Ville d’Amsterdam (Pays-Bas).

Amsterdam est la capitale des Pays-Bas, bien que le gouvernement ainsi que la plupart des institutions nationales siègent à La Haye. Sur la base des chiffres de l’année 2017, la commune d’Amsterdam compte plus de 850 000 habitants, appelés Amstellodamois, ce qui en fait la commune néerlandaise la plus peuplée. Elle est située au cœur de la région d’Amsterdam,  regroupant environ 1 350 000 habitants. L’aire urbaine, qui rassemble plus de 2 400 000 résidents fait elle-même partie d’une conurbation appelée Randstad qui compte 7 100 000 habitants. La ville est la plus grande de Hollande-Septentrionale, mais n’est cependant pas le chef-lieu de la province, ce dernier étant Haarlem, situé à 19 kilomètres à l’ouest  d’Amsterdam.

Le nom de la commune vient de l’ancien nom néerlandais Amstelredamme évoquant les origines de la ville : la digue (Dam) sur l’Amstel. Petit village de pêcheurs au XIIe siècle, la ville connaît une très forte croissance au Moyen Âge, tardive au regard d’autres villes aux Pays-Bas, au point de devenir l’un des principaux ports du monde durant le siècle d’or néerlandais. Le quartier de De Wallen est la partie la plus ancienne de la ville, qui se développe autour d’un réseau concentrique de canaux semi-circulaires reliés par des canaux perpendiculaires, formant une « toile d’araignée ». Au centre de la vieille ville se trouve, sur la place du Dam, le palais royal d’Amsterdam, construit au xviie siècle, symbole de l’importance de la ville. Guillaume Ier en fait sa résidence en 1815. Depuis juillet 2010, le quartier du  Grachtengordel, délimité par le Herengracht, Keizersgracht et  Prinsengracht, figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans cette zone se trouve le renommé béguinage d’Amsterdam, cour arborée et bordée d’habitations anciennes — la plus vieille datant de 1528 environ — abritant en son sein une chapelle anglicane.

Amsterdam est l’un des centres économiques majeurs des Pays-Bas et l’un des principaux centres financiers d’Europe. Les sièges sociaux de plusieurs firmes multinationales (Philips, AkzoNobel, ING et TomTom notamment) sont situés dans la ville et d’autres ont leurs bureaux européens basés à Amsterdam (principalement Netflix, Uber et Tesla). La ville est également la première destination touristique et culturelle néerlandaise, notamment du fait de la renommée de ses principaux musées concentrés autour de la Museumplein : le Rijksmuseum, la fondation d’art moderne Stedelijk Museum et le Van Gogh Museum figurent parmi les plus visités au monde. D’autres lieux culturels d’importance sont le musée scientifique NEMO, l’Institut royal des Tropiques, le musée d’art Hermitage, l’institut du cinéma EYE, le musée maritime néerlandais et la Maison Anne Frank.

Divers classements placent Amsterdam parmi les métropoles mondiales offrant le meilleur confort de vie, le magazine américain Forbes la positionnant à la première place en 2016 pour les jeunes adultes ; elle également désignée en 2016 comme capitale européenne de l’innovation. Selon l’Economist Intelligence Unit, elle est la ville la plus sûre d’Europe et la quatrième ville la plus sûre du monde en 2019. La majorité des  déplacements en ville s’effectue grâce aux quatorze lignes de tramway, aux cinq lignes de métro, à pied ou à vélo. La ville est réputée pour ses  événements festivaliers (Amsterdam Music Festival, Sensation, In Qontrol et Uitmarkt), ses discothèques (Paradiso et Melkweg) et ses salles de concert (notamment le Ziggo Dome, Concertgebouw, Heineken Music Hall et Stadsschouwburg). Amsterdam est aussi connue pour son quartier rouge, ainsi que pour ses nombreux coffee shops possédant une licence leur permettant de commercialiser le cannabis, reflétant le progressisme politique des Pays-Bas.

En 2016, Amsterdam rejoint le mouvement Fab City, suivant l’appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054. Trois ans plus tard, elle accueille le nouveau siège de l’Agence européenne des médicaments (AEM) à la suite de son déménagement de Londres en raison du Brexit.


