléoniens pour Dieppe, un nouvel établissement de bains/casino, en fonte et en verre, est construit en 1857, succédant à l’établissement de la restauration bourbonnienne. Dessiné par l’architecte Lehmann et décoré par Cambon, le nouveau bâtiment est constitué d’une longue galerie parallèle à la mer, coupée par trois pavillons abritant un salon de jeux, une salle de fêtes et une salle de lecture, dont le premier étage est relié par des terrasses d’où l’on domine et la plage et la ville. Davantage dédié aux plaisirs mondains, le style est inspiré par celui du Crystal Palace, présenté à l’occasion de l’Exposition Universelle de Londres de 1851.

Dieppe devient à partir de cette période le lieu de villégiature à la mode des hautes sociétés parisienne et londonienne, fréquentée notamment par la comtesse de Castiglione (1861 et années suivantes), par Lord Robert Cecil, marquis de Salisbury – qui se fait construire en 1873 une villa à Puys, en amont de Dieppe —, par le futur Édouard VII d’Angleterre, par Charles Meyer – qui y transfère en 1888 son domicile et son activité professionnelle, un commerce de cycles et d’automobiles — ou encore par le peintre James Abbott McNeill Whistler.

Au plébiscite du 8 mai 1870, les électeurs de Dieppe manifestent leur soutien au régime impérial et votent oui en faveur de l’Empire libéral (1 810 votes en faveur contre 1 410 votes en défaveur). Dans l’arrondissement de Dieppe, le vote oui atteint 21 038 voix contre 4 467 voix59.

De 1880 à 1882, le pavage dieppois est modernisé. Les rues sont dorénavant bordées de trottoir en asphalte. De 1883 à 1887, un très gros programme de travaux de modernisation du port de Dieppe, décidé en 1879, est mis en œuvre : prolongement de la jetée ouest et rectification de la jetée est ; approfondissement du chenal par un dragage à deux mètres cinquante au-dessous des plus basses mers, ce jusqu’à deux cents mètres au-delà de la nouvelle jetée ; reconstruction de quais dans l’avant-port (quai Henri-IV) pour l’arrivée des paquebots ; canalisation de l’Arques, qui devient souterraine sur un tronçon ; creusement du bassin de l’arrière port, du bassin de mi-marée, et du bassin à flot, à la place du bassin de retenue de chasse aménagé au XVIIIe siècle ; construction d’une forme de radoub à la place de l’ancien canal de chasse, percé dans le Pollet au XVIIIe siècle ; percement du chenal du Pollet, sur lequel on construit un pont tournant, le pont Colbert. L’ensemble de ces ouvrages est inauguré le 17 juillet 1887.

En 1848, une liaison ferroviaire entre Rouen et Dieppe est inaugurée16.En 1870, Dieppe est occupée par l’armée prussienne. En 1883, une caserne d’infanterie est construite.

Le 28 mars 1884, à la suite de la mort d’un Polletais au cours d’une rixe dans un café, une émeute xénophobe éclate contre des travailleurs italiens que la foule veut noyer dans leurs caissons sous-marins, en coupant les tuyaux d’arrivée d’air. L’émeute est contenue par l’intervention des autorités.

En 1886 est inauguré un nouveau casino construit à l’initiative d’Isidore Bloch (1848-1919), son directeur, sur les plans de l’architecte Alexandre Durville. De style mauresque, il s’appuie sur l’ancien bâtiment central de 1857, flanqué de quatre tours carrées et de deux ailes, et comprend une immense salle de fêtes de 500 m2. Une estacade de bois de trois étages descend de la promenade jusqu’à la mer. En outre, le jardin est agrandi pour couvrir une surface de 7 hectares sur une longueur supérieure à 400 mètres.

En 1889, le transport de passagers avec l’Angleterre devient régulier et à horaires fixes, à l’aide de paquebots à vapeur.

En 1891, le 1er syndicat ouvrier de Dieppe est créé à la Manufacture des Tabacs. Le personnel de la manufacture étant essentiellement féminin, il est dirigé par des femmes.