La première mention du nom « Amsterdam » dans les documents historiques remonte à un acte de Florent V, comte de Hollande de 1256 à 1296. Le document, baptisé « Exemption de taxes d’Amsterdam » (Tolprivilege van Amsterdam) et daté du 27 octobre 1275 dispense les quelques centaines d’habitants du « Barrage sur l’Amstel » du paiement des taxes sur le commerce de leurs produits à l’intérieur du comté de Hollande et sur leur pont-barrage sur l’Amstel, construit vers 1270. Ces habitants sont désignés en latin en tant qu’« homines manentes apud  Amestelledamme (littéralement, les personnes vivant près du barrage de l’Amstel). En l’espace de quelques années, ce mot évolue sous sa forme quasi finale d’Aemsterdam, comme en attestent des écrits de 1327. À cette époque, Amsterdam n’est rien de plus qu’un village de pêcheurs rattaché à l’évêché d’Utrecht.

Cette exemption de péage donne un avantage aux Amstellodamois pour le commerce extérieur et permettra à Amsterdam de devenir la première place commerciale de Hollande, et de poser les bases de sa richesse et de sa puissance futures.

Le bourg d’Amsterdam, qui obtient le statut de ville en 1300 ou 1306, probablement de l’évêque d’Utrecht, Gui d’Avesnes, devient une importante place commerciale au XIVe siècle, grâce à son port qui se développe sur le Damrak, en aval du barrage originel.

Le commerce d’Amsterdam a lieu principalement avec les villes de la Ligue hanséatique.

En 1345, un miracle présumé qui se produit sur la Kalverstraat fait d’Amsterdam un important centre de pèlerinage, qui durera jusqu’à la Réforme.

Avant 1385, l’Amstel sépare la ville d’Amsterdam en deux parties de taille à peu près égale : la « vieille ville » (Oudezijde) où se trouve la « Vieille église » (Oude Kerk), dont la construction avait débuté vers 1300, et la « Nouvelle ville » (Nieuwezijde) où se trouve la « nouvelle église » (Nieuwe Kerk), bâtie au début du XVe siècle.

Afin de garantir sa protection, la ville se dote de canaux, complétés par une palissade (burgwal) composée d’un mur de terre surplombé par une palissade de bois. Lorsqu’après 1385, de nouveaux murs d’enceinte sont construits, le mur existant prend le nom de Voorburgwal (avant-palissade) tandis que le nouveau est baptisé Achterburgwal (arrière-palissade), et ce à la fois dans les vieille et nouvelle villes. On voit encore aujourd’hui, dans le centre historique, quatre canaux/rues portant les noms de Oudezijds Voorburgwal, Oudezijds Achterburgwal, Nieuwezijds Voorburgwal et Nieuwezijds Achterburgwal (devenu Spuistraat).

En 1421 et en 1452, la ville est ravagée par deux incendies majeurs, le second détruisant plus des trois quarts de la ville. L’empereur et comte de Hollande Charles Quint, décrète en 1521 que les nouvelles habitations devront être construites en pierre plutôt qu’en bois. Restée d’abord théorique, l’interdiction devient définitive à partir de 1669. Presque toutes les habitations en bois de l’époque ont aujourd’hui disparu, à l’exception notable de la Houten Huis (« Maison de bois ») du béguinage. Paradoxalement la reconstruction des bâtiments en brique et en pierre, plus lourde, nécessite encore plus de bois: Amsterdam est reconstruite sur des pieux, dont la longueur doit être idéalement d’au moins quinze mètres pour atteindre le premier banc de sable, sous-jacent à la tourbe fangeuse sur laquelle est construite la ville; on fait donc venir de la Forêt-Noire, flottés sur le Rhin, les milliers de « mâts », car il s’agit d’une industrie concomitante à celle du bois de mâture, les milliers de pieux sur lesquels la ville sera désormais bâtie.

Le commerce du Portugal et de l’Espagne avec l’Amérique, l’Afrique et les Indes orientales, fait d’Anvers la grande place commerciale et bancaire d’Europe à partir de 1500.

Amsterdam reste confinée au commerce d’Europe du Nord.

La situation change complètement à la suite des événements politiques des années 1566-1585.

Depuis Charles Quint, le souverain des Pays-Bas, donc comte de Hollande, est aussi roi d’Espagne.