En 1892, Dieppe est victime d’une épidémie de choléra. Le prince moldave Dimitri Sturdza (1818-1908) édifie à cette époque sur le front de mer de Dieppe une imposante villa qui nécessite la démolition de l’ancienne villa de Pierre Adrien Graillon, non sans avoir pris le soin de sauvegarder les sculptures et bas-reliefs qui ornaient la façade pour les exposer dans le hall d’entrée de ce nouveau « palais » dieppois. À la mort du prince en 1908, la villa devient la propriété de ses fils, les princes Michel et Grégoire Sturdza.

En 1895, le boulevard Aguado est élargi. Le quartier du bas-fort blanc est aménagé avec la construction de grandes villas bourgeoises sur la rue de la Grève (rebaptisée rue Alexandre-Dumas en 1902) contribuant au développement de la vie mondaine, artistique et intellectuelle de la ville65. Deux ans plus tard, en 1897, l’un des premiers terrains de golf de France est inauguré sur la falaise de Dieppe. C’est aussi l’époque des premières courses automobiles entre Paris et Dieppe tandis qu’Oscar Wilde séjourne dans la ville durant l’été 1897.

Lors du mandat de Camille Coche (1898-1910), les cités ouvrières se développent, une politique de décoration florale des rues est mise en place tandis que sur le front de mer, le boulevard maritime est aménagé avec des abris pour les promeneurs et que sont rachetés par la Ville la plage et le château de Dieppe. Plein d’ambitions pour Dieppe, Camille Coche initie alors plusieurs autres projets urbanistiques qui finalement n’aboutissent pas comme la construction d’un réseau de tramways électriques66.

Au début du XXe siècle, Dieppe est à son apogée. Elle est jusqu’en 1914 la première station balnéaire de France fréquentée par le roi Léopold II de Belgique, le duc de Westminster, Camille Saint-Saëns, Claude Debussy, Claude Monet, Madeleine Lemaire, Auguste Renoir, Camille Pissaro, la Comtesse Greffulhe, Jacques-Émile Blanche, Walter Sickert, Marcel Proust. Robert de Montesquiou, Gabriel Fauré, le prince Edmond de Polignac séjournent fréquemment chez la Comtesse Greffulhe, dans sa villa La Case.

Rivale de Trouville-sur-Mer, Cabourg ou du Touquet. Dieppe est également à cette époque un port maritime renommé. De nombreux édifices sont construits ou rénovés : le théâtre de Dieppe rénové en 1900 dans le style rocaille sur la place de la Comédie (actuelle place Camille Saint-Saëns). Un foyer vitré donnant sur le front de mer est ajouté à la place de l’ancien atelier du peintre Mélicourt. Un palais de justice est construit sur les terrains de l’ancien marché aux bestiaux (1900) par l’architecte rouennais Lucien Lefort.

En 1907 est organisé le premier grand prix sur le circuit de Dieppe. Quatre Grands prix de l’Automobile Club de France se tiennent dans la ville de 1907 à 1912 (puis sept éditions du Grand Prix automobile de Dieppe proprement dit, durant les années 1930).

En 1910, des festivités sont organisées par la municipalité de Camille Coche en présence du ministre de la Marine à l’occasion du tricentenaire de la naissance du dieppois Abraham Duquesne.

Durant la Première Guerre mondiale, si la ville de Dieppe est située à l’arrière du front, le port de Dieppe connait une activité intense et le passage jusque Newhaven est le terrain de chasse des sous-marins allemands qui coulent plusieurs navires alliés.

Le 23 août 1940, les autorités allemandes décident de faire un exercice de débarquement dans le chenal de Dieppe. Le capitaine belge Joseph Godu et son mécanicien, Jean de Ruyck font sauter le remorqueur Düsseldorf en sacrifiant leurs vies, les 36 militaires allemands à bord n’ont pas survécu.