Le successeur de Charles Quint, le roi Philippe II d’Espagne fait preuve d’une grande intransigeance en matière religieuse et politique, ce qui génère de fortes tensions avec la noblesse locale et avec les protestants28. En 1566 commence la révolte des Gueux. La politique du représentant du roi à Bruxelles, Ferdinand Alvare de Tolède, notamment l’instauration du Conseil des troubles en 1567, fait que la révolte dégénère rapidement en guerre en 1568, dite guerre de Quatre-Vingts Ans.

Amsterdam se rallie à l’insurrection en 1578, après le renversement du gouvernement catholique de la ville au cours de l’épisode de l’Alteratie, qui voit les protestants prendre le pouvoir, sans effusion de sang.

En 1581, les provinces et villes de l’union d’Utrecht (1579) proclament la déchéance de Philippe II de ses droits sur les Pays-Bas (acte de La Haye). En 1585, la limite entre les provinces insurgées, qui forment la république des Provinces-Unies, et les Pays-Bas espagnols est fixée de fait après la reprise d’Anvers par les troupes d’Alexandre Farnèse, gouverneur au nom de Philippe II.

Le roi d’Espagne reconnaît l’indépendance en droit des Provinces-Unies en janvier 1648, par le traité de Münster.

Sous la direction du stathouder Guillaume le Taciturne, les Provinces-Unies deviennent un symbole de tolérance religieuse. Dans le contexte des guerres de religion qui ravagent d’autres pays d’Europe, nombreux sont ceux qui y cherchent alors un refuge pour vivre leur foi sans risquer de condamnation. Cette situation provoque l’immigration de familles juives depuis la péninsule Ibérique, de marchands protestants venus de Flandre, des provinces wallonnes des Pays-Bas ou encore de huguenots français. En particulier, de nombreuses et prospères familles, issues d’autres provinces encore sous contrôle espagnol, rejoignent Amsterdam pour y trouver la sécurité. En 1685, le revenu par habitant est ainsi quatre fois supérieur à celui de Paris, écart qui se creuse d’autant plus avec la deuxième vague d’exil de huguenots fuyant la France, à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Les réfugiés protestants fondent l’église wallonne d’Amsterdam, dont le culte en français subsiste jusqu’à aujourd’hui. Parmi les réfugiés, on compte notamment des hommes de science tels que Comenius ou encore des philosophes tels que René Descartes. Par ailleurs, l’afflux d’imprimeurs flamands, provenant notamment d’Anvers, et la tolérance intellectuelle qui règne à Amsterdam contribuent à donner à la ville son statut de centre européen de la liberté de la presse.

Le xviie siècle est considéré comme l’âge d’or d’Amsterdam car elle devient à cette époque la ville la plus riche du monde. La reprise d’Anvers par les Espagnols en 1585, qui voit les bouches de l’Escaut bloquées par les Provinces-Unies se traduit par un afflux massif de bourgeois protestants qui apportent savoir-faire et capitaux. Amsterdam est alors au cœur d’un réseau mondial de commerce maritime avec les pays de la mer Baltique, l’Afrique, l’Amérique du Nord, le Brésil ou encore les Indes orientales. C’est ainsi que les marchands amstellodamois possèdent la majorité des actions de la première grande multinationale de l’Histoire, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, créée en 1602, mais également de sa rivale, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (1621). Ces deux sociétés ont fait l’acquisition de plusieurs territoires outremer, par la suite devenus des colonies néerlandaises. Les bateaux revenant d’Indonésie chargés de précieuses épices font la richesse de la ville. Amsterdam rayonne à cette époque à travers toute l’Europe, tant au niveau artistique avec Rembrandt et Vermeer, que financier avec la création d’une « banque de change » initialement censée faciliter les échanges de monnaie, mais qui devient rapidement un pourvoyeur de fonds pour les particuliers et les entreprises, ainsi que de la première bourse de valeurs au monde en 1611. C’est également le cas en génie civil, avec la construction des célèbres canaux ou de l’hôtel de ville, achevé en 1655 sous la supervision de l’architecte Jacob van Campen, considéré par les Amstellodamois comme la huitième merveille du monde.

Cette période faste se traduit par un accroissement important de la population dans la première moitié du XVIIe siècle, accompagné d’une expansion significative de la ville. Le nombre d’habitants passe ainsi de 50 000 à 210 000 au cours du siècle, en dépit de plusieurs épidémies de peste (de 1623 à 1625, 1635 à 1636, 1655 et surtout 1664). Les deux premières expansions majeures de la ville ont lieu à la fin du XVIe siècle, avec le « Premier Plan » (Eerste Uitleg, de 1566 à 1585) marqué par un  développement en direction de l’est de la ville vers le Lastage, au-delà du Oudeschans, puis du « Deuxième Plan » (Tweede Uitleg) (1585-1593) dans la foulée. Cependant, ces deux expansions ne permettent pas d’absorber la population croissante et de répondre aux besoins nouveaux créés par l’activité économique florissante de la ville. Un nouvel agrandissement significatif est ainsi approuvé par les États de Hollande et de Frise-Occidentale en 1609. Cependant, étant donné les coûts significatifs que le projet implique, et la nécessité de réaménager et rehausser les nouveaux quartiers, il est finalement décidé de réaliser l’élargissement en deux étapes. Le « Troisième plan » (Derde Uitleg) est ainsi mis en place entre 1613 et 1625 et marque le développement de plusieurs quartiers situés à l’ouest de la vieille ville, comme le Haarlemmerbuurt, les Westelijke Eilanden ou encore le Jordaan. Mais le principal chantier du plan est la mise en place de la première partie du Grachtengordel, entre les berges de l’IJ et l’actuel Leidsegracht, et d’un nouveau mur d’enceinte au niveau du Singelgracht. Les travaux de construction d’un nouveau port et du nouveau bastion débutent en 1611. Une fois celui-ci achevé en 1613, la destruction de l’ancienne muraille permet de commencer le creusement des canaux : le Herengracht (1613), le Prinsengracht (1614) puis le Keizersgracht (1615).

Au dehors des anciennes limites de la ville, de nouveaux quartiers émergent plus ou moins légalement. Alors qu’une partie de cette nouvelle « avant-ville » se retrouve dans l’enceinte des nouvelles fortifications, l’autre partie (correspondant au futur Jordaan) est volontairement laissée à l’extérieur, afin de réduire les coûts et de limiter le risque d’insurrection. Entre 1613 et 1620, la plupart des fossés sont transformés en canaux, et les chemins en routes. L’organisation des rues devient plus régulière et de nombreux immeubles sont construits. Alors que le sol est rehaussé dans la ceinture de canaux, celui du Jordaan resté inchangé ; différence jamais réduite.

Le « Quatrième Plan » (Vierde Uitleg), rendu nécessaire par la pression démographique et le développement de zones illégales aux abords du mur d’enceinte, est marqué par l’achèvement du grachtengordel et l’agrandissement du port. L’aménagement des Oostelijke Eilanden, entre 1652 et 1660, permet à la ville de se doter de chantiers navals et d’un port de premier plan46. Le projet d’élargissement des limites de la ville est approuvé en 1660 et les travaux s’étalent sur dix ans, entre 1662 et 1672. Les marchands et bourgeois les plus fortunés s’installent alors sur les bords des canaux parallèles du Herengracht, du Keizersgracht et du Prinsengracht. L’architecte Daniël Stalpaert joue un rôle important dans cette expansion de la ville en 1658. Pour la réaliser, Amsterdam a naturellement besoin de renforts en main-d’œuvre. Des ouvriers, provenant à la fois du pays, mais également de l’étranger, affluent dans la ville et s’installent dans des taudis situés en périphérie des canaux, notamment dans le quartier alors marécageux du Jordaan. Leur présence contraste avec la puissance  financière des actionnaires de la Compagnie des Indes.

Après l’hégémonie du siècle d’or, le XVIIIe siècle voit le déclin de la prospérité de la ville. Les guerres contre la France (entre 1672 et 1713) et la guerre de Succession d’Autriche entraînent le développement d’une dette très importante, atteignant 767 millions de florins en 1795, dont 450 rien que pour la Hollande. Les Néerlandais, qui étaient les principaux transporteurs des marchandises de l’Europe, voient leurs clients et leurs fournisseurs créer leurs propres flottes de commerce et passer de moins en moins par leur intermédiaire. Les Actes de navigation, votés en Angleterre à partir de 1651, interdisent l’accès aux ports et colonies britanniques pour les pavillons des autres nations. Ces dispositions visent particulièrement les Provinces-Unies.