Le 20 octobre 1941, Dieppe, comme toutes les communes du littoral, est classée en « Zone côtière interdite ».
Le 19 août 1942, les Alliés tentent une action éclair à Dieppe, composée de troupes majoritairement canadiennes : l’opération Jubilee. La fonction essentielle de cette opération est de tester les défenses allemandes. Mais le raid est un échec lors duquel plus de deux mille soldats (canadiens pour la plupart) laisseront leur vie. La façade maritime de la ville est ravagée et la manufacture de tabac détruite.
Pour certains historiens, le sacrifice de ces trop nombreuses vies humaines est démesuré pour un débarquement qui n’a pas abouti. Pour d’autres, la tentative a en partie conditionné la réussite du débarquement du 6 juin 1944.
À la suite de ce raid, l’armée allemande procède à la destruction des hôtels et de plusieurs propriétés du front de mer et du littoral afin de supprimer toute protection à un autre débarquement. Le casino de Dieppe, notamment, est rasé. En remerciement à la population dieppoise pour son attitude pendant les opérations de débarquement, les Allemands libèrent les prisonniers de guerre originaires de Dieppe. Ils seront de retour dans leurs foyers en fin d’année.
En souvenir de l’opération Jubilee, plusieurs villages acadiens francophones du Nouveau-Brunswick (province maritime du Canada) se regroupent après la guerre pour former la commune de Dieppe, en mémoire des soldats canadiens tués le 19 août 1942 sur les côtes normandes. Le 1er septembre 1944, Dieppe est libérée par voie terrestre et sans combats, les Allemands ayant abandonné leurs positions devant l’avancée des troupes alliées.

Le bilan dieppois de la Seconde Guerre mondiale est de 207 victimes civiles, 584 blessés, 117 militaires et FFI tués, 38 fusillés et déportés tués. Au cours des 44 bombardements subis par la ville, 718 immeubles ont été totalement détruits soit 35 % des immeubles de la ville80. Sur le littoral, outre le casino, plusieurs édifices prestigieux ou remarquables ont été détruits ou trop endommagés pour être restaurés, comme le Grand Hôtel, la villa Sturdza, la manufacture de tabac, l’hôtel Métropole, la villa Bristol, l’hôtel Regina, l’hôtel des Anglais, l’hôtel des Étrangers, la villa La Case du Comte Greffulhe (route de Pourville) et les chalets de la rue Alexandre-Dumas, notamment la villa Olga offerte par le Prince de Galles à la duchesse de Caracciolo.

Transformée en champ de mine, la plage de Dieppe est presque inaccessible pendant une dizaine d’années.

Le 10 juillet 1960, le général de Gaulle s’adresse aux Dieppois, place Nationale. Il est le premier chef d’État en exercice, depuis Alexandre Millerand, à se rendre à Dieppe et le dernier à ce jour. En 1961 est inauguré l’actuel casino (le cinquième depuis 1822), en retrait du front de mer à l’emplacement de la villa Rachel (démolie pour l’occasion). La même année est inauguré un centre de thalassothérapie. En 1964, la miroiterie de la famille Clouet, véritable institution dieppoise installée Grande-Rue à Dieppe depuis 1849 et où se fournissait Renoir ou Monet en pinceaux et tubes de couleurs, ferme définitivement ses portes. En 1965, le docteur Jean Tournier est élu à la mairie de Dieppe. Sous son mandat, le quartier de Janval s’urbanise et un vaste plan d’habitat est mis en œuvre. Il donne naissance au quartier du Val Druel et au quartier des Bruyères. En 1966, un nouvel hôtel de ville est inauguré à l’emplacement de l’ancien bassin Bérigny. Un an plus tard, Dieppe tente de faire venir les joies du ski alpin au bord de la mer. Une piste de ski synthétique est inaugurée le 18 avril en présence du ministre des Sports François Missoffe, de Jacques Anquetil et des internationaux de ski Guy Périllat, Jean-Claude Killy, Annie Famose et des sœurs Goitschel et de l’entraîneur de l’équipe de France de ski Honoré Bonnet. En 1969, le couvent des Minimes (XVIIe siècle), situé rue Victor-Hugo, est démoli pour laisser la place à une résidence pour personnes âgées. En 1970, le conseil municipal démissionne pour protester contre le retard du versement des subventions promises par l’État pour la construction d’un lycée technique (actuel lycée Pablo-Neruda).