Une autre cause du déclin de la puissance commerciale néerlandaise est l’obsolescence progressive de ses techniques. Le développement d’un vaste marché en Europe de l’Ouest rend nécessaire la construction de navires d’un plus fort tonnage, afin de transporter davantage de marchandises. Si les chantiers navals néerlandais lancent des navires plus importants au XVIIIe siècle qu’au XVIIe siècle, ceux-ci sont pourtant dépassés par ceux de leurs concurrents, tant pour ce qui est de la taille que du niveau technique. Les retards accumulés par les Néerlandais ont également pour conséquence un ensablement des chenaux des ports de commerce, à commencer par ceux du Pampus et du Marsdiep qui permettent d’accéder à Amsterdam. Dans les années 1770, quarante jours sont nécessaires pour que le navire de la Compagnie des Indes orientales De Vrijheid puisse accoster à Amsterdam. La place est affectée, par ricochet, par la terrible Famine au Bengale de 1770, dans la zone conquise par les Anglais en Inde, déclenchant une grave crise financière en 1772 et provoquant une série de faillites en Europe, dont celle de la Banque Clifford d’Amsterdam et de ses alliés.

La Quatrième guerre anglo-néerlandaise, qui oppose les Provinces-Unies et leur allié, le royaume de France, à la Grande-Bretagne, de 1780 à 1784, permet à la puissance britannique de reprendre de nombreuses concessions coloniales dans les Indes néerlandaises. Cette défaite, couplée aux difficultés de la période franco-batave, marque la fin de l’hégémonie d’Amsterdam en Europe. Onze ans après son arrivée au pouvoir en France en 1799, Napoléon Ier parvient à étendre son empire jusqu’aux Pays-Bas, qui sont annexés durant le Premier Empire en 1810. Amsterdam acquiert ainsi le statut de troisième ville de l’empire, aux côtés de Paris et Rome. Cette nouvelle annexion survient seulement quinze ans après la naissance de la République batave, issue des Provinces-Unies en 1795, puis après l’instauration du royaume de Hollande par Napoléon en 1806. Ce contexte instable porte préjudice à la ville d’Amsterdam, touchée de plein fouet par le déclin du commerce et du transport maritime, consécutif à l’ensablement des voies d’accès maritimes à la ville, à la réduction des échanges avec les colonies. En outre, le conflit entre la France et l’Angleterre anéantit la majeure partie des échanges avec le Royaume-Uni, à la suite de l’instauration du blocus continental. Le frère de Napoléon Ier, Louis, imposé comme souverain du royaume de Hollande de 1806 à 1810, décide de faire d’Amsterdam sa capitale lors de son arrivée à La Haye, le 23 juin 1806. Le 20 avril 1808, il déménage vers la capitale et s’installe dans l’hôtel de ville dont il fait un palais royal. Le gouvernement l’accompagne. En dehors du  déplacement du Rijksmuseum depuis La Haye, le mandat de Louis  Bonaparte n’est pas marqué par d’autres faits majeurs pour la ville d’Amsterdam.

Après l’éviction des troupes françaises par les armées russe et prussienne en 1813, le nouveau monarque de la Maison d’Orange-Nassau choisit de nouveau La Haye comme lieu de résidence, et comme siège des États généraux du royaume des Pays-Bas. Amsterdam reste cependant la capitale du Royaume des Pays-Bas de 1815 à 1830, aux côtés de Bruxelles.  Bénéficiant de la volonté de Guillaume Ier d’en faire un centre économique de premier plan, Amsterdam se voit attribuer le monopole du commerce avec les colonies, après la Révolution belge de 1830. Dans l’optique de renforcer la puissance de son port sont lancés les premiers projets majeurs de canaux, comme le canal de la Hollande-Septentrionale, inauguré en 1825.

Avec l’explosion de naissances durant plusieurs décennies, liée à un renouvellement des échanges, à l’émergence d’industries nouvelles et à l’apparition de nouvelles activités comme les services financiers, la population connaît une forte croissance, passant de 202 000 habitants en 1830 à 520 000 en 1900. La ville n’est pas préparée à une telle augmentation, et se retrouve surpeuplée. Alors que les conditions de vie des classes les plus défavorisées de la population deviennent de plus en plus difficiles, les premières initiatives philanthropiques font leur apparition, notamment pour améliorer les conditions de logement et d’hygiène des ouvriers. Le médecin Samuel Sarphati en devient l’une des principales figures ; il joue un rôle important dans la création d’un système de gestion des déchets et, en 1847, obtient l’autorisation de collecter les ordures au travers d’une  nouvelle entreprise, baptisée Maatschappij ter bevordering van Landbouw en Landontginning61. Cette dernière a pour objectif de collecter les déchets mais pas de nettoyer les rues, que leur insalubrité rend parfois impraticables. En 1852, il crée la Vereeniging voor Volksvlijt dans le but de promouvoir le commerce, l’industrie et l’agriculture, ce qui conduit notamment à la construction du Paleis voor Volksvlijt (traduisible en français par « Palais pour la diligence populaire »). En 1855, il fonde la « Société de fabrication de farine et de pain » (Maatschappij voor Meel- en Broodfabrieken) qui propose du pain à un prix 30 % inférieur à celui des boulangeries. Toutes ces initiatives contribuent à l’amélioration des conditions de vie dans la ville, notables à partir de 1870. En dépit de la dégradation des conditions de vie, la ville prospère à nouveau économiquement, et de plus en plus de gens déménagent vers la capitale pour y tenter leur chance.

La très forte industrialisation à partir des années 1860 marque une nouvelle période d’expansion avec la création de nombreuses constructions et infrastructures. À cette époque sont construits deux musées, d’abord un édifice entièrement nouveau pour le Rijksmuseum (1885), puis le Stedelijk Museum (1895), mais aussi la salle de concert du Concertgebouw (1888) et la gare centrale d’Amsterdam (1889). À la même période, une ligne de défense est édifiée autour d’Amsterdam, sous la forme d’un réseau unique de quarante-deux forts et de terres inondables, afin de défendre la ville contre des attaques. Pour répondre à l’arrivée massive de travailleurs, des centaines de logements ouvriers sont construits dans de nouveaux quartiers périphériques constituant le 19e-eeuwse-gordel (« ceinture du XIXe siècle »), pendant populaire du Grachtengordel. Ces quartiers, parmi lesquels figurent De Pijp, le Kinkerbuurt et le Dapperbuurt, sont principalement financés par des banquiers et des spéculateurs et constituent la première expansion majeure de la ville en dehors des frontières adoptées au xviie siècle. Alors qu’ils concentrent essentiellement des classes moyennes inférieures, les classes les plus pauvres s’installent dans le Jordaan et dans les Oostelijke Eilanden. L’émergence de ces quartiers populaires contribue au fort développement du socialisme dans les années 1880 et 1890, lorsque de vives tensions avec les autorités émergent à un rythme quasi hebdomadaire, notamment lors de la manifestation du Palingoproer, pendant laquelle 25 manifestants sont tués par l’armée. Les années 1890 sont notamment marquées par la création de syndicats par les employés du port de la ville, désireux d’améliorer leurs conditions de travail.

Après plusieurs décennies difficiles, la seconde moitié du XIXe siècle est marquée par une nouvelle vie pour la ville, souvent considérée comme un second âge d’or. La construction du canal de la Mer du Nord en 1876, qui supplante le canal de la Hollande-Septentrionale contribue à faciliter les liaisons avec les grands ports et les grandes métropoles d’Europe, ouvrant de nouveaux horizons commerciaux à la ville. Avec le développement de la ville, les anciens ports du Damrak et des Westelijke Eilanden ne sont plus adaptés à la croissance des échanges. Un nouveau complexe portuaire, construit sur de nouvelles îles artificielles est créé et prend le nom de Oostelijk Havengebied ; les entrepôts historiques étant aujourd’hui reconvertis en logements. Celui-ci permet notamment d’accueillir les navires de marchandises desservant les Indes orientales néerlandaises, ainsi que des flux de population immigrée. À la fin du siècle, la rive nord de l’IJ est également aménagée pour accueillir des usines et des zones portuaires. Placée aux avant-postes des profonds développements économiques et sociaux de la seconde moitié du XIXe siècle, Amsterdam acquiert le statut incontesté de capitale du pays. Vers 1900, près de la moitié de la population active de la ville travaille dans l’industrie.