Les années 1970 marquent de leur empreinte architecturale le front de mer où plusieurs villas du début du siècle sont victimes d’un renouveau immobilier. Le chalet Normand (manoir Saint-Martin) et les villas adjacentes sont démolis pour laisser place à de grands immeubles huppés.

En 1974, Dieppe perd son titre de premier port bananier de France. La modernisation du mode de transport à bord des navires bananiers, avec l’arrivée de conteneurs frigorifiques, fait perdre progressivement le trafic des Antilles au profit du port du Havre. Compte tenu de leur taille, les porte-conteneurs ne peuvent pas entrer dans le port de Dieppe. Après 1978, ce trafic est définitivement perdu et seul le trafic bananier avec la Côte d’Ivoire continue à transiter par Dieppe.

Le 1er janvier 1980, Neuville-lès-Dieppe fusionne avec Dieppe. En juillet 1980, la grande grève des dockers endommage irrémédiablement la ligne saisonnière Dieppe-Brighton en Seajet, qui est définitivement arrêtée.

En 1991, un festival de musique ancienne est créé. La chapelle de l’hôpital (1860) est pour sa part démolie pour permettre l’extension de l’hôpital moderne.

En 1992, la Société d’armement transmanche (ex-armement naval SNCF) retire ses navires de la liaison maritime Dieppe – Newhaven, non rentable, à cause de la concurrence du tunnel sous la Manche. Deux ans plus tard, en 1994 est inaugurée une nouvelle gare maritime (terminal) pour les car-ferries. La démolition en 1995 de l’ancienne gare maritime SNCF sur le quai Henri-IV permet de dégager l’esplanade et de découvrir les façades du XVIIIe siècle. En 1997, la jetée est modifiée. La vieille estacade en bois qui longeait le chenal de l’entrée du port jusqu’au boulevard de Verdun est démolie. En 1998, un nouveau port de plaisance est inauguré. Le quai Henri-IV et sa dunette sont restaurés.

En 2002, la ville entame une nouvelle politique de développement économique fondée sur le tourisme (projet de lotissement du golf, rénovation de la Grande-Rue, réouverture du petit théâtre municipal fermé depuis 1961) et annonce un programme écologique de développement social (création de logements dans l’ancienne prison, construction d’habitats répondant aux normes écologiques…) : la Grande-Rue est rénovée (2004), un nouvel ensemble de station balnéaire avec bassins ludiques et un nouveau complexe de thalassothérapie sont inaugurés sur la façade maritime de la ville (2007). Entre 2003 et 2013, la ville et ses alentours sont touchés par une épidémie de méningites bactériennes qui entraîne la mise en place d’une campagne de vaccination.

En 2010-2011, un projet d’implantation sur la zone portuaire de Dieppe d’une usine d’engrais russe est abandonné à la suite d’une forte opposition locale trans-partisane à laquelle s’ajoute une autre polémique concernant l’absence de célébration prévue pour le quadricentenaire de la naissance d’Abraham Duquesne. En 2010, le Syndicat mixte du Port de Dieppe engage les travaux pour la mise en service d’un port à sec pour plus de 300 bateaux à moteur jusqu’à 7 mètres dans la forme de radoub. Il était prévu pour être opérationnel en 2011, mais des problèmes de conception le rendaient encore inutilisable en 2014.

En 2012 est inauguré le Centre d’Affaires Dieppe Normandie dans les locaux de l’ancien terminal transmanche du bateau Hoverspeed (désaffecté depuis 2004), projet initié par l’Agglomération de Dieppe Maritime et porté avec la Communauté de communes du Petit Caux et la Chambre de commerce et d’industrie de Dieppe.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.