Peu de temps avant la Première Guerre mondiale, la ville continue à s’étendre et de nouveaux espaces ruraux sont urbanisés, notamment au travers du Plan Zuid proposé par H. P. Berlage en 1915 et approuvé par la commune en 1917. Même si les Pays-Bas restent neutres dans le conflit, Amsterdam subit une importante pénurie de nourriture et de combustible pour le chauffage. En 1917, les pénuries déclenchent des émeutes, connues sous le nom d’Aardappeloproer (littéralement, la « rébellion de la pomme de terre »), au cours desquelles neuf personnes sont tuées et plus de cent blessées. À la suite de cette révolte, les magasins et les entrepôts sont pillés dans le but de trouver des provisions et des denrées alimentaires.

L’entre-deux-guerres est marqué par la volonté de mettre en place un nouveau plan d’agrandissement de la ville, le Plan général d’élargissement (Algemeen Uitbreidingsplan, AUP), approuvé par la municipalité en 1935. Ce dernier, développé par l’architecte Cornelis van Eesteren, se concentre autour de quatre axes forts : habitations, travail et loisir, avec comme dénominateur commun le réseau de transport. Les architectes et urbanistes mettent ainsi en avant des espaces qui privilégient « la lumière, l’air et l’espace », ce qui contraste fortement avec les précédents projets, dont les immeubles constituaient l’élément structurant. En raison des difficultés économiques, le plan n’est finalement réalisé qu’au lendemain de la guerre.

Amsterdam mérite encore son surnom de « Venise hollandaise », avec les chalands du Singel autrefois observé par le philosophe et lunetier Baruch Spinoza, son urbanisme central et régulier au long des canaux, avec son habitat caractérisé par un couloir d’eau et des portes étroites, au point qu’il faille opérer tout déménagement conséquent par les fenêtres, avec ses lieux de rencontre tardive, où la bière et la « nostalgie des îles » permettent de freiner la dérive du vague à l’âme.

Les quartiers d’Amsterdam développent des identités distinctes,  notamment celui des Juifs (Jodenbuurt), dans lequel s’activent les tailleurs diamantaires pour les commandes de leurs patrons, allant vers le Zeedijk, ainsi que les quartiers d’affaires près de la banque Amstel ou de la bourse, où s’échangent encore sous titres financiarisés du café, du quinquina, du cocotier, du thé, du caoutchouc, du poivre, des cigares et des ananas. S’imposent aussi les alignements rectilignes des quartiers bourgeois, dont les habitats sont marqués par l’idéal puritain, affichant d’emblée la hiérarchie par la naissance des bonnes familles et les marques de désignation quasi-seigneuriale de leurs personnalités ou individualités, exigeant la netteté et la propreté, la sécurité et la tranquillité, tout en gardant l’argent et les revenus du commerce. Le pouvoir municipal participe de cette rigueur, interdisant la danse le dimanche et imposant le silence religieux au moment du bénédicité.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne envahit et prend le contrôle des Pays-Bas le 10 mai 1940. Face à la politique de persécution et d’extermination du peuple juif menée par le régime allemand, certains citoyens d’Amsterdam tentent de résister en cachant certains d’entre eux, en dépit des risques que cela comporte. Au cours du conflit, plus de 100 000 juifs d’Amsterdam sont néanmoins déportés, réduisant presque à néant la communauté juive de la ville. Ces rafles font l’objet de protestations de la part de la population, notamment la grève de février 1941, qui conduit à la paralysie de la ville. Parmi les plus célèbres Juifs déportés, on peut notamment citer la jeune Anne Frank cloîtrée pendant 25 mois avec sa famille et des amis au-dessus d’un magasin du centre d’Amsterdam, avant d’être déportée au camp de concentration de Bergen-Belsen. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, toutes les communications avec le reste du pays sont coupées et la nourriture et le carburant s’épuisent dangereusement. De nombreux citoyens partent alors dans les campagnes à la recherche de nourriture. Pour rester en vie, certains habitants sont forcés de manger des chiens, des chats, des betteraves sucrières, ainsi que des bulbes de tulipes réduits en pâte. La plupart des arbres de la ville sont également coupés pour servir de combustible, de même que la plupart des meubles et des boiseries provenant des appartements des Juifs morts en déportation.

Au lendemain de la guerre, de nombreux nouveaux quartiers, tels  qu’Osdorp, Slotervaart, ou Geuzenveld-Slotermeer sont construits conformément à l’AUP. Ces quartiers sont conçus avec de nombreux jardins publics et de grands espaces ouverts, ce qui leur vaut le nom de « villes jardin » (tuinsteden). Les nouveaux immeubles offrent également un confort de vie accru avec des pièces plus grandes et plus claires, des balcons et des jardins. À la suite de la guerre et des autres incidents qui émaillent le XXe siècle, une grande partie de la ville a besoin d’être restaurée ou rénovée. Alors que la société connaît une évolution importante, des politiciens et d’autres personnalités influentes conçoivent des projets visant à dynamiser des parties importantes de la ville, notamment avec des immeubles commerciaux et de nouveaux axes routiers accessibles au plus grand nombre.

Les années 1960 et 1970 ramènent Amsterdam au premier plan de l’actualité, non seulement pour son rayonnement économique ou commercial de métropole d’un pays qui bénéficie pleinement de l’essor des Trente Glorieuses, mais aussi à cause de la tolérance de la ville envers l’usage des drogues douces, qui en fait une ville de prédilection pour la génération hippie. Amsterdam joue ainsi un rôle central dans l’émergence du mouvement contestataire Provo, initié dans les happenings de l’artiste Robert Jasper Grootveld, sur le Spui, à partir de 1964. Cependant, les émeutes et les affrontements avec la police se multiplient. Le 10 mars 1966, des bombes fumigènes sont jetées au passage du cortège nuptial, juste avant le mariage à la Westerkerk de la princesse Beatrix avec le diplomate allemand Claus von Amsberg. Le 13 juin 1966 et pendant plusieurs jours, consécutive à une manifestation d’ouvriers du bâtiment vite rejoints par d’autres mécontents, notamment des jeunes, une flambée de violence ravage le centre historique, ce qui conduit au limogeage du bourgmestre Gijs van Hall par le gouvernement national. Selon un bilan qui aurait pu être encore plus grave, on comptabilise des dizaines de blessés, mais un seul mort, Jan Weggelaar, un ouvrier de cinquante ans décédé d’une crise cardiaque au début des troubles. Durant des années, de nombreux squatters sont expulsés par la force. En 1977, la ville est endeuillée par l’incendie de l’hôtel Polen, puis en 1980, alors que Beatrix prête serment lors de son accession au trône, des protestataires, composés en majorité de membres du « mouvement des squatteurs », affrontent la police à l’extérieur de la Nieuwe Kerk, au cours des « émeutes du couronnement ».

Un projet de développement d’une voie express circulant au-dessus du métro est également envisagé pour faciliter le trafic entre la gare centrale d’Amsterdam et le reste de la ville. Les travaux de rénovation débutent dans les anciens quartiers juifs. Les rues les plus petites, telles que la Jodenbreestraat sont élargies, alors que quasiment tous les immeubles qui s’y trouvent sont démolis. Les tensions liées aux démolitions atteignent leur paroxysme lors des travaux sur le Nieuwmarkt, qui donnent lieu à des émeutes (les « Nieuwmarkt rellen ») au cours desquelles les habitants expriment leur colère contre la politique de reconstruction de la ville.

En conséquence, les travaux de démolition sont arrêtés et l’autoroute planifiée n’est finalement pas construite, contrairement au métro qui est développé selon les plans. Celui-ci est inauguré en 1977, entre le nouveau quartier de Bijlmer (situé dans l’actuel arrondissement de Zuidoost) et le centre d’Amsterdam. En définitive, seules quelques rues du quartier sont réaménagées et élargies. Le nouvel hôtel de ville est inauguré sur la Waterlooplein, place qui est quasiment intégralement démolie et reconstruite. Dans le même temps, de grandes entreprises privées, telles que la Stadsherstel Amsterdam (« Redéveloppement d’Amsterdam »), sont créées dans le but de réhabiliter et restaurer l’ensemble du centre. Les résultats positifs de ces politiques sont visibles aujourd’hui et des initiatives visant à continuer le développement du centre sont toujours menées. L’ensemble de la ville bénéficie globalement de ces politiques, au point d’acquérir le statut d’aire protégée. De nombreux immeubles sont élevés au rang de monument national (Rijksmonument) et le quartier de la Grachtengordel (comprenant notamment le Herengracht, Keizersgracht et Prinsengracht) est ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010.

Source : Wikipédia.

 

